
La Discrète
(Christian Vincent - 1990)
(Christian Vincent - 1990)
Antoine, jeune auteur ayant l’ambition d’être édité, vit assez mal le fait que sa compagne l’a devancé dans son désir de rompre. Il médite une vengeance pas forcément envers elle en particulier mais envers la gent féminine en général. Son ami Jean Costal, libraire-éditeur qui l’éditerait volontiers si Antoine n’était pas paresseux, lui soumet alors cette idée. Comme une nouvelle collection sur les journaux intimes va bientôt paraître, il lui propose de choisir une jeune femme par le biais d’une petite annonce (proposant un travail de transcription de manuscrit), de la séduire, puis bien sûr de rompre avec elle, le tout en écrivant au fur et à mesure les avancées de l’entreprise dans un journal qui constituera un manuscrit éditable pour la nouvelle collection. Après quelques réticences, Antoine accepte. Une jeune fille ne tarde pas à répondre à l’annonce : c’est Catherine Legeay, jeune étudiante apparemment bien sous tous rapports…
On constate souvent deux types de critiques concernant la Discrète. Les uns disent que c’est du Rohmer mais en mieux, les autres disent que c’est du Rohmer mais en moins bien. N’ayant pas vu tout Rohmer, j’aurai du mal à trancher et me contenterai de dire que la Discrète est sûrement un petit joyau du cinéma français en ce début des années 90. Pourtant, à la base, un film français se passant à Paris avec des personnages évoquant leurs tourments amoureux tous les quarts d’heure autour d’une tasse de café, ça m’incite à la méfiance, c’est un peu la crainte de se trouver face un film Jacques Oignon style :

Et pourtant, après l’avoir revu quatre ou cinq fois, il est fascinant de constater combien ce film échappe à toute prise de tête et fait au contraire glisser ces 90 minutes avec la même douceur, la même élégance que la Mélodie Hongroise de Schubert qui ponctue le film et qui s’associe tellement fortement à lui qu’il m’est impossible maintenant de ne pas visualiser la silhouette de Lucchini traversant la place Saint-Sulpice dès que j’entends la ritournelle.
A côté de Schubert (et de Scarlatti, paye ta B.O. classieuse), il y a cette petite musique des dialogues incroyablement ciselés et intelligents de Christian Vincent et Jean-Jacques Ronssin, dialogues qui, dans les bouches de Lucchini, Henry et Garrel, sonnent à la fois de manière sophistiquée et naturelle.



Ceux qui n’aiment pas Lucchini peuvent maudire ce film car c’est grâce à lui que l’acteur a pris une autre dimension et vu sa carrière prendre un tournant décisif. Mais même si on ne l’aime pas, il serait vraiment regrettable de ne pas tenter un visionnage de la Discrète tant son jeu, mêlé à celui des deux autres acteurs principaux, joue admirablement de l’agacement qu’il peut susciter pour mieux surprendre le spectateur avec des effets de pur drôlerie, voire de fascination, comme lors de cette scène où il raconte une anecdote sur Tristan Bernard. On a beau la connaître par cœur, on reste suspendu à ses lèvres tant il parvient à la transcender et à lui restituer à chaque fois le brio de la nouveauté.
A l’image des pièces de Schubert et de Scarlatti jouées par Jay Gottlieb, le film ne présente aucune fausse note, les acteurs jouent leur partition dans un univers littéraire mais jamais précieux. Christian Vincent s’offre même le luxe de terminer sur du Rétif de la Bretonne sans courir le risque d’être taxé de cuistre bref, la grande classe.
On constate souvent deux types de critiques concernant la Discrète. Les uns disent que c’est du Rohmer mais en mieux, les autres disent que c’est du Rohmer mais en moins bien. N’ayant pas vu tout Rohmer, j’aurai du mal à trancher et me contenterai de dire que la Discrète est sûrement un petit joyau du cinéma français en ce début des années 90. Pourtant, à la base, un film français se passant à Paris avec des personnages évoquant leurs tourments amoureux tous les quarts d’heure autour d’une tasse de café, ça m’incite à la méfiance, c’est un peu la crainte de se trouver face un film Jacques Oignon style :

Et pourtant, après l’avoir revu quatre ou cinq fois, il est fascinant de constater combien ce film échappe à toute prise de tête et fait au contraire glisser ces 90 minutes avec la même douceur, la même élégance que la Mélodie Hongroise de Schubert qui ponctue le film et qui s’associe tellement fortement à lui qu’il m’est impossible maintenant de ne pas visualiser la silhouette de Lucchini traversant la place Saint-Sulpice dès que j’entends la ritournelle.
A côté de Schubert (et de Scarlatti, paye ta B.O. classieuse), il y a cette petite musique des dialogues incroyablement ciselés et intelligents de Christian Vincent et Jean-Jacques Ronssin, dialogues qui, dans les bouches de Lucchini, Henry et Garrel, sonnent à la fois de manière sophistiquée et naturelle.



Ceux qui n’aiment pas Lucchini peuvent maudire ce film car c’est grâce à lui que l’acteur a pris une autre dimension et vu sa carrière prendre un tournant décisif. Mais même si on ne l’aime pas, il serait vraiment regrettable de ne pas tenter un visionnage de la Discrète tant son jeu, mêlé à celui des deux autres acteurs principaux, joue admirablement de l’agacement qu’il peut susciter pour mieux surprendre le spectateur avec des effets de pur drôlerie, voire de fascination, comme lors de cette scène où il raconte une anecdote sur Tristan Bernard. On a beau la connaître par cœur, on reste suspendu à ses lèvres tant il parvient à la transcender et à lui restituer à chaque fois le brio de la nouveauté.
A l’image des pièces de Schubert et de Scarlatti jouées par Jay Gottlieb, le film ne présente aucune fausse note, les acteurs jouent leur partition dans un univers littéraire mais jamais précieux. Christian Vincent s’offre même le luxe de terminer sur du Rétif de la Bretonne sans courir le risque d’être taxé de cuistre bref, la grande classe.
8/10

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– Les dialogues
– Le trio Lucchini – Henry – Garrel
– La simplicité et la grâce de l’ensemble
– Un film qui termine avec Rétif de la Bretonne ne peut pas être totalement mauvais.
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