[cinemarium] Mes critiques en 2010

Modérateur: Dunandan

Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar cinemarium » Mar 19 Oct 2010, 17:04

@zack_

C'est clair que le film divise aussi bien la presse que le public, c'est aussi ce qui le rend paradoxalement intéressant.
Je n'ai pas vu Southland Tales, mais ce ne saurait tarder.
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Petits mouchoirs (Les) - 6/10

Messagepar cinemarium » Mar 19 Oct 2010, 17:08

Les petits mouchoirs, de Guillaume Canet : 6/10


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Contre toute attente, Guillaume Canet avait scotché le monde cinématographique français avec Ne le dis à personne, véritable thriller torturé, sorti en 2006 : césarisé – dont celui du meilleur réalisateur – et adulé à la fois par la presse et le public, le film était d’une réussite particulièrement insolente.
Guillaume Canet était donc désormais attendu. Le voila de retour avec son très médiatisé Les petits mouchoirs, qu’il décrit comme « le film de sa vie ». Pétard mouillé ou véritable confirmation du talent du jeune réalisateur ? Difficile à dire, tant le film, par son fond mais aussi par forme, ne cessera de surprendre tout au long de son déroulement.

Une comédie dramatique et sympathique
Comme son titre ne le montre pas, Les petits mouchoirs raconte l’histoire, à priori simpliste, d’une bande de pote qui décide, comme chaque été, de séjourner dans la résidence secondaire de Max, le senior du groupe. Mais un terrible drame viendra perturber les projets de la bande et révéler les véritables aspirations de chacun.
Les petits mouchoirs, en présentant d’une manière brutale un drame symbolisant toute la détresse de générations à l’essence paradoxale, commence d’une manière tout simplement extraordinaire avec un plan séquence virtuose qui viendra imposer un climat d’empathie qui ne cessera de régner tout au long du film. Un régal de mise en scène qui restera malheureusement avorté tant la suite du film sera, d’un point de vue purement technique, nettement plus classique. En choisissant les extrémités, à savoir le début et la fin de son film, pour atteindre l’apogée émotionnelle du récit, Guillaume Canet a choisi de trimballer le spectateur dans un tourbillon d’émotions sans cesse provoqués par des blagues souvent drôles et plutôt bien équilibrées. Le contraste de ces différentes émotions, à l’image d’un aller-retour entre humour et détresse, s’avèrera d’une efficacité redoutable. De plus, il est évident les clichés caricaturaux que représentent chacun des personnages – l’homosexuel qui se découvre, la fille libertine ou encore le coureur de jupon – sont bien entendu d’une pauvre originalité mais resteront tout de même d’une efficacité à toute épreuve : de nombreuses séquences sont en effet hilarantes, jonchant entre un coté burlesque et souvent crue. Mais résolument moderne.
Guillaume Canet parvient ainsi à dépasser littéralement son film pour le transformer en une œuvre à la fois simpliste mais terriblement atypique, notamment dans son coté intimiste et coloré. Car l’équilibre dont fait preuve Les petits mouchoirs est d’une réussite indéniable. Aucun personnage, pourtant interprétés par des acteurs reconnus, n’en écrasera un autre et le récit ne sera jamais accentué sur un quelconque psychodrame. Ce choix produira inéluctablement un film qui respire la sympathie et qui parvient à transmettre un sentiment de réalité absolue.

Pas assez ambitieux
Au vu de son casting, il parait un peu providentiel d’affirmer que l’interprétation des acteurs lorgne souvent avec la perfection et participe à accentuer l’immersion déjà très forte du film : le spectateur parviendra ainsi à s’identifier sans problèmes aux situations dont il est le témoin. Mention spéciale à Marion Cotillard, tout simplement exceptionnelle dans de nombreuses séquences.
Cependant, malgré que l’ensemble soit d’une qualité bien au-dessus de la moyenne actuelle, il est évident que Les petits mouchoirs soulèvent de nombreuses questions cinématographiques, notamment vis à vis de son réalisateur. En effet, on ne pourra que regretter un film, certes réussi, mais relativement pauvre cinématographiquement.

Car après l’excellent Ne le dis à personne, il paraitra étonnant de voir évoluer Guillaume Canet vers un film comme Les petits mouchoirs qui souffre d’un manque d’ambitions évident. Efficace, mais surement pas marquant : voila comment le film pourrait rapidement se résumer. La grande faiblesse de ce dernier sera en effet un manque de profondeur désolant : on peut ainsi regretter une recherche de gags obsessionnelle, une fin plutôt ratée et une longueur excessive. Pis, dans ses moments les plus égocentriques, le film penchera même vers un coté moralisateur maladroit et particulièrement avorté. Dommage, car à force de rechercher une pseudo-complexité dont on ne verra jamais l'apparence, Les petits mouchoirs se pénalise peut-être tout seul.
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Social Network (The) - 8/10

Messagepar cinemarium » Ven 29 Oct 2010, 18:10

The social network, de David Fincher : 8/10


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Une idée peut changer le destin d’une personne. L’idée de Mark Zuckerberg changera le quotidien de 500 millions d’êtres humains. Véritable phénomène de société et symbole d’une société à l’ère du numérique et de ses excès, Facebook est devenu en l’espace de quelques années seulement un des sites internet les plus visités au monde. Derrière ce mastodonte, pesant aujourd’hui près de 25 milliards de dollars, se cache ce fameux Mark Zuckerberg, âgé de 26 ans et ancien élève de l’emblématique école d’Harvard.
C’est sur ce destin de jeune premier que David Fincher décide de poser sa talentueuse caméra. Critiqué par nombres de personnes, ce choix cinématographique, à la fois ambitieux mais tellement conventionnel, risque bien, paradoxalement, de vous surprendre. Dans le bon sens du terme.

La genèse d’un milliardaire
La tache du réalisateur était d’une difficulté qui pouvait paraitre insurmontable : retracer la création d’une success-story comme Facebook, toujours en plein essor, se relevait en effet problématique sur bien des points.
D’un point de vue légal tout d’abord. The social network étant adapté de The Accidental Billionaires […] de Ben Mezrich, roman qui, comme son nom l’indique, fustige les créateurs du réseau social, le film allait à coup sûr lever une polémique qui dépasserait tout ses intervenants. Néanmoins, et comme l’affirmera Fincher plus tard, le film fut très rapidement produit et réalisé sans aucunes barrières législatives.
Mais c’est surtout d’un point de vue cinématographique que le film du réalisateur américain allait soulevait de nombreuses interrogations. En effet, comment parvenir à passionner pendant près de deux heures sur un sujet qui, avouons-le, n’est pas le plus intriguant qui soit ? Là est le véritable tour de force de David Fincher qui, à travers la description d’une personnalité aux multiples contradictions, réussit à créer un véritable antihéros symbole de notre époque.

Oubliez la noirceur de Seven, le suspens de Zodiac ou le lyrisme de Benjamin Button. The social network est un film qui fait figure de révolte dans la filmographie de son réalisateur. Car, à l’image de son affiche, ce dernier est rempli de contradictions. A la fois simpliste sur de nombreux points mais tellement intriguant dans son traitement, le film parvient à tenir sans cesse son spectateur en haleine durant l’intégralité de son déroulement. Le rythme est ainsi le véritable point fort de The social network car, après une première scène totalement ratée qui décrit d’une manière plutôt grotesque et caricaturée le comportement de Zuckerberg, le film prend un envol sidérant : on se passionne en effet rapidement pour ce jeune étudiant, surdoué mais tellement arrogant, qui parviendra à mettre tout son savoir au service d’une idée de génie. Mais le succès est une source de jalousie facile et Zuckerberg coulera rapidement sous les procès. Cette idée émanait-elle réellement de son esprit ? Et a-t-il abusé de sa toute puissance pour expulser de l’entreprise son meilleur ami qui fut aussi le premier financeur du projet ? C’est donc sous ces deux procès que le film évoluera en y présentant leurs évènements majeurs sous forme de flash-back. Un procédé intelligent qui aura le mérite de dynamiser incroyablement un film qui privilégie les dialogues à l’image.

Priorité aux dialogues
The social network est incontestablement un film parlant mais intense. Pas d’action, pas de points culminants ni d’apogée émotionnelle, il pourrait se relever sans grandes saveurs. Mais celui-ci est nettement plus profond. Sans longueurs, sans scènes inutiles et sans supercheries providentielles, The social network parvient à transcender son propos en lui attribuant une portée universelle. Car le personnage décrit est véritablement le stéréotype de l’enfant occidental du XXI siècle. Intéressant dans son essence, celui-ci est d’une lâcheté parfois sidérante mais d’une ingéniosité toujours éloquente. Le succès éclair de Facebook lui explosera dans les mains et fera de son destin un destin semé d’embuches et de questionnement existentiel. Cette scène où le jeune milliardaire se retrouve seul à ajouter son ex, qui fut l'élément déclencheur de sa nouvelle vie, dans ses amis Facebook est d’une symbolique puissante : et si l’homme qui créa le réseau social le plus utilisé au monde était asocial ?

Au delà de cette approche souvent métaphorique et imagée, le film ne lésine pas sur ses efforts de mise en scène : plans souvent classiques mais ingénieux, photographie propre, musiques judicieusement choisies. Cependant, l’esthétique sublime des derniers films du réalisateur ne sera malheureusement qu’un lointain souvenir car The social network est, dans sa forme, d’un classicisme parfois regrettable. Même si le sujet du film est forcément réducteur. A ce propos, la scène de la course d’aviron, sublimée par une approche majestueuse de l’effort physique, est ainsi symbolique et apparait donc comme un signe certain du manque d’épanouissement de Fincher avec The social network.

Inéluctablement, The social network divisera les foules. A la fois classique mais réjouissant, le film de David Fincher cède parfois devant une caricature abjecte (notamment sur le coté technique de Facebook) pour satisfaire la masse. Néanmoins, par son traitement à la limite de la perfection, le film est d’une justesse certaine et d’un divertissement indéniable. Mais surtout le symbole de ce début de siècle propulsé dans l’ère du numérique avec une violence parfois brutale.
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Kaboom - 8/10

Messagepar cinemarium » Ven 29 Oct 2010, 18:14

Kaboom, de Gregg Araki : 8/10


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Les campus américains seront toujours une source infinie d’inspiration pour les cinéastes ; il suffit d’ailleurs d’observer les dernières sorties pour s’en persuader. Mais un film réalisé par Gregg Araki ne ressemblera jamais à aucun autre. Atypique auteur du désormais culte Mysterious Skins, l’américain revient avec Kaboom, un film à l’aura incroyable et à la plastique complètement psychédélique. Le délire crève l’écran, et le souffle du nouveau arrivé apporte un vent de fraicheur précieux à l’errance cinématographique actuelle.

Un second degré ravageur
Kaboom fait partie de ces films qui plongent le spectateur dans le cœur de son intrigue dès ses premiers instants. Grâce à une première séquence complètement folle et, par voie de conséquence, particulièrement intrigante et délirante, le film amarrera sa descente dans une folie fatale et irrémédiable : un rêve, où Smith déambule dans un couloir aux couleurs éclatantes pour arriver dans une pièce contenant une unique poubelle rouge. Une introduction nihiliste au coté paradoxalement éloquent et évocateur : Kaboom sera un film souvent sans sens mais incroyablement jouissif par son approche toujours chirurgicale.
Car le scénario de Kaboom est inévitablement onirique, comme le suggère explicitement la caméra de son réalisateur : le spectateur, tout comme Smith et ses nombreux acolytes – également déjantés –, se retrouveront perdus dans un labyrinthe d’évènements plus hallucinants et les uns que les autres que seule une imagination débordante pourrait expliquer. Le second degré et l’ouverture d’esprit seront ainsi des qualités absolument nécessaires à l’acception d’un film vivant mais surtout additif. Tel un rêve éveillé, le déroulement du film pourrait alors paraître simpliste et inabouti, en misant sur des perturbations sans fondements et réductrices. Mais Kaboom est finalement à l’image de son propos : déstructuré et anormal. La drogue, le sexe hédoniste, l’homosexualité et la paranoïa sont parfois considérés comme des activités ou comportements névrosés et donc anormaux. La marginalité du film de Gregg Araki est ainsi paradoxalement sa plus grande force car, grâce à celle-ci, ce dernier réussi à transfigurer son fond scénaristique toujours plat en une sorte de réalité complexe et travaillée : finement moralisateur et armé d’une dérision tout aussi pointilleuse qu’efficace, Kaboom dispose d’une réelle profondeur basée sur une absence de conventionalité.

Le film du réalisateur américain frise parfois des sommets de virtuosité, notamment dans l'absence de fil conducteur qui aura le mérite de dynamiser, encore plus, un film glissant et intenable. Un modèle de narration qui fera de Kaboom un film au caractère rare et à l’identité évidente ; mais qui aura aussi la conséquence de lui donner un coté excentrique réjouissant.

Edulcoré et enivrant
Dans son fond comme dans sa forme, Kaboom est inéluctablement un ovni cinématographique. Alors que son déroulement est composé d’une multitude d’incohérences paradoxalement nécessaires à l’évolution de son scénario dénué de tout repère, sa mise en forme est, au contraire, d’une précision et d’une logique à toute épreuve.
A la fois très coloré, notamment dans ses scènes sexuelles ou humoristiques – nombreuses –, et très sombres, dans ses moments apocalyptiques, le film n’hésite pas à opposer ses nombreuses contradictions et à promener son spectateur d’une ambiance festive à une ambiance morbide. C’est ainsi sur ce mélange détonnant que Gregg Araki parvient à rythmer son œuvre d’une manière très convaincante.
La mise en scène du film est en totale adéquation avec son propos. En misant sur une image grasse mais précise, sur des flous accentuant l’onirisme du récit et sur des effets spéciaux volontairement grotesques, Kaboom dispose d’une enveloppe corporelle sublime : l’ensemble est en effet saisissant et dénué de toutes supercheries. Bien sûr, on pourrait regretter la grossièreté parfois envahissante de ces nombreux effets édulcorés.


Kaboom est un film résolument moderne, que ce soit dans son approche métaphysique de l’errance d’une jeunesse sans repères, ou dans le traitement de son propos totalement délirant. Aussi, la vision bordélique et hilarante de ses personnages est d’une saveur inoubliable, notamment grâce à des dialogues qui deviendront rapidement cultes. Kaboom est en réalité un film décomplexé disposant d’un humour à l’acidité jubilatoire et d’une apparence, à l’image de son essence, déjantée. Mais inévitablement idéale.
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Biutiful - 8/10

Messagepar cinemarium » Mer 03 Nov 2010, 08:18

Biutiful, d'Alejandro González Inárritu : 8/10


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Le nouveau film d’Inàrritu était particulièrement attendu, principalement pour deux raisons. La première était de l’ordre de la curiosité : désormais orphelin de son talentueux scénariste Guillermo Arriaga, comment le réalisateur mexicain allait-il aborder ce décisif virage dans sa carrière ? L’absence de l’auteur de Babel, 21 grammes et Amours chiennes allait inéluctablement se faire ressentir.
La seconde était de l’ordre de l’impatience : Javier Bardem serait enfin dirigé par le génial réalisateur, avec en prime le rôle clé d’un scénario noir et particulièrement lourd - l’acteur y interprétant un personnage atteint d’un terrible cancer de la prostate.
Film noir par excellence, Biutiful est cependant doté d’une touche émotionnelle autant dramatique que porteuse d’espoir. Un film réjouissant et indéniablement réussi.

Le combat final
C’est dans un Barcelone décimé par la pauvreté et la misère qu’Alejandro González Inárritu a décidé de porter un récit qui s’articule indiscutablement autour de l’infortune et de la révolte, qu’elle soit sociale ou existentielle. Car le combat d’Uxbal, personnage aux traits durs et sinistres, est d’abord un combat contre l’oubli et la négligence. A la suite de la découverte de son cancer, ce père de deux jeunes enfants fera tout pour se construire un souvenir ineffaçable de père modèle et attentionné. Cette révolte, résolument existentielle, sera matérialisée par une envie débordante du personnage de faire le bien dans son quotidien bordé de malaises et de terribles drames symboles de notre début de siècle et de ses excès dictatoriaux : le matraquage des sans papiers ou l’exploitation humaine seront ainsi des sujets gravissant autour de l’archétype d’un personnage définitivement marginal. Le traitement du sujet est alors catégoriquement réaliste : pas de surenchères ni d’accentuation naïve de la misère, Biutiful réussit à représenter avec une évidence certaine la dureté de son propos, centré sur l’évolution d’une maladie au silence ravageur.

Mais c’est par son approche souvent métaphorique et fantastique de la mort que le scénario de Biutiful sort indéniablement des sentiers mille fois battus. Rapidement, le spectateur sera en effet surpris d’apercevoir qu’Uxbal détient certains talents de médium et que celui-ci parviendra alors à rentrer en contact, d’une manière brutale, avec les morts. Et c’est exactement sur ce point que le scénario d’Inàrritu se relève d’une efficacité redoutable : en confrontant le terrible réalisme d’un quotidien désastreux et le surréalisme d’un pouvoir divin, le réalisateur parvient à déstructuré son récit en l’agrémentant d’une profondeur scénaristique évidente. Le procédé pourrait paraitre providentiel ou ridicule, il apparaitra finalement comme une lueur de beauté ahurissante tant son celui-ci est distillé avec un équilibre saisissant : jamais envahissantes, les visions d’Uxbal accentueront ainsi la détresse d’un personnage écrasé par une avalanche de souffrances physiques et morales. Surtout que celles-ci, appuyées par des musiques captivantes, sont magnifiquement mises en scène.

Cet écrasement du temps soulignera le coté intemporel de la pauvre condition d’un personnage confronté à son passé, par la rencontre physique de son père décédé, à son présent, par la construction d’une vie familiale avortée, et à son avenir, par l’approche d’une mort imminente mais non annoncée à son entourage. Ce désarroi, cette chute libre et cette spirale de détresse sera d’un terrible poids pour le spectateur qui parviendra difficilement à accepter le sort d’un futur défunt en quête d’un dernier amour sincère.

Javier Bardem, exceptionnel
Fort d’un propos à la fois sincère et terriblement touchant, Biutiful est un film qui dispose d’un cachet particulièrement noir et pessimiste. Ainsi, les images que nous offre Inàrritu sont d’un contraste sublime et d’une instabilité perturbante, notamment dans leurs moments les plus difficiles : le plan où Uxbal se pratique une prise de sang est, par exemple, véritablement majestueux. Les musiques accentuant l’immersion de ce portrait intimiste sont, elles aussi, d’une justesse réjouissante. En fait, Biutiful est à la fois d’une sobriété classieuse et d’une fantaisie parfois virtuose (dont les dernières séquences en sont les exemples parfaits).
Alors, on pourra reprocher au film de disposer d’un rythme profondément imparfait : d’une durée de plus de deux heures, Biutiful aurait surement gagné à être un plus étroit et moins contemplatif. Certaines scènes sont ainsi indiscutablement ratées et d’un intérêt, que ce soit scénaristique ou cinématographique, moindre.
Cependant, la contemplation dont fait parfois preuve Biutiful est d’une justification indéniable, principalement grâce à la performance résolument parfaite de Javier Bardem. D’une sincérité extraordinaire, l’acteur nous gratifie ici d’un de ces meilleurs rôles. Le récit est tellement lourd et large que le faire reposer exclusivement sur un personnage paraissait suicidaire. Mais Javier Bardem parvient à prouver avec Biutiful qu’il fait indiscutablement parti des meilleurs acteurs de sa génération.

Premier film linéaire de son réalisateur, Biutiful est un film instable et déstructuré. Incroyablement émouvant et profondément alarmiste sur une certaine déshumanisation rampante, le film d'Alejandro González Inárritu est d'une réussite exemplaire en réussissant le pari d'être à la fois universel, dans son propos dur et réaliste, mais aussi personnel, dans son penchant fantastique. A voir sans hésitation, ne serait-ce que pour l'incroyable performance de Javier Bardem.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Moviewar » Mer 03 Nov 2010, 08:56

Excellente critique!! :super:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar zack_ » Mer 03 Nov 2010, 09:40

C'est vrai - c'est le nom du réalisateur qui me donne envie de voir ce film surtout
Cinémarium tu noterai comment sa filmo?
zack_
 

Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar cinemarium » Lun 08 Nov 2010, 18:31

Babel est un film superbe, que ce soit au niveau de sa forme ou de son fond.
Je n'ai pas vu Amours chiennes.
21 grammes, qui dispose d'un superbe casting, est excellent.
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Labyrinthe de pan (Le) - 6,5/10

Messagepar cinemarium » Lun 08 Nov 2010, 18:33

Le labyrinthe de Pan , de Guillermo del Toro : 6.5/10


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Deux ans après un Hellboy plutôt rachitique, Guillermo del Toro présentait son nouveau film, nettement plus inédit : Le labyrinthe de Pan, conte fantastique se déroulant dans les années 40 sur fond de régime fasciste. Fort d’un budget de 19 millions de dollars, le film bénéficie d’une enveloppe corporelle éblouissante mais pèche, hélas, par un rythme trop peu soutenu et par une simplicité parfois aberrante.

Un film adulte
Comme tout conte qui se respecte, Le labyrinthe de Pan nous est narré par la voix masculine d’un individu qui restera à jamais inconnu. C’est par une introduction majestueuse que le film nous dévoile son intrigue au penchant fortement fantastique : sous le gouvernement Franquiste, Ofelia, une jeune espagnole, suit sa mère, tout juste mariée au commandant Vidal, véritable tyran. Au cours de son voyage, la jeune fille rencontrera une sauterelle aux allures de fées qui transformera son misérable quotidien en une aventure autant féérique que terrifiante.

Ce qui surprend avec le film du réalisateur mexicain, c’est son incroyable maturité. Car derrière ses fausses allures de film pour enfants, Le labyrinthe de Pan dispose d’un véritable questionnement sur la place des régimes totalitaires. Le quotidien du camp du commandant Vidal, au comportement inhumain, nous est ainsi présenté d’une manière sanglante et terrifiante : exécutions arbitraires et tortures insoutenables donneront une touche profondément dramatique au récit. Ce choix scénaristique se relève alors profondément efficace : on s’attache en effet facilement aux personnages qui nous sont présentés. La violence, à la fois suggérée et filmée d’une manière brutale, accentuera le caractère malsain du récit et parviendra à créer une ambiance très particulière, jalonnant entre un coté féérique et morbide.
C’est donc parallèlement à ce récit profondément historique que Guillermo del Toro a choisi de développer le coté romanesque de son film : face à cette société dictatoriale, la petite Ofelia va rencontrer divers personnages fantastiques qui lui dicteront une liste de défis qui lui permettront de rejoindre un certain royaume lointain. C’est dans cette excentricité atypique au genre que le réalisateur parviendra à imposer toute la magie de son scénario, notamment grâce au point de vue enfantin dont fait souvent preuve le film.

En présentant simultanément deux intrigues parfaitement distinctes, Le labyrinthe de Pan est un film résolument polymorphe. Cette confrontation explosive entre la naïveté d’une enfant et la dureté historique de l’époque aurait pu donner au film un coté profondément universel. Malheureusement, celui-ci est perturbé par quelques maladresses cinématographiques qui imprimeront au film une imperfection indélébile.


Parfois ennuyeux
Cette dualité scénaristique sera paradoxalement le plus grand atout mais aussi la plus grande faiblesse du film. Car au-delà de cette intelligence d’écriture indéniable, Le labyrinthe de Pan sera profondément marqué par un déséquilibre irréfutable. En se mélangeant les pinceaux entre son coté adulte et son coté enfantin, le film manque souvent de rythme et provoquera inéluctablement un ennui profond par moment. Mous, lents, parfois réducteurs, certains passages pédalent indéniablement dans la semoule en se perdant dans des brouillards de médiocrité. Aussi, la simplicité de certaines séquences, sans grandes logiques, accentuera hélas ce sentiment.
Ce regret sera d’autant plus grand que la réalisation du film frise avec des sommets de technicité. Le rendu de l’image est en effet d’une qualité exceptionnelle et arrive à accentuer l’ambiance précédemment décrite. De plus, par la fluidité de sa caméra, le réalisateur nous offre de nombreuses séquences tout simplement magiques et féériques : en flottant dans les airs et en embronchant des chemins irraisonnables, Le labyrinthe de Pan est un film intenable et mouvementé. La photographie n’est pas en reste : plans vertigineux et contraste sublime feront entrer le film au panthéon de l’exemplarité technique. Un régal visuel, mais aussi sonore, de tous les instants.

Au final, Le labyrinthe de Pan est un film ambitieux et partiellement maitrisé. Disposant d’une réalisation sans fausse note, le film pèche malheureusement par certaines aberrations scénaristiques mais surtout par un rythme décidément imparfait. Dommage, car le film de Guillermo del Toro dispose indéniablement d’un cachet fabuleux et fort émouvant.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Scalp » Lun 08 Nov 2010, 18:39

Le film n'est jamais lent, c'est un modèle de narration et le script dans le genre conte est une merveille.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Killbush » Lun 08 Nov 2010, 19:27

Ouch, t'es sévère avec Pan !

Un de ses 3 chefs d'œuvres pour ma part (avec Hellboy 2 et Blade 2, ça fait beaucoup pour un seul homme :mrgreen: )
Starting to see pictures, ain't ya?
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar cinemarium » Mer 10 Nov 2010, 18:18

Je sais que le film fut remarquablement accueilli. Étrange, car à certains moments, je me suis particulièrement ennuyé. (notamment dans le milieu du film, que je trouve assez creux). Le film reste tout de même très agréable mais pas exceptionnel (dans le sens propre du terme).
Après, tous les goûts sont dans la nature et chacun aura sa propre perception du film.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Jeff Buckley » Mer 10 Nov 2010, 19:46

Je suis à la ramasse en ce moment :
The social Network et Biutiful sont sortis au ciné ?
dunandan a écrit: Puis j'oubliais de dire que Logan me faisait penser à Burton avec sa méchanceté légendaire concernant certains films/réalisateurs/acteurs
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar zack_ » Mer 10 Nov 2010, 19:50

Carrément à la ramasse! Oui
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Scalp » Mer 10 Nov 2010, 19:51

En France oue, mais je crois que dans le Nord y a juste les Chtis et Camping 2.
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