[Dunandan] Mes critiques en 2012

Modérateur: Dunandan

Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Sam 21 Juil 2012, 16:33

Une petite brochette seulement :mrgreen:, et seulement ceux qui sont bien cotés et dont je ne suis pas certain d'en avoir compris tout l'intérêt ... (Millenium, L'homme qui a tué Liberty Valance ...).
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Chaussons Rouges (Les) - 9,5/10

Messagepar Dunandan » Lun 23 Juil 2012, 03:30

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Les chaussons rouges, Michael Powell et Emeric Pressburger (1948)

Après Le Narcisse noir, une magnifique illustration de la tension féminine, entre vivre selon la perfection et les exigences de la vie, dans le cadre cloisonné d'un monastère chrétien perdu en terre hindoue, Les chaussons rouges approfondissent ces thèmes-ci dans un cadre nouveau, celui de la danse classique. Pas de doute concernant le lien intime unissant ces deux films, l'un des protagonistes proclamant que la danse est une religion. Quant à leur style, Powell et Pressburger continuent dans la même lancée, avec une utilisation de la couleur des plus intéressantes qu'il soit, et une étude de caractères très fine (comparable à celle d'un film de Mankiewicz, c'est pour dire le niveau) qui faisait peut-être un peu défaut au Narcisse noir, avec des personnages qui faisaient avant tout face à cet environnement tout à la fois exotique et aliénant, et à l'autorité inflexible de l'ordre religieux.

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En jetant un oeil au script, impossible de ne pas songer au récent Black Swan, qui s'en est probablement inspiré dans le fond : une danseuse novice mais douée, poussée à la perfection par un directeur tyrannique de troupe de théâtre. Mais les ressemblances s'arrêtent là tant la forme diffère entre ces deux films. Pourtant ma préférence revient aux Chaussons rouges dans son traitement, qui fait l'économie d'une approche fantastique pour figurer la folie grandissante de l'entreprise de la danseuse. Car le problème avec le film de Darren Aronofsky, c'est que ce mélange des genres était parfois un cache-misère empêchant de développer proprement le caractère de chaque personnage, ainsi que le monde de la danse, restitué de manière un peu trop caricaturale, au contraire de son aîné, qui a en plus le luxe de contenir des chorégraphies bien plus belles et soignées.

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Ce qui m'a d'emblée frappé dans Les chaussons rouges, c'est la qualité de sa narration et de sa mise en scène. Nous pénétrons d'emblée dans le monde de la danse sans jamais plus le quitter, d'abord par l'entremise du public qui assiste à un ballet. L'apparence parfaite de ce milieu via les yeux du public, aussi hystérique que les futurs groupies de groupes de Rock, se heurte aux "dessous" des coulisses qui offrent un aspect d'abord peu reluisant (usurpation, snobisme ...). Puis durant toute la première partie du film, nous découvrons ce monde fermé, exclusif, entièrement au service de leur art, voguant d'un lieu luxueux à l'autre sans se mélanger avec le monde profane. Un portrait très complet de la discipline nous attend ici, avec ses différentes composantes telles que les répétions ou les maquillages, qui décrivent l'extrême minutie des artistes. Mais la dynamique du film repose avant tout sur une relation triangulaire, aussi tragique que des protagonistes de pièce de théâtre, mettant face à face le directeur de théâtre et deux jeunes artistes doués, un compositeur et une danseuse. Le personnage le plus développé et le plus intéressant à mon avis est le directeur. Distingué, esthète, exigeant, jaloux, asocial et amoral, des qualités qui le rendent à la fois magnifique et sombre, attirant et repoussant, dépendant qu'on appartienne ou non à sa religion du goût. Bref, un perfectionniste qui n'accepte aucun compromis, dont l'infini amour qu'il voue à son art révèle chez lui simultanément une incapacité à développer ses sentiments, et par extension une extrême cruauté envers ceux qui ne sont pas animés par le même idéal que lui. En face de lui, ses deux "protégés" sont candides et ambitieux, et on exige d'eux qu'ils s'appliquent entièrement à leur activité, corps et âme, en sacrifiant tout ce qui pourrait interférer avec elle. Mais les exigences de la vie, des sentiments, et de l'amour, se mettront en travers de ce trio.

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Le clou du film est bien sûr l'adaptation de la nouvelle éponyme du conteur Andersen, qui portent sur une jeune fille découvrant des chaussures douées de la capacité de la faire danser encore et encore, sans jamais pouvoir s'arrêter. La préparation témoigne de la perfection à atteindre pour rendre compte du rythme frénétique de la danse. L'air de musique est en effet omniprésent, joué y compris durant les pauses afin que la danseuse s'y imprègne totalement. Puis vient la très longue scène de ballet d'environ 15 minutes. Une merveille du genre, qui déploie toute la force visuelle des deux réalisateurs à travers des décors fantasmagoriques, qui rendent compte simultanément de la mise en scène de la pièce qui fait d'ailleurs intervenir de vrais danseurs, et de l'état émotionnel de la danseuse-étoile qui semble réellement animée par ses chaussures rouges. Les deux niveaux s'entremêlent, le réel et l'imaginaire, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus distinguer l'un de l'autre. Un véritable spectacle des sens faisant appel à tous les artifices de l'époque, qui ainsi nous initie au monde de la danse sous tous les angles, de l'intérieur et de l'extérieur. C'est comme si toute la puissance visuelle du Narcisse noir s'y retrouvait enclos durant ces séquences chatoyantes, à l'image de cette montée initiatique des marches de la danseuse (qui a précédé sa nomination au rôle) vers l'antre du directeur, isolé et grandiose, mais où les sentiments doivent paradoxalement être en berne, entièrement soumis au règne de l'art.

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La seconde partie du film ne sera qu'une lente destruction des liens de cette relation triangulaire, mue par la même passion de l'art, mais altérée par les sentiments individuels. Le dénouement est particulièrement tragique et ambigu, questionnant le succès de la danseuse. En effet, quelle passion était sa véritable inspiration pour danser, l'amour ou bien l'art ? Ce film atteint selon moi des sommets dans le genre, sur les délires de la perfection et de la beauté de l'art, que je mets au même niveau que Amadeus. Un grand film autant sur le fond que sur la forme.

Un chef d'oeuvre visuel et narratif, détaillant en profondeur le monde de la danse, et via ce milieu, la douloureuse tension entre la quête de perfection et les sentiments. A voir absolument pour les amoureux de l'art.
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Transformers 2 - 4/10

Messagepar Dunandan » Lun 23 Juil 2012, 05:59

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Transformers 2, Michael Bay (2009)

Petite critique express pour dire tout le bien que je pense de ce film. Un film de Michael Bay, c'est toujours du lourd (il n'y a que les Bad Boy et Rock que j'aime bien jusqu'à présent). Beaucoup d'explosions, une histoire quasiment inexistante, une love story, et la famille qui est là on ne sait pas pourquoi. Transformers 2 c'est tout ça poussé à son paroxysme. Il ne faut pas oublier que cette franchise était une véritable machine à fric à la base et ça ne fait pas l'exception ici, avec pléthore de produits affichés. Durant 2h30, l'argent doit se voir. Alors avec 3 bouts de ficelle, on fabrique une histoire qu'on rallonge ou complique à l'excès avec des dialogues interminables (celui du vieux robot ... je suis à deux doigts de m'endormir à chaque fois que je l'écoute), alors que ça aurait pu être raconté en 1h30, contenant une Megan Fox qui fait son show, couverte par une caméra à l'affût de chaque mouvement de paupières, de sa paire de miches, ou de sa paire de lèvres-ventouses, et un improbable séducteur (ou en tout cas qui en possède l'aura) en la personne de Shia Labeouf. Heureusement qu'on a des combats de robots souvent très bien foutus (mais attention aux crises d'épilepsie) pour combler un peu ce vide. C'est le seul point positif du film, tant ce dernier projette une image détestable de chaque micro-société (université, cellule familiale, armée - pour ce dernier point au moins on a des hélicoptères et des tanks à foison -) qu'il développe, arrière-plan purement artificiel de l'intrigue, en fait ultra simple et pré-mâchée pour adolescents boutonneux. En effet, le réalisateur s'est fait vraiment plaisir avec le design des différents robots (la voiture jaune, le vieux robot, les robots-ménagers, ...) comme si c'était ses propres jouets, mais ça ne fait pas un film, mais plutôt une belle démonstration (vide) d'effets-spéciaux.

Vraiment débile voire insupportable lorsque les humains entrent en scène, mais il y a de beaux robots et des scènes d'action qui déboîtent bien.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Lun 23 Juil 2012, 12:37

Ouch, passer des Chaussons Rouges à Transformers 2, tu fais le grand écart là. :lol:
Totalement d'accord avec ta critique du chef d’œuvre de Powell et Pressburger, j'ai vraiment adoré ce film, clairement celui que j'ai préféré du duo, et de loin (j'avais été assez déçu de Colonel Blimp récemment). Anton Walbrook est phénoménal dans ce film, rendant son personnage à la fois détestable et fascinant par son attachement obsessionnel à son art et à sa danseuse. La séquence du ballet des chaussons rouges est évidemment le morceau de bravoure du film, avec sa chorégraphie magnifique, un véritable festival de couleurs digne des grandes comédies musicales hollywoodiennes.
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Révoltés du Bounty (1935) (Les) - 7/10

Messagepar Dunandan » Mer 25 Juil 2012, 08:39

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Les révoltés du Bounty, Frank Lloyd (1935)

Regarder des films aussi anciens, bien que parfois très réputés (celui-là est cité dans le TOP 100 de l'American Institute), est parfois une chose délicate... En même temps, un film de mutinerie, et donc d'aventure marine, réalisé en studios les 3/4 du temps avec des plans truqués, et qui plus est interprété de manière théâtrale (habillés en pyjama, les bras sur les hanches lorsqu'ils veulent faire les aventuriers) et donc parfois fausse, manque d'attraits immédiats pour un spectateur devenu bon gré mal gré un archéologue de la pellicule. Mais au final, il faut bien l'avouer que ce film pose les bases du genre, et traite plutôt bien le sujet dans le fond, une fois qu'on l'a un peu débarrassé d'une forme plutôt poussiéreuse dans son ensemble.

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Le pilier du film, tout comme dans Moby Dick de John Huston, est le capitaine du Bounty qui distribue les punitions à la chaîne, que la tempête gronde ou qu'au contraire le temps soit sec et sans une once de vent. Son personnage est particulièrement réussi, et sera bien sûr l'étincelle qui provoquera la soudaine mutinerie. L'angle d'approche du film est discutable - en gros, cette mutinerie aurait permis aux anglais d'être meilleurs marins en mettant officiers et subalternes sur un pied d'égalité -, mais a le mérite de décrire avec justesse la montée de cette colère et ses motivations.

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Le capitaine est comme Dieu sur son bateau, administrant la punition - fil conducteur de la première partie - y compris lorsque l'accusé est mort, en toutes circonstances climatiques, pour des raisons parfois futiles (par exemple lorsqu'un marin reconnaît son ignorance par rapport à certains faits qui se sont produits), même lorsque le droit est contre lui. En effet, la loi n'est pas pour lui ce qu'elle devrait être en principe, à savoir un moyen de faire régner l'ordre et l'harmonie, mais est utilisée égoïstement et cruellement aux fins du Capitaine, pour se faire des petits plaisirs ignorés de tous, sauf de ses officiers. Bref, l'inégalité et l'hypocrisie règnent de son côté, et multiple les raisons de distinguer officiers et matelots. Enfin, le malaise par rapport aux conditions de navigation est ressenti depuis les terres où les marins désertent pour ne pas y retourner, certains s'y étant établis avec femmes et enfants. Il y a aussi quelques scènes amusantes, comme le cuisinier qui a peur de jeter ses sauts du mauvais bord par crainte de se faire fouetter.

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La structure du film est simple, divisée en trois parties, le départ et le trajet - dont on suit la progression à l'ancienne, par des cartes -, le séjour à Tahiti pour des recherches scientifiques (apprendre la langue locale et rapporter une nouvelle ressource), et enfin la mutinerie et le tribunal. Les indigènes ressemblent beaucoup à ceux du Nouveau Monde, à savoir beaux, candides, vivant simplement et dans la paix. La description de leur langue est intéressante, non intellectuelle, et avant tout relationnelle. Il s'agit peut-être du seul endroit où les décors sont naturels, avec des paysages souvent magnifiques, paradisiaques. Un véritable contrepoint avec la loi sur le bateau. Ici tout le monde est à l'aise, avec ce climat, cet environnement, et ces beautés peu sauvages. D'autre part, la relation entre le scientifique et le lieutenant se développe, limite gay-friendly par moments (il faut les voir s'allonger sur la plage en train de bouffer une banane sous un cocotier ...). Bien qu'idéalisée, cette étape est primordiale pour comprendre la tension que se jouera ensuite sur le bateau. La reprise est ainsi difficile, avec tous ces biens offerts parfois personnellement considérés comme propriété royale (mais on se doute aussi que le capitaine va prendre sa part) et ces nouvelles punitions distribuées de manière abrupte et souvent injustifiée.

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Le moment de la mutinerie n'est vraiment pas la meilleure séquence du film, servie par une mise en scène inégale, avec des plans coupés qui cachent avec peine les trucages. En contre-partie, la remise à la mer du capitaine et de ses officiers est épique, et probablement le meilleur moment du film. Son désir de vengeance le fait redevenir plus humain que jamais. Mais son humanité (enfin un partage équitable des ressources) révèle avant tout un réalisme à tout épreuve, qui ne vise qu'une chose, demeurer vivant pour assouvir son désir, ce qu'il ne peut faire tout seul. La mise en scène est simple mais brillante, faisant ressentir la précarité du voyage par le biais de lettres décrivant le rationnement de plus en plus dur, traduit par une écriture de plus en plus tremblotante.

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Jusqu'au bout, la tyrannie du capitaine est inflexible, déployant sa fonction le menant au bout de ses forces et du nouveau bateau qu'on lui a confié. Avec lui ou contre lui physiquement, telle est sa règle d'or. Les circonstances atténuantes n'existent pas pour lui. Au tribunal, la raison tranche. Un excellent marin, il ne fait pas de doute, mais un humain épouvantable. Du côté des mutins, la liberté a un goût amer, car loin de chez eux, mais leur permet au moins d'être eux-mêmes, sans crainte pour les diviser (ce qui a failli le temps d'une scène faire basculer le groupe vers l'anarchie, preuve qu'une liberté auto-proclamée est aussi fragile qu'une loi qu'on use et abuse). En conclusion, psychologiquement ce film est réussi, mais il me faudra voir ses deux remakes, pour comparer, qui parait-il sont plus proches des faits historiques, et surtout bien sûr, plus impressionnants sur la forme et la mise en scène. On regarde en effet ce genre de film non seulement pour leur justesse, mais aussi pour le spectacle et l'évasion qu'il suscite, ce dont cette version de 1935 manque parfois cruellement (du moins dans sa première partie).

Une histoire intéressante, bien traitée, qui accuse son âge quant à sa forme (majorité de décors, interprétation théâtrale), mais qui contient malgré tout quelques bons moments de bravoure.
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Inuit - 7,25/10

Messagepar Dunandan » Jeu 26 Juil 2012, 03:06

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The snow walker, Charles Martin Smith (2003)

Petit coup de coeur. Voilà une bien jolie petite histoire, malgré une mise en scène convenue, avec ce montage alterné entre recherches et survie. Mais ce qui fait l'attrait du film, c'est indéniablement la relation entre les deux personnages principaux, la femme inuit et le pilote, ainsi que les magnifiques décors naturels du grand Nord canadien dans lesquels ils évoluent, et enfin les conditions réalistes de survie dans un environnement peu traité au cinéma. Le ton du film se situe entre Les chemins de la liberté pour le côté survival très crédible en plein "No Man's Land" sauvage et désertique et la philosophie humanitaire d'entre-aide, et Seul au monde pour le côté rescousse et le petit arrière-plan technologie/nature (je parle de l'esprit du film, il faut avouer par contre que la réalisation est en-dessous, faute de moyens). Mais ce qui fait la singularité du film est son mixte entre conditions extrêmes et poésie insufflée par la culture et l'attitude inuits.

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Toute la partie sur les recherches n'est pas très intéressante, conventionnelle, voire légèrement moralisatrice, avec la petite amie qui s'inquiète, les deux pilotes aux caractères opposés (l'un motivé et l'autre défaitiste) qui se prennent le chou, et enfin le patron paternaliste. Par contre toute la partie sur la survie est vraiment très bien, à la fois remplie d'émotion (aidée par la photographie qui nous présente des environnements à la fois beaux et mortels, et la musique qui joue aussi son petit rôle, bien que non inoubliable) et de moments de bravoure. Dans son nouvel environnement, le pilote s'appuie beaucoup sur la technologie, à savoir sa radio, son fusil, et ses boîtes de nourriture, mais n'est pas foutu de se tirer de là, alors que l'inuit, même malade, possède toutes les qualités pour survivre. Ce n'est même pas un combat contre la mort pour elle (un peu quand même, sa maladie ..., puis de toutes manières le début nous laisse penser que l'issue sera dramatique), car elle est dans son cadre naturel, comme un poisson dans l'eau (par contre c'est vrai que la dialectique est un peu simple, faisant alterner la colère et l'inefficacité du pilote d'une part, et le calme et l'efficacité de l'inuit d'autre part). Mais avant de reconnaître son inaptitude à survivre, le pilote aura le malheur d'en faire l'expérience en tentant une mission de reconnaissance, et souffrira de moustiques, d'un climat inhospitalier, et de chaussures et d'autres moyens "modernes" inopérants en un tel milieu. Il apprendra ainsi au contact de l'inuit comment s'adapter par l'intermédiaire des ressources naturelles. Le dernier point intéressant est l'aspect culturel inuit, avec leur philosophie de la vie de la mort peuplée par les esprits, présente dans les dialogues mais aussi évoquée au travers de signes. Enfin, le réalisateur a eu la bonne idée de ne pas terminer son film avec les retrouvailles, mais sur les derniers pas dans la neige, ce qui permet d'éviter un dénouement mièvre, mais aussi d'imprimer dans nos consciences le caractère initiatique de ces aventures.

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Seuls petits bémols, on ne sait pas trop comment l'indienne a appris aussi vite l'anglais en écoutant seulement son interlocuteur parler alors qu'elle est partie de rien, un peu à la manière du 13ème guerrier, sauf qu'ici elle ne connaît que quelques mots et ne sait pas tout traduire d'une langue à l'autre, alors on oublie rapidement ce défaut, d'autant plus que l'actrice inuit est vraiment très mignonne (pour tous ces petits détails d'apprentissage, je pense aussi à Danse avec les loups). Et enfin on aurait pu se passer du trauma de guerre du pilote, pas si essentiel que ça à l'histoire, bien que ça fasse le lien avec l'apprentissage initiatique. Malgré ces petits défauts, la relation entre les deux personnages est belle et touchante, pleine de respect et de mutualité sans jamais tomber dans les pièges de la romance facile. On croît à cette amitié inter-culturelle. Et cette réussite était une nécessité, car avec le défilement grandiose des environnements naturels et les défis de la survie en milieux extrêmes, elle est vraiment le pilier du film.

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Une belle histoire qui ne révolutionnera pas le genre du survival ni dans le fond ni dans la forme, mais qui remplit bien son contrat, grâce à un duo réussi, un cadre géographiquement superbe, des conditions de survie adaptées au milieu, et enfin une culture inuit instillée à petites doses et de manière souvent poétique.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Heatmann » Jeu 26 Juil 2012, 08:33

les autre film de charles martin smith sont fait pour toi :wink: ( surtout never cry wolf )
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Jeu 26 Juil 2012, 08:39

Oui c'est ce que je pensais, merci de me l'avoir fait découvert via ta critique :super:
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Winchester 73 - 8,25/10

Messagepar Dunandan » Ven 27 Juil 2012, 08:37

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Winchester 73, Anthony Mann (1950)

Vraiment sympa ce Mann. Jusqu'à présent j'ai aimé tous ses westerns, et celui-ci ne fait pas exception. On retrouve son style de ses meilleurs films en N & B, avec une parfaite maîtrise des contrastes, particulièrement durant les scènes de nuit composées à la manière du cinéma expressionniste allemand ou du film noir, et aussi de la profondeur de champ permettant de saisir certaines séquences comme des tableaux animés. Mais ce qui fait le sel du film, c'est l'idée de base du scénario franchement originale.

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En effet, la narration s'écarte un peu des sentiers battus en épousant le point de vue de la célèbre Winchester 73. Les hommes qui la voient veulent s'en emparer à tout prix, réveillant leurs instincts les plus primaires. Un thème fétiche de John Huston, qui adore comme Mann faire éclater la bulle de la société humaine en la confrontant à un objet de convoitise, ici repris dans un cadre propre au western, puisque ce fusil à répétition a fondé en quelque sorte l'histoire des Etats-Unis par le sang qu'elle a fait couler (pour compléter, je dirais que le thème fort ici absent chez Huston est celui des territoires physiques ou moraux - chez ce dernier c'est plus relationnel et psychologique -, comme en témoignent le peu subtil mais évocateur Incidents de frontière et la mise en valeur des extérieurs, préfigurant donc le cinéma de Peckinpah qui nourrira un sentiment nostalgique de cette figure mythique de l'Ouest). Ainsi, à travers les différents protagonistes que cette arme fait rencontrer, nous en découvrons un tableau assez complet. Le récit compte d'abord une relation fraternelle entre deux tireurs hors-pair engendrés par le même professeur, mais qui ont tourné différemment, et qui seront le pilier dramatique du film, et n'aura qu'une issue, un perdant et un gagnant. Une histoire de vengeance assez manichéenne dans le fond mais qui ici fonctionne très bien, représentant les deux attitudes possibles face à la violence comme Abel et Caïn dans la Bible. Autour d'eux gravitent plein de figures typiques et hautes en couleurs du western. D'abord le célèbre Marshal Wyatt Earp qui interdit dans sa ville le port de l'arme et permet ainsi à ses gens de vivre dans une certaine quiétude, une denrée rare dans ces contrées sauvages de l'Ouest (mais malgré ces précautions, la violence aura bien lieu en ces murs, la preuve que la loi de l'Ouest est plus forte que celle des justiciers et dessinera la destinée de ce pays). Puis le trafiquant d'armes qui aime bien gruger ses clients, et particulièrement les indiens, et nourrit à sa manière un peu plus le conflit inter-ethnique. Ensuite la Lady belle, farouche et prête à brandir le fusil face à l'ennemi, ou dire ce qu'elle en pense (elle m'a beaucoup fait penser au personnage féminin de Il était une fois dans l'Ouest qui construit aussi à sa manière le pays, preuve qu'elle renvoie bien à des figures classiques du genre), alors que son petit ami est lâche bien qu'il essaie de prouver à sa femme ce qu'il vaut. Et puis il y a les indiens, de vrais guerriers impitoyables, qui en ont après les soldats mais pour de bonnes raisons peu évoquées ici (il suffit d'aller voir du côté de La porte du diable du même réalisateur pour s'en rendre compte), vestiges de la guerre civile. Une bonne partie de ces personnages se retrouvent au début, et se croiseront de nouveau en de multiples manières comme un film choral de manière assez efficace, leur route étant déterminée par la destinée de la Winchester.

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Cette arme est au début l'objet d'un concours qui confronte notamment ces deux tireurs, dont le style similaire est retranscrit sur leurs cibles. Une chose m'a un peu gêné durant cette petite introduction, c'est l'astuce narrative qui consiste à ne pas graver le nom du gagnant sur la crosse comme il était prévu, qui permet bien sûr le futur passage de main en main du fusil exceptionnel sans possibilité de le rendre à son propriétaire légitime, mais est bien incompréhensible du point de vue de la logique justement parce qu'il est d'une grande valeur. S'ensuit une course poursuite où les points de vue s'enchaînent à travers la pérégrination de la Winchester, où alternent de manière équilibrée phases calmes où on apprend à connaître chacun des personnages présentés ci-dessus, franchement bien écrits, et dotés de dialogues piquants et cyniques, avec des phases de violence provoquées par l'enjeu de posséder le fusil-totem. Mann n'oublie pas de nous divertir et on retrouve toutes les scènes classiques d'action du genre (bagarre à mains nues, embuscade, ...), mais par contre une chose que je n'ai pas vu très souvent, ce sont les ricochets des balles sur la roche dans le dernier duel. Enfin le plan final sur la Winchester est logique, lourd de sens, la clé de tout ce cycle de violence qui a éclaté pratiquement toutes les protections morales.

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Un très bon western, légèrement classique à travers les différents protagonistes qu'il met en jeu, mais parfaitement réalisé et mis en scène, et servi par un point de vue très original, celui de l'arme qui a scellé le destin des Etats-Unis.
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Maelstrom - 2/10

Messagepar Dunandan » Ven 27 Juil 2012, 10:59

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Maelstrom, Denis Villeneuve (2000)

Après la claque Incendies, je voulais voir ce que son réalisateur avait fait d'autre. Ce deuxième long-métrage n'est pas fameux, malgré sa petite réputation et tous les prix récoltés. Tout d'abord la réalisation est d'un niveau très bas, pire qu'un téléfilm (j'étais choqué par tous ces blancs cramés). On voit bien que le monteur s'est amusé un peu pour se la faire style film choral, mais c'est fait très maladroitement (il faut par exemple se retaper des bouts de phrases déjà entendues). Par contre, la musique est bien placée et tient lieu de narration intermittente, et l'actrice principale joue assez bien, en plus de ça elle n'est pas frileuse en se dénudant plus qu'un peu (un point bonus pour elle). Alors sinon l'histoire est ultra classique avec des péripéties pas folichantes. On suit donc une fille qui passe son temps à déprimer après s'être fait avortée (de manière assez violente, on voit tout), et par dessus le marché elle se sent coupable d'avoir renversé un pêcheur dont elle rencontrera le fils avec qui elle va sortir... Elle est accompagnée de son amie suédoise très énervante car elle n'arrête pas de parler de manière universitaire (une allusion à une autre forme de sortie de la réalité comme sa copine ou elle joue juste mal ?)... Ainsi, en plus d'être moche, ce film est chiant d'un bout à l'autre. Heureusement que j'aime bien Montréal et son accent, mais bon là on reconnaît à peine la ville. La seule petite idée originale mais très mal exploitée (c'est ce qui m'a poussé à voir ce film), c'est l'idée WTF d'un poisson qui parle et se fait narrateur pendant qu'il se fait découper en morceaux, mais bon il se contente de nous raconter une pseudo leçon sur la vie, de manière certes un peu décalée, mais qui tombe à plat. Une jolie déception.

Une histoire banale de dépression et de culpabilité, dotée d'une pauvre réalisation. Même l'idée originale de faire intervenir un poisson qui raconte le récit n'est pas bien exploitée (oui, il faut bien trouver des qualités).
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Ven 27 Juil 2012, 12:59

Bonne critique de Winchester.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Ven 27 Juil 2012, 21:06

Merci mec :super: Il rentre dans mon TOP 3 Mann (avec l'appât et l'homme de l'ouest, mais j'ai pas encore vu Je suis un aventurier ni l'homme de la plaine).
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Ven 27 Juil 2012, 21:41

Si tu l'as pas encore vu je te conseille La Porte du Diable, également une très grande réussite d'Anthony Mann. Je l'ai vu récemment et j'ai adoré, je posterai ma critique d'ici peu.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Ven 27 Juil 2012, 21:46

Si je l'ai vu en VO avec sous-titres espagnols (... pouvait pas faire autrement), et je l'ai déjà critiqué :wink: (lien dans la critique, t'as pas tout lu toi :nono:). Je le verrai sûrement à la hausse, car c'était l'un de mes premiers westerns naphta et j'ai pas tout compris ou alors ma concentration m'a empêché de tout apprécier (ce serait plus un 7.5 je pense).
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Ven 27 Juil 2012, 22:05

Dunandan a écrit:Si je l'ai vu en VO avec sous-titres espagnols (... pouvait pas faire autrement), et je l'ai déjà critiqué :wink: (lien dans la critique, t'as pas tout lu toi :nono:).

Oups, désolé, j'avais juste parcouru en vitesse la page et je réagissais à ton dernier post, je n'avais pas vu qu'effectivement tu citais ce film dans ta critique. :oops:
Du coup j'ai lu attentivement ta critique de Winchester 73 et je suis globalement d'accord avec toi sauf quand tu parles de visuel expressionniste. Alors ça fait longtemps que je n'ai pas vu le film, mais de mémoire je n'ai pas souvenir d'un N&B type film noir, d'autant que contrairement à La Porte du Diable justement, Winchester 73 n'est pas photographié par John Alton, chef-op de Mann dans sa période film noir et à qui on doit justement cette esthétique très expressionniste.
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