[Dunandan] Mes critiques en 2012

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Ven 27 Juil 2012, 22:08

Il y a des séquences quand même très "films noirs"/"expressionnistes", ce n'est pas constant, mais rien que ma capture avec l'indien le montre ... (puis j'aurais pu rajouter une bonne dizaine de captures mais j'avais pas la place :mrgreen:).
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Ven 27 Juil 2012, 22:13

Oui, m'enfin c'est moins flagrant que dans La Porte du Diable où là tu as vraiment une photo très contrastée avec une utilisation des lumières qui évoque le film noir (je sens que je vais me faire plaisir avec les captures :mrgreen: ).
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Ven 27 Juil 2012, 22:17

En même temps, c'est chaud de se rendre compte des différences réelles entre ces deux films sur un ordinateur :mrgreen:, mais sinon Mann, de manière flagrante, n'a pas cessé de transposer son esthétique des films noirs dans ses westerns, ce qui fait que ces derniers sont parmi les plus beaux du genre de cette époque (j'aurais bien aimé à la limite qu'ils soient tous en N & B ...).
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African queen (The) - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Sam 28 Juil 2012, 11:45

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African Queen, John Huston (1951)

Ce qui m'a un peu gêné dans ce film, c'est l'alternance décors naturels/décors en studios (toutes les scènes cadrées sur les acteurs dans le bateau), comme dans Moby Dick un peu plus tard (ça ne manque pas de charme, mais dans un film d'aventures, le fait de savoir qu'il n'y a pas d'interaction "réelle" entre le premier plan, celui des acteurs, et l'arrière-plan, celui du décor naturel, m'empêche de rentrer complètement dans l'histoire. Mais je loue également le courage du réalisateur qui a forcé les studios à tourner toutes ces scènes en Afrique, une entreprise risquée, courageuse, et difficile à mettre en place pour l'époque). Mais une fois oubliées ces contraintes de réalisation d'une autre génération cinématographique, il s'agit d'une belle et simple histoire, plus lumineuse que ce à quoi John Huston nous habitue, malgré l'arrière-plan dramatique qui se prépare. Ce type de contraste m'a rappelé un peu les meilleurs Kurosawa qui savent tenir ensemble la méchanceté humaine et l'humanisme.

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L'introduction est un petit modèle de présentation. D'abord, on nous fait goûter à cette jungle silencieuse, source de convoitise par excellence comme l'indiquent tous les individus étrangers qui s'y retrouvent (ce thème est toujours présent chez ce réalisateur, principal ou secondaire, ici plus en retrait). Puis enfin se succèdent deux types de personnages qui tranchent par leurs différences. L'une est missionnaire, imbue de principes et distinguée, et s'évertue à faire chanter des africains totalement désintéressés, distraits par le deuxième larron qui est tout son opposé, à savoir rustre et une véritable épave. Le ton est léger et légèrement cynique, mais nous prépare à une relation sincère et dénuée de méchanceté. Car face au contexte de guerre, ces deux-là auront à compter l'un sur l'autre, et se retrouveront finalement grandis, transformés par l'amour. Pour animer cette relation, il fallait bien ces deux grands acteurs qui les interprètent, véritables piliers du film, et qui tiennent l'un de leurs meilleurs rôles à ma connaissance.

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Au menu, les choses sont en effet très simples. Nous suivons ces deux personnages en fuite vers la liberté et surtout l'engagement (aider les alliés à leur niveau), quasiment en huis-clos naturel. Or, les obstacles sur leur route sont nombreux. D'abord les dangers de la rivière (courants, crocodiles, ...). Puis la condition du bateau, véritable quatrième personnage de l'aventure (après la jungle et les deux aventuriers par défaut), et remplace l'habituelle relique pour laquelle les protagonistes s'entre-tuent chez Huston révélant ainsi leur noirceur profonde, car ici au contraire il est une véritable planche de salut jusqu'au bout malgré qu'il ressemble à une vraie épave ... Et surtout leur relation qui fait quelques étincelles malgré une certaine pudeur qui rayonne, et passe par différentes émotions (dégoût, compassion, rires, larmes, courage, ...) révélant leurs forces et faiblesses, et procédant par plusieurs inversions qui deviendront classiques par la suite (d'une part la femme d'abord décalée, puis qui prendra les choses en main, d'autre part l'homme sauvage qui deviendra plus charmant ...). Il y a un bel équilibre entre les scènes "relationnelles" et l'aventure proprement dite, un véritable appel à l'évasion. Mes passages préférés portent d'une part sur l'explication des conditions de navigation qui confèrent un petit caractère épique, et d'autre part sur l'imitation d'animaux, qui apportent une touche de légèreté bienvenue à cette odyssée parfois pesante. Enfin, le dénouement ne manque pas d'humour malgré le drame qui pointe au bout, deux tonalités qui ne nous lâchent jamais durant le film, fondateur de tout un cinéma d'aventures qui perdure encore aujourd'hui : une femme et un homme incompatibles qui apprennent à se connaître, un milieu exotique, une tonalité mi-comique, mi-dramatique, ce sont bien les lettres d'or du genre qui s'écrivent ici.

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Un Huston plus optimiste que d'habitude, porté par deux grands acteurs. Un film fondateur du genre, malgré une réalisation un peu datée (le "collage" premier plan et arrière-plan durant les séquences maritimes).
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Messagepar Count Dooku » Sam 28 Juil 2012, 15:39

Quand je l'ai découvert il y a quelques années sur Arte, dans une copie fatiguée et en VF, j'aurais probablement donné la note que tu lui as mis, mais pour l'avoir redécouvert il y a quelques mois dans le très beau BR d'Opening, aujourd'hui je crois que je lui accorderais un bon 9. Contrairement à toi, je ne trouve pas le contraste studio/prises de vues réelles particulièrement choquant, à vrai dire je n'y ai même pas fait attention sauf pour quelques plans un peu plus voyants (et pourtant le BR accentue ce genre de choses). Ça reste quand même visuellement magnifique, Huston a eu raison d'insister pour tourner en Afrique (alors que le studio voulait du 100% studio), ça donne une ampleur au film assez inédite pour l'époque (et malgré que le film ne soit pas en scope). On retrouve le souffle de l'aventure à travers les nombreuses péripéties que vivent nos deux protagonistes, avec un rythme parfaitement maitrisé (alternant morceaux de bravoure et moments plus intimistes sur un ton assez léger). Le duo Hepburn/Bogart participe grandement à la réussite du film, l'alchimie fonctionne parfaitement entre ces deux personnages que tout oppose, et la prestation des deux stars est exceptionnelle. Probablement dans mon Top 3 John Huston en ce qui me concerne.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Heatmann » Sam 28 Juil 2012, 16:13

ouai bien on contraire , moi je trouve que ca apporte encore beaucoup de charme ces decors de studio :love: c'est tout une epoque , une facon de penser le design de sont film , bon chacun sa vision c'est sur , mais moi c'est carrement pas un truc que je retient a l'encontre d'un film et qui me gene , bien au contraire.
sinon ouai top 3 huston :wink:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Sam 28 Juil 2012, 19:54

Ouais c'est le genre de truc qui peut me gêner, genre je sais qu'il n'y aura pas une "réelle" interaction avec la faune et tout ça ... (sauf dans les plans larges ...). Mais oui c'est le genre de film qui pourrait monter en le revoyant sur grand écran. Je tenais à ouvrir ma critique là-dessus car ça m'empêchait de l'écrire proprement.
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Aventure de Madame Muir (L') - 8,5/10

Messagepar Dunandan » Dim 29 Juil 2012, 07:41

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L'aventure de Madame Muir, Joseph L. Mankiewicz (1948)

Pas de doute, on se retrouve de pied ferme dans l'univers de Mankiewicz. Dans tous ses films, il s'agit d'émancipation, de rapports maître-serviteur. Ici, une jeune veuve, déterminée à s'émanciper de sa famille qui a ses griffes sur elle et l'empêchent d'avoir sa propre vie, décide de vivre sur la côte avec sa fille et sa servante, toutes deux enthousiastes de ce geste libérateur. Le ton est plus simple et léger que d'habitude, avec moins de cynisme dans les dialogues, bien qu'on retrouve la touche du réalisateur dans l'écriture. On rentre progressivement dans une histoire mi-fantastique, mi-romantique, rappelant l'atmosphère du Château du dragon en offrant l'une des plus belles évocations de maison hantée que j'ai vu avec Les autres. En effet, le cadrage des intérieurs est simplement magnifique, procurant le sentiment d'une présence (avant même que le fantôme apparaisse), et l'environnement marin apporte un véritable plus, une aura idyllique se prêtant à la plongée dans l'inconscient et les souvenirs. Bref, l'ambiance est une véritable réussite et aide à nous faire rentrer dans ce récit faussement simple. Sans oublier ces deux acteurs-piliers (celui qui interprète le fantôme est quand même en dessous, et frise la caricature par moments), mais c'est une habitude chez ce metteur en scène, qui apportent leur touche de charme au film.

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L'aventure de Madame Muir, un film "fleur bleue" ? Oui effectivement, mais pas totalement, nous sommes loin des sommets de mièvrerie qu'on pourrait s'attendre d'un récit hollywoodien. Car le fantôme ancien capitaine de bateau que rencontre la jeune femme, tour à tour rustre par ses manières et son verbe non édulcoré, mais charmant par sa culture et sa profondeur, sera pour elle l'instrument de sa véritable émancipation, d'abord en lui prêtant une inspiration littéraire dont elle ne se saurait pas crue capable, la conduisant peu à peu vers l'indépendance matérielle, puis en la mettant en garde contre les "coups de foudre". Bref, il renvoie les bons sentiments de la jeune fille à une sorte de rêverie, lui-même rêverie d'un autre ordre. La limite entre fantasque et réalité ne tient ainsi parfois qu'à un fil, subtilement et avec élégance évoquée à travers un jeu esthétique de contrastes ou d'effets divers (rires, porte qui s'ouvre soudainement, ...), tel un rêve éveillé. Quant à la relation entre le fantôme et la jeune femme, elle me paraît étrange et fascinante, folie du point de vue des autres, et douce mélancolie pour ces deux êtres qui se trouvent ainsi entre la vie et la mort, le rêve et la réalité, nous laissant dans un état transi.

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Pour terminer, la scène finale est en elle-même un pur moment de cinéma comme on en voit rarement, un retournement de situation mystérieux que l'on n'attendait pas forcément. Elle est la confirmation qu'il s'agit bien là plus qu'une simple idylle romantique ou une émancipation féminine d'avant-gardiste, mais renvoie bel et bien à l'essence de l'amour, se présentant à la fois comme désir de possession et attente de l'être aimé, étrange nostalgie d'un sentiment perdu puis retrouvé. Un film à revoir plusieurs fois tant les niveaux de lectures se chevauchent malgré sa simplicité apparente.


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Une superbe évocation de l'amour, à la fois idyllique et fantastique, nous amenant au bord de la folie et de l'émancipation féminine, tant sentimentale que matérielle. Un film vraiment captivant, qui laisse rêveur. Sans oublier qu'il s'agit de l'une des plus belles réussites esthétiques du réalisateur.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Dim 29 Juil 2012, 12:59

Très beau film effectivement, l'aspect fantastique est très réussi (le réalisateur prend le temps de poser l'ambiance avant l'apparition du fantôme) et la dimension romantique n'est jamais pesante. Rex Harrison apporte un certain charisme à son personnage de vieux loup de mer, et Gene Tierney est -comme toujours- vraiment magnifique. Une belle réussite de Mankiewicz.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Logan » Dim 29 Juil 2012, 13:30

Il fait chier Milkshake avec sa note next gen :eheh:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Dim 29 Juil 2012, 17:58

C'est clair, et il ne se rend pas compte de la richesse du réalisateur, qui est capable de faire autre chose que du cynisme. 5 c'est vraiment une note de merde pour ce film ...
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Territoire des Loups (Le) - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Lun 30 Juil 2012, 10:01

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Le territoire des loups, Joe Carnahan (2012)

Petite déception pour ma part. J'ai eu un peu de mal à rentrer dans le film, contrairement par exemple aux Chemins de la Liberté dans le genre du survival en pleine nature sauvage, essentiellement parce que je n'ai pas accroché aux personnages. Que ce soit au début ou au coin du feu, j'ai trouvé que l'on passait un peu vite autour de leurs personnalités (à part celle du personnage principal), et ainsi j'ai eu du mal à éprouver de l'empathie pour ce qui leur arrivait. Mais il s'agit clairement d'un film que j'aimerais revoir pour saisir toutes les subtilités et petites allusions qu'il couve en son sein et que j'aurais pu manquer.


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Par contre j'ai bien aimé l'approche de la mort, qui est selon moi le vrai sujet du film. Elle est directe, démythifiée, nous transmettant la souffrance physique de manière frontale, sans détours (la première mort résume bien le message : au lieu de rassurer le mourant, au contraire on le force à accepter son sort). C'est construit comme un survival classique contre les loups avec la grammaire du genre, mais à un deuxième niveau de lecture nous avons affaire à une lutte de l'homme contre un environnement qui le rejette. En effet, les survivants sont sur le territoire des loups, véritables maîtres en ces lieux. Le désert glacial est leur cimetière. Cette idée du monstre mythologique est proche des Dents de la mer, dans un environnement différent, et du coup nous aide à accepter la description peu réaliste de loups qui attaqueraient l'homme alors qu'ils ont habituellement peur de ce dernier. Durant l'introduction, il y a des prises de vue assez incroyables dans ce ton-là, qui confèrent au cadre du film une aura presque fantastique, et instaurant un réel décalage entre le monde des hommes et celui des loups. Après le crash de l'avion, l'atmosphère un peu mystique est mise en équilibre avec une représentation plus réaliste des conditions de l'hiver. La photographie restitue le blanc poisseux de la tempête, impliquant ainsi un champ de vision rétréci pour les hommes, plus vulnérables que jamais. Enfin, il y a des petites séquences qui remettent l'homme à sa place, de manière franchement nihiliste : l'homme ne peut vraiment compter que sur lui-même, mais ses efforts semblent risibles face aux forces de la nature (sans oublier quelques actes, comme le vol de porte-feuille des victimes, qui le place en bien mauvaise posture morale pour survivre en communauté), le froid hivernal tout comme les loups. Le titre français est d'ailleurs un porte-à-faux : le titre original, The Grey, est bien plus proche de la mentalité du film, dont l'ambiguïté peut porter aussi bien sur le cadre infernal dans lequel les protagonistes doivent survivre, que sur leur psyché.

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Concernant les loups en CGI et en animatronique (pour les gros plans) ça passe finalement plutôt bien, car les attaques sont (heureusement) furtives et souvent nocturnes, ce qui ajoute au caractère mystique dont j'ai parlé avant. C'est vrai qu'elles sont un peu faiblardes techniquement, car pour éviter que les effets ne se voient trop, la caméra a la maladie de Parkinson et on ne voit pas grand chose, mais c'est vraiment violent et sans concession en contre-partie. Puis comme je viens de le dire, il ne s'agit pas d'un film sur les loups, mais sur les hommes renvoyés à leur propre condition. Ce n'est donc pas anodin que les attaques des loups acquièrent toute leur force à partir des séquences intimistes des personnages, durant lesquelles on apprend à les connaître un peu dans un dénuement total. Sachant ça, les morts semblent ainsi avoir une dimension métaphorique. Avant que les loups arrivent sur les hommes, ces derniers sont déjà morts en quelque sorte par leur attitude (et donc le fait que certaines d'entre-elles soient prévisibles ne gêne pas trop, sachant que le suspens porte avant tout sur la manière dont ils vont mourir) : l'inconscience du danger, la peur, ou l'abandon, sont le début de la fin. Pour chaque personnage, un petit flash-back en dit plus long sur leur vie que certains mots, le dernier fil qui les raccroche à ce qui est le plus important pour eux. Pour parler du casting, Liam Neeson parvient à convaincre dans son rôle. Le fait qu'il soit chasseur de loup aide à le voir comme leader du groupe et pro de la survie. Puis lorsqu'on remet le film en perspective, on comprend pourquoi il s'en sort mieux que les autres, car il est le seul du groupe à avoir questionné avant le sens de son existence, sa place dans la société, et dans cette entreprise plantée au milieu de nulle part. Et il conduira les autres à affronter leurs propres peurs et leur mort, un combat personnel (que l'on appréhende via un flash-back allusif) qu'il partagera bien malgré lui. Quant aux autres acteurs, ils sont aussi assez bons, mais je n'ai pas trop accroché pour la raison évoquée plus haut. Bizarrement, la sympathie que j'ai eu pour leurs personnages passait davantage par la compassion de leurs propres souffrances physiques et morales que par une quelconque psychologie (plus évoquée qu'explicite).

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Pas aussi ultime que je l'aurais cru faute à un problème de traitement quant aux personnages, compensé par une représentation à la fois réaliste et personnifiée de la mort, qui en dit beaucoup sur l'homme et sur sa condition à un niveau ultra primaire. Un survival bien en chair, qui va au-delà de l'exercice habituel en atteignant l'âme humaine de manière directe.
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Into the Wild - 10/10

Messagepar Dunandan » Mar 31 Juil 2012, 22:20

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Into the Wild, Sean Penn (2007)

Je tiens là mon gros coup de coeur depuis ce début d'année. Un film qui m'a touché directement au coeur, inspiré d'une histoire vraie (ce qui ne m'a nullement influencé dans mon jugement, l'ayant su seulement après). Le genre de récit qui conduit à l'évasion, fait réfléchir, et pose sa marque en donnant envie de changer, de façonner sa propre route.

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On suit donc l'évolution spirituelle (découpée en chapitres, de la naissance à la maturité) d'un jeune homme, fraîchement gradué, qui souhaite retourner à la "vie sauvage". Quelqu'un d'intelligent, qui a toute sa vie devant lui, promis à un avenir balisé, mais choisit volontairement une toute autre voie. Contrairement aux apparences, c'est très loin d'être niais, naïf, ou encore "bobo". En effet, l'histoire est racontée selon trois points de vue qui se complètent parfaitement, car ils montrent autant la sincérité du projet consistant à se libérer des attaches matérielles, affectives, conventionnelles, afin de trouver le "vrai soi" hors de cette société hypocrite (dans un sens ontologique), son passé traumatique qui le pousse vers cette direction, mais aussi l'envers d'une telle démarche avec les mises en garde des différents protagonistes que le personnage rencontre, ou encore la tristesse de le voir partir ainsi, sans savoir où et comment il va exactement, questionnant ainsi de multiples manières le bien-fondé de sa démarche. Ce parcours de vagabondage autour des Etats-Unis est l'occasion de "visiter" les merveilles naturelles de ses régions, mais de voir aussi un portrait désenchanté de sa population, ses marginaux (hippies, jeunes comme lui, SDF, ...) avec leurs différentes manières de vivre ou de penser.

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Pour faire court, le personnage principal est une sorte de Jésus moderne (certaines rencontres en font d'ailleurs la remarque) en quête d'une vérité qui, comme lui, se brûlera les ailes par un tel désir d'immensité, bouffé par son propre objet, la nature (dans un style très différent, je trouve que Le territoire des loups est assez proche de ce film). Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est ce sens du paradoxe qui traverse tout le récit. En croyant à ce qu'il doit faire, "renaître" pour enfin être lui-même, en s'affranchissement de toute forme de contrainte, il nie une partie de lui-même et qui est toute aussi importante mais qu'il redécouvrira seulement dans un mouvement dialectique, à savoir les relations. Celles-ci constituent en effet le gros de son voyage initiatique, en dépit de sa détermination personnelle. Son drame est de ne pas avoir réussi à conjuguer les deux, son "soi" et les relations, sauf peut-être au cours du dernier plan. Sans oublier la description désenchantée de la survie en solitaire, alternant enthousiasmes et déceptions, bonnes surprises et imprévus fâcheux.

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Pour terminer, la mise en scène est vraiment superbe, au service de son sujet. Le voyage intérieur autant qu'extérieur du jeune nomade est toujours bien mis en valeur par la photographie, les différents points de vue, ou les split-screens. Le récit est entrecoupé de chansons qui racontent elles aussi une histoire, parfaitement placées, et exprimant à leur manière son chemin initiatique. Sans oublier les citations des différents livres (romans, survie, ...) qui ponctuent sa route, et acquièrent un tout autre sens lorsqu'ils sont lus dans un terrain approprié, en contact direct avec leur vocation. Et le casting est au diapason, sans fausses notes (même Stewart je l'ai trouvée bien).

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Un grand film initiatique et philosophique, sincère, et qui contient sa propre critique, porté par une belle mise en scène avec chansons, citations, et expériences. Il questionne non seulement le sens de la civilisation, de nos modes de vie, mais aussi celui des relations humaines. Une poignante expérience cinématographique qui me marque particulièrement.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 31 Juil 2012, 22:24

BILAN DU MOIS D'AOUT


Films vus : 26 (dont 7 revus)
- USA : 16
- Chine : 4
- Japon : 3
- Canada : 2
- GB : 1

TOP du mois

Découvertes :
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Revus :
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FLOP du mois

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PIN UP du mois

Elpidia Carrillo (Salvador)
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar osorojo » Mar 31 Juil 2012, 22:31

dunandan a écrit:C'est clair, et il ne se rend pas compte de la richesse du réalisateur, qui est capable de faire autre chose que du cynisme. 5 c'est vraiment une note de merde pour ce film ...


Je vais le défendre, j'ai mis 6.5, c'est pas beaucoup plus. Faut arrêter les mecs, on peut très bien ne pas être réceptif au côté un peu cul cul du film. Perso il m'avait bien laissé froid ce fantôme qui surjoue. Alors ouais, c'est bien réalisé, c'est mankiewicz, mais ça fait pas tout :)

Dis donc, t'as pas un autre screen pour ta pinup du mois, on voit limite plus le moutard et le muscle sailland du gazier :mrgreen:
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