[Alegas] Mes Critiques en 2020

Modérateur: Dunandan

Trois jours du condor (Les) - 8/10

Messagepar Alegas » Jeu 05 Nov 2020, 12:51

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Three days of the Condor (Les trois jours du Condor) de Sydney Pollack
(1975)


Et bien ça mérite amplement sa réputation. Avec All the president’s men et The Conversation, c’est clairement le film emblématique du thriller paranoïaque 70’s, et autant le nom de Pollack me faisait peur à la base (j’aime bien Jeremiah Johnson mais c’est pas spécialement pour la mise en scène), autant ça se révèle vraiment très bien à l’arrivée, clairement le film de Pollack que je préfère so far. Ca a le mérite en plus de démarrer très rapidement avec ce massacre dans un centre d’analyse de la CIA où seul un agent va s’en sortir, et on va donc suivre Redford, petit analyste débrouillard mais habitué à son bureau, qui va devoir faire la lumière sur l’affaire seul, comprenant rapidement que la CIA elle-même n’est pas toute blanche dans l’histoire. Ca se suit vraiment très bien, c’est ponctué de scènes assez mortelles dans leur genre (quasiment chacune des apparitions de Max Von Sydow notamment :love: ) et surtout ça se finit sur une note assez grave, à la fois ouverte et complètement pessimiste sur l’avenir du personnage de Redford et sur le devenir de la CIA (on sent que le Watergate est passé par là, ici on fait confiance à l’individu, pas à l’institution).

Côté mise en scène j’avais mes craintes, mais ça s’est rapidement envolé devant la maîtrise de Pollack sur le massacre du début. Alors clairement, ça aurait pu être plus virtuose chez d’autres réals, mais c’est globalement maîtrisé, voire même très maîtrisé (la scène de l'ascenseur, gros moment de tension très réussi :love: ). Pollack montre un peu ses limites dès qu’il y a de l’action avec un montage trop découpé, mais l’intérêt de film ne réside clairement pas là et ça gêne vraiment que sur une seule scène de deux minutes gros max. Le seul gros défaut du film à mon sens réside dans sa love-story qui ne me paraît vraiment pas nécessaire et qui crée un ventre mou. Limite j’aurais trouvé la relation Redford/Dunaway plus pertinente avec juste un rapport de confiance et une envie d’aider, car là en plus c’est un peu limite la relation, genre la nana est attachée des heures dans la salle de bain contre son gré et après elle veut coucher avec le mec :eheh: . Avec une écriture un peu plus poussée sur cet aspect, j’aurais crié au très grand film. Sinon, je me rend compte que j’aime de plus en plus le Redford de cette période, qui n’était clairement pas le meilleur acteur de sa génération mais qui avait du charisme et une présence à revendre. Un film qui donne envie de tester les Pollack de cette période.


8/10
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Casque d'or - 7/10

Messagepar Alegas » Sam 07 Nov 2020, 18:35

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Casque d'or de Jacques Becker
(1952)


Troisième film de Becker que je découvre et c’est vraiment très sympa, même si Tavernier le survend peut-être un peu trop à chaque fois qu’il l’évoque. La bonne grosse surprise de ce film, c’est clairement le feeling de film d’avant-guerre qu’il possède du début jusqu’à la fin. Je ne sais pas si c’est voulu de la part de Becker, mais on se croirait clairement devant un Duvivier des années 30 en terme de ressenti, et autant dire que ça m’a donc complètement charmé de la part d’un métrage réalisé pourtant deux décennies plus tard. Côté pitch, c’est clairement pas de la grande originalité mais ça fonctionne : on y suit le parcours de Marie, femme qui joue de ses charmes au milieu d’une bande de petits truands, et qui va finalement tomber amoureuse d’un charpentier, mais forcément son attirance va apporter des ennuis à ce dernier et la question va être de savoir jusqu’où ça va aller et est-ce que les deux arriveront à rester ensemble au final. Une histoire qui fait un peu réchauffée donc quand on est habitué au réalisme poétique du cinéma français, mais qui arrive tout de même à tirer son épingle du jeu, non seulement en jouant pas mal sur les relations entre différents personnages, mais aussi en livrant quelques scènes savoureuses, autant quand elles sont de l’ordre de l’intime (l’introduction avec les danses) que dans quelque chose de plus spectaculaire (la traque finale avec le dernier face à face dans la cour, c’est fort).

J’ai beau adorer Le Trou et aimer celui-là, je reste quand même sur l’idée que Becker est un réalisateur qui sait faire de l’efficace (la scène finale le prouve clairement, c’est beau et froid à souhait), mais qui n’a pas ce petit truc en plus qui va le rendre aussi intéressant que d’autres réals de son époque, néanmoins je ne demande qu’à être convaincu du contraire si d’autres films de sa carrière méritent le détour (car bon, hormis ses trois plus connus, le reste donne pas super envie au premier abord). Du coup, le film, plus que pour sa mise en scène, vaut surtout pour son casting où pour le coup quasiment tout le monde est bon. Simone Signoret confirme son très bon début de carrière (Becker, Carné, Clouzot, excusez du peu), et je crois que Reggiani a dans ce film le rôle que je préfère de sa carrière (pour ce que j’en ai vu en tout cas). Bref, du classique français clairement recommandable.


7/10
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Always - 6,5/10

Messagepar Alegas » Lun 09 Nov 2020, 22:18

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Always de Steven Spielberg
(1989)


J’étais parti pour dégager le dvd de mes étagères, et finalement non, je revois même le film à la hausse pour le coup. Quand je l’avais découvert, j’avais été singulièrement déçu, d’une part parce que voir Spielberg sur une romance me donnait l’impression de voir le bonhomme gâcher son talent, d’autre part parce que je ne connaissais rien à l’époque du mélodrame américain de l’âge d’or d’Hollywood et avant, alors que le film entier en est un vibrant hommage. Ce film, c’est un projet très personnel pour Spielberg à bien des égards : non seulement il remake l’un de ses films préférés (l’original ayant été réalisé un demi-siècle avant par Victor Fleming, ce qui me rend curieux de le mater à l’occasion), mais il en profite aussi pour aborder à nouveau un de ses sujets de prédilection (en tout cas dans sa première moitié de carrière), à savoir la relation entre l’homme et la machine qui va lui permettre de s’envoler.

Du coup, Always a beau avoir cet aspect de film mineur, il n’en est pas moins dans lequel Spielberg va beaucoup donner de lui-même, et c’est clairement ce qui rend le métrage attachant à mes yeux avec cette revision. Pourtant des défauts, le film en possède. On sent Spielberg un peu tatillon dans sa balance entre premier et second degré, maladroit dans son approche de la romance, mais c’est à mon sens ces petits égarements qui rendent le film encore plus humain. Et puis il y a cet hommage au mélodrame, autant dans la forme avec limite des techniques et cadres de l’époque (les scènes d’incendies notamment), qui renforcent le capital sympathie du métrage, que dans l’esprit avec sa naïveté de chaque instant (le bal avec les pompiers). Bref, c’est clairement pas un film pour les cyniques.

Côté forme, j’avais vraiment un souvenir de Spielberg paresseux, alors que finalement c’est bourré de plans aussi beaux les uns que les autres. Il y a des choix de mise en scène assez dingues et complètement 50’s dans l’esprit (le soleil qui se lève sur le regard de Holly Hunter avant la scène fatidique), tout ça mêlé avec la forme Spielberg/Amblin 80's qui s’assume à fond (les dix dernières minutes et ce moment de flottement dans les étoiles :love: ), pour le coup ça me parle complètement, et si on ajoute à ça la maestria habituelle de Spielberg quand il s’agit de chorégraphier des entrées et sorties de champ dans des scènes pourtant anodines, j’ai limite des étoiles dans les yeux. Le casting est pas ce qu’il y a de plus mémorable dans le film, mais ça fait clairement le job. J’ignore si Spielberg était un fan des Coen à ce moment là (probablement vu qu’il finira par travailler avec eux sur Bridge of spies) mais ça fait plaisir de voir réunis à nouveau Holly Hunter et John Goodman deux ans après Raising Arizona, Richard Dreyfuss est un peu le maillon faible, il joue bien mais le rôle principal aurait sans doute mérité un acteur avec plus de présence pour marquer plus le métrage. Un joli film sous-estimé à mon sens, même si je le recommanderais clairement pas à tout le monde.


6,5/10
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Intruse (L') - 6/10

Messagepar Alegas » Mar 10 Nov 2020, 13:50

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City Girl (L'intruse) de Friedrich Wilhelm Murnau
(1930)


Dernier film que Murnau tournera à Hollywood, City girl porte clairement en lui la division entre producteur et réalisateur qui a eu lieu durant le tournage. D’un côté, Murnau voulait livrer quelque chose qui se rapproche plus des fables sociales qu’il a eu l’habitude de faire durant sa période allemande, de l’autre William Fox tenait clairement à faire un grand succès romantique, en utilisant la condition paysanne uniquement comme une toile de fond. Si on ajoute à cela le fait que l’un souhaitait un film muet pendant que l’autre voulait un parlant, il y a clairement de quoi se demander si quelque chose de bon va ressortir de cette collaboration. Heureusement, c’est le cas, et quand bien même j’ai tendance à penser que City girl est le plus faible des Murnau que j’ai pu voir jusqu’ici, ça reste quand même une bobine agréable à suivre, bien qu’assez conventionnelle et prévisible. On va donc suivre la romance entre un paysan et une fille de la ville, cette dernière souhaitant clairement laisser derrière elle sa vie de serveuse qui ne mène à rien, et va donc suivre son époux jusqu’à la ferme familiale où elle va vite comprendre que la campagne est loin du paradis qu’elle imaginait, entre dur labeur et moqueries incessantes des campagnards.

Le problème de ce film, c’est qu’à le lecture du pitch, on imagine déjà plus ou moins ce qui va se passer et comment ça va se finir, avec les bons sentiments que ça implique, et à une ou deux surprises près c’est exactement ce qui va arriver. C’est donc clairement un film sur des rails, des rails efficaces certes, mais forcément de la part d’un Murnau on est en droit d’attendre un peu plus d’originalité. Du coup, c’est surtout sur la forme où le film arrive à se démarquer, et même si c’est clairement pas du niveau de L’aurore, on sent tout de même la maîtrise visuelle de Murnau, ou comment quasiment tout raconter avec l’image. Et puis il y a quelques fulgurances, à l’image de cette scène où le couple arrive à la ferme avec ce travelling dans les champs de blé qui fait Days of Heaven avant l'heure, des fulgurances rares mais qui font tout de même plaisir quand elles arrivent à l’écran. Bref, c’est du Murnau en mode commande, avec les limites que ça lui impose, même si ça donne vraiment quelques beaux restes.


6/10
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Film: Intruse (L')
Note: 8,5/10
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Colonel Blimp - 7/10

Messagepar Alegas » Mer 11 Nov 2020, 13:02

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The life and death of Colonel Blimp (Colonel Climp) de Michael Powell & Emeric Pressburger
(1943)


Je cache pas que je suis un poil déçu. Le film a quand même une réputation de dingue (genre un des meilleurs films anglais jamais réalisé), Scorsese le cite régulièrement parmi ses films préférés, et si en plus on ajoute à ça les baffes que j’ai pu me prendre devant d’autres films du duo Powell/Pressburger, autant dire que j’espérais un très gros morceau de cinéma. A la conclusion de mon visionnage, j’ai clairement apprécié tout ce que j’ai vu, mais j’ai le sentiment que ce n’est pas un film aussi facile que The Red Shoes, où la sensation d’avoir vu un grand film était évidente. Ici, j’ai plus l’impression que c’est un film qui se digère, et surtout qui se revoit pour être apprécié à sa juste mesure, et du coup je vais faire de mon mieux pour en parler objectivement.

Déjà, techniquement, c’est du très lourd. J’ai souvent dit que les films Technicolor de Powell avaient des années d’avance sur la concurrence, et c’est toujours aussi vrai ici, tant on a l’impression de mater un long-métrage produit au milieu des années 50 alors que le film date de 43. Comme toujours chez Powell, la mise en scène est particulièrement soignée, les mouvements de caméra élégants, il y a souvent une recherche du cadre qui va faire la différence, et puis c’est bourré de petits idées ingénieuses, à l’image de ce montage cut avec les trophées de chasse qui apparaissent au mur pour symboliser le temps qui passe. Et puis le point qui étonne véritablement, c’est le fait qu’une telle histoire ait pu voir le jour en 43. En plein conflit mondial, alors que l’Angleterre subit de plein fouet les bombardements allemands, Powell/Pressburger décident de raconter le récit d’une amitié solide entre deux officiers, l’un anglais (Roger Livesey, grosse révélation pour le coup), l’autre allemand (Anton Wallbrook, que j’avais déjà remarqué dans The Red Shoes), sur une période de quarante ans. Forcément, ça a fait son petit effet provocateur à l’époque (Churchill lui-même ayant tenté de bloquer la production) mais au final ça n’empêche pas le métrage d’avoir un équilibre régulier entre une tendance pro-anglaise, et une volonté de casser les règles d’un ancien monde en montrant deux hommes qui n’arrivent plus à suivre leur époque (l’un avec la tournure que prend son pays, l’autre avec le regard qui lui porte ses compatriotes).

Et c’est là où je vais trouver à redire sur le film, car autant j’ai pris du plaisir à suivre cette amitié sur quatre décennies avec tout ce que ça implique (notamment les déboires amoureux de l’anglais dont l’esprit va rester sans cesse bloqué sur une femme, incarnée par Deborah Kerr, qui lui aura échappé), autant je dois avouer que je ne me suis jamais senti complètement impliqué dans le récit au point de m’émouvoir du sort des personnages. J’ai donc regardé le film avec un œil assez distant, conscient des nombreuses qualités du métrage mais sans ce petit plus qui allait transformer le visionnage en révélation. Reste quand même un film admirable sur bien des points, souvent passionnant, et que je reverrais sûrement à la hausse lors d’une revision.


7/10
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Note: 8/10
Auteur: maltese

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2020

Messagepar maltese » Mer 11 Nov 2020, 13:22

Assez d'accord, même si j'avais été bien plus emballé au final. Mais je te rejoins complètement sur le fait que c'est un film qui nécessitera plusieurs visions tant il est riche en thématiques et passionnant sur le plan formel.
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House that Jack built (The) - 8/10

Messagepar Alegas » Ven 13 Nov 2020, 16:31

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The house that Jack built de Lars Von Trier
(2018)


Ceux qui me connaissent un minimum savent quelle aversion je peux avoir pour un réalisateur comme Lars Von Trier. En quelques années et quelques films visionnés, autant dans ses débuts que dans ses métrages plus récents, le bonhomme a su se poser très haut parmi les étendards de ce que je déteste le plus au cinéma, que ce soit en terme de mise en scène, de proposition ou de traitement. Du coup, je ne sais quelle curiosité un peu malsaine m’a poussé à mater son dernier film, peut-être la critique de Jed, peut-être les quelques retours que j’avais pu lire dessus (celui de Rouyer notamment), mais toujours est-il que ça a eu du bon. Car là, quand même, ça tient du petit miracle : que l’un des réalisateurs que je déteste le plus au monde puisse sortir un aussi bon film m’étonne au plus haut point, et ça me rappelle qu’il ne faut jamais condamner un artiste, ce dernier pouvant toujours surprendre à un moment donné.

Dans le cas de Von Trier, ça me donne l’impression que le bonhomme a trouvé le juste milieu en terme de traitement, tant dans celui de l’image que celui du son. On est pas dans le Dogme 95, on est pas non plus dans le truc ultra-léché et péteux style Antichrist/Melancholia, on va être ici dans un juste milieu qui colle parfaitement au sujet, à savoir le quotidien, sur douze années, d’un serial-killer. Si je devais trouver une comparaison pour donner une idée de à quoi ressemble l’expérience de The house that Jack built, ça serait clairement avec Maniac que je le ferais. On est vraiment dans le même délire de plongée dans l’esprit d’un serial-killer complètement fucked up, et ce qu’on perd en côté sale de l’image d’un côté chez Lustig, on le gagne en variété de meurtres malsains de l’autre chez Von Trier. Et clairement, quand j’utilise le mot malsain, c’est vraiment pas pour déconner : ça faisait longtemps qu’un film ne m’avait pas autant mis mal à l’aise par son contenu, entre meurtres d’enfants plein cadre, manipulation des corps post-mortem (celui du gamin avec le sourire, wow, faut être complètement cinglé pour imaginer un truc pareil :shock: ), découpage de seins pour en faire un porte-monnaie, traînage de corps contre le bitume sur plusieurs kilomètres, bref faut être un minimum préparé pour mater ce film, c’est clairement pas à montrer à tout le monde.

Mais, et c’est le plus étonnant, ça passe crème en terme de traitement, d’une part parce que c’est écrit avec intelligence (ça me fait bizarre de dire ça sur un Von Trier, mais là il y a clairement un gros boulot dans les scènes de psychanalyse pour rendre le personnage de Jack presque attachant par moment, ou en tout cas un minimum lucide de ce qu’il est et de ce qu’il fait), mais aussi parce que c’est traité avec beaucoup de second degré. Pour le coup, ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un film gérant aussi bien l’humour noir, c’est presque hilarant par moment (la pluie, le choix de chanson au générique de fin :eheh: ), et je pense que sans ça le film aurait vraiment passé le cap du too much très rapidement.

Et puis la cerise sur le gâteau : le dernier acte avec la descente littérale aux Enfers (qu’on voit vite venir entre la pièce impossible à ouvrir et les dialogues avec Ganz). Là aussi, ça aurait pu entrer vite dans le too much avec Lars Von Trier qui repenche vers les abus stylistiques de Melancholia, mais pour le coup ça marche nickel, et rarement une découverte des Enfers ne m’aura autant apporté d’appréhension sur ce que j’allais voir. Et puis parler du film sans évoquer la prestation hallucinante de Matt Dillon serait criminel : il rappelle à tout le monde quel grand acteur il peut être, et j’ai beau chercher dans mes souvenirs je crois ne l’avoir jamais vu aussi bon que dans ce rôle. Non vraiment j’ai finalement très peu de réserves sur ce métrage hors-normes, qui inquiète pourtant sérieusement sur l’état mental de son réalisateur (on a limite l’impression qu’il nous dit que s’il n’était pas réalisateur, il serait serial-killer :mrgreen: ) mais qui me réjouit dans le fait qu’une aussi bonne surprise puisse venir de la part d’un mec qui était la représentation de tout ce que je peux détester au cinéma.


8/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2020

Messagepar Jed_Trigado » Ven 13 Nov 2020, 21:00

:super:

En effet, pour avoir découvert une bonne partie de sa filmo suite a sa vision, c'est clairement son film le plus accessible (quoi que le terme est pas forcément approprié quand on voit la violence du machin :eheh:) aux réfractaires de son style.
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Sur le chemin de la rédemption - 6/10

Messagepar Alegas » Jeu 19 Nov 2020, 23:35

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First Reformed (Sur le chemin de la rédemption) de Paul Schrader
(2017)


Première incursion dans le cinéma de Schrader réalisateur, et je suis pas super convaincu malgré plusieurs bons points. Déjà, j’ai été plus que surpris par la proposition de l’ensemble : c’est formellement bien foutu (super atmosphère austère via les choix de cadre et de montage), thématiquement très intéressant (la foi d’un homme d’église testée avec la question du réchauffement climatique) et cerise sur le gâteau ça permet de rappeler que quand on lui en donne l’occasion, Ethan Hawke peut vraiment être un putain d’acteur qui se donne à fond dans son rôle. Autant de qualités qui, pendant un peu plus d’une heure, m’ont laissé espérer un grand film, mais ça c’était avant que l’exécution du script de Schrader se mette vraiment à découvert.

Car clairement, passé un cap du film (que je ne saurais même pas définir avec précision), j’ai peu à peu perdu l’implication que j’avais quelques minutes auparavant. La faute à des personnages secondaires grossièrement écrits (ça aurait pu jouer dans la nuance, mais non, quasiment tout le monde dans l’entourage de Hawke, à l’exception de Amanda Seyfried, est condamnable, je pige qu’on soit dans le point de vue du personnage mais tout de même) et à une finalité qui me laisse plus que songeur. Pourtant, je n’attendais pas spécialement un climax, même un plan final laissant le doute sur ce que va faire Hawke m’aurait suffi, mais là le coup de ramener Seyfried pour une rédemption de dernière minute, ça n’a vraiment pas marché avec moi et je pige pas l'intérêt tant ça semble sorti de nulle part. C’est con car encore une fois le film est très convaincant la majorité du temps, mais ça donne l’impression que Schrader ne savait pas trop où aller avec cette bonne idée de départ.


6/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2020

Messagepar Mark Chopper » Jeu 19 Nov 2020, 23:39

Première incursion dans le cinéma de Schrader réalisateur,


Je te conseille Autofocus. Son meilleur film.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2020

Messagepar osorojo » Jeu 19 Nov 2020, 23:43

+1 clairement. Le meilleur de ce que j'ai vu de lui.

Je rajoute Blue collar qui est top (j'étais tout seul en salle pour sa ressortie ^^) et Hardcore qui vaut le coup d'oeil.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2020

Messagepar Alegas » Jeu 19 Nov 2020, 23:43

Ça tombe très bien : j'ai Autofocus en dvd sous le coude.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2020

Messagepar Val » Jeu 19 Nov 2020, 23:45

Je confirme pour Blue Collar.

Et Cat People.

Et The Comfort of Strangers.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2020

Messagepar osorojo » Jeu 19 Nov 2020, 23:56

Pas osé mater La féline parce que j'aime bien la version de Tourneur. Vu que je m'en rappelle plus trop maintenant, je pourrais tenter ^^

Bizarre, j'étais persuadé de l'avoir vu Étrange séduction mais apparemment non. Je dois confondre avec The last seduction. Ça a l'air pas mal en effet.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2020

Messagepar Mark Chopper » Ven 20 Nov 2020, 00:02

La Féline de Schrader, je l'ai limite trouvé nanardesque.
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