Décrépitude d'une passion

Le défouloir du forum

Modérateur: padri18

Décrépitude d'une passion

Messagepar logan » Ven 18 Mai 2018, 14:39

Ça faisait un petit bout de temps que je voulais prendre le clavier pour parler d'un fléau qui doit en toucher plus d'un sur ce forum, notre baisse de passion pour cet art qu'est le cinéma. Ça me fait vraiment chier mais je dois l'avouer ma passion est en train de mourir. Entendons nous bien j'aime toujours le cinéma et pourrait difficilement me passer de ma DVDthéque de 300 galettes mais qu'est il advenu de celle que j'avais encore il y a 5/6 ans et qui constituait une grande source de satisfaction à mes yeux.

Mais reprenons les choses dans l'ordre, comment ai-je commencer ma passion? Gamin j'ai toujours été friand d'histoires, quand j'avais 10 ans et que je n'étais pas familier avec le cinéma je m'évadais dans des livres à n'en plus finir et devait avoir un rythme de lecture similaire à celui d'un Mark Chopper, puis vient ma rencontre avec le grand écran. On va pas se raconter d'histoires je n'ai pas commencé direct par du Mankiewicz ou du Roeg, je me souviens qu'une de mes premières séances cinéma était la revanche d'une blonde ou encore les Yamakazi, c'est dire. Quand je parle de rencontre avec l'écran je ne parle pas d'expérience familial ou entre ami, je parle de prendre ses 6 euros de l'époque et d'y aller soi même en mode "putain je suis un bonhomme je vais aller voir la revanche d'une blonde." (j'avais même mytho ma famille en disant que j'allais voir Harry Potter, car bon aller voir la revanche d'une blonde à 13 piges de soi-même c'est chaud.)

Et la a commencé une période de Cinéphagie extrême qui a du durer jusqu'à ma vingtaine, quand je dis Cinéphagie c'est vraiment cinéphagie, genre j'avais un besoin de voir TOUS les films à l'affiche, VF ou VO à l'époque c'était balek, j'allais aussi bien voir avec des amis la dernière comédie potache à la mode que le petit film d'auteur primé à Trifouilly-les-Oies, a noel je me faisais offrir non pas les films que j'avais aimé pendant l'année mais des sombres merdes que je n'avais pas vu histoire de compléter mon catalogue de vision. Après faut dire que j'ai eu la chance d'avoir 13/14 ans l'année de cette formidable invention que fut la carte UGC illimité. C'est génial ce truc, tes parents paient 20 balles par mois et ils peuvent se débarrasser de toi ad vitam aeternam. C'était l'année ou j'ai failli y passer dans un incendie, qui dit incendie dit situation précaire et sans domicile jusqu'à ce que l'assurance te décide de faire la charité, qui dit incendie dit plus rien et qui dit incendie dit plus de vacances. Bon j'allais en colo 2/3 semaines mais cette année les vacances familiales c'était mort donc la carte UGC a sauvé mon été et peut être que psychologiquement quelque chose s'est passé (bon je vais t'éviter la thérapie sponso confessions intimes.)

S'en est suivi donc 6 ans de relation amoureuse à sens unique ou l'analyse et la critique c'était osef total, je prenais tout avec amour, trouvait des qualités partout et de temps en temps il m'arrivait de tomber sur des films ou je me disais "dah c'est quand même pas mal le ciné" mais en 2003 on enchaînait des journées ou on se faisait la cité de dieu et la 25éme heure à la suite, aujourd'hui quand t'as un Wind River tu mouilles dans ton calbut tellement c'est inespéré. En plus d'être accro aux séances de ciné j'étais devenu addict à la cassette vidéo, tu sais ce truc formidable qui te permets d'enregistrer 10000 films à la suite (bon en vrai j'avais que 7/8 cassettes donc je gardais presque rien, la seule cassette que je gardais c'était Sexcrimes car à l'époque t'avais pas Youporn.)
Je me souviens encore de mes décryptages en mode FBI des programmes télés pour trouver THE film à enregistrer pour le lendemain, THE film que je n'avais pas vu, le film que je ne pouvais de toute façon pas voir au cinéma et plus c'étais bis et con plus j'étais client. Je me souviens encore de mon horloge interne qui me reveillait à 06h00 du mat pour se réveiller une heure pile avant mes parents et voir la première heure du film enregistré la veille (je me gardais la second heure pour le journal de 20h00 ou je pouvais squatter la chambre des vieux pendant qu'ils regardaient le journal.) Maintenant si je me réveillais à 06h00 du mat tous les jours faudrait me mettre sous perf de cachetons. S'en est suivi la période snob (vous la connaissez bien, vous l'avez vécu :mrgreen: )

Il arrive quelque chose de formidable dans la vie d'un jeune adulte c'est quand t'as tes premières payes et que tu vis encore chez tes parents, t'as rien à payer et tu te retrouves avec un salaire de quatre chiffres comme si t'avais braqué la banque du coin. Et la putain ce fut la folie furieuse. Au grand desespoir de mes parents qui me disaient "Mais tu te rends compte si tu mets tout de côté dans 10 ans tu pourras t'acheter un appartement...blabla" VOS GUEULES J'AI UNE COLLECTION DE DVD A FAIRE MOI!!! Et je faisais péter la boite aux lettres, genre 20 DVD easy par semaine (mon postier a du me détester.). les bouquins sur l'armoire ca vire, j'ai des DVD à mettre moi, les livres de classe au dessus de l'ordinateur, je les...direction Gibert, je pourrais peut être les revendre et m'acheter des DVD. Les meubles avec les conneries de ma mère qui a cru que ma chambre était son annexe perso, désolé mais j'ai des choses plus importantes à stocker dans ma vie. Et petit à petit je suis arrivé à 1500 DVD (bon certains diront "petit joueur") mais ce fut quand même l'apogée de ma vie de cinéphile.

Et c'est pas la collection pour faire jolie, je les voyais tous par ordre d'arrivé, des fois je rentrais chez moi à 18h00 boum 3 films de suite, tant bien même que mon année record de vision a pas du être loin des 800 films de mémoire mais comment ai je pu arriver à une telle décadence? Mankiewicz. Ouais c'est un allemand juif qui est à l'origine de toute cette merde. Je me souviens à l'époque je trainais sur Mad movies car j'aimais bien les films de genre et de temps en temps je lisais cet étrange personnage qui n'avait pas l'air à sa place sur forum le bien nommé "Profondo Rosso".
Profondo Rosso c'était le mec que je revais d'être quand j'ai commencé ma période Snob, un mec qui connaissait tout, qui avait tout vu et qui avait l'air de tout aimer, c'est génial d'aimer tous les films qu'on voit et je me souviens qu'un jour en me perdant dans les dédales de Mad Movies je suis tombé sur le bien nommé prof parler de "Soudain l'été dernier" au début je me dis "qu'il est con HI HI il mets 6/6 au film avec la meuf de Buffy" puis j'ai vu les photos en Noir et Blanc et je me suis dis y a un truc chelou. J'ai lu vite fait sa critique et je trouvais ca sympa.
Puis j'oublie complètement cette histoire et je vais à Cine Corner à Saint-Michel, Cine Corner c'était ma deuxième maison à l'époque, j'y allais tous les vendredi soir lâcher l'équivalent du budget bouffe d'un Gérard Depardieu au salon de la viande. Et tout à coup je vois en tête de gondole "soudain l'été dernier", chouette alors ca coute 10 balles et y a une meuf en maillot de bain sur la jaquette, ca se tente.

Et la ce fut le drame, j'ai bouffé du Mankiewicz pendant 2 semaines, lu du Mankiewicz pendant deux semaines, j'ai dormi et vécu Mankiewicz et j'ai eu une illumination "y a peut être d'autres gens biens qui font des films bizarres en noir et blanc". Et la j'ai pété un câble en 2 ans j'ai du tout voir (j'ai pas la prétention de dire TOUT entendons nous bien mais j'ai vu pas mal quoi.) j'ai tout exploré de la période 40's à fin 60's et je vais pas plus développer car vous étiez la :mrgreen: (C'était grossomodo à la même époque ou je me heurtais à la modération de Mad qui me sortait royalement par les yeux et que Scalp est venu me voir en MP pour faire sa rabatteuse.) (Oui j'ai un soucis avec l'autorité et je vous emmerde :mrgreen: ).

En plus à l'époque j'écrivais (bien ou mal) je faisais un podcast (bien ou mal) ce qui me forçait à explorer, à m'intéresser, à avoir un sens critique, faire des connexions, bref j'étais passionné. Et puis je suis arrivé à un croisement, le croisement ou tu as vu tout ce qui t'intéressait et la mort du cinéma actuel. Bon j'en rajoute exprès, le cinéma est pas mort, mais celui que j'ai aimé clairement si. Il y a encore des films qui redonnent espoir, certains qui divertissent mais les mandales que je me prenais à une certaine époque sont bel et bien mortes et enterrées. En fait j'ai un regard trés triste sur ce qu'est devenu le cinéma actuel, en dix ans on a quand même assisté ni plus ni moins à une industrialisation de l'art qu'on aimait tous, ca peut sembler défaitiste et oui en soi le cinéma a toujours été industriel mais on est pas d'un industriel manuel à un industriel automatisé et c'est la toute la différence.

Aprés je ne rends pas le cinéma actuel totalement responsable de ma perte de passion, quid des films de patrimoine et des années 50/60 que je n'ai aucune envie de revoir pour la plupart et tout revendu? C'est juste qu’après une journée de boulot et de fatigue je n'ai plus le mental pour ca, je préfère écouter de la musique, regarder une bonne série, et gamer une heure ou deux, je suis peut être devenu un vieux con mais j'ai plus la place pour tout ça. Pour autant je regarde toujours au moins deux films par semaine (un au ciné et un en galette) mais quand je vois mon compteur de film à 40 et quelque pour cette année et celui que j'affichais il y a encore 6/7 ans de 800 bobines je me dis que j'ai quand même bien changé.
Et ca ressent même sur les sorties cinés, alors oui le programme aide clairement pas mais ce mois ci, mois ou je n'ai vu qu'un seul film au ciné et ou aucun ne me dis dans les semaines à venir, je me dis que ma passion ne va pas en s’arrangeant.
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Re: Décrépitude d'une passion

Messagepar Waylander » Ven 18 Mai 2018, 15:07

Touchant ton post.

Perso, je pense que le problème d'une passion , c'est qu'on a tendance à la vivre de façon trop intense. Et une fois qu'on vu/lu/écouté tous les classiques, ou en tout cas qui nous touche avec tous les périphériques disponibles (si passion cinéma, un périph c'est de s'intéresser à la technique, lire des trucs dans le domaine etc..) forcément qu'au bout d'un certain nombres d'années, tu tournes en rond. Tu as 10x moins à découvrir et quand tu t'es tapé le meilleur de meilleur d'un art, comment se contenter de la production actuelle qui est principalement motivée par le fric (et donc beaucoup moins la passion) ?

Après, il ne faut pas fantasmer, il y a toujours eu une historie de fric et ce paramètre n'empêche pas de faire de bon boulot. Je pense que pour qu'une passion ne meurt pas, il faut soit aller foutre ses mains dedans (réaliser, scénariser, faire du court j'en sais rien) ou tenter d'aller voir les prods d'autres pays , des trucs méconnus. Ou bien, tu passes à une autre passion, sans la choisir façon "catalogue" adopte une passion, mais plutôt en te laissant attirer par d'autres formes d'expressions. Peut-être que tu vas te passionner à fond pour la musique, ou le jeu vidéo...Qui vivra verra mais tu sais, je pense que c'est comme une histoire d'amour : une passion est à son paroxysme au début, les 3-4-10 premières années. Puis naturellement, la passion s'essouffle pour laisser place à autre chose.

J'aime moins le cinéma aussi (pour des raisons différentes - malgré des points communs- car je suis loin d'avoir ta culture ciné). J'ai toujours les mêmes passions depuis que j'ai 10 ans mais j'ai ce que j'appelle des "périodes". Je peux passer 6 mois exclusivement dans le monde du jeu vidéo et je ne consacre mon temps qu'à ça. Puis pendant 2 mois je vais être à fond dans la philo. Puis 3 mois de ciné etc..etc...ce qui fait que je ne peux pas , en seulement 5 ans, avoir tout vu et tout lu de mes domaines de prédilection.

Accepte que ta passionné pour le cinéma évolue vers d'autres horizons, ton rapport aux films change et ça ne peut que te permettre de t'enrichir autrement. Cela dit, crois-moi, parfois on croit tout connaitre d'un art, avoir tout vu etc...et en fait, il reste tellement de choses à découvrir que ça donne le vertige. Tu as vu ce que tu voulais voir, maintenant, il faut que tu partes vers ce que tu ne soupçonnais pas vouloir aborder car tu ne connaissais pas encore. :super:

Il faut avoir plusieurs centres d’intérêts pour éviter de tourner en rond. Et surtout, l'astronome lassé peut espérer devenir un jour astronaute (ce qui ne veut pas dir qu'il n'aimera plus jeter un coup d'oeil dans son télescope mais ce qu'il veut maintenant , c'est aller voir de plus près) même si je pense que quand on aime, c'est à vie. On peut pas ne plus aimer un art comme ça du jour au lendemain. En fait, si on est moins à fond dans le ciné, c'est principalement à cause de la direction que ça prend , l'influence de la politique dans les prods actuelles, etc... Je pense que c'est un semble de choses qui foutent la merde, et te concernant, tu as clairement été un peu trop à fond "dedans". Il faut savoir relâcher la corde de temps en temps pour ressentir le "manque". A une époque je ne lisais QUE de la fantasy, mais vraiment quoi, et j'en ai gerbé. Ça fait des années maintenant que je me suis dégouté moi-même de ce genre alors que je sais qu'il me reste des trucs à lire, des perles etc.. mais j'en trop enchainé à une époque.... Le genre n'a rien à se reprocher (quoique il y a débat). Qu'est ce qui se passe quand on bouffe vite et beaucoup ? On dégueule. La boulimie n'est pas loin.
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Re: Décrépitude d'une passion

Messagepar Mark Chopper » Ven 18 Mai 2018, 15:09

je lisais cet étrange personnage qui n'avait pas l'air à sa place sur forum le bien nommé "Profondo Rosso".
Profondo Rosso c'était le mec que je revais d'être quand j'ai commencé ma période Snob, un mec qui connaissait tout, qui avait tout vu et qui avait l'air de tout aimer, c'est génial d'aimer tous les films qu'on voit


Ce qui est dingue, c'est que lui n'a pas du tout changé. J'aimerais bien voir un reportage sur sa vie, je me demande s'il existe vraiment :chut:

Sinon, sans avoir été accro comme toi (surtout niveau achats), je me reconnais un peu dans ce que tu dis... Côté ciné, je n'ai plus du tout envie de creuser le passé et le présent m'intéresse de moins en moins, à part quelques auteurs...

Quand je vois les listes des meilleurs films année après année sur le topic de la question du jour et que je regarde le top du premier semestre 2018, je me dis que je vais continuer de privilégier la lecture et d'autres activités parce qu'un film de Scott Cooper en tête, ce n'est pas possible.
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Messagepar Waylander » Ven 18 Mai 2018, 15:11

C'est ça aussi le problème, certains deviennent trop difficiles. :mrgreen: (en fait, je vise plus ou moins tout le monde).
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Re: Décrépitude d'une passion

Messagepar pabelbaba » Ven 18 Mai 2018, 15:17

Je pense qu'on a vécu un fucking âge d'or de la cinéphilie en ayant la vingtaine dans les années 2000, étudiant, jeune actif, tout ce patrimoine ciné qui est remonté à la surface grâce au DVD, on ne reverra jamais les astres s'aligner comme ça. Sans parler des cartes illimitées. Normal qu'il y ait un coup de blues à présent qu'on a moins de temps et qu'il n'y a plus beaucoup de territoires inexplorés. Mais de mon côté j'ai toujours de l'excitation à enfourner une galette d'un truc inconnu. Perso, j'ai toujours des tonnes de trucs sous le coude à mater.
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Re: Décrépitude d'une passion

Messagepar Mark Chopper » Ven 18 Mai 2018, 15:20

tout ce patrimoine ciné qui est remonté à la surface grâce au DVD, on ne reverra jamais les astres s'aligner comme ça.


C'est vrai aussi... Tout à coup, on a pu explorer le cinéma japonais (qui se limitait avant à Kuro, Ozu et Mizoguchi), HK et même les débuts de la nouvelle vague sud-coréenne. Tant de choses à découvrir d'un seul coup, avec l'explosion du DVD et le téléchargement, ça n'arrivera plus.
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Re: Décrépitude d'une passion

Messagepar Waylander » Ven 18 Mai 2018, 15:24

J'aime ton image des astres alignés. Ça me rappelle l'âge d'or de la sf, l'époque de Weird tales, astounding tales (qu'on a pas connu donc) etc...dans lesquels, pour que dalle à l'achat, tu découvrais des trucs de fous, la naissance d'un genre, de sous genres, le début de tous les grands auteurs sf/fantasy où le genre se lançait à fond, les auteurs étaient tous potes, ils avaient tout à inventer etc...forcément en 2018 l'ambiance n'est plus la même. Et pas mal de mecs d'antan sont morts mais ceux qui sont toujours en vie lisent moins de sf et n'écrivent quasiment rien depuis des décennies...Le genre n'est pas mort, mais l'effervescence émotionnelle n'est plus là pour les anciens. Les nouveaux découvrent donc s'ils reprennent le fil depuis le début ils ont beaucoup à voir. Là je parle plutôt des "acteurs" du genre en fait. Les revues actuelles sont moins réputées, ne se vendent pas des masses et le genre se vend moins aussi je crois (en tout cas il y a 5-6 ans). La fantasy par contre c'est différent les ventes explosent grâce (ou à cause) d'éditeurs fast food genre Bragelonne qui monopolise un peu le marché. Parfois, c'est vrai, les astres sont alignés.
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Re: Décrépitude d'une passion

Messagepar Mr Jack » Ven 18 Mai 2018, 15:31

Il fait réfléchir ton post, logan, en vrai (et comme j'écris un mémoire je vais jouer le jeu). :mrgreen:

En fait quand on parle de passion on parle d'amour ou de désir ? Pour moi c'est deux trucs distincts. L'un anime, remplit l'autre, mais pas forcément dans le sens où on l'entend. L'amour c'est ce qui te pousse à casser les barrières, c'est ce qui te fait avancer, qui te construit ou te détruit mais c'est illimité, ça fait partie de toi (ou pas) comme tes os et ton sang. Le désir c'est un fluide en quantité limité, c'est ce truc inflammable qui crame tout mais qui finit toujours en cendres et que t'es obligé de ramasser (double sens ? jamais). Tu pars toujours à la recherche d'une quantité de désir en pensant que c'est ce qui fait marcher la machine mais c'est juste l'huile, pas le moteur. A mes yeux on confond trop souvent amour et désir en pensant que l'un meurt et pourrit l'ensemble. Tu peux ne plus avoir de désir mais si ton amour meurt c'est qu'à la base il se reposait sur des bases tronquées (partage, réciprocité,...). Et la passion, bon, qu'est-ce que c'est au juste ? C'est pas une activité qu'on pratique intensément pour la jeter ensuite, si elle est réelle elle ne fera qu'un avec toi jusqu'à ce que tu crèves. Si t'avais juste le désir de découvrir des contrées inhabitées, de parcourir des allées cachées et de trouver des trésors, c'est juste une envie, une lubie ou une ambition. Une fois qu'elle est atteinte ou consommée elle disparait ou te pousse à la relancer indéfiniment si t'es maso. La passion, la vraie, te définit. Et comme les gens ne changent pas, c'est juste l'environnement qui change autour de nous et qui nous forcent à nous adapter, bah peut-être que le virage là est un test qui te force à redéfinir ce qu'est le cinéma pour toi : un amour ou un désir ; une passion ou une ambition.
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Re: Décrépitude d'une passion

Messagepar Val » Ven 18 Mai 2018, 20:32

logan a écrit:Il arrive quelque chose de formidable dans la vie d'un jeune adulte c'est quand t'as tes premières payes et que tu vis encore chez tes parents, t'as rien à payer et tu te retrouves avec un salaire de quatre chiffres comme si t'avais braqué la banque du coin. Et la putain ce fut la folie furieuse. Au grand desespoir de mes parents qui me disaient "Mais tu te rends compte si tu mets tout de côté dans 10 ans tu pourras t'acheter un appartement...blabla" VOS GUEULES J'AI UNE COLLECTION DE DVD A FAIRE MOI!!! Et je faisais péter la boite aux lettres, genre 20 DVD easy par semaine (mon postier a du me détester.).


:oops: Comment pourrais-je ne pas me reconnaître entièrement dans ces phrases ?^^

Ta lassitude viens peut-être simplement du fait que tu as longtemps été, en plus de cinéphile, très clairement cinéphage. Tu en étais arrivé à un point où tu voyais pour avoir vu j'ai l'impression et non plus par plaisir. Je peux comprendre ça, j'ai parfois cette envie aussi. Du coup, je me demande si tu n'es pas arrivé à une forme de "trop plein" et d'indigestion. Peut-être qu'il faut que tu te donnes du temps pour démystifier ton rapport au cinéma, te décomplexer d'une certaine manière et peut-être que tu y reviendras d'une autre manière, moins empressée et plus qualitative.

Pour ma part, mon rapport au cinéma est un peu différent sur certains et rejoint le tiens sur d'autres. D'aussi loin que je me souvienne ( :mrgreen: ), j'ai toujours été fasciné par le cinéma. Cinéma ou télévision d'ailleurs, c'est vraiment l'image animée qui me fascinait. C'est bien simple, j'en suis à un stade où je n'ai pas souvenir de ma vie "d'avant"^^. Je trouve ça fou en y repensant mais j'ai vraiment pris la mesure de ce que pouvait faire le cinéma en terme d'imagination et d'immersion en découvrant Jurassic Park alors âgé de 4/5 ans ( :shock: je ne déconne pas, c'était avant la première diffusion en clair sur TF1 qui date de 1997 si j'en crois mon enregistrement que j'ai gardé des années et confirmé par le site de l'INA) grâce à la VHS de mon voisin (qui avait mon âge) qui s'amusait avec sa soeur plus âgée à nous le passer à moi et ma soeur. Evidemment, je ne suis pas devenu cinéphile et je n'ai pas pris conscience de ce que ce film avait déclenché en moi à cet âge mais il s'agit du premier film "avec des acteurs" comme je disais à l'époque pour les différencier d'avec les dessins-animés que je me souviens avoir vu. Le spectacle m'avait tellement fasciné qu'à peine âgé de 6/7 ans, quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais "faire des films" (authentique) tant j'imagine que le spectacle avait déclenché quelque chose de particulier chez moi.

En grandissant, je me souviens que j'étais toujours avide de découvrir de nouveaux films. Alors, évidemment, ce n'était pas Tarkovski ou Bergman, mais les films populaires et pour enfants de l'époque. Je me rappel avoir découvert des Jumanji, Babe, Batman Forever, et autres joyeusetés lors de leurs premières diffusions sur Canal+. Pour ce qui est du cinéma, ma première séance fût tardive puisqu'il s'était agit de Mulan de Disney. Je me souviens aussi que je passais des heures à éplucher les programmes télé ainsi que le programme mensuel des abonnés de Canal+ en lisant et relisant les fiches descriptives des films programmés. A force de les lire, je mémorisais les noms des acteurs et réalisateurs, ce qui me permettait parfois de faire des liens entre les films. Egalement, je fantasmais ce que pouvait être tel ou tel film suivant son résumé et les éventuelles photos qui accompagnaient la fiche en question.

J'ai par contre grandi à la campagne et jusqu'à mon adolescence, je n'ai donc eu que la télévision pour découvrir des films et encore, pas tout ce que je voulais, car mes parents veillaient et il fallait justifier les raisons qui me poussaient à vouloir regarder ou programmer l'enregistrement de tel ou tel film. :mrgreen: C'est pourquoi je pense qu'aujourd'hui encore je connais l'existence de nombreux trucs sans forcément les avoir vus. Mon intérêt pour le cinéma s'est progressivement décuplé avec les années jusqu'au lycée. Je pouvais même refuser de sortir avec des amis ou dans la famille pour pouvoir regarder un film (SOS psychopathes bonjours). Et c'est au lycée que cette passion a vraiment explosée avec la proximité de mon lycée et d'une médiathèque bien fournie bientôt suivie de l'arrivée du haut débit chez moi rendant les téléchargements possibles en quelques heures, permettant ainsi de vite télécharger des Massacre à la tronçonneuse, Suspiria ou autre La Cambrioleuse pendant que toute la famille bosse. :mrgreen: C'est d'ailleurs à cette époque que je suis arrivé sur le forum (10 ans en août :shock: ) et la suite de mon évolution peut se suivre en remontant l'histoire de ce forum.

A bientôt 26 ans, je mentirais si je n'avouais pas une petite nostalgie pour ce qu'était ma cinéphilie à l'époque du lycée et de la fac. Même si je m'en veux aujourd'hui de ne pas en avoir assez profité pour en voir encore plus (je suis un gros feignant en vrai^^), je regrette la disponibilité d'esprit et de temps qui étaient les miennes à l'époque. Je me souviens de l'excitation à la découverte de Phantom of the Paradise et de l'envie irrépressible de voir toute la filmo de De Palma à la suite. Idem pour les découvertes de Friedkin, Kurosawa et tant d'autres.

Aujourd'hui, je pense être toujours aussi curieux qu'avant si ce n'est plus parfois. Les derniers a priori que j'avais vis a vis de certains cinéastes ou genres sont en train de tomber et le fait d'avoir un budget plus conséquent rend accessible nettement plus de films qu'auparavant. Egalement, et c'est un peu bête je l'avoue, mais il pouvait m'arriver aussi de m'auto-censurer plus jeune en me disant que tel ou tel film n'était pas pour moi, que je n'étais pas assez mûr, que l'on verrait plus tard,... J'avoue qu'il est très agréable de ne plus avoir cette inhibition maintenant (c'était pareil pour les livres). Mais, paradoxalement, je dois aussi avouer que je regarde parfois l'énorme pile de trucs à voir qui traîne sur mon bureau, mes centaines de gigas dormant sur mon disque dur et mes dizaines de DVD copiés à la BU qui prennent la poussière et je me dis que tout cela est un peu vain. Je culpabilise parfois de ne plus avoir la même capacité de concentration qu'auparavant (je m'endors de plus en plus souvent devant un film après le boulot, le pire ayant été récemment atteint avec Despair que j'ai du reprendre trois fois) et qui me donne l'impression de ne plus profiter des films à leur juste valeur. Je remarque aussi que je ne parviens plus à écrire avec autant d'enthousiasme qu'auparavant.

Je comprends donc ton coup de blues Logan mais j'avoue que de mon côté, il ne dure jamais bien longtemps. Il suffit que j'entende parler d'un nouveau film, d'un nouveau cinéaste ou que je vois un bon film pour que mon enthousiasme reparte. Mais je ne me fais pas d'illusion et je sens au fond de moi que le risque d'arriver à saturation n'est pas loin. Je pense donc qu'il va me falloir opté progressivement pour la qualité au lieu de la quantité.


(Bravo Logan, tu m'as fait raconté ma vie. Mes excuses à ceux qui n'en n'ont rien à foutre).
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Re: Décrépitude d'une passion

Messagepar Mark Chopper » Ven 18 Mai 2018, 20:40

Massacre à la tronçonneuse, Suspiria ou autre La Cambrioleuse


Quel triple programme :mrgreen:
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Re: Décrépitude d'une passion

Messagepar Jed_Trigado » Ven 18 Mai 2018, 20:50

[quote"=Val"]télécharger La Cambrioleuse pendant que toute la famille bosse.[/quote]
En fait, t'es vraiment le plus gros chaud de la bite de ce forum ma parole. :mrgreen:

Sinon, c'est cool, j'aime le ciné depuis que j'ai 4 ans (mon premier film vu c'est Le Roi Lion), j'ai une daronne qui m'a fait découvrir et m'autorisait a voir tous les films d'horreur que je voulais, ainsi qu'un paternel qui lui ne jurait que par les Steven Seagal ou les Schwarzennegger. A l'adolescence, je suis tombé amoureux du cinéma asiatique qui fut une vraie obsession pour moi, là pour le coup, ça ressent depuis quelques années j'ai fortement ralenti la cadence dessus, je me rappelle qu'a une époque, je pouvais ne m'enquiller que des trucs HK ou jap pendant des semaines et des semaines, quitte a ignorer l'actu occidentale. Ensuite ce fut le western italien quand j'eus 18 ans, un été tout entier a mater tout ce que je pouvais trouver en p2p suite a la découverte de El Mercenario, plus un paquet d'années derrière a chercher le plus d'infos possible sur le moindre film digne d’intérêt. Depuis, j'ai plus vraiment de "chantier" d'envergure, mais je continue a explorer différents chemins de ciné a mon rythme, mêlant a la fois plaisir de visionnage mais aussi besoin d'approfondir ma culture ciné (là, dessus le ciné japonais remet sans cesse en doute mes certitudes dès que je creuse dans le passé).

Bref, c'est pas demain la veille que je lasserais du ciné, en tout cas en ce qui concerne son patrimoine.
"Je mets les pieds où je veux Littlejohn et c'est souvent dans la gueule." Chuck Norris

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Re: Décrépitude d'une passion

Messagepar Val » Ven 18 Mai 2018, 20:52

Et j'ai oublié de préciser que ma découverte de Story of Ricky hier m'a aussi redonné espoir dans le cinéma. :eheh:
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Re: Décrépitude d'une passion

Messagepar Mark Chopper » Ven 18 Mai 2018, 20:53

Forcément 8)

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Mais on n'en fera plus des comme ça :nono:
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Re: Décrépitude d'une passion

Messagepar Val » Ven 18 Mai 2018, 20:54

Cette scène. :eheh:
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Re: Décrépitude d'une passion

Messagepar Mark Chopper » Ven 18 Mai 2018, 20:56

Ce film est un antidépresseur.

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