Un tout petit jeu, comme son héros, qui a pourtant tout d'un grand.
Comment une team de 4 mecs a pu pondre un tel bijou ? Un jeu aussi beau, aussi long, aussi riche, aussi soigné (quelle finition exemplaire !) ? Ça parait impensable, mais la team cherry l'a fait. Soit un Metroidvania de haute volée qui vous occupera entre 30 et 40h selon votre appétence pour le 100%. Pour ma part, le compteur affichait 32h59 pour 92% de complétion. De mémoire de joueur, je n'ai jamais vu ça dans un jeu indé.
Si on est coutumier du genre, pas de surprise ici (mais quelle maîtrise !). On évolue dans un véritable labyrinthe que l'on va cartographier au fil de notre avancée. La progression est totalement brouillée, dénuée de toute indication sur la direction à prendre, mais elle est assez naturellement guidée par les skill que l'on débloque au fur et à mesure : wall jump, dash, double saut etc., qui permettent à chaque fois d'accéder à de nouvelles zones alors inaccessibles. Ceci dit, plus on avance, plus il va falloir chercher son chemin et revenir sur ses pas pour rééxplorer les anciennes zones avec nos nouvelles compétences. C'est là un des rares défauts du jeu. Même s'ils sont inhérents au genre, les aller-retours sont un peu trop présents, et surtout trop longs, notamment à cause de l'espacement des points de déplacements rapides, pas forcément placés à des lieux opportuns.
Bien entendu, l'autre composante indispensable au genre, c'est la baston. Et là, c'est la fête ! Et encore une fois, le jeu réussit un exploit : offrir une grande profondeur de jeu alors que notre héros ne dispose que d'une palette de coups très limitée. Une richesse due au formidable bestiaire, aussi riche (environ 130 ennemis, rien que ça) que varié, à commencer par la bonne vingtaine de boss, presque tous géniaux, qui mettent nos talents à rude épreuve. Car oui, un point non négligeable, le jeu est dur. Parfois impitoyable, avec un système de mort et récupération du pactole perdu directement hérité de Dark Souls qui occasionne quelques sueurs froides, notamment en début d'aventure où les Géos (équivalent des âmes des Souls) sont vraiment précieux. Petit point regrettable tout de même : le jeu ne proposant pas de dimension RPG, ces Géos ne servent qu'à acheter des objets auprès des marchands, et arrivé aux 3/4 du jeu, on a littéralement tout acheté, et cette monnaie s'accumule et ne sert plus à rien. L'intensité de la progression en pâtit forcément, et on se met à bourriner les ennemis sans trop redouter la mort. L'espacement des checkpoints, et donc la flemme de se retaper toute une traversée de tableaux devient alors la seule source de crainte.
Emporté par une direction artistique de toute beauté (malgré quelques redondances), très Tim Burton dans l'âme, un sound design délicieusement organique et une OST envoutante dans sa mélancolie, ce Hollow Knight a décidément tout pour lui. Une fois lancé, impossible de le lâcher pendant sa trentaine d'heures (minimum) qui en parait 10.
Les +- La direction artistique
- Durée de vie phénoménale pour de l'indé
- L'exploration à son paroxysme
- Bestiaire riche et varié
- Les boss
- Renouvellement constant de l'expérience
- Une vraie montée en puissance
- Musiques et sound design aux petits oignons
Les -- Des aller-retours usants (fast travel mal placés)
- Certaines zones trop ressemblantes aux autres
- Fin d'aventure un peu déséquilibrée et moins intense
8,5/10