Deuxième film du critique et journaliste américain Peter Bogdanovich, – également auteur d'ouvrages d'entretiens avec John Ford et Orson Welles qui font autorité – La Dernière Séance reçut à sa sortie, en 1971, un accueil très chaleureux. Un peu oublié depuis, il mérite une nouvelle projection. Au-delà de la peinture d'une petite bourgade du Texas, Anarene, dans les années 50, le futur réalisateur de Jack le Magnifique s'adonne à sa passion : la cinéphilie, en narrant le sort d'un petit cinéma qui doit bientôt fermer ses portes. Le ton est donc à la nostalgie, accentuée par un magnifique noir et blanc que l'on doit à Robert Surtess – chef opérateur de L'Arnaque et de Ben Hur – et par la présence de Ben Johnson, l'un des acteurs fétiches de John Ford, dans le rôle du propriétaire de cinéma, et qui ne cesse d'évoquer son passé flamboyant. Enfin, une bande-son, composée d'airs célèbres des fifties, que l'on doit à Hank Williams ou Johnnie Ray renforce cet aspect du film. Si celui-ci se veut résolument classique dans son évocation d'un passé récent et s'inscrit dans une veine inaugurée par Un été 42, il réunit une distribution alors prometteuse : Timothy Bottoms, futur Johnny s'en va-t-en guerre ; Jeff Bridges, alors tout jeunot, directement sorti des rings de Fat City de John Huston ; Cybill Sheperd, que l'on retrouvera dans Taxi Driver et la série Clair de lune. En 1992, Peter Bogdanovich reprendra ces trois acteurs pour réaliser une suite à son film, intitulée Texasville