[oso] Mes critiques en 2012

[osorojo]

Elle est assez folle la partie avec Mr Merde dans Holy motors, complètement allumée xD Après, c'est clair que c'est un film qui fascine ou révulse. Je ne pense pas qu'on puisse être entre les deux sentiments tant c'est à part.

[Dionycos]

Une très belle critique de ce film qui est pour moi le film de l'année.
Un voyage envoutant, une expérience sensorielle, c'est exactement ce que j'ai ressenti durant ces 2h qui m'ont transporté ailleurs, hors du temps. Du grand cinoche.

[osorojo]

Merci Dionycos ! J'avais vu que tu avais apprécié également, on doit pas être nombreux sur le forum, content de te voir sur mon fil pour accompagner ma critique Et effectivement, quiconque rentrera dans le film se prendra dans la figure une gifle revigorante qui fait plaisir

[Alegas]

LA PART DES ANGES
Ken Loach (2012) | 8/10

Je vous préviens d'entrée de jeu, Ken Loach, c'est l'un de mes chouchous. J'adore ce qu'il fait, il est l'un de ceux qui ont alimenté cette passion naissante que je me suis découvert pour le cinéma au début de mes études. J'ai passé des soirées émouvantes à découvrir sa filmographie et suis tombé amoureux de certains faits d'arme du monsieur, tels My name is Joe, Raining Stones, the navigators ou encore le sublime sweet sixteen. Des films passionnants mais également pessimistes, témoins de milieux généralement assez pauvres. Mais plus récemment, il a montré qu'il était aussi capable de faire des films plus légers, comiques même. Looking for Eric apparaissait comme un souffle vivifiant dans son oeuvre, prouvant que témoigner des tristes réalités sociales de son époque pouvait également se faire avec légèreté. La part des anges joue lui aussi dans cette même cour, nous proposant la tranche de vie d'un jeune paumé en plein milieu de la glauque banlieue de Glasgow, en quête d'une vie meilleure, sans dramatiser à outrance son propos, mais au contraire en nous proposant un conte moderne, dont les acteurs principaux ont tout pour nous faire rire.

La part des anges, c'est avant tout les tribulations d'un petit groupe de jeunes délinquants à travers leur road trip vers des contrées productrices de Whisky. Breuvage qu'ils ont découvert au hasard d'une rencontre avec un éducateur et dont leur meneur est tombé sous le charme. La troupe est attachante et sait nous séduire dès les premières scénettes qui les introduisent. Chaque personnage a des caractéristiques très marquées, limite caricaturales, ce qui surprend vraiment pour un film de Ken Loach. D'autant plus que certaines séquences sont presque burlesques, on est loin d'un raining stones ou d'un family life. Et même si le film aborde des sujets assez sensibles, comme celui d'avoir un enfant alors qu'on est à la dérive dans sa vie personnelle, c'est par le sourire que le message est délivré. Si bien qu'on ressort de la séance avec la banane, charmé à la fois par cet univers qui fait tout le cinéma de Ken Loach, à savoir des acteurs touchants, toujours très justes et naturels, et une image qui ne fait qu'accompagner son propos, jamais plus, jamais moins mais également par cette bonne humeur qu'on ne lui connaissait pas forcément.

On ressort de la séance le sourire aux lèvres, heureux d'avoir assisté à une récidive joyeuse du très rafraîchissant Looking for Eric. Le sujet est peut être un peu plus léger, et ce, même si le personnage principal est encore une fois le reflet terrible d'une condition sociale peu favorable, mais se révèle être passionnant pour quiconque s'intéresse un tant soit peu à l'univers du Whisky. On sent que Ken Loach est passionné par ce liquide aux robes dorées, toutes les séquences tournées dans les différentes distilleries transpirent d'un plaisir communicatif. C'est en tout cas ce que j'ai ressenti devant le film, et m'a fait lui pardonner ses quelques égarements, comme certaines ficelles scénaristiques un peu trop grosses ou bien cette fin un peu facile également, même si dans l'esprit général de ce conte urbain en plein bas fonds d'une écosse pas très glorieuse, mais fière de cet élixir que le monde lui envie, et ce n'est ni Erferf, ni Heatmann, ni Cinéphage qui nous diront le contraire

[erferf]

J'te l'fais pas dire bordel!

Sinon faut que je le matte celui-là ^^

[osorojo]

SHOCK
Mario Bava (1977) | 7/10

Pfiou, il fait mal ce Shock, quasi huit clos horrifique qui parvient avec pas grand chose à vous plonger dans un suspens de tous les diables. Le pitch est on ne peut plus classique, une famille emménage dans une maison qui cache un secret, bien gardé par une présence inquiétante qui va rétablir la vérité. Rien de fou à ce niveau là, le script est très prévisible et peu original, mais ce n'est jamais un problème tant Shock est un film sensoriel et ne cherche pas à être autre chose.

Bava met sur pied des ambiances aussi graphiques que terrifiantes pour installer son film dans une tension si dense qu'on se fait surprendre malgré la linéarité du récit. Shock est le dernier film du réalisateur qui mourut trois ans après sa sortie, et prouve encore une fois que pour faire un bon film, il est inutile de vouloir trop en faire. Ici, Bava se concentre sur ce qui fait un bon film d'horreur, un peu d'hémoglobine, des jeux de miroir qui installent le doute, l'abolition de la frontière entre rêve et réalité, le tout saupoudré d'un sens du cadre à saluer et d'une musique stressante en diable. Il n'en faut pas plus pour nous filer la trouille, certaines séquences sont bien flippantes, le film livre la marchandise, cela va sans dire.

Pour ne rien gâcher, du côté des acteurs, c'est plutôt pas mal. Aucun surjeu, ce qui est appréciable pour un film de ce genre à cette époque. Miss Nicolodi s'investit totalement dans son rôle, enfin presque. On la sent impliquée, mais son refus de tomber le haut gâche certaines séquences (quand tu sens que la demoiselle se cache le sein et flippe que ça se voit, ça casse un peu l'ambiance de la scène, surtout quand c'est censé être un climax du film). M'enfin on lui pardonne vu la prestation qu'elle délivre pendant tout le film. Le gamin est également assez bon, c'est suffisament rare pour le souligner, Bava réussit à lui faire jouer deux personnages différents que l'on ressent vraiment à chacune de leurs apparitions.

Une jolie découverte, un sacré film d'horreur qui m'a tenu en haleine du début à la fin et en a certainement inspiré plus d'un. A découvrir pour tous les amateurs du genre !

[Jed Trigado]

Le plan final me terrifie toujours. Une pure merveille d'horreur retenue digne du Locataire de Polanski !

[Criminale]

Complètement d'accord avec ta critique de la part des Anges.

J'ai adoré également cette petite comédie dramatique de Ken Loach. Il m'avait donné la pêche.

[osorojo]

SHOOTERS
Derek Yee (2010) | 5.5/10

Un petit film du vendredi soir qui se laisse regarder sans déplaisir grâce à des envolées formelles assez sympathiques, typiques du cinéma énervé HK. Derek Yee se débarrasse du superflu, ici script simpliste et efficacité dans les quelques gunfights sont au menu. Il ne faut rien en attendre d'autre, sous peine de vraiment passer un sale quart d'heure parce que le film, malgré cette simplicité d'écriture souffre de quelques défauts qui ne lui permettent pas de passer du petit divertissement à la pellicule que tu te classeras dans tes protégés du même genre.

Shooters souffre malheureusement d'un rythme assez inégal sur l'ensemble du film. Si le début est dense et passionne instantanément, on se fade un ventre mou où il ne se passe pas grand chose, le film passant à un whodunit moyennement bien écrit. On capte les enjeux beaucoup trop rapidement, et même si les acteurs sont très bons, ils ne peuvent nous la jouer roublard quand leur écriture est si transparente. Derek Yee se perd également quelque peu en essayant d'introduire dans son récit une petite partie boursière, à coup de traders enervés qui se battent le bout de yen et nous perd finalement dans un labyrinthe de chiffres qui font le yoyo et nous avec.

Heureusement, c'est super bien gaulé. L'image est très belle et les séquences énervées bien mises en scène. L'ensemble reste donc très regardable, un petit film pour se vider la tête, mais seulement ça. J'ai préféré The Sniper de Lam par exemple dans le même esprit, et ce dernier était déjà pas fantastique

[osorojo]

LOVE EXPOSURE
Sion Sono (-) | 10/10

Rares sont les films qui nous bousculent réellement, nous touchant en plein coeur après avoir trouvé l'une des failles y parvenant. Love exposure vient de littéralement détruire l'enceinte armée gardienne de mon coeur et mes sentiments pour en faire ses quartiers 4 heures durant. Difficile de récupérer ses esprits et sa lucidité pour aposer une critique à la hauteur d'un tel film, c'est pourtant à chaud, encore envouté par cette oeuvre magnifique que je me décide à prendre le clavier pour lui rendre l'hommage qu'elle mérite.

C'était pourtant sceptique et effrayé par ce DVD mentionnant une séance de 4 heures que je glissais la galette dans mon lecteur. Réussir à captiver et maintenir un rythme constant sur une telle durée me semblait être un tour de force quasi impossible à réaliser. C'est bel et bien réussi, et haut la main, avec Love Exposure. En insérant dans son récit ruptures de ton régulières et expérimentations constantes, en faisant la part belle à tous les personnages qu'il dirige d'une main de maître, Sono construit son film de la même façon qu'un auteur écrit un livre, châpitre par châpitre, distillant avec finesse différentes saveurs qui se réuniront pour une symphonie finale terriblement émouvante qui viendra titiller vos glandes lacrymales. Si certains seront peut être moins clients de ces ruptures de ton incessantes, je suis pour ma part convaincu que c'est ce qui fait la force du film. On est constamment stimulé par de nouvelles pistes, des évolutions de personnages qu'on n'attend pas, qui nous surprennent mais en même temps nous semblent toujours légitimes. Ce qui est clairement un tour de force au vu du côté irréel des situations. On est presque en milieu manga tant Sono utilise et fait sienne la culture Otaku pour construire ses différents protagonistes. Et pourtant on se laisse prendre au jeu, sans jamais questionner le bien fondé de ce que Sono nous présente pour la simple raison que tout est d'une fluidité exemplaire.

Ainsi les deux grandes parties de Love Exposure, si antonymiques soient-elles en terme de tonalité, semblent être faites l'une pour l'autre, en totale harmonie avec ce fil directeur qui anime le film, l'amour pur connectant deux êtres. Toute la première partie du film se veut presque comique, en tout cas totalement décallée et très burlesque. Les personnages sont tous présentés comme étant à leur manière un peu toqués, mais généralement sympathiques. La seconde partie, elle, s'oriente davantage vers un drame social qui ne fait plus rigoler et insiste avec davantage de noirceur sur tous les thèmes que Sono avaient commencé à construire dans son récit. Des thèmes forts comme la parentalité, la nature du pêché, la religion ou encore l'acceptation de soi. C'est brutal et incisif, sec et sans compromis.

Pour ne rien gâcher, afin de mettre sur pied toute cette densité propre au film, Sion Sono se donne les moyens de ses ambitions. En plus d'offrir à Love Exposure une image souvent belle, des cadres recherchés, des séquences bien dynamiques, il s'entoure de comédiens qui assurent la performance malgré leur jeune âge. Jeune âge qui forcément fait qu'on les sent fébrile dans les séquences les plus dramatiques, mais ce n'est jamais un problème, au contraire cette fragilité devient même un vecteur d'authenticité. L'émotion passe toujours, la preuve que Sono dirige ses acteurs avec talent pour tirer d'eux le meilleur. Pour n'en citer qu'une, gros coup de coeur pour la très jolie Hikari Mitsushima, Sono sait la mettre en valeur et on se fait envoûter sans résister à chacune de ses apparitions.

Une vraie découverte comme on aime en faire, qui nous rappelle pourquoi on aime le cinéma et ce qu'on y recherche quand on braque Amazon en début de mois. Avec Love Exposure, c'est une évasion de 4 heures que vous vous offrez, une plongée en plein esprit d'un cinéaste impliqué et impliquant, qui sait toucher sans trop en faire. Une traversée en équilibre entre deux falaises sur un filin instable dont on ne voit pas très bien le bout, tant la brume l'entourant est dense et mystérieuse. Mais lorsqu'enfin vous apercevez le python indiquant la fin de cette sensation de pesanteur quelque peu inquiétante, plus qu'une délivrance, c'est une avalanche d'émotion que vous devez canaliser pour enfin couper la boucle sonore du menu de votre DVD qui se joue de vos tympans pour la 23ème fois.

[Dunandan]

Bon c'est sûr j'irai le voir bientôt . Au pire si ça passe pas chez moi, j'ai d'autres moyens très efficaces de l'avoir. Je te lirai après ...

[osorojo]

Ouais, grosse baffe dans ma gueule sérieux, les deux autres vont pas tarder à faire chauffer la lentille de ma PS3. Merci Marc pour avoir fait la pub de ce réal, rien que pour celui là déjà, ça valait le coup

[Mark Chopper]

Merde, je me demande ce que je vais pouvoir dire quand je le critiquerai, parce que je suis à 100 % d'accord avec toi : notamment sur la maîtrise ahurissante des ruputres de ton.

Quand on pense aux films d'1h30 devant lesquels on s'emmerde et celui-ci de 4 heures qui vous prend et ne vous lâche plus...

Bon, tu as encore deux claques devant toi

[osorojo]

[Alegas]

Chopper, y'a moyen que j'aime ce réal où je dois abandonner d'office ?