[oso] Mes critiques en 2013

[Dunandan]

ZATOICHI : LE DÉFI

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Kimiyoshi Yasuda (1968) | 7/10
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Épisode sympa qui continue de créer le mythe zatoichi avec élégance. Shintaro Katsu y est une nouvelle fois magistral et apporte à son personnage tout le charisme nécessaire pour nous faire croire à tous ces passages surréalistes où il se défait de ses adversaires en un clignement d'oeil. On prend toujours autant de plaisir à se repaître de ces mises à mort ravageuses lors desquelles Zatoïchi revêt une force presque surhumaine. Tout le final de de ce défi va dans ce sens. Le masseur semble invincible, comme si la mort était finalement son allié.

Pourtant dans cet épisode, la mort, il va tenter de l'appréhender autrement, ou tout au moins de l'oublier le temps d'une rencontre. Toute la relation qu'il développe avec ce médecin qui l'héberge est à ce titre très intéressante et permet au masseur aveugle de se forger un peu plus. L'altruisme dont fait preuve son hôte semble l'inspirer, il tentera même, avec succès, de s'y essayer. Mais bien vite, la voie du sabre se rappelle à lui.

Sans livrer un film virtuose, Kimiyoshi Yasuda s'en sort avec les honneurs en nous gratifiant de jolis éclairages qui créent des ambiances parfois très graphiques. Sa réalisation très carrée permet à Zatoïchi de véritablement impressionner lors des différents combats ultra violents qu'il mène. L'exécution finale est particulièrement marquée par le sang et les cris. Zatoïchi y semble intouchable, sans état d'âme, ses proies ont beau essayer de prendre sa place de prédateur, elles se font punir à jamais.

Un épisode très vif, intéressant d'un point de vue thématique même si on aurait apprécié davantage d'adversité et des ennemis un poil plus développés. En l'état, on a du mal à se sentir inquiété par le sort du masseur, ceux qui sont censés lui ôter la vie semblent finalement peu inquiétants. Restent tout de même de jolis duels et des moments touchants qui continuent de développer le personnage de Zatoïchi avec beaucoup de fougue.

[Dunandan]

Oui c'est le gros défaut à ce réal' ce manque de développement des personnages, mais tu peux me croire que c'est son meilleur (les 3 autres ne sont pas dispo dans le coffret).

[Alegas]

STRANGE DAYS

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Kathryn Bigelow (1995) | 7/10
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Strange days fait vraiment partie de ces films ancrés dans leur époque, que l'on revoit certainement avec les souvenirs liés à leur découverte dans le milieu des années 90. Ce fut pour ma part un réel uppercut qui m'avait véritablement marqué lorsque, adolescent, j'avais découvert le film. Qu'en est-il aujourd'hui un peu plus de 15 ans plus tard. Une petite giffle un peu moins aguerrie, qui laisse certes une petite marque revigorante sur la joue qui l'accueille mais déçoit également par son script, d'une part, qui se laisser aller par moment vers la facilité mais également par le manque de nuance de la plupart de ses seconds rôles qui entachent terriblement le côté sérieux de l'histoire.

C'est bien là à mon sens le gros point noir de Strange Days. De Tom Sizemore que l'on grille à 150 kilomètres, dans un surjeu total à la limite du supportable, à ces deux flics stéréotypés à l'extrême, en passant par le cabotinage exaspérant de Michael Wincott, on ne peut pas dire que le film soit avantagé par tous les personnages qu'il met en scène. Et c'est dommage, parce que l'intérêt premier de Strange days réside dans cette galerie de personnalités complètement barrées qui semblent toutes sombrer dans une errance infinie. C'est d'autant plus dommageable pour le film que ce dernier parvient à trouver une vraie force avec les interprétations de ses deux protagonistes : Ralph Fiennes y est complètement investi, totalement dans la peau de son personnage, Angela Bassett envoûtante et charismatique en diable. A noter également, la jolie performance de Juliette Lewis qui est faite pour jouer ce genre de rôle.

Mais ce manque d'équilibre niveau casting est à mon sens un peu à l'image du film dans sa globalité. On peut en effet y trouver l'excellence, à travers certains passages dont la mise en scène inspirée de Bigelow fait des ravages, mais également du passable, en témoignent certains passages à la limite du grotesque (le trio de débile avec la nana aux bras de mecs, les deux flicards sans aucune nuance ou la vieille leçon de morale finale qui vient tout gâcher). Même constat pour le script qui semble se faner au fur et à mesure que le film avance. Toute la partie exposition d'un Los Angeles en perdition, l'introduction du concept même des trips cérébraux et des personnages principaux sont d'une efficacité redoutable et permettent au spectateur de se prendre immédiatement de passion pour le film. Passé cette première partie, l'intérêt du spectateur ne cessera de retomber au fil des révélations, que l'on arrive un peu trop facilement à anticiper d'ailleurs.

Cela étant dit, Strange days reste une oeuvre de SF d'anticipation fortement recommandable, qui a pour elle de jolies qualités. Le savoir faire évident de Bigelow pour générer des ambiances, sa fougue nécessaire à donner l'impact suffisant aux scènes marquantes du film font de cette bobine une oeuvre de belle tenue. Mais il est tout de même difficile de faire l'impasse sur le manque total de finesse de certaines interprétations ainsi que sur certaines facilités de script. En témoigne ce final moralisateur, prévisible et mielleux au possible qui nous laisse un sentiment plus que mitigé quand le générique de fin vient assombrir la pièce (la Cameron's touch).

[Dunandan]

ZATOICHI : LES TAMBOURS DE LA COLÈRE

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Kenji Misumi (1968) | 8/10
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Misumi reprend les commandes pour ce 8ème épisodes du coffret Wildside et comme à son habitude il le fait avec une habilité qui force le respect. D'autant plus qu'il insuffle à la saga une tonalité qu'on ne lui connaissait pas vraiment, à savoir une noirceur sans concession arrosée d'un burlesque surprenant qui transporte totalement le personnage de Zatoïchi dans des sphères qu'il n'avait jusque là pas encore foulé. On peut en effet voir notre masseur fétiche se venger froidement d'un de ses pairs simplement parce que ce dernier l'insultait en dépit de ses mises en garde. La sentence est brutale, imprévisible et instantanée, faisant de Zatoichi bien plus que le personnage bonne pâte qui était développé dans les autres épisodes, qui commençait toutefois à s'émanciper de cette image dans les derniers films.

Pour renforcer ce développement du personnage, Misumi introduit dans son récit quelques séquences comiques destinées à humaniser un peu son héro aveugle. Un peu gauche par moment, mis à mal par son handicap et sa maladresse, tricheur malhabile, il cumule dans cet épisode bon nombre de péripéties qui ne jouent pas en sa faveur. Souvent à l'origine de ces petites mésaventures, Osodé, un personnage assez subtile introduit par Misumi dans le récit, va non seulement lui permettre d'enrichir son récit mais également de dévoiler de nouvelles facettes de son protagoniste.
Cette dernière apporte en effet à l'intrigue une vague de thématiques très intéressantes, comme une nouvelle fois cette problématique de la vie en solitaire à laquelle est condamné Zatoichi, mais également les enjeux de la vie d'un Yakuza, entre code d'honneur et obligations du métier. La relation qui s'instaure entre le masseur et Osodé apporte également des réponses quand aux sentiments existant entre victimes et assassins. J'ai pour ma part trouvé que le duo fonctionnait vraiment bien et apportait une vraie touche de sensibilité au film, sans jamais tomber dans la niaiserie.

Épisode très riche d'un point de vue thématique, qui reste par contre assez classique d'un point de vue mise en scène. On sent que Misumi souhaitait faire la part belle à son histoire et ses personnages, d'où cette décision de ne pas tomber dans la démonstration graphique. Le film reste cependant très maîtrisé et possède son quota de batailles superbement chorégraphiées. Le duel final rythmé par les tambours est superbe, son dénouement brutal, exacerbé par la séquence très noire qui lui succède finissent de faire des tambours de la colères une oeuvre à la fois drôle et sombre en plus d'être passionnante.

[Dunandan]

Il doit être dans mon TOP 5 celui-là. Il faudrait que je le monte 8 d'ailleurs. M'énerve ces 0.25 pts (je l'ai noté à 7.75), mais c'est quand je ne suis pas sûr

[osorojo]

Mais oui, faut pas faire sa timide, paf 8 direct

Cela étant dit, je commence à comprendre des 0.25 Ça m'arrive d'avoir envie d'en mettre un puis je me dis que ça change pas grand chose finalement ^^

Sinon, j'ai beaucoup apprécié ta critique, comme les autres en général sur cette saga Peu de réactions à leur suite, mais franchement chapeau, tu les décortiques avec beaucoup de passion et de patience

[Scalp]

J'aimerais bien réagir mais les Zato à part 2 épisodes j'en garde aucun souvenir

[Dunandan]

Tu n'as qu'à relire mes critiques, tout est là ...

[Scalp]

Ca aide pas non plus

[Dunandan]

Ouais c'est sûr que ça manque d'images, je parle plus des tourments moraux et de l'évolution du personnage que du film P'tain j'avais édité 45 fois, ... je n'avais vraiment rien d'autre à foutre.

[Alegas]

DU RIFIFI CHEZ LES HOMMES

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Jules Dassin (1955) | 8/10
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S'il est un réalisateur qu'il faut à tout prix ne pas oublier lorsque l'on s'aventure dans les terres du film noir à la sauce truands, c'est bien Jules Dassin. Du rififi chez les hommes est une nouvelle preuve du talent de ce cinéaste complet qui aime apporter une densité palpable à ses oeuvres. Il m'avait déjà bien soufflé avec son excellent Les forbans de la nuit et il réitère avec ce film de gangsters qui ne fait pas dans la dentelle, et surtout prend son temps pour développer un petit noyau de personnages afin de pouvoir les déconstruire dans une deuxième partie d'un noir ébène de façon assez brutale.

C'est limite sadique comme procédé mais quand on se rend compte de son efficacité, on ne peut en vouloir au cinéaste de nous la jouer roublard. Pendant près d'une heure, il nous expose, avec délicatesse et patience, tous les enjeux en présence, et surtout développe minutieusement les personnages clés de son intrigue. Il prend également grand soin à construire les différentes connexions, amicales ou non, qui existent entre eux. Si l'on se demande pendant une heure où le réalisateur souhaite en venir, dès que le casse en préparation arrive à portée d'écran, Du rififi chez les hommes passe la seconde pour ne jamais rétrograder jusqu'au générique de fin. On finit la séance sur les rotules tant le rythme insufflé par le cinéaste à son film, pendant les 90 minutes qui suivent cette superbe scène totalement mutique, ne faiblira jamais.

Ainsi, dès que les 4 compères sont en possession de leur butin tant convoité, tout bascule et Dassin prend un malin plaisir à distiller quelques soupçons de noirceur pour commencer, jusqu'à libérer les vannes d'un océan nihiliste ravageur qui finira de faire du film une oeuvre terriblement sombre, marquée à la fois par ses personnages en chute libre, mais également par une bande son et une photographie au petits oignons, qui vacillent en même temps que le sang s'invite à la fête. Et si l'on sent qu'il était difficile à cette époque de montrer à l'image une violence sèche et poisseuse, on se laisse tout de même bousculer par ce sens du hors champ dont fait preuve Dassin pour contourner ce qui ne pouvait être montré à l'époque au cinéma.

Film intense, aussi dense en matière de thématique que finement écrit, Du rififi chez les hommes marque sans crier gare l'esprit de son spectateur. Et si l'on pourra regretter quelques interprétations moyennes et 2/3 ficelles scénaristiques un peu faciles, on ne saura en tenir rigueur au réalisateur qui nous livre avec ce film un moment de cinéma trépidant comme on voit plus beaucoup aujourd'hui.

[Dunandan]

THE THIEVES

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Choi Dong-hun (2012) | 7.5/10
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Chouette morceau de divertissement qui livre la came de façon généreuse. Impossible en effet de reprocher à Choi Dong-hun de ne pas faire son maximum pour nous délivrer un film dynamique qui n'ennuie jamais son spectateur pendant près de 2 heures. Mais si on se laisse porter avec le sourire dans cette histoire à tiroirs propulsée par un casting royal, on reste tout de même un peu sur sa faim face à un script qui finalement essaye de se faire plus malin qu'il ne l'est réellement.

En effet, même si ce dernier reste assez simple, Choi Dong-hun prend un malin plaisir à en tarabiscoter la narration, jouant sur des petits inserts temporels destinés à mettre en place différents petits twists. Mais c'est un peu opportuniste et pas toujours réussi, dans le sens où finalement, ça n'apporte pas grand chose au film. En outre, difficile de véritablement s'attacher à un personnage en particulier dans ce ballet d'acteurs certes complètement géniaux dans leurs interprétations respectives, mais finalement sans grande envergures d'un point de vue psychologique. Il y en a bien deux ou trois qui tirent leur épingle du jeu, mais on ne sympathise malheureusement pas outre mesure avec tous les autres. Résultats des courses, les petits retournements de situation qui auraient du nous émouvoir tombent quelque peu à plat.

Heureusement que ce manque d'épaisseur des personnages, quelques flashbacks on ne peut plus clichés ne suffisent en effet pas à les développer suffisamment (certains sont même vraiment cavaliers), est plus que compensé par la fougue et la bonne humeur communicative qui émane de ce casting on ne peut plus jouissif. Entre le terrible Simon "Mister Classe" Yam que l'on retrouve toujours avec grand plaisir, le toujours très charismatique Yun-seok Kim et le duo charme Gianna Jun / Hye-su Kim ( ), on assiste à une représentation de haute voltige.

Quand à la réalisation à proprement parler du film, elle reste classique, efficace, mais manque tout de même à mon sens de panache. A l'image de cette séquence directement inspirée de Time and Tide (la comparaison lui fait terriblement mal d'ailleurs, n'est pas Hark qui veut et l'hommage vire un peu au ridicule, dommage...) lors de laquelle Yun-seok Kim fait du rappel sur une façade d'immeuble façon gign agressif, on sent en effet dans la mise en scène de Choi Dong-hun de grandes ambitions qui manquent un peu de maîtrise pour être atteintes.

En l'état, The Thieves est un très chouette moment de détente, qui sait faire varier les émotions qu'il distille. Entre pur film de casse, inserts comiques et petits relans de Yakuza, on est en plein mix des genres. Peut être un peu trop même, à vouloir jongler avec tous ces styles, j'ai pour ma part eu l'impression que Choi Dong-hun perdait parfois de vue son fil rouge principal. Un film imparfait donc, marqué par un manque d’homogénéité et une écriture parfois un peu trop superficielle, mais tellement généreux et d'une bonne humeur si communicative qu'on ne saurait trop lui en tenir rigueur.

[Alegas]

[Mark Chopper]

(la comparaison lui fait terriblement mal d'ailleurs, n'est pas Hark qui veut et l'hommage vire un peu au ridicule, dommage...

Ridicule, tu abuses un peu quand même. Bien sûr qu'on ne peut pas dépasser le film de Tsui, mais il faut avouer qu'on ne pouvait pas s'attendre à tant d'action dans un film de casse.

Typiquement le genre de film qui pourrait convertir le grand public à un cinéma d'ailleurs. Classe est le mot qui le définit le mieux.

[osorojo]

Oui, j'exagère volontairement parce qu'on touche pas à Time and Tide bordel

Mais sinon, je suis moins enthousiaste que toi devant cette scène. Elle est quand même un peu gauche dans sa réalisation. Elle aurait gagné à mon sens à se vouloir moins ambitieuse, là certains mouvements câblés sont quand même un peu raides, pour rester gentil

Après je suis d'accord avec toi sur le côté généreux du film qui ne se contente pas de rester dans son genre de départ, je le dis à de multiples reprises dans ma critique