[Dunandan] Mes critiques en 2013

[zack_]

mais 590 avec des boobs

[angel.heart]

À peu près, ouais.

[Dunandan]

Warm bodies, Jonathan Levine (2013)

Le postulat de départ (mixte du film de zombies et comédie romantique) rafraîchit un peu le genre, mais finalement ce détournement revient symboliquement aux sources (abolir les différences et refaire les connexions). Seulement, après une introduction assez sympa et drôle, l'histoire patine rapidement (le trailer livre les meilleurs morceaux) autour des mêmes gimmicks (le zombie met la femme à l'abri et revit les moments de son boyfriend en bouffant la cervelle de ce dernier, tandis qu'elle cherche à fuir pour retrouver les siens) qui flirtent davantage avec le romantisme qu'avec la comédie.

Le problème avec un tel mélange des genres, ce sont les nombreux raccourcis et invraisemblances qui vont avec (l'hérésie d'entendre un zombie parler, la fille qui oublie son copain très rapidement, et je ne parle même pas de la conclusion "bisounours"), et une évolution basique des personnages. Et finalement il y a peu de scènes qui sortent réellement du lot (à part les curieuses manières du zombie - très bien interprété par ailleurs - qui réapprend à être humain), particulièrement du côté de la pure action qui est très light pour le genre.

En somme, un film qui s'accorde bien dans l'approche très gentillette, avec la mode actuelle (Twilight & Cie), en moins con et niais (le sous-texte est quand même sympa, même s'il n'a rien d'original, et ces osseux sont une bonne idée pour illustrer la possibilité d'humanisation des zombies). En plus la dynamique bande originale permet de rythmer le film, même quand ça devient mou du genou. Dommage que ce film légèrement atypique se contente de tourner autour de son original pitch de départ sans vraiment nous surprendre au final.

[Dunandan]

Crimes à Oxford, Alex De La Iglesia (2008)

Résumé : Une vieille dame est assassinée à Oxford. Son corps est découvert par deux hommes qui se rencontrent à ce moment-là pour la première fois : Arthur Seldom, un grand professeur de mathématique et de logique et Martin, un étudiant qui vient d'arriver dans l'université et qui rêve d'étudier avec ce dernier.

Avec ce film, Alex De La Iglesia essaie de conquérir un public un peu plus large, mais essuie un échec qui me paraît non mérité. Beaucoup de connaisseurs de son oeuvre l'ont vu probablement comme un acte de trahison. Mais où est-il passé, le metteur en scène aux personnages un peu fous, aux scénarios trans-genre (mélange de comédie noire et de film de genre), et à la réalisation de malade, comme s'il était incapable de faire autre chose que d'appliquer ses gimmicks ? Cette prise de risque devrait être au contraire plébiscitée, surtout quand elle me paraît réussie. Ce qui m'a frappé d'emblée, c'est son scénario malin mais tombant jamais dans la facilité, combinant une brillante réflexion sur la logique et les mathématiques menée avec punch par ses deux interprètes principaux (portant sur Wittgenstein et les pythagoriciens), avec un crime aux motifs confus distillé d'une référence explicite à Cluedo. Un mélange dépotant à condition qu'on apprécie les joutes verbales à base de maths (ce qui m'a rappelé mes années de philo). En tous cas, malin sera celui qui trouvera le coupable, vu les possibilités offertes.

De plus, cette rafraîchissante parenthèse du cinéaste n'est pas déconnectée de sa filmographie, en dépit des apparences. Si la réalisation paraît plus sage (et c'est vrai) que celle de ses autres films, comment ne pas reconnaître la folie de ses personnages (je l'accorde, plus acceptable) dans la nature même des échanges de ces deux mathématiciens, qui essaient de décrypter l'énigme policière en réfléchissant (avec une pointe d'humour) sur les rapports entre les nombres et la réalité, les crimes et leur motivation ? Sans oublier un sérieux sous-texte existentialiste sur la manière de considérer la vie, en la rationalisant, ou au contraire en prenant le train en marche avec tous les risques que cela comporte. Ce qui renvoie directement à l'essence multiforme et vitaliste de son cinéma qui vise l'ordre établi tout pépère.

Puis, mine de rien, la mystérieuse ville d'Oxford, avec son architecture baroque, est un parfait plateau de jeu pour planter l'ambiance et les pions de cette intrigue bien ciselée. Et si la réalisation est moins exubérante et soutenue que ce à quoi nous a habitué le réalisateur, elle se met intelligemment au service de son intrigue, parsemant ici et là des indices et des trompe-l'oeil (à ce titre, le travelling suivant la croisée des trois suspects est vraiment bien pensé). Au niveau du casting, il n'y a pas de fausse note (peut être à la limite l'étudiant russe vraiment ... russe), avec Elijah Wood qui parvient à faire exister son personnage, John Hurt qui bouffe l'écran à chacune de ses apparitions, agrémenté d'un bonus féminin (Leonor Watling) toujours aussi bien filmé par l'espagnol (ce qui permet de mesurer à quel point le détective apprenti est vraiment fou des nombres, pour la laisser ainsi en plan).

Une brillante parenthèse de De La Iglesia, qui nous amène sur une enquête policière sur fond de réflexions mathématiques à la fois ludique, intelligente, et diablement efficace, injustement boudée par le public.

[Jack Spret]

Et mine de rien, la mystérieuse ville d'Oxford est un parfait plateau de jeu pour placer les pions

Pourquoi ? Parce qu'ils font des cahiers avec des grands carreaux ?

[Alegas]

[Scalp]

[pabelbaba]

[Dunandan]

Oh putain je viens de la comprendre (tes blagues sont plus ardues à capter que les discussions philosophiques que j'ai suivi dans le film).

Edit : désolé du running gag, j'ai arrangé un peu ma critique pour rendre mes arguments plus lisibles.

[zack_]

Un des rares Alex De La Iglesia que j'ai pas vu et tu m'as convaincu, pourtant Bilbo en tête d'affiche ca me rebute pas mal

[Jed Trigado]

Tu devrais être content, il y a une ravissante jeune fille a gros poumons qui se balade dans le casting et qui nous offre une scène de cul sympa. Merci Alex.

[Scalp]

La seule bonne scène du film en fait.

[zack_]

Alex est généreux de ce coté là! C4est dans le panier

[Dunandan]

Vraiment j'y allais à reculons avec vos notes, mais je le trouve très bien celui-là. Bon après, il faut aimer Wittgenstein et les maths
(et les jolies filles aussi )

[Dunandan]

Le labyrinthe de Pan, Guillermo Del Toro (2006)

Toujours une petite claque ce film. Cette fois-ci, Guillermo Del Toro met en oeuvre son univers merveilleux en faisant un retour radical à sa source première d'inspiration, le conte de fées. Non pas celui de Disney, niais et aseptisé, mais celui de Grimm, où l'héroïne progresse dans un monde cruel et subit une initiation sous le signe de la peur et de la douleur. En dépit de ce canevas classique, la patte du réalisateur est omniprésente. D'abord par le cadre historique, l'Espagne de Franco, où émerge en la personne du beau-père fasciste, un ogre misogyne formidable, dépourvu de toute humanité (interprété de façon magistrale par Sergi López). Puis par ses thématiques, faisant jaillir l'imaginaire comme seul moyen d'affronter cette réalité dépourvue de douceur. Enfin, hormis son bestiaire interconnecté avec les autres films du réalisateur (les fées, la forme des créatures), la manière dont l'horreur est peinte de façon poétique, macabre et fascinante à la fois.

Le seul reproche que je retiendrais peut-être est la simplicité de l'histoire, qui se résume à deux enjeux principaux : le conflit entre fascistes et rebelles d'un côté, la quête initiatique de la jeune fille de l'autre. Certainement le prix à payer pour que le parallèle entre les deux coule de source, et pour mettre en avant une réalisation à couper le souffle, à la photographie intimiste et sombre, qui fait appel tant à nos sens qu'à notre crédulité (cependant, l'un des gros intérêts est le flou entre imaginaire et réel), jouant sans cesse sur les opposés, entre magie et cruauté, que ce soit dans le monde souterrain ou la réalité. On l'a compris, à travers cette lutte ancestrale entre ces deux mondes, se joue une leçon qui ne va pas sans souffrance et sacrifice : devenir adulte dans un monde où l'enfance et l'innocence sont mises à mal (ah cette scène du banquet et de la tentation !). Une petite morale finale vient clore en beauté ce conte qui nous enseigne à voir au-delà des apparences pour atteindre la forteresse cachée de notre coeur. Une grosse référence du genre.

Un superbe conte à l'ancienne qui sert également de support au monde merveilleux de Del Toro et à son grand thème de l'imaginaire et de la magie, face à une réalité trop cruelle.