Harvey, Henry Koster (1950)
J'ai eu quelques difficultés à rentrer dans cette histoire au ton trop théâtral à mon goût, avec un déroulement peu passionnant, reposant essentiellement sur deux choses, à savoir cette famille essayant d'éviter que cette personne qui veut présenter à tout le monde son lapin géant retourne chez lui gâcher leur fête organisée, puis sur un quiproquo autour de la personne à interner. Par contre, James Stewart qui interprète ce gentil fou livre une superbe performance, l'une de ses meilleures, alors qu'on le connaissait surtout dans des westerns ou chez Hitchock (pas encore vu ses participations chez Capra), créant un personnage réellement attachant, et parvenant à faire exister ce mystérieux personnage aux grandes oreilles se nommant Harvey, avec l'artifice le plus simple qui soit, celui de la suggestion.
Or, mon appréciation a grandi à la lumière de sa finalité. Si j'ai trouvé que la façon dont les institutions psychiatriques étaient remises en question un peu trop légère (c'est l'époque aussi qui veut ça), je l'ai quand même trouvée audacieuse, fascinante, et même poétique. Car au fond, cette douce folie devient contagieuse autour de ce que transmet cet homme, qui grâce à son ami imaginaire, révèle la beauté des choses et particulièrement celle des relations humaines (alors que son entourage est plutôt détestable à la base), demeure aimable avec tout le monde en toutes circonstances (même lorsqu'on commence à l'interner), et parvient même à nous faire aimer ce lapin de taille humaine au point que nous aimerions qu'il existe aussi pour de vrai, s'il peut vraiment nous rendre meilleurs à ce point.
Bref, malgré ma déception d'une intrigue pas si prenante et drôle que ça, compensée tout de même par la prestation et le personnage de James Stewart, a posteriori j'ai trouvé le message beau, plein d'optimisme autour de la (douce) folie, lorsque celle-ci peut nous aider à percevoir les choses du bon côté, quand bien même tout n'est pas positif. Un exemple étrange à suivre, qui nous questionne sur l'intérêt à rester normal.
Note : 7/10