[KreepyKat] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

[KreepyKat] Mes critiques en 2014

Messagepar KreepyKat » Ven 08 Aoû 2014, 21:33

Allez, zou. :banane2:

Découvertes :

09/08 : Sex Mission (Juliusz Machulski) - 4/10
11/08 : Mon Oncle d'Amérique (Alain Resnais) - 7.5/10
12/08 : The Velvet Vampire (Stephanie Rothman) - 2.5/10
17/08 : Le fantôme de la liberté (Luis Buñuel) - 6/10
- La vie criminelle d'Archibald de la Cruz (Luis Buñuel) - 8/10 Avis express
- Puppetmaster (David Schmoeller) - 1/10 Avis express
18/08 : Convoi de femmes (William A. Wellmann) - 7.5/10

Révisions :

16/08 : Santa Sangre (Alejandro Jodorowsky) - 10/10
22/08 : Fargo (Joen & Ethan Coen) - 10/10
31/08 : The Thing (John Carpenter) - 9.5/10

...hum.

Bon, ça se remplit un peu, mais c'est toujours pas ça. :grrr:
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Sex Mission - 4/10

Messagepar KreepyKat » Sam 09 Aoû 2014, 16:40

C'est parti, pour mon premier essai, pas de quartier, j'attaque polonais.
(en plus ça parle de sesque, pour ne pas déroger à la règle :mrgreen: ).

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Sex Mission - Juliusz Machulski

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Titre original : Seksmisja
Genre : Comédie/SF
Année : 1984
Nationalité : Polonais

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Donc, Sex Mission, de quoi ça parle ?
En fait l'argument de départ ressemble à un clone de La Planète des Singes un peu coquin dans lequel les femmes remplaceraient les chimpanzés (dis comme ça, c'est terrible :eheh: ). On a donc deux volontaires masculins pour une expérience scientifique qui sont mis en hibernation et qui se réveillent 50 ans plus tard. Ils s'aperçoivent petit à petit que la gente masculine a complétement disparue de la surface de la planète et que la société est devenue ce qu'on pourrait appeler une "dictature féministe", où l'on éduque aux enfants que de l'homme vient tout les maux de la terre et que tout va beaucoup mieux depuis qu'on l'a éradiqué, cet enfoiré. Pitch pas plus con qu'un autre et qui peut engendrer quelques pistes de réflexions intéressantes : ok, c'est parti, on lance le truc.

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Première réflexion :
PUTAIN, C'EST KITSCH ! :shock:
Pardonnez mon langage, mais il faut avouer que la direction artistique, typiquement 80's, n'a pas super bien vieillie. Difficile d'en faire abstraction, tant ce côté "cheap" ressort tout le long du film. Des néons, du lens flare, des murs en plastique avec le minimum de décorations : bienvenue dans le fioutoure. A ceci, on rajoute la traditionnelle bande-son à base de synthé et de simples costumes militaires. Bref, ce n'est pas sur cette aspect que le film s'avèrera révolutionnaire. Il en est de même pour la mise en scène, qui ne dépasse pas souvent le niveau du fonctionnel. Le premier tiers s'avère d'ailleurs assez pénible puisqu'il se passe dans un décor quasi-unique et que les plans manquent diablement de variété.

Mais puisqu'un film ne saurait se résumer à son esthétique, intéressons-nous un peu au reste. La galerie de personnages s'avère assez réduite, on s'intéresse principalement à nos deux mâles rescapés. On a affaire à un duo comique classique, avec un chien fou un peu con-con, et un mec plus sage, plus réfléchi. Hélas, le chien fou n'est guère développé au-delà du cliché, et le sage, plus intéressant car plus ambigu, est trop en retrait. A ceci, il faut ajouter deux personnages un peu développés, avec la dirigeante de tout ce joli monde de totalitarisme féminin, et une scientifique qui finira séduite par notre chien fou sur laquelle je reviendrai plus tard.

Concernant le rythme du film, il est assez inégal. La première partie, par manque d'enjeux, est de loin la plus laborieuse : nos deux héros sont placés en huis-clos et il ne s'y passe pas grand chose en dehors d'informations sur le contexte, distillées au compte-goutte. Par la suite, cela s’accélère peu à peu, des scènes d'action apparaissent et on finit par se prendre au jeu jusqu'à une résolution peut être un peu facile, mais néanmoins plaisante. Par ailleurs, bien que le film soit étiqueté sous l’appellation "comédie", il y a peu d'éléments comiques hormis quelques gags éculés (pied dans le seau, balai dans la figure, tarte à la crème, etc.) et une légère satire du communisme.

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La société que le film décrit est intéressante à plus d'un titre : tout d'abord, en le replaçant dans le contexte de sa production. Dans les années 1980, le communisme s'effrite peu à peu, jusqu'à s'effondrer lors de l'épisode du mur de Berlin. La Pologne n'échappe pas à la règle et des mouvements contestataires apparaissent dès 1980, avec la création d'un syndicat indépendant et des mouvements de grèves de plus en plus marqués. Sex Mission s'inscrit dans cette mouvance en caricaturant de nombreux aspects du communisme (organisation, propagande, déformation des faits, répression des mouvements d'opposition et j'en passe), sans jamais nommer ce dernier. Notons également quelques références bibliques et philosophiques pas forcément hyper pertinentes, mais plutôt marrantes.

Par ailleurs une des idées motrice du film est l'opposition entre une société où tout est artificiel et notre duo masculin, forcément beaucoup plus naturel. En effet, conséquence de l'industrialisation à outrance et d'une diabolisation du mâle séducteur (se servant de l'attirance physique pour soumettre la femme), les individus évitent au maximum toute sensation. Pas de contact physique, les aliments n'ont aucun goût, toute attirance entre les individus n'existe plus, et d'ailleurs toute individualité est reniée. Effet secondaire de tout ceci, toute pudeur a disparu : ben oui, la pudeur étant lié à l'interdit du sexe, si ce dernier n'existe plus, elle est forcément amené à disparaître. C'est à mon sens une des quelques bonnes idées du film, bien qu'il y ait à cause de cela de petits plans nichons gratuit (tiens, bonjour madame, mais qu'est-ce que vous faites là ? :shock: ).

Ceci dit, tout n'est pas exempt de défaut là encore, puisque si cette opposition n'est pas inintéressante, il manque malgré tout quelque chose. Revenons un instant sur le cas de la scientifique séduite par un de nos homme. Celle-ci représente le passage du monde de "l'artificiel" à celui du "naturel" et on est donc tenté d'en faire un personnage central de l'intrigue. Sauf que ce n'est jamais vraiment le cas : le passage d'un monde à l'autre est réduit à sa plus simple expression et hormis deux ou trois scènes, le film ne se concentre jamais sur elle. Du coup, forcément, le personnage paraît complètement sous-développé comparé à son potentiel.

Par ailleurs, sans aller accuser le film de machisme, les deux héros parle un peu trop d'ordre naturel des choses à mon goût (on les entends plusieurs fois dire "ce que vous faites n'est pas naturel", sérieusement, on dirait un slogan contre l'avortement). Que ce soit dit une fois, ça peut se comprendre, mais ad nauseam, ça donne surtout l'impression que les personnages n'évoluent pas, en plus d'avoir un sous-texte légèrement nauséabond. Dans le même ordre d'idées, il suffit d'un baiser pour que la scientifique se remette sur le "droit chemin". Il y a, heureusement, une période de transition avant qu'elle prenne le parti de nos deux mâles, mais il manque à mon sens une réaction de dégoût, de rejet (ce qui me paraîtrait normal, on parle après tout d'une société où les femmes sont conditionnées pour détester les mâles). Dans le doute, parlons de facilité scénaristique.

En Bref :

Pas vraiment coquin, jamais hilarant, Sex Mission s'avère être un film de SF parfois intéressant mais laborieux dans l’exécution. La faute à une direction artistique datée, aux personnages sous-développés et à un pitch qui ne dévoile jamais tout son potentiel. Malgré cela, le film se suit, grâce à un mélange entre le charme des films bis cheap et une satire bon enfant, et quelques bonnes idées ça et là. Un peu maigre, néanmoins.
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Re: [KreepyKat] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Sam 09 Aoû 2014, 19:52

Hé bien tu attaques fort :mrgreen: ! Très intéressante chronique, néanmoins, et ce n'était pas gagné ... ^^
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Re: [KreepyKat] Mes critiques en 2014

Messagepar KreepyKat » Lun 11 Aoû 2014, 11:55

C'est mon côté "tout ou rien", ça. ^^

Néanmoins, ce qui est assez étonnant, c'est que le film a une très bonne réputation. 7.8/10 sur imdb, et une note à peu près semblable sur Rateyourmusic (oui, bon, pas un site de ciné à la base, certes). C'est ce qui m'avait poussé à le regarder, du coup j'ai été assez surpris de me retrouver devant une série B cheap. :|
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Re: [KreepyKat] Mes critiques en 2014

Messagepar puta madre » Lun 11 Aoû 2014, 12:57

Sur IMDB, c'est la famille du réalisateur et des acteurs qui ont noté le film? :mrgreen:
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Re: [KreepyKat] Mes critiques en 2014

Messagepar KreepyKat » Lun 11 Aoû 2014, 13:07

Ah bah oui, tiens, ça explique tout.
Ça se reproduit vite, ces bêtes-là. :mrgreen:
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Re: [KreepyKat] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Lun 11 Aoû 2014, 13:11

Je l'aurais bien tenté, le ciné polonais je connais pas du tout, mais presque 2h, vu ta critique, j'vais peut être éviter :mrgreen:
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Re: [KreepyKat] Mes critiques en 2014

Messagepar KreepyKat » Lun 11 Aoû 2014, 13:36

P'têt pas le meilleur point de départ, en effet.

Je suis loin d'être un spécialiste du pays, mais si tu n'as pas peur des OFNI incompréhensibles, il y a au moins un cinéaste que je peux te conseiller, c'est Wojciech Jerzy Has.
Il a fait Le Manuscrit trouvé à Saragosse et La Clepsydre, deux films labyrinthiques plein de malices que je trouve assez stimulant.
Faut s'accrocher, surtout pour Le Manuscrit, c'est 3h de mise en abyme de mise en abyme de... mais pour peu que t'adhères, c'est le bonheur. :love:
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Re: [KreepyKat] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Lun 11 Aoû 2014, 13:49

Tu m'as perdu à 3H :mrgreen:

Je jetterai un oeil à son boulot ;)
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Re: [KreepyKat] Mes critiques en 2014

Messagepar Val » Lun 11 Aoû 2014, 20:05

Ça fait un bout de temps que je tourne autour du "Manuscrit...", j'en ai lu beaucoup de bien, mais la durée m'effraie un peu aussi.
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Re: [KreepyKat] Mes critiques en 2014

Messagepar KreepyKat » Lun 11 Aoû 2014, 20:29

Ça peut se comprendre.

Il me semble qu'il y a une interlude vers la moitié, on peut donc couper le visionnage en 2 si ça paraît nécessaire. :idea:
Notons, par ailleurs, la présence de 2 superbes décolletés qui aident grandement à maintenir l'attention. :idea:
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Mon oncle d'Amérique - 7,5/10

Messagepar KreepyKat » Mar 12 Aoû 2014, 01:41

Le ton est plus sérieux pour cette nouvelle critique.
Par ailleurs, elle fait encore 4 km de long, mais c'est la faute au film, il m'a donné des trucs à dire. :chut:
Promis, la prochaine sera un peu plus funky. :banane2:

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Mon Oncle d'Amérique - Alain Resnais

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Genre : Documentaire/Drame
Année : 1980
Nationalité : Français

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Avec Mon Oncle en Amérique, Alain Resnais nous livre une étude du comportement humain à travers 3 récits. Le film, très hétéroclite, mêle éléments de fiction, images d'archive, expériences scientifiques et voix-off explicative, cette dernière étant assuré par Henri Laborit.
Celui-ci a une influence déterminante sur l’œuvre puisqu'il l'a co-écrite, aussi attardons-nous un peu sur le bonhomme : il s'agit d'un chirurgien neurobiologiste, spécialisé dans l'étude du stress (il a introduit le premier neuroleptique au monde en 1951). A l'époque du film, il dirige un laboratoire d'eutonologie (c'est-à-dire « étude du maintien d'un tonus normal ») depuis 22 ans.
Il s'agit d'un personnage extrêmement influent sur le plan scientifique, qui a notamment révolutionné l’anesthésie avec l'hibernation artificielle. Autre point qui aura son importance ici : il étudiant également le comportement animal. Toujours soucieux de présenter ses théories au grand public, il n'hésite pas à vulgariser ces dernières lui-même.
On comprend dès lors que, bien plus que Resnais, Henri Laborit est l'homme-clé dans la conception de ce film, puisque celui-ci se base sur ses propres travaux, et qu'il a pu ainsi les diffuser à un large public.

Le film commence par un montage parallèle quelque peu surprenant. D'un côté, des considérations biologiques de base (le but premier d'un être vivant est de se maintenir en vie, ce genre de choses). De l'autre, 3 voix-off récitent leur autobiographie simultanément (oui, oui, simultanément) sur fond de multiples vignettes photographiques.
Tandis qu'Henri Laborit poursuit méthodiquement son exposé biologique (abordant tout d'abord les plantes, puis les animaux, puis le comportement de ces derniers), les 3 autobiographies, quant à elles, s'espacent de plus en plus les unes des autres, permettant petit à petit de déchiffrer cet imbroglio de paroles enchevêtrées. Si cet effet a au moins le mérite d'intriguer le spectateur, je ne saurais me prononcer quant à sa signification (peut-être souligner le fait que les 3 récits se déroulent en même temps ?).
Enfin, toujours est-il qu'au bout de l'introduction (de 20 minutes tout de même), on se retrouve avec 3 tranches de vie résumées succinctement et quelques notions et/ou théories d'éthologie (i.e. de comportement animal) sur les bras. Sans qu'on le sache, c'est en fait tout le film qui nous a été résumé. Cette approche a un intérêt double : celui, tout d'abord, d'annoncer le ton professoral et quelque peu distant qui caractérise le film. Et surtout, celui d'orienter la lecture que l'on fera des scènes suivantes.

En effet, parmi toutes les notions/théories abordées durant l'intro (et qui pour beaucoup mériteraient un sérieux approfondissement, mais je vous épargne ce supplice), il en est une de centrale : celle qui décrit les éléments qui règlent la conduite chez un animal. Ceux-ci se rangent en 4 catégories : la consommation (manger, boire...), la récompense, la punition, et l'attente (plus précisément : l'inhibition de l'action ).
Par la suite, nous avons un récit choral d'une quarantaine de minutes, sans aucun recours à la voix-off. Durant cette partie, nous suivons 3 personnages d'origines diverses pendant une grande partie de leur vie, en insistant particulièrement sur le contexte familial (ce qui est nécessaire pour le propos, le comportement étant intimement lié à l'apprentissage chez l'homme).
Le fait d'avoir abordé cette théorie comportementale AVANT les scènes de fiction permet, fort ludiquement, de chercher les exemples qui l'illustreraient (et ceci d'autant plus qu'on connaît déjà les événements à venir : ceux-ci nous ont été racontés durant l'introduction). Les exemples ne sautent pas toujours aux yeux, mais cela permet de donner un fil conducteur à 3 récits qui, autrement, manqueraient d'enjeu et de cohésion.

Après ces 40 minutes de fictions, il y aura une ellipse dans l'histoire. Henri Laborit reviendra alors pour donner un nouvel éclairage à certaines scènes passées et affûtera ses explications grâce au(x) récit(s) en cours. Il développera notamment les effets qui résultent de l'attente (angoisse, mal-être, etc.) et introduira la notion de dominance ; notion centrale bien qu'évoquée tardivement (elle conclura d'ailleurs le film). Par ailleurs, les scènes de fiction seront montées en parallèles avec des expérimentations scientifiques sur les rats, qui sont là à titre de démonstration.

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Au final, toute la partie fiction sert donc d'illustration géante de la théorie de Laborit. Le fait de conduire 3 récits en même temps permet ainsi de varier au maximum les situations et de donner plusieurs exemples de comportement devant une même situation (par exemple, l'angoisse de l'attente).
En outre, cela contribue à insuffler du rythme au film. Les histoires en-elles-même n'ont rien d'extraordinaire, et c'est d'ailleurs voulu : le but est de révéler les enjeux « cachés » dans une situation à priori normale
Le jeu d'acteur, quant à lui, s'avère assez peu subtil, mais je pense que là encore, c'est volontaire : en effet, les personnages ont des émotions pleines et entières, ils ne refoulent que peu leur joie, leur peine ou leur angoisse (et quand c'est le cas, ils s'arrangent pour le montrer).Les réactions ont toujours des causes bien définies et sont toujours attendues (cause : un concurrent est apparu au boulot => conséquence : me voilà nerveux et irrité).
On est donc face à des récits schématiques, toujours très limpides mais néanmoins peu impliquants pour le spectateur, d'où une impression de ton froid et distant (impression renforcée par les interventions scientifiques).

Néanmoins, le grand atout de Mon Oncle d'Amérique, c'est avant tout le montage d'Albert Jurgenson, qui avait déjà travaillé avec Resnais (on reconnaît d'ailleurs sa patte dans Je t'aime, je t'aime). Très efficace, très bien rythmé, il arrive à naviguer à la perfection entre les différents types d'images (expérimentations scientifiques, récit fictif, photographies, explications de Laborit...).
A ce sujet, d'ailleurs, j'avais évoqué en début de critique des images d'archives : il s'agit en fait de très courts extraits d'anciens films en noir et blanc. Ces extraits servent en quelque sorte d'interlude musicale pour passer d'un personnage à un autre dans le récit.
Leur utilisation est assez surprenante. Ce sont généralement des références à la scène qui vient de se dérouler ou à l'état d'esprit du personnage qu'on vient de suivre (à une femme en détresse, on apposera l'image de quelqu'un qui manque de se noyer). On peut ceci dit pousser l'interprétation plus loin : en effet, on peut donc penser que ces extraits de films ont été vus par les personnages en question. Janine Garnier aime les films de cape et d'épée, ce seront donc des films de cape et d'épée qui apparaîtront. René Ragueneau est un inconditionnel de Jean Gabin, Jean Gabin répondra donc à l'appel.
Ces extraits font donc partie de la mémoire des personnages du film (rappelons au passage que Resnais à énormément travaillé autour de la question de la mémoire, justement). Or, il est dit dans l'introduction que c'est la mémoire qui définit le comportement de l'homme. Par conséquent, ces œuvres de fictions servent de référence à nos 3 personnages, elles leur indique comment se comporter par la suite. C'est particulièrement frappant lors d'une scène où Depardieu se retourne exactement de la même façon que Jean Gabin.

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Lors de sa sortie, le film a bénéficié d'un bon succès public, mais a essuyé de nombreuses critiques dans le monde scientifique. Je n'ai cependant pas retrouvé les points litigieux (à part un éventuel débat entre déterminisme et liberté, mais je ne sais même pas s'il vient du milieu scientifique) ; du reste, n'étant pas spécialiste dans le domaine, je ne peux évidemment pas juger de sa pertinence. Ce que je peux dire, en revanche, c'est que la vulgarisation de nombreux concepts et théories est plutôt réussi et que j'ai trouvé que le film possédait un bon équilibre entre complexité et compréhensibilité. Malgré de petites longueurs durant la première heure, il s'avère au final captivant et éclaire de manière intéressante et convaincante certains mécanismes inconscients.

En Bref :

Un film singulier qui tient autant de l'exposé scientifique que du drame, et qui malgré son côté extrêmement hétéroclite parvient à trouver un certain équilibre. Extrêmement bien construit, à la fois complexe et accessible, c'est cependant un pur objet intellectuel, dont l'aspect schématique bride l'émotion (qui n'est, de toute manière, pas son but).
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Velvet Vampire (The) - 2,5/10

Messagepar KreepyKat » Mar 12 Aoû 2014, 17:13

Le temps n'étant pas au beau fixe (mais quel été de merde, sérieux :| ), je reviens très vite pour un nouveau chef d’œuvre incompris.
Je spoile un peu, mais honnêtement, vu le film, je pense que tout le monde s'en fout.

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The Velvet Vampire - Stephanie Rothman

Image

Genre : Horreur
Année : 1971
Nationalité : USA

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A l'heure où le féminisme combat ardemment toute forme de discrimination sexuelle, il faut bien l'admettre : s'il y a un genre machiste au cinéma, c'est bien le cinéma d'horreur. Aussi, est-on agréablement surpris quand on s'aperçoit que The Velvet Vampire a été réalisé par une femme. Agréablement surpris, mais aussi un peu curieux : en effet, puisque le réalisateur n'est pas un mâle travaillé par son entrejambe, faut-il s'attendre à quelque chose de différent, de plus sensible, de moins rentre-dedans ? En partie, oui, mais le film met aussi en lumière autre chose : s'il y a encore bien des choses à améliorer en ce qui concerne l'égalité hommes/femmes, la connerie et le manque de talent, eux, semblent avoir été équitablement répartis. :eheh:

Donc, The Velvet Vampire, ça parle d'un triangle amoureux débilos entre une teubé, un connard et une salope (que j'appellerai respectivement Bonne Poire, Queutard, et Marion Cotillard parce que ça me fait marrer de l'imaginer jouer dans ce film :oops: ). La formule est tellement éculée que rien que de le lire me donne des envies pas très catholiques à base de meurtre et de chatons. Bien entendu, comme on est dans une histoire de vampire, ladite salope (Marion Cotillard, donc) s'avérera beaucoup aimer le liquide corporel (rouge, le liquide, bande de dégueulasses). Je ne spoile rien, on le sait dès la première scène. C'est même la principale source de tension du film : ses motivations étant particulièrement floues, on se demande sans arrêt si elle veut vraiment pécho Queutard ou si elle le garde pour son quatre heure. Enfin, on est censé se le demander. Dans les faits, les personnages sont tellement mal branlées qu'on s'en fout.

Le synopsis se résume à Marion qui invite nos deux tourtereaux dans sa demeure pour mieux séduire l'entité mâle. Demeure qui, soit-dit en passant, est situé en plein milieu du désert, mais bon, ça n'a pas l'air d'inquiéter notre vampire outre mesure vu qu'elle se balade en plein jour sous un soleil de plomb (autant dire que niveau respect du folklore vampirique, on se situe au même niveau que Twilight, les loups-garous en moins). Par ailleurs, Queutard n'a pas trop l'air de s'inquiéter pour l'intégrité de son couple vu qu'il succombe directement, et sans aucun remord, au terrible charme tentateur. Quant à Bonne Poire, elle mérite décidément bien son surnom, vu qu'elle se doute de tout mais ne fait absolument RIEN pour empêcher tout ça. Le perso passif par excellence, voilà ce qu'il manquait à un tel scénario, modèle de prise de risque et d'originalité...

En fait on touche là au principal problème de The Velvet Vampire. Les personnages n'ont absolument pas été travaillés. Je ne dis pas seulement ça car ils sont caricaturaux au point de te faire passer Emmerich pour un fin psychologue : leurs réactions sont ABERRANTES, et ce, tout le long du film. A plusieurs reprises, leur humeur change du tout au tout entre deux scènes relativement proches temporellement (on panique => on est un peu inquiet). Leurs interactions sont limitées au strict minimum, au point qu'on filtre à plusieurs reprises la parodie involontaire. Sans compter que les acteurs sont TRES médiocres, incapables de délivrer ne serait-ce qu'une once de nuance, et qu'ils sont en outre encore rabaissés par le montage qui laisse parfois s'écouler une demie-seconde de blanc entre les répliques (ce qui donne l'impression que les persos sont sous lexomil).

Une scène, en particulier, résume d'une merveilleuse manière toutes les tares du film : il s'agit de la scène dite "du crotale" (ooooh, le crotale). Pour cette scène, notre couple ne se doute pas encore que Marion Cotillard est une boulimique des globules rouges. Ils sont allés faire un brin de tourisme avec elle, ils ont visité des grottes, des cimetières, et décident de s'arrêter près d'une maison abandonnée. Plutôt que d'explorer cette dernière, Bonne Poire décide de faire un brin de bronzette, pendant que Marion et Queutard en profitent pour comparer leur anatomie respective. Mais un serpent à sonnette s'approche peu à peu de Bonne Poire...

Quels est le problème ? A vrai dire, je ne sais pas par où commencer. Tout d'abord, il faut avouer que la scène n'est pas trop mal construite : on a droit à un montage parallèle entre les deux amants et l'autre dinde qui n'est pas trop mal foutu. Le serpent introduit un certain suspens, qui monte crescendo, pendant que de l'autre côté Queutard et Cotillard fricotent de plus en plus. Puis finalement, le serpent atterrit sur les jambes de Bonne Poire et la mord. Passons outre le fait qu'elle n'ait pas entendu notre crotale s'approcher alors qu'il faisait un boucan de tous les diables (ce qui, au passage, est une idée foireuse de plus : il aurait été beaucoup plus effrayant silencieux), le vrai problème vient après.

Bonne Poire, en apercevant le serpent, panique (jusque-là, tout va bien) et les deux amants, en entendant les cris, se précipitent vers elle pour l'aider. La scène étant construite comme un passage-clé, on peut penser que c'est à ce moment-là que Marion Cotillard dévoilera sa vraie nature (en laissant volontairement crever sa rivale, par exemple). Il n'en est rien : non seulement elle ne dévoile rien du tout, mais c'est elle qui sauve l'autre cruche en aspirant le poison. Mais alors, quel est l'intérêt de cette scène ? Peut-être, tout simplement, d'affaiblir le personnage de Bonne Poire, de le rendre vulnérable, de changer les rapports de force ? Raté. En effet, 2 scènes plus loin, la voilà toute fraiche et pimpante, qui se lève pour aller gambader sans aucune trace de l'incident.

Je répète donc : QUEL EST L’INTÉRÊT DE CETTE SCÈNE ?!! :shock:

J'ai choisi cette scène car elle est symptomatique de l'écriture à deux niveaux du film : on nous fait miroiter des événements terribles et dévastateurs, mais de l'autre côté, il ne se passe rien qui affecte les personnages de manière durable, et pire : on évacue sans gêne les différents événements qui se sont passés (oui, car en plus, il ne sera plus jamais question de la morsure du crotale). Tout ceci nous donne l'impression que le film n'a pas été construit sur un scénario décent mais sur un cadavre exquis tant la cohérence n'est jamais au rendez-vous. Non, en fait, c'est pire que ça.

En effet, le film présente la particularité d'alterner des scènes intégralement nulles et d'autres intrigantes, avec quelques bonnes idées voire même, soyons fous, un peu réussies. Ce qui m'amène à penser que la réalisatrice avait imaginée certaines scènes, ou certains plans, et qu'elle a brodé tout autour une histoire brouillonne qui n'avait aucun autre but que d'intégrer lesdites scènes ou lesdits plans. Si ça peut marcher sur certains passages, comme par exemple les scènes de rêves qui ne nécessitent pas une grande cohérence (d'ailleurs celles du film sont assez kitschouilles mais sympa), c'est une toute autre paire de manche lorsqu'il faut les intégrer à un récit entier. On en arrive même à un film qui brise sa propre logique interne, comme cette scène où Marion Cotillard craint subitement le soleil, alors qu'il n'en était pas question jusqu'à présent ; tout ça parce que la réalisatrice voulait à tout prix mettre son plan avec des rayons de lumières qui apparaîtraient de derrière une croix.

En Bref :

Un film d'horreur crétin de plus. :youpla:
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Re: [KreepyKat] Mes critiques en 2014

Messagepar Hulkiss » Jeu 14 Aoû 2014, 01:08

Je sais pas si le film est nul, mais quel courage au passage de faire une telle critique pour un film aussi bien descendu, bien que ta critique donnerait presque envie de le voir si ce n'est d'en rester là.... :lol:
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Re: [KreepyKat] Mes critiques en 2014

Messagepar KreepyKat » Sam 16 Aoû 2014, 22:18

Boah, ça défoule. :mrgreen:
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