[Velvet] Mes critiques en 2014

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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Jimmy Two Times » Lun 20 Oct 2014, 20:06

J'attends ta critique de Cold in July maintenant! :mrgreen:
I'm the motherfucker who found this place!
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Jimmy Two Times
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Eastern Boys - 7/10

Messagepar Velvet » Lun 20 Oct 2014, 21:50

Eastern Boys de Robin Campillo (2014) - 7/10


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Eastern Boys commence comme un documentaire énigmatique, puis prend le chemin d’une histoire d’amour ambiguë pour au final se finir comme un thriller social. L’œuvre de Robin Campillo marche sur un fil. L’ambiguïté de son récit aurait pu rendre le long métrage terriblement dérangeant, voire faussement choquant mais il n’en est que déroutant. Sans doute grâce à la subtilité des prestations d’Olivier Rabourdin et du jeune Kirill Emelyanov. La première scène, dans une gare bondée, déstabilise un peu, on ne sait qui est qui, qui suit-on, la caméra posée en hauteur suit les mouvements et les tribulations d’une bande jeunes immigrés. Daniel, sort de son train et croise Marek. A ce moment commence un jeu cache-cache entre les deux ressemblant à une scène de chasse.

Daniel va l’inviter chez lui pour une relation tarifée mais le jour du rendez-vous, ce n’est pas simplement Marek qui débarque mais c’est toute la bande qui entoure le jeune homme qui viendra squatter l’appartement puis pour le piller dans une ambiance de fête nocturne paralysante. A travers cette scène d’intrusion de domicile, Robin Campillo dégage la force de son long métrage. La qualité avec laquelle Robin Campillo installe ses personnages et son intrigue dans un contexte mondialisé est impressionnante de justesse, et distille avec une certaine finesse, une cohérence minutieuse entre sa mise en place et ses thématiques politiques. C’est la rencontre, un coup de foudre, un rapport matérialiste, une histoire d’amour ou d’amitié entre un quadragénaire homosexuel et un jeune prostitué ukrainien.

Lors de ce deuxième chapitre, il est aisé de penser à Funny Games de Mickael Haneke même si moins sordide et violent. Malgré cette tension, ce duel de provocation où cet homme semble terrifié par ce qu’il lui arrive, le réalisateur a le talent de rendre la scène vraiment incroyablement déroutante par la multitude de sentiments, de questionnements personnels qui se dégagent à travers de simples attitudes, de simples regards : Daniel semble culpabiliser par le fait d’avoir eu l’idée d’avoir une relation tarifée avec un jeune homme (majeur), puis heureux qu’ils soient tous là comme pour combler le vide d’un appartement qui le sera d’autant plus à leur départ, et finira par se mettre à danser en leur compagnie par plaisir ou pure soumission. Scène très forte par son aspect claustrophobe et asphyxiante puis fascinante par sa faculté à changer le rapport de force de la notion d’étrangers face à ses propres biens et face à son propre bonheur.

Mais derrière ça, c’est surtout un beau film, un duo à l’alchimie à la fois repoussante par l’embarras de la situation et étourdissante par sa symbiose qui avance étape par étape. Un lien qui ne cessera de grandir. Pour quelle raison, quelle volonté ? Le film y répondra sans y répondre. Marek reviendra voir Daniel après le pillage de son appartement et commencera alors une relation où Daniel fera tout pour l’incorporer dans son nouveau monde, jusqu’à le sauver de sa bande. Composé de 4 chapitres, le film met en place des thématiques qui se répondent, se disloquent de chapitres en chapitres. La place du dominant, du propriétaire, de l’étrangers ne cessera de se bousculer suivant les lieux où se trouvent les deux hommes (appartement, hôtel, magasin). Eastern Boys a un aspect politique, sociologique sans jamais se perdre dans l’introspection philosophique.

Avec sa caméra, Robin Campillo arrive parfaitement à filmer les lieux dans de petits espaces, à avoir un réel regard d’auteur sur les langages des corps et ses indications. Eastern Boys paraît limpide dans le cheminement de son écriture malgré ses quelques longueurs évitables notamment dans son troisième chapitre sur la romance entre les deux hommes. Eastern Boys est un film d’auteur français, moderne, parfaitement intégré dans sa période en proposant des sujets d’actualité comme celui d’être étrangers dans un monde contemporain ou du rapport de domination entre les hommes d’un point sexuel ou même patrimonial, en prenant des allures de films « monde » dans une dernière partie haletante.
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Film: Eastern Boys
Note: 6,5/10
Auteur: Nulladies

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Entre le ciel et l'enfer - 9/10

Messagepar Velvet » Dim 26 Oct 2014, 15:42

Entre le ciel et l'enfer de Akira Kurosawa (1963) - 9/10


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Entre le ciel et l’enfer est une œuvre aux multiples visages. Derrière le récit d’une simple enquête policière, Akira Kurosawa fructifie son récit par sa facilité à se jouer des codes pour y intégrer des thématiques beaucoup plus denses. Passant du polar à la critique sociale d’une société accablée par ses valeurs et un code d’honneur intransigeant, Akira Kurosawa signe là un long métrage qui navigue entre clair-obscur, entre simple film d’enquête et quête existentielle où la morale sera mise en danger. Gondo, homme d’affaire travaillant dans le monde de la chaussure, voit son fils se faire kidnapper pendant qu’il fignole une affaire juteuse. Pourtant, il se rendra vite compte que ce n’est pas son fils qui sera enlevé mais le fils d’un petit chauffeur. La maison de Gondo, au sommet de cette colline parait « arrogante », elle regarde la ville de haut. Quelqu’un en veut à sa réussite et à son argent.

Elle est climatisée, loin de la chaleur et de toute la souffrance ambiante du Sud, où le dur labeur fait foi, une société presque souterraine presque happée par la misère, un monde presque fait de zombie qui déambule les yeux écarquillés sur un univers qu’ils ne perçoivent plus ou en dansant après une dure journée de travail. Une bataille entre le « nord » et le « sud », les gens d’en haut et les gens d’en bas, la richesse et la pauvreté, la vie paisible et le commun des mortels. Clivage extrêmement bien montré par Akira Kurosawa avec une finesse du trait qui incite le respect. De ce fait, Entre le ciel et l’enfer manie l’écriture policière avec un suspense aiguisé et une excellente caractérisation des personnages où les enjeux sociaux et moraux seront au centre d’une intrigue parcellaire qui comportera de nombreux mystères et des ruptures de ton bienvenues. Pendant ce temps-là, Akira Kurosawa allie habilement forme et fond faisant de son œuvre, un écrin esthétique de toute beauté au montage ciselé à la perfection.

Avec sa mise en scène minutieuse, le réalisateur arrive parfaitement à chorégraphier ses scènes de groupe en ayant une réelle rigueur dans la captation de l’espace à l’image de cette longue mais intense séquence dans un bouge infâme où l’on y verra toute la misère qui explosera devant nos yeux. La première partie du film se passera presque exclusivement dans la pièce principale de la maison de Gondo et de sa famille. Chaque personnage a sa place, un positionnement bien précis, une gesticulation intrinsèque accentuée par le montage du film. Entre le ciel et l’enfer est également une sublime topographie d’une société japonaise dissoute par son ambivalence, sa mentalité du travail jusqu’au boutiste qui peut mener ses citoyens à leur perte (l’adjoint de Gondo qui lui assènera un couteau dans le dos), une hiérarchisation sociale entre les hommes (le chauffeur se sentant redevable et inférieur à Gondo), des apparences trompeuses où les civilités se trouveront là où elles ne semblent pas poindre le bout de leur nez.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Dim 26 Oct 2014, 16:39

Dans mon top Kuro celui là, bien envie de le revoir ! :mrgreen:
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Nos étoiles contraires - 6/10

Messagepar Velvet » Mar 28 Oct 2014, 18:33

Nos étoiles contraires de Josh Boone (2014) - 6/10


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Sujet casse gueule par excellence, le cancer est difficile à dompter, même au cinéma. Dès lors, quelle est la méthode pour ne pas en faire des tonnes tout en attirant l’empathie du public ? Et bien, s’il y avait une recette préconçue, ça aurait sympathique de la donner à Nick Cassavetes avant qu’il nous ponde son effroyable déluge guimauve nommé « Ma vie pour la tienne ».

Ici, c’est le petit récit entre deux cancéreux. Gus est amputé d’une jambe mais est en rémission depuis 18 mois. Hazel, elle, a les poumons dans un sale état. Ils se rencontreront lors d’une réunion de groupe organisée par une fondation pour les malades. L’histoire est simple, les thématiques qui vont suivre, aussi. La vie, la mort, l’espoir, l’amour universel et intemporel, se voir beau dans le regard de l’autre, profiter de l’instant présent, l’envie de bouffer tout ce que le destin peut nous offrir dans un monde imparfait et qui semble s’acharner. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas.

De toute manière, on sait où on met les pieds dans ce genre de films, avec ses codes du cinéma américain indépendant pour adolescents (le pote un peu l’ouest) et ses passages obligés de romcom bâtarde (la scène de baisé au musée d’Anne Frank avec les applaudissements qui suivent (sic)). De plus, on retrouve une nouvelle fois Shailene Woodley. Après avoir jouée une gentille timide dans The Spectacular Now, puis une jeune fille en fleur dans White Bird, la voilà dans Nos étoiles contraires, de nouveau dans une romcom. C’est tellement vicieux dans son rapport à l’émotion, que certaines séquences manquent de sincérité et tuent dans l’œuf l’effet escompté. De ce fait, tout est réuni par le réalisateur (et le bouquin dont l’histoire est tirée) pour élaborer un mélodrame adolescent virant vers le prisme d’un tir larme à la facticité approuvée et l’écriture du film parait aux aguets pour nous faire pleurer dans les chaumières aux moindres instants.

« Nos étoiles contraires » n’y va pas avec le dos de la cuillère dans ses pérégrinations émotionnelles, où l’on se croirait par moments dans une bluette écrite par Marc Levy ou Musso à l’image de cette incartade à Amsterdam pour rencontrer l’écrivain du livre préféré de Hazel. Mais, bizarrement, il y a un je ne sais quoi qui fonctionne. Josh Boone, avec sa mise en scène académique mais sans fausses notes, n’installe jamais son couple dans un laissé aller larmoyant et misérabiliste. Au contraire, notamment dans sa première partie, on dénote un petit côté grinçant, une envie joviale de regarder de haut la maladie et de la laisser s’évaporer pour une chevauchée insouciante.

De fil en aiguilles, « Nos étoiles contraires » respire, une petite étincelle juvénile qui a envie de sortir de ce marasme dégoulinant se propage, une finesse dans certaines scènes notamment dans son rapport à la mort et au deuil charme, des petits gestes qui ne trompent pas, un questionnement sur la culpabilité entre parent/enfant face à la maladie (excellente Laure Dern) émeut, une justesse dans l’interprétation qui permet au film de trouver son rythme de croisière avec une alchimie physique et sentimentale entre deux acteurs toujours dans le bon tempo. Sans laisser un souvenir impérissable, et avec une volonté farouche d’émouvoir à tout prix, parfois par le biais de scènes incroyablement gênantes et balisées, « Nos étoiles contraires » touche en plein cœur.
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Charlie Countryman - 5/10

Messagepar Velvet » Mer 29 Oct 2014, 11:36

Charlie Countryman de Fredik Bond (2014) - 5/10 - Challenge découverte


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Charlie Countryman est une love story foutraque, outrancièrement esthétisée comme un long clip musical sous LSD qu’on visionne sur MTV, un trip multicolore qui éclate les rétines de toutes ses couleurs criardes vaguement enjolivées par ses ralentis niaiseux à coups de violoncelles savamment orchestrés. Avec son histoire d’amour qui tourne à la chasse à l’homme dans les rues de Bucarest, un double sentiment s’immisce. D’un côté, le film de Fredik Bond est addictif, son Charlie Countryman est un pur condensé de générosité visuelle amusée et amusante, un exercice de style communicatif, exacerbé et assumé mais dans un deuxième temps, cette liberté presque démesurée irise les poils et en devient bordélique.

Les regards, les émotions, les joies, les cris, les coups de poings, les courses à pieds, tout est prétexte à tomber la tête la première dans la marmite de la surenchère visuelle. Fredik Bond ne fait pas les choses à moitié et décide de garder le cap jusqu’à la fin de son film quitte à ne faire preuve d’aucune nuance visuelle. On décroche par moments, on reprend le rythme à d’autres, c’est un film qui se picore par ci par là, tout comme le film qui se permet des ruptures de tons pas toujours opportunes. Une ode au lâché prise, à l’amour fou, au changement à l’image de cette séquence où Charlie plane complétement après avoir pris de la drogue et voit des femmes nues partout.

Malgré un Shia Lebeouf euphorisant qui semble s’amuser comme un petit fou, Charlie Countryman manque d’épaisseur avec un scénario bien maigrelet, un peu fourretout aux frontières des genres entre teen movie, romance, thriller et comédie absurde, on comprend que le réalisateur vient du monde de la publicité et il ne s’en cache pas. Sa partition, joliment photographiée, peut paraitre dégoulinante d’effets de style qui par moments nuisent à l’intérêt qu’on peut porter aux personnages. Pourtant malgré cette omniprésence de tic un peu toc, Charlie Countryman nous embarque aisément par la main durant cette virée infernale à Bucarest qui ne cesse de sauter de partout sans jamais s’arrêter. Un film qui se veut sensoriel et coloré mais qui oublie un peu d’alléger son ambition qui fait que Charlie Countryman s’enferme un peu dans son avalanche de logorrhées visuelles plus écrasante que mirobolante.
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Palo Alto - 7/10

Messagepar Velvet » Mer 29 Oct 2014, 20:24

Palo Alto de Gia Coppola (2014) - 7/10


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Venant de la mode et de la publicité, la petite dernière de la famille Coppola décide de suivre les traces de sa tante, avec Palo Alto, film sur le désarroi d’une jeunesse des beaux quartiers américains, sur cette génération Instagram et Twitter. Derrière ces adolescents bien lookés, bien peignés comme s’ils allaient faire un shooting en quittant le plateau, ces belles maisons dans des résidences sécurisées où les adultes sont inexistants dans l’éducation des enfants, Palo Alto suit les déambulations émotives de Teddy et April. Lui doit faire des heures d’intérêt général après avoir causé un accident de voiture et elle, se perd un peu dans une relation délicate avec son professeur de sport.

Gia Coppola, avec un style bon chic bon genre assez propre sur lui nous décrit les doutes juvéniles et les années lycées. Cette période où on se pose des questions sur son avenir, où on fait des trucs cons rien que pour le fun, où on fait la fête sans réfléchir quitte à vomir comme une merde, où on se fait sucer par une belle blonde dans la chambre d’inconnus sans jamais plus lui parler, où l’on coupe un arbre avec une tronçonneuse. Palo Alto est un patchwork de tout de ce qui a déjà été fait sur l’adolescence dans le cadre du cinéma américain indépendant. On sent la bourgeoisie cotonneuse de la sphère Sofia Coppola et l’amertume un peu désœuvrée de Larry Clark. Mais Palo Alto, c’est aussi et surtout deux acteurs, Emma Roberts avec sa bouille ravissante et boudeuse, puis le charisme du jeune Jack Kilmer.

Sofia Coppola avait tracé la voix avec son vertigineux Virgin Suicides et Gia s’embarque en plein dedans. Mise en scène douce au montage léger et à la photographie inspirée, bande son pop/électro de son époque, Gia Coppola est un ersatz formel de sa tante tout en y insérant sa propre personnalité. Il y a un grain, une classe, des plans où la solitude s’immisce aisément avec finesse et tempérament. De ce fait, tout dans ce film rentre dans le cadre du déjà-vu même si un petit vague à l’âme fait que l’atmosphère nébuleuse remporte le magot. Le récit n’a pas de point de départ ni d’arrivée, c’est juste une ballade sauvage où ennui et envie de défier la loi se confrontent. Une virée en bagnole à contre sens où l’on ne connait pas l’issue.

Si on veut être mauvaises langues, on peut se demander si la jeune réalisatrice apporte une nouvelle réponse face aux thématiques que l’on connait déjà par cœur. Malheureusement non, la jeune réalisatrice nous ressort la même recette que ses prédécesseurs. Palo Alto transpire de cette insouciance qui doit faire face aux décisions du monde adulte. Un regard ricaneur frondeur. On dit je t’aime à sa mère mais c’est plus pour une question de forme qu’autre chose. Pourtant l’une des pirouettes réjouissantes de Palo Alto, c’est le regard qu’apporte Gia Coppola sur les adultes qui semblent tout aussi perdus que les adolescents. A travers quelques scènes tendres et dérangeantes, la relation ado/adulte prend des allures de miroir sombre et cauchemardesque où le sentiment de perdition peut changer de camp à tout moment.
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Film: Palo Alto
Note: 7/10
Auteur: nicofromtheblock
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Note: 5,5/10
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Intimité - 8/10

Messagepar Velvet » Ven 31 Oct 2014, 13:43

Intimité de Patrice Chéreau (2001) - 8/10


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Nous sommes à Londres. Ça se passe tous les mercredis. Sans savoir pourquoi, elle sonne, il ouvre la porte, ils descendent dans un sous-sol mal éclairé et mal rangé. Et sans un mot ou presque, ils font l’amour passionnément. Puis elle repart sans une parole ni un sourcillement. Juste un instant volé, une brèche dans un espace-temps immatériel, sans explications, ni responsabilité. Une envie d’être regardé et désiré sans jugement ni souffrance. Patrice Chéreau filme les corps magnifiquement, donne vie à des scènes sexuelles d’une beauté torride, humaine et tonitruante. On rentre directement dans leur intimité la plus profonde, on pense à « Breaking The Waves » de Lars Von Trier avec cette façon de moduler un visuel si naturaliste et addictif à travers un montage fractionné.

De ce fait, rien ou presque n’est éludé dans cette osmose entre les corps, le réalisateur place sa caméra volatile au plus près de la peau faisant naitre alors une intensité jouissive débordante. Malgré ce décorum glauque, ces scènes sont magiques, puissantes, une alchimie parfaite, d’un naturel fougueux et terriblement banal. Ça pourrait être vous ou moi. Puis face à ces premières minutes d’une classe folle, le film de Patrice Chéreau dévoilera ses secrets au fur et à mesure d’un jeu de cachecache entre refoulement d’un amour surgissant et d’une envie de trouver une échappatoire presque irréelle. Mais cette attraction purement chimique ne suffira plus, il voudra alors découvrir quelle femme se cache derrière ce mutisme émotionnel. Il la suivra dans des coins de rue de Londres, découvrira sa vie, son quotidien, sa famille.

Dans un Londres à la fois sombre mais convivial, tendu mais confortable. Un peu à l’image de la vie. Auparavant, Il avait quitté sa femme et ses enfants sans donner d’explications. Dire les choses, savoir prononcer les mots qu’il faut au bon moment, donner une définition à une situation ou à une émotion, c’est un peu la problématique du long métrage. Intimité n’en oublie pas de faire parler les sentiments, dans sa deuxième partie, de faire éclore les doutes face à l’instabilité d’un quotidien destructeur où le mot amour est de plus en plus flou. Qu’est-ce qu’aimer, ou ressentir de l’amour ?

Et malgré ça, l’œuvre de Patrice Chéreau se révèle exubérant tant dans l’expression corporelle que dans ses envolées lyriques presque surjouées, prenant au vol la captation pulsionnelle des corps qui s’entrechoquent dans un désir muet, où les émotions se font sourdes pour resurgir de plein fouet comme un boomerang. Il y a ce côté frénétique dans les déclarations, cet aspect théâtralisé qui ne fait que gonfler avec l’omniprésence d’une musique parfaitement accordée, une ressemblance naissante avec « Possession » Andrzej Zulawski sans l’hystérie et le fantastique. Notamment dans les séquences qui le lieront avec un ami d’enfance un peu borderline. « Intimité » peut paraitre désaccordé, sur une corde raide, une effusion grandiloquente d’émotion nourrie par deux performances d’acteurs fabuleuses.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Velvet » Sam 01 Nov 2014, 15:45

Bilan du mois d'octobre:


195) 3 coeurs de benoit Jacquot (2014) - 3/10 - CRITIQUE
196) Mommy de Xavier Dolan (2014) - 8/10 - CRITIQUE
197) White Bird de Gregg Araki (2014) - 7/10 - CRITIQUE
198) Gone Girl de David Fincher (2014) - 9/10 - CRITIQUE
199) Qu'est ce qu'on a fait au bon dieu de Philippe de Chauveron (2014) - 3/10
200) The Tribe de Myroslav Slaboshpytskiy (2014) - 8/10 - CRITIQUE
201) L'échelle de Jacob de Adrian Lyne (1991) - 8/10 - CRITIQUE
202) Star Trek into darkness de JJ Abrams (2013) - 5/10
203) A bout de souffle de Jean Luc Godard (1960) - 7/10 - CRITIQUE
204) Samba de Olivier Nakache (2014) - 4/10
205) Ninja Turtles de Jonathan Liebesman (2014) - 3/10 - CRITIQUE
206) Sin City: j'ai tué pour elle de Frank Miller et Robert Rodriguez (2014) - 2/10 - CRITIQUE
207) Horns de Alexandre Aja (2014) - 5/10
208) Last Days of Summer de Jason Reitman (2014) - 4/10 - CRITIQUE
209) Into the abyss de Werner Herzog (2012) - 7/10
210) Equalizer de Antoine Fuqua (2014) - 5/10
211) Eastern Boys de Robin Campillo (2014) - 7/10 - CRITIQUE
212) Entre le ciel et l'enfer de Akira Kurosawa (1963) - 9/10 - CRITIQUE
213) The Truman Show de Peter Weir (1998) - 8/10
214) Nos étoiles contraires de Josh Boone (2014) - 6/10 - CRITIQUE
215) Juillet de sang de Jim Mickle (2014) - 6/10
216) Charlie Countryman de Fredik Bond (2014) - 5/10 - CRITIQUE
217) Le trou de Jacques Becker (1960) - 8/10
218) Palo Alto de Gia Coppola (2014) - 7/10 - CRITIQUE
219) Fury de David Ayer (2014) - 6/10
220) Intimité de Patrice Chéreau (2001) - 8/10 - CRITIQUE
221) La Reine Margot de Patrice Chéreau (1994) - 8/10
222) Ceux qui m'aiment prendront le train de Patrice Chéreau (1998): 7/10


Découvertes du mois:


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Flop du mois:


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Actrice du mois:


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Rosamund Pike


Top 20 2014 (à deux mois de la fin):


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Reine Margot (La) - 8/10

Messagepar Velvet » Dim 02 Nov 2014, 12:48

La Reine Margot de Patrice Chéreau (1994) - 8/10


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« La Reine Margot » est une œuvre outrageusement féroce. Dans le style si particulier et habituel de son réalisateur. Les premières minutes du film, le mariage de Marguerite de Valois et Henri de « Navarre » est une peinture esthétique imposante et impressionnante de méticulosité. Des décors aux costumes, de la voix molle de Daniel Auteuil au regard hautain et mortifère d’Isabelle Adjani, on décèle tout de suite ce marasme fantomatique qui va cloisonner le film dans toute sa splendeur. Patrice Chéreau a mis les plats dans les grands. On sent le tour de force, une émotion trouble à travers cette grandiloquence. « La Reine Margot » n’est pas un simple film historique, pas une modeste reconstitution documentée du massacre de Saint Barthélémy, mais devient une fresque romanesque habitée. La France, la ville de Paris est en guerre. Les catholiques contre les protestants.

La famille royale se désagrège, où les retords des uns et des autres vocifèrent dans les limbes. C’est le cœur d’une œuvre où Patrice Chéreau créera quelque chose de colossale, un long métrage hanté par ses propres tourments qui marche dans la boue et qui parle avec le gout du sang sur le creux des lèvres. La mort s’écoute à chaque son de la voix de la divine Isabelle Adjani. « La Reine Margot » c’est avant tout, une femme, ses émotions pour le compte de la Mole, des tourments religieux envers la destruction de sa famille, une fureur outrée contre les manipulations, une actrice d’une beauté qui provient des cieux : Isabelle Adjani. Une peau au teint blanchâtre presque blafard, des yeux révoltés et langoureux, une présence qui sublime l’écran de toute son paradoxe : son exubérance dans l’intime. Dans « la Reine Margot », il n’y a pas la place pour les fanfreluches ou les errements oisifs de cette époque comme on le voit souvent dans le genre cinématographique.

Dans son approche visuelle, Chéreau est beaucoup moins mobile avec sa caméra que dans des œuvres comme Intimité ou Ceux qui m’aiment prendront le train ; mais il a toujours cette volonté de mettre ses acteurs au centre de son cadre. La force marginale se trouve ici, dans sa direction d’acteurs irréprochable même si la personnalité narrative de Patrice Chéreau est toujours aussi outrancière et théâtralisée. Jean Hugues Anglade, en Charles IX, est avec son cabotinage aveugle le principal symbole de toute cette symphonie qui pourrait ressembler à un doux opéra baroque. « La Reine Margot » est un film ambitieux composé d’une noirceur sourde et à travers les vestiges d’une époque et le vertige d’une famille, Patrice Chéreau construit une mosaïque de fantômes qui n’ont de cesse de parcourir les couloirs étroits de beaux appartements, de sols jonchés de cadavres, de ruelles qui sentent le foutre et la dépravation, les forêts remplies de rancœur.
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Trou (Le) - 8/10

Messagepar Velvet » Mar 04 Nov 2014, 11:41

Le Trou de Jacques Becker (1960) - 8/10 (Challenge découverte)


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Film de prison d’un réalisme opaque, « Le Trou » de Jacques Becker raconte l’histoire d’une bande de prisonniers qui vont tenter de s’échapper d’une prison de Paris. Ce récit intense sait parfaitement jauger son suspense. Jacques Becker choisit de raconter cette histoire dans le plus simple appareil, d’une manière la plus aride possible. Les personnages sont liés par des dialogues qui vont à l’essentiel, qui arrivent à caractériser à merveille chacun d’entre eux sans rentrer dans les caricatures habituelles du genre cinématographique à l’image des gardiens de prison qui ne sont pas les sempiternels tortionnaires que l’on peut connaitre.

La hiérarchie est là, présente, montrée de façon sèche, mais avec intelligence et justesse. Certains pourront peut-être reprocher à Jacques Becker son sens de la diplomatie, un certain humanisme froid, qui montre cette bande de prisonniers sans nous en dire plus sur le pourquoi du comment de leur arrivée en prison, excepté Claude Gaspard qui se retrouve sous les barreaux pour avoir tiré sur sa femme. Comme si le réalisateur avait de lui-même expié leurs fautes. On sait qu’ils iront aux assises, mais pourquoi ? Suite à ce minimalisme et naturalisme dans le point de départ de son histoire, Jacques Becker nous permet de rentrer en empathie avec ce groupe où solidarité, amitié virile et code d’honneur seront les thématiques au cœur d’un film à la méticulosité visuelle et narrative infaillible.

Ici, nous ne sommes pas dans Prison Break, aucun rebondissement fracassant ne va les amener à la liberté. « Le trou » est un film stakhanoviste, où la notion du temps sera décompté avec du sable, de jours en jours, nuits après nuits, ils vont s’aider de cartons, de métal, de fer, de choses rudimentaires qui vont les pousser à s’entraider et à faire preuve d’une minutie d’orfèvre dans l’engrenage de leur plan. Symbole de cette débrouillardise, ce périscope fait à partir d’une brosse à dent, qui donnera vie à une scène finale majestueuse.

Jacques Becker repose son récit sur l’élaboration du plan qui pourrait les amener à la liberté et c’est grâce à un sens du rythme, un sens du cadre et de la captation de l’espace carcéral avec la caméra que Jacques Becker nous fascine. Le noir et blanc, le grain un peu acre de l’image, le charisme de ses « gueules », font que « Le Trou » est un long métrage fascinant à voir et à contempler. A l’image de ses personnages, Jacques Becker ne fait pas dans l’esbroufe esthétique, pose sa caméra sans fioritures, offre une fable sur la malchance à l’ironie noire qui nous imprégnera jusqu’aux dernières images du film à la dramaturgie intense.
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Interstellar - 8/10

Messagepar Velvet » Mer 05 Nov 2014, 17:30

Interstellar de Christopher Nolan (2014) - 8/10


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Avec Interstellar, Christopher Nolan décloisonne son cinéma, casse les barrières de l’intellectualisation froide de ses derniers scripts (Inception) habituellement surplombés par sa logorrhée explicative, pour aller cette fois ci dans des contrées à l'imaginaire scientifique émouvant. La Terre va mal, l’atmosphère ne permet plus la vitalité de la vie humaine, les denrées se feront rares, même inexistantes. Dans le secret le plus total, la NASA va envoyer dans l’espace un de ses anciens pilotes (Cooper) et quelques-uns de ses scientifiques pour essayer de trouver une nouvelle terre d’adoption pour l’espèce humaine ou au pire bâtir une nouvelle colonie. Est-ce que la Terre est la seule planète de prédilection pour les humains ? La verbalisation des enjeux chez Nolan est toujours de mise, mais d’une manière assez ludique quoiqu’un peu longuette, tout en permettant de rendre le jargon scientifique beaucoup plus compréhensible et captivant par bien des égards.

Pourtant, Christopher Nolan est un doux rêveur, il a une ambition humble et toute simple : celle de laisser le sort de l’humanité dans les mains l’intime, dans les petites paumes de ce qui fait de nous des êtres humains où le temps prendra une toute autre définition et dimension. Le film aura cette brillante idée, comme dans Inception, de stratifier la temporalité en fonction des lieux, ce qui donnera vie à une scène terrassante d’émotions quand une partie de l’équipage se retrouvera après « 23 ans » de distance. Se reposant toujours sur son sens graphique majestueux, sombre et glacé, avec une déshumanisation prépondérante et un univers spatial léché et parfois flamboyant, avec une planète Terre poussiéreuse, un trou noir infini, des planètes stellaires faites d’eaux ou de glace, le réalisateur américain envahira son œuvre d’une émotion qui dépasse les notions de relativité et de gravité.

C’est un dangereux revirement que soumet Nolan à son cinéma, car entre émotion subtile et sentimentalisme dégoulinant, il n’y a qu’un pas. Pourtant, Nolan semble franchir le pas mais il est difficile de lui en vouloir devant une telle générosité, un tel amour pour certains de ses personnages, une envie presque indéfinissable de croire en l’humain et ses possibilités. Malgré les chiffres, les équations aux multiples inconnues, les variations de données, les calculs de probabilités, Christopher Nolan fait de l’amour son cheval de bataille et nous prend par la main pour le suivre dans son épopée spatiale aux multiples mystères et rebondissements. D’ailleurs, Cooper ressemble à d’anciens personnages de Nolan ; Borden et Angier: un homme passionné, habité, qui se dévoue à son œuvre.

Pourtant, au contraire de l’œuvre « Le Prestige », l’amour de Cooper pour sa famille le transcendera. De ce fait, la personnalité narrative du réalisateur est présente, avec son style lourdement appuyé fait de grosses ficelles et parfois grandiloquent (cette musique omniprésente de Hans Zimmer) mais dont le sens du rythme et du montage éclaté permet une osmose et une fluidité incessante entre scène SF et terrestre dans des séquences au suspense haletant. Au niveau de son décorum d’anticipation, Christopher Nolan a d’excellentes petites trouvailles à commencer notamment par ses robots androïdes, intelligences artificielles au design et à la caractérisation blufflante, qui seront là pour accompagner l’équipage dans sa mission et même apporter une petite touche d’humour.

Avec Interstellar, Christopher Nolan ne met pas en scène simplement des scientifiques arc boutés sur leurs missions mais des individus qui répondront de leurs missions par leurs émotions, ce qui les guide vers l’humanité et leurs chemins de croix. L’amour d’une fille pour son père, celui d’un père pour sa fille. Rien de plus banal mais Christopher Nolan arrive à s’en accommoder pour faire de ce lien intemporel et stratosphérique, une relation en « 5 dimensions », un dialogue interstellaire inoubliable.
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Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (L') - 8/10

Messagepar Velvet » Lun 10 Nov 2014, 11:21

L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (2007) d'Andrew Dominik - 8/10


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Jesse James, hors la loi de la fin du 19ème siècle, se fera assassiner par le jeune et envieux Robert Ford. Mais derrière ce titre laconique et cette fameuse lâcheté se cachent une ambiguïté et une dramaturgie beaucoup plus intenses. Andrew Dominik s’attaque à l’icône Jesse James et au lieu d’en faire un portrait purement iconique et flamboyant, il dessine la vision presque fantomatique d’un personnage tiraillé par ses propres démons entre mort et démence à l’aura terrifiante pour ses proches. Un homme qui tue presque de sang froid ou qui torture violement un enfant pour des raisons faméliques. C’est l’envers de la médaille de l’empire de l’Ouest, une vie vécue à travers le regard des autres.

Son aura, sa célébrité, son ingéniosité, inventées ou manipulées, le désintégrera petit à petit, une perdition rendue atmosphérique dans une fresque évanescente. A l’image d’un récit en eaux troubles composé d’un montage narratif évasif se perdant un peu dans les intrigues secondaires, le western d’Andrew Dominik démontre une grande sensibilité. Les coups de feu sont rares mais touchent irrémédiablement leurs cibles. Ici prédomine l’intime poétique et non pas les grandes évasions épiques. Les non-dits et les silences font foi dans un long métrage qui se révèle être un écrin visuel naturaliste de toute beauté notamment grâce au travail fabuleux de Roger Deakins à la photographie et la composition musicale de Nick Cave et Warren Ellis.

On a en face de nous un western en apesanteur, aux paysages à l’horizon magique, un brin maniéré mais d’une délicatesse sourde délicieuse qui s’approche des débuts de Terrence Malick (Balade sauvage, Les moissons du ciel). Ce qui intéresse le réalisateur, c’est l’arrière du décor, la réflexion de notre place dans le monde et de la réelle importance de la consécration collective de nos actes, une glorification moribonde d’un homme qui ne cessera de se dissoudre où la vérité sera loin de la réalité.

A partir de là, le réalisateur va construire une relation vaporeuse et conflictuelle entre deux hommes où le lien qui les unira sera à difficile à définir. Haine, jalousie, amour, fraternité. Un duel à distance et intérieur entre deux acteurs impressionnants de retenus et de justesse. La déliquescence du regard d’un Brad Pitt habité face à la voix chevrotante d’un Casey Affleck à la folie contenue. Le jeune Robert Ford, en quête de popularité et de célébrité, choses qui auront raison de lui par la suite, suit les traces de son « héros ». Mais que veut-il réellement ? Prendre sa place ou lui ressembler ? Un trouble de personnalité dans un monde qui marche sur des œufs, une envie insatiable de grandeur pour sortir d’un quotidien abscons.
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Millennium Mambo - 9/10

Messagepar Velvet » Mer 12 Nov 2014, 20:50

Millennium Mambo de Hou Hsiao Hsien (2001) - 9/10


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Extatique est le mot qui convient le mieux pour décrire l’impression laissée par Millennium Mambo. Purement et simplement vaporeux, le long métrage signé par Hou Hsiao Hsien est un objet visuel atmosphérique qui marche sur un fil. Un livre ouvert sur un destin générationnel, un journal intime d’un vague à l’âme boudeur mais rêveur comme un éclat de rire qui se perdrait dans l’écho. Une femme, sa relation, ses amours, ses maladresses. Point final. Millennium Mambo est avant tout la glorification graphique de Shu Qi, une actrice, un visage inoubliable, un sourire, une silhouette omniprésente, convoitise de toutes les jalousies, de tous les fantasmes.

Le réalisateur est tombé amoureux de son actrice et nous aussi par la même occasion. Elle prend l’espace, est dans chaque plan du film (ou presque), est magnifiée comme rarement comme si Millennium Mambo n’était qu’un prétexte pour la contempler encore et encore. Millennium Mambo lui est dédié. Derrière cette épure du récit qui n’en est pas réellement un, Millennium brille par son esthétisme, sa capacité à prendre le pouls d’un lieu, d’aspirer l’énergie de son environnement de night-club à la coloration fluorescente. Entre une caméra qui s’agite sous la neige et des plans fixes à la photographie virtuose, Millennium Mambo ne manque pas de magie.

L’introduction est incroyable, sous des sonorités de beats d’une techno minimaliste, un long plan séquence mobile s’achemine devant nous, teinté de néons qui nous enfoncent dans un tunnel et dans la nuit taiwanaise en suivant du regard la démarche divine de cette jeune brune aux cheveux longs. Il est difficile de ne pas penser au cinéma de Wong Kar Wai notamment dans sa période de « Nos années sauvages » et des « Anges Déchus ».

Millennium Mambo contient un scénario ne qui ne va pas plus loin que le bout d’un ticket de métro, une chronique d’une jeunesse qui lève les yeux au ciel pour se souvenir de quelques instants passés à vivre pleinement, de quelques émotions surgissant de nulle part, d’une insouciance vite camouflée par les affres de la routine. Un film d’ambiance qui ressemble à ces fins de soirées avec les lumières tamisées et cette musique minimaliste qui nous berce les oreilles pour nous faire dandiner et nous faire ressentir des sensations d’apaisement.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Mer 12 Nov 2014, 20:59

Je me souviens d'un truc beau mais chiant, à retenter donc :mrgreen:.
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