[Jimmy Two Times] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Zatoïchi (2003) - 7,5/10

Messagepar Jimmy Two Times » Ven 14 Nov 2014, 08:43



Zatoichi - Takeshi Kitano - 2003


Avec Zatoichi, Takeshi Kitano se fait plaisir en revisitant l'une des grandes figures du chambara. Pour la première fois à ce stade de sa filmographie, il livre un pur divertissement dépourvu de sous-texte. On reconnaît sa griffe par sa propension à jouer avec les ruptures de ton, par son humour ou par la place de choix tenue par les jeux issus de l'enfance (même si c'est un peu moins évident ici) mais la poésie et les belles émotions auxquelles il nous a habitué sont ici très discrètes, pour ne pas dire absentes. Pas de quoi bouder son plaisir pour autant. Avec Zatoichi, il s'offre une occasion unique d'élargir son audience. Avec Aniki mon Frère, c'est son film le plus accessible et une très belle porte d'entrée pour les novices du genre ou de l'univers du réalisateur. Les deux films partagent d'ailleurs la même approche en terme d'action, avec encore une fois un gros travail de cochon sur le son. Les combats de sabre sont aussi bruyants que pouvaient l'être les gunfights d'Aniki. Une furie sonore assez jouissive qui contraste avec les plages de respiration qui les entrecoupent. Avec un home cinéma bien calibré, c'est une véritable orgie auditive.


Attention, ça va trancher...


En revanche, il faut avouer que le sang numérique déversé par hectolitre fait un peu tâche (elle était facile celle-là :mrgreen: ). On peut considérer que ça colle assez avec l'orientation manga à laquelle fait penser cette adaptation mais ça n'est pas toujours du plus bel effet d'un point de vue visuel, qui plus est avec 10 années au compteur. On sent toutefois que c'est un parti pris de la part de Kitano, qui donne volontairement une identité graphique forte à son film. Au niveau de l'histoire, rien de bien original, il revisite la saga tant avec son fil conducteur (le célèbre personnage du masseur aveugle) que par le biais de ses sous-intrigues (le clan, le ronin, les paysans, la veuve et les geishas/orphelins). L'ensemble se suit néanmoins de manière agréable et se retrouve émaillé de quelques numéros musicaux, certains très subtils (les paysans sous la pluie, des ouvriers sur un chantier), d'autre un peu moins (le final, même si pour ma part, je l'aime bien). Kitano est fidèle à lui-même devant la caméra dans un rôle où le verbe est utilisé avec parcimonie. Dans les seconds rôles, il y a quelques bonnes trognes comme celle du garde du corps de Ginzo. Même le sidekick comique est supportable et assez drôle sans être un boulet pour autant. Ce Zatoichi n'a pas la prétention de tutoyer les sommets de la filmographie de son auteur, il lui manque un fond plus prégnant pour rester en mémoire. Mais en l'état, c'est un solide divertissement de la part de Kitano, spectacle jubilatoire et relecture à la fois personnelle et respectueuse de ce personnage légendaire.


7.5/10
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Ven 14 Nov 2014, 14:30

Je trouve pour celui-là que l'originalité vient surtout de la forme (plein de petits trucs que je n'ai jamais vu dans un film de samouraï, sauf peut-être à la limite les mangas), mais sinon je suis d'accord avec toi pour le reste, un véritable condensé du genre :super:
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2014

Messagepar Jimmy Two Times » Ven 14 Nov 2014, 19:13

J'ai regardé 14mn27 de Takeshis. Je suis en souffrance :soif:
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Ven 14 Nov 2014, 19:38

Glory to the filmaker! c'est pire :mrgreen:
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Ven 14 Nov 2014, 19:52

C'est encore pire si on les enchaine... M'enfin ça dépend, c'est comme un sparadrap qu'on enlèverait très vite :mrgreen:
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Quand vient la nuit - 9/10

Messagepar Jimmy Two Times » Dim 23 Nov 2014, 20:21

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Quand Vient la Nuit - Michael R. Roskam - 2014


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Si vous cherchez de l'objectivité, passez votre chemin. Ici, la raison n'a pas lieu d'être, c'est le cœur qui parle. Le réalisateur belge Michael R. Roskam m'a offert une de mes plus belles découvertes de l'année 2012 avec Bullhead. Deux ans plus tard, il a franchi l'Atlantique et revient à la tête de The Drop et c'est peu dire que j'ai une nouvelle fois pris un pied monstre. Qui plus est dans un genre qui me parle totalement. On est dans une telle période de vaches maigres en matière de films noirs, que ce fut un vrai plaisir de déguster ce polar carré, à même de ravir les puristes. Mon film de l'année incontestablement, à moins que le dernier prétendant qui me fasse de l’œil (A Most Violent Year de J.C. Chandor) ne vienne le coiffer au poteau. Roskam transforme ainsi l'essai de la plus belle des manières et se retrouve avec le privilège de croiser sa caméra avec un script de Denis Lehane, l'auteur de Mystic River, Gone Baby Gone et Shutter Island, excusez du peu. Il débarque avec son directeur photo et l'acteur principal de Bullhead, et a donc pu bénéficier d'une certaine latitude pour imposer sa patte. 50% Lehane, 50% Roskam, The Drop est un plaisir de tous les instants. La Belgique nous fait une fois de plus la nique pendant que nous on envoie nos branquignols hexagonaux comme Guillaume Canet, le génie adulé pour le téléfilm Ne le Dis à Personne, remaker des trucs déjà pas bien fameux à l'origine (Blood Ties).

La qualité première de The Drop, c'est incontestablement son casting. Je n'ai jamais fait partie de ses plus grands fans, mais pour le coup, Tom Hardy est absolument énorme dans le rôle de ce barman en contrôle permanent qu'on sent bouillir intérieurement. On sait qu'il porte un fardeau très lourd et pourtant, sa retenue de tous les instants et son respect pour les autres et la vie en général en font un personnage intriguant. Cette forme de réserve qui le caractérise se ressent par ailleurs dans la façon dont Roskam le filme. Bien qu'omniprésent à l'écran, il se retrouve dans la première partie du film fréquemment en arrière plan, voire en partie exclu du cadre, histoire de mieux nous faire comprendre qu'il ne veut surtout pas faire de vagues. Et quelle excellente idée de lui avoir collé dans les pattes Matthias Schoenaerts, parfaitement à sa place et totalement raccord avec le ton du film. Leurs scènes communes, autant duels psychologiques que séances d'intimidation, voient leur impact décuplé par la gémellité des deux acteurs. Deux monstres de charisme taillés dans le roc et dont Roskam exploite toute l'animalité. C'était déjà un thème majeur de Bullhead et il revêt également une importance certaine dans The Drop, encore plus quand on se remémore que le titre initialement prévu pour le film était Animal Rescue. Deux niveaux de lecture donc, un au sens propre avec la storyline du chiot abandonné mais aussi cette thématique figurée autour de ses hommes qui se jaugent et se défient constamment, tels des fauves en pleine savane.

Image


Et les réjouissances du casting ne s'arrêtent pas là. James Gandolfini nous gratifie de son chant du cygne et c'est juste beau. Si on pousse un peu le bouchon, on pourrait presque imaginer que la destinée de son personnage aurait très bien pu être celle de Tony Soprano passé le générique de fin de l'ultime épisode. Ici, il trouve un rôle qui lui colle à la peau, lui qui n'a jamais réussi à s'accomplir tel qu'il l'imaginait et qui se retrouve condamné à vivre à la solde de mafieux tchétchènes, aujourd'hui propriétaires de ce qui fut autrefois son bar, dont il n'est plus que le simple tenancier. Ces derniers apparaissent dans deux ou trois scènes seulement mais ont bien la gueule de l'emploi tant ils incarnent une vraie menace. Pour finir, un mot sur Noomi Rapace, qui sort de plusieurs prestations fadasses dans des films plus qu'oubliables et qui se fond elle aussi dans le moule, au diapason de ses partenaires masculins. Un contrepoint féminin certes classique mais qu'elle interprète avec justesse. Tout ce petit monde forme un microcosme alchimique dans une quasi unité de décor, que beaucoup décrient mais qui pour ma part, m'a fait chavirer.

La notion de quartier est brillamment exploitée. Pendant 1h45, on vit avec les personnages dans ce recoin de Brooklyn. Le Cousin Marv's Bar devient notre troquet. On s'y sent tellement bien, aux côtés de tout ces personnages savamment brossés que l'empathie est totale. La réalisation de Roskam (et la superbe photo) fait le reste. Il confirme tout le bien que je pensais de lui et livre de belles images urbaines, nocturnes et parfois poisseuses. Sa science du cadre, on la remarque dès les premiers plans. On est 10 coudées au dessus des tâcherons qui pullulent à Hollywood et qui ne sont pas foutus de se retenir d'agiter leur caméra dans tous les sens. En terme de narration, The Drop ne cède jamais à la facilité, il n'y pas de suspense exacerbé pour le rendre plus sexy. Moi, c'est ce genre de sobriété qui me fait carrément vibrer, rendant ainsi les inéluctables explosions de violence encore plus jouissives. Le rythme est crescendo, posé. Le script de Lehane est lui participatif. Les spectateurs fainéants se plaindront de ne pas se voir abreuvés d'informations sur le passé trouble des personnages. C'est beaucoup plus subtil, tout passe par l'image et le verbe et on nous laisse ainsi le loisir de brosser leurs portraits. L'épilogue quant à lui fait preuve d'une belle amoralité, se teinte d'espoir et constitue la dernière pièce de choix d'un petit bijou noir comme on en voit malheureusement trop peu. Je n'ai déjà qu'une hâte, celle de me replonger dans l'ambiance du Cousin Marv's bar, mais cette fois dans la pénombre de mon salon, avec un bon verre de sky ou une bonne bière belge dans la main (on sert de la Stella chez Gando, petit clin d'oeil de Roskam à sa patrie). Je sais déjà que le plaisir sera garanti à la révision et il n'est pas impossible que The Drop prenne une place encore plus importante dans mon coeur tant il me parle totalement. Au diable les aigris.

9/10
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Dim 23 Nov 2014, 20:37

Je ne lis pas, je veux rester ignare avant de voir la bête, mais on sent la critique de passionné ! Content de voir que ce film te donne envie de lui accorder de l'encre numérique. Et vu comme j'ai aimé Bullhead, je me dis que ça risque d'être ma came aussi. J'espère pouvoir le voir en salle, vraiment :/
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2014

Messagepar Jimmy Two Times » Dim 23 Nov 2014, 21:00

Tu peux lire, c'est super subjectif comme avis. Je ne parle pas du tout de l'histoire. Cette distribution de merde qu'il se tape sinon...80 copies à tout péter.
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2014

Messagepar elpingos » Dim 23 Nov 2014, 22:47

Rhoo ça donne envie ...
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2014

Messagepar Heatmann » Dim 23 Nov 2014, 22:54

well deserved :love: :super:

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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2014

Messagepar Jimmy Two Times » Lun 24 Nov 2014, 00:05

Merci Dude! :wink:

Sérieux, ceux qui lui colle des notes tiédasses, je me dit qu'ils n'aiment pas le cinéma. Il y a boire et à manger ici.
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2014

Messagepar Alegas » Lun 24 Nov 2014, 00:54

Jimmy Two Times a écrit:Sérieux, ceux qui lui colle des notes tiédasses, je me dit qu'ils n'aiment pas le cinéma.


Eh ben, ça sent bon la tolérance par ici.
C'est bête à dire hein, mais The Drop c'est un film comme un autre : des gens pourront l'aimer comme des gens pourront le détester.
Je pige bien que c'est ton coup de cœur de l'année toussa toussa, mais bon faut pas se voiler la face : aucun film ne peut être unanimement porté en triomphe.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2014

Messagepar Jimmy Two Times » Lun 24 Nov 2014, 01:21

C'est nouveau, tu toléres les goûts de chiotte maintenant? :mrgreen:

Pour The Drop, les 6/7, je dis pas. Faut être un minimum réceptif au genre mais quand j'en vois d'autres ne pas mettre la moyenne et coller plus à Mr Babaprout ou des bousins dans le genre, c'est chaud. Le film est un peu une antithèse du ciné contemporain. Les Brasiers de la Colère et ses traumas lourdingues ou encore Cold in July et son Dexter largué qui chasse des dealers de snuff movies sans trop savoir pourquoi, c'est tellement plus cool.(Heatmann va retirer son approved :mrgreen: )

Et Django a fait l'unanimité l'année dernière.
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Lun 24 Nov 2014, 07:42

Jimmy Two Times a écrit:Sérieux, ceux qui lui colle des notes tiédasses, je me dit qu'ils n'aiment pas le cinéma.


Je vais rejoindre Alegas : cette expression est à bannir.

Le mec qui ne met pas la moyenne en l'occurrence, il aime Leone et Scorsese hein :mrgreen:

Tu te laisses emporter par l'amour de la Belgique :chut:
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2014

Messagepar Jimmy Two Times » Lun 24 Nov 2014, 09:48

Vu ces goûts, c'est encore plus incompréhensible justement :|
J'arrête là avec ce film. Je suis déjà suffisamment heureux de m'être pris une claque en salles (bon, il y a Gone Girl aussi, mais c'est pas le même kif) en cette année morose.
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