[Jack Spret] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2014

Messagepar angel.heart » Ven 14 Nov 2014, 18:48

pabelbaba a écrit:Enfin ça me rappelle que je suis totalement vierge de la filmo des frères Pang... :chut: 8)


Bah tu ne rates rien.

Même les plutôt bien cotés The eye et Bangkok Dangerous, je les trouve assez chiant.
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2014

Messagepar pabelbaba » Ven 14 Nov 2014, 18:50

C'est bien ce que j'avais compris. D'un autre côté, je ne suis pas fana du ciné d'horreur.
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Allez, Mark, c'est Sophie qui te demande de revenir!
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De l'autre côté du mur - 6/10

Messagepar Jack Spret » Sam 15 Nov 2014, 13:34

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165. De l'autre côté du mur - Christian Schwochow - Allemagne - 2014: 6/10 (en salles - 1ère vision)

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Cela faisait des années que je ne m'étais pas rendu au cinéma voir un film sur lequel je ne sais absolument rien.
Je m'en souviens comme si c'était hier.
Novembre 1989. La chute du bloc soviétique. L'exode des habitants de la RDA vers la RFA par l'intermédiaire de la Hongrie qui ouvre ses frontières.
J'étais en chemin vers le Kino Sojus dans le quartier de Marzhan pour aller voir La révolution française de Robert Enrico.
En route, je croisais des milliers de jeunes et moins jeunes se dirigeant vers le Mur. Sans doute une rave party.
Dans une ruelle, un officier de la Stasi brisait les côtes d'un immigré. L'officier a tourné son regard vers moi. Il ressemblait à Scalp maintenant que j'y pense.

C'est cette violence sourde des services secrets que cherche à mettre en avant le film de Christian, ancien vendeur de chouchous à la sauvette reconverti dans le cinéma.
Il a préféré garder son faux nom pour signer le film afin de ne pas être recherché par la police politique, encore en activité dans l'ombre, à l'instar des Templiers.
Il est intéressant de constater que la circulation des personnes est régulée aussi fortement d'un côté que de l'autre.
Alors que la RFA semble, dans l'inconscient collectif, plus souple en terme d'immigration, on constate avec stupéfaction qui'il n'en est rien.
Les passeurs d'Est en Ouest sont soumis à un véritable parcours du combattant médical, administratif et policier.

Comparé par la presse au très puissant La vie des autres ou encore à Barbara avec lequel il a beaucoup de points communs (l’héroïne cherchant à vivre en RFA, la paranoïa constante), De l'autre côté du mur gagne à être vu pour sa première moitié au rythme parfaitement calculé: révélations et développement des personnages se succèdent, étoffant l'épaisseur des rôles qui sonnent juste et dont les acteurs se sentent véritablement investis (la relation entre l'agent américain et l'héroïne est subtilement écrite).
Malheureusement, le dernier tiers du métrage cède aux sirènes de la facilité et de la happy end, balayant tous les efforts fournis pour faire monter l'impression de surveillance et accentuer la paranoïa de la femme, s'éloignant des siens pour tenter de sauver sa propre vie.
Alors qu'elle était dépeinte comme une femme forte (elle a des poils sous les aisselles en plus, preuve de virilité), le final la transforme petit à petit comme une réfugiée lambda craignant pour sa vie, ne faisant plus confiance à personne.

Est-ce l'intention du réalisateur que de montrer qu'en toutes circonstances et en tout lieu, l'ombre de la Stasi planait sur les Allemands comme une épée de Damoclès ?
Si c'est le cas, c'est réussi mais quelque chose me donne à penser qu'il cherchait davantage le côté social (il y a un petit côté Ken Loach) que politique.
Ça reste très regardable, avec une belle photographie et des acteurs qui sonnent justes et qui parviennent à faire passer énormément d'émotion (mention spéciale au petit garçon qui, en peu de répliques, créé un vrai personnage).

6/10
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Flic ou zombie - 6/10

Messagepar Jack Spret » Dim 23 Nov 2014, 20:57

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168. Flic ou Zombie - Mark Goldblatt - Etats-Unis - 1988: 6/10 (DVD - 1ère vision)

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Mortis et Bigelow, deux détectives de Los Angeles, sont à la poursuite de gangsters ayant commis plusieurs braquages. Ils les surprennent en pleine attaque d’une bijouterie et parviennent, non sans mal, à les abattre. Le médecin légiste remarque avec horreur que les cadavres autopsiés sont déjà morts 8 jours auparavant…

¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤


Monteur d’origine, Mark Goldplatt passe à la réalisation de son premier film après avoir tâté de la caméra aux côtés de Paul Verhoeven, en tant que réalisateur de seconde équipe sur Robocop. Ayant commencé dans le cinéma horrifique avant de prendre un tournant vers le film d’action couillu (Commando, Rambo 2), ses deux amours se marieront avec brio dans ce script écrit par Terry Black, un inconnu qui retournera écrire des épisodes des Contes de la crypte après cette unique tentative d’incursion dans le 7ème art. Car si Flic ou zombie cumule un énorme potentiel sympathie, c’est davantage par son casting et son imagerie fêlée que par son histoire abracadabrantesque. Mariant pour le meilleur et pour le pire le buddy movie à la comédie horrifique (seul Shaun of the Dead lui arrivera à la cheville dans le même ordre d’idée), Goldplatt profite de ce genre bien en vogue pour tenter sa percée à Hollywood.

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L’humour second degré fait résonner ses gros sabots aux détours de punchlines qui arrachent un sourire à force de flirter avec le ridicule, humour accentué par des clins d’œils un peu trop faciles (le héros s’appelle Roger Mortis), voire des vampirisations de films sur lesquels il a travaillé auparavant (le final où Mortis a un look à la Terminator). Ce qui fait davantage plaisir à voir et qui donne cet aspect si cool à cette pellicule déviante, c’est cette Californie toujours prête à échanger son soleil tapageur et ses décapotables rutilantes plutôt que l’intérieur de salles d’interrogatoires poussiéreuses et sombres. Si Treat Williams et Joe Piscopo peinent à tirer le film vers le haut par manque de talent dramatique, ils excellent dans l’art de passer pour des branleurs psychotiques à qui on aurait donné des badges de police par erreur.

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Certains regrettent qu’une suite n’ait pas été mise en chantier. Même si Terry Black n’a transformé qu’un seul de ses essais scénaristiques, il eut la décence de répondre à la société de production qu’étant donné que tous les protagonistes meurent à la fin, l’idée serait totalement improbable. Ce à quoi New World Pictures à répondu qu’une machine à ressusciter devait bien servir à quelque chose. Nul doute que certains dirigeants ont déjà le cerveau qui ne répond plus, affamés qu’ils sont de pognon et de rentabilité.

6/10



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3 Samourais Hors la loi - 8,5/10

Messagepar Jack Spret » Dim 23 Nov 2014, 23:21

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3 samouraïs hors-la-loi – Hideo Gosha – Japon – 1964

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Trois samouraïs sans maître prennent parti pour les habitants d’un village contre une bande de samouraïs pirates.

¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤


Inspiré par Kurosawa et ses chambaras aux personnages humanistes, Hideo Gosha va pousser plus loin l’imagerie du samouraï en livrant une face sombre. Dans une société totalement hiérarchisé (« N’oublies pas ton rang » de l’administrateur à sa fille est plutôt parlant), le cinéaste choisit de s’attarder sur la figure de paria du rônin pour critiquer cette société basée sur des valeurs intrinsèquement liées à la richesse. De plus, il rabaissera la notion d’honneur au rang d’idéal perdu en faisant des samouraïs de vulgaires électrons libres, cherchant leurs propres intérêts dans des histoires qui les dépassent. Dans le film, la destinée des vagabonds n’est jamais mise en avant. Ce sont eux qui s’arrêtent en chemin, choisissant ou non de prendre parti. Des grains de sable dans les rouages de la société qui les rendent encore plus dangereux aux yeux des administrés.

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Empruntant beaucoup à l’imagerie du western spaghetti, qui n’en est encore qu’à ses balbutiements, 3 samouraïs hors-la-loi est un film d’une efficacité redoutable. Et il est d’autant plus singulier que c’est la première réalisation de Gosha. En futur artiste du genre, il surprend son monde en proposant une histoire somme toute assez basique, mais qui parvient à compiler énormément de thèmes en à peine 1h30. Et si l’homme tient une place prépondérante dans les enjeux du scénario, la figure de la femme, morcelée en trois âmes bien distinctes (la rebelle, la lâche, la volage) tient lieu de miroir lorsqu’elles se retrouvent face à chaque rônin. Sans être au cœur de l’intrigue, elles nous permettent de voir évoluer les trois protagonistes dans leurs choix et leurs mentalités, permettant de saisir lequel d’entre eux est le plus à même de saisir sa destinée à bras le corps lorsqu’elle se présente à lui.

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A peine son pied posé dans le monde du 7ème art, Hideo Gosha rivalise de talent avec les plus grands, tant dans sa recherche de plans et sa mise en scène soignée que dans l’innovation qu’il apporte au genre qu’il côtoie. Le noir et blanc somptueux souligne parfaitement le côté sombre de l’homme en plongeant dans un fort contraste entre les scènes libératrices (le combat final en plein soleil) ou punitives (le châtiment du fouet dans la geôle). Ses mouvements de caméra, fluides et inspirés, tendent à embrasser toute la portée des personnages et de leurs faits et gestes (le visage éclairé du rônin avant qu’il se fasse attaquer, synonyme de sa concentration exemplaire). Tout est calibré au millimètre près, dans les chorégraphies originales (les combats en courant), l’entrée en scène de chaque protagoniste (plan arrêté pour Shiba, plan séquence pour Kikyo, plan fixe pour Sakura) et la gestion de l’espace lors des dialogues.

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3 samouraïs hors-la-loi est bien plus qu’une leçon de cinéma. C’est un chambara déjà empreint d’une teinte pessimiste et mélancolique, où le code du bushido et l’honneur sont tout autant bafoués que n’importe quelle autre loi. Fort de son apprentissage durant le tournage et de l’excellente réception de son oeuvre dans son pays (et pas uniquement, Leone lui repiquant l’idée du trio pour Le bon, la brute et le truand), Hideo Gosha peut se targuer dès sa première oeuvre d’avoir déjà fait montre d’un style percutant et soigné, toujours au service de son histoire et de ses personnages. Du grand art !

8,5/10

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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Dim 23 Nov 2014, 23:30

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Messagepar osorojo » Dim 23 Nov 2014, 23:42

Mark c'est big brozer :eheh:

J'me rappelais pas l'avoir lue cette critique, et puis il a bien raison d'enfoncer le clou une deuxième fois pour ce Gosha, quand on lit Milkshake, bien sur de lui, dire qu'il a fait le tour de la filmo du bonhomme sans avoir vu celui là :mrgreen: Par contre, oué, tu rajoutes le 0.5 fissa :eheh:
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Dim 23 Nov 2014, 23:48

osorojo a écrit:quand on lit Milkshake, bien sur de lui, dire qu'il a fait le tour de la filmo du bonhomme sans avoir vu celui là :mrgreen:


Oui, on sent que ça l'arrange. Comme un devoir qu'il n'a pas envie de faire.
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Dim 23 Nov 2014, 23:56

Du genre j'aime pas le ciné jap, et ces gonzesses en robe qui dansent avec des bouts de bois c'est naze, mais en société dire que t'as maté tout Gosha c'est cool :mrgreen:
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Lun 24 Nov 2014, 00:03

Et chez les vieux maîtres, c'est lui qui a la plus petite filmo. Voilà qui promet pour les autres :eheh:
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2014

Messagepar Jack Spret » Lun 24 Nov 2014, 15:53

osorojo a écrit:Mark c'est big brozer :eheh:


Oh putain j'avais pas tilté qu'elle avait déjà été postée celle là :s

osorojo a écrit:Par contre, oué, tu rajoutes le 0.5 fissa :eheh:


Avec grand plaisir, je sais pas pourquoi j'ai arrondi à l'inférieur, c'est l'un de mes Gosha préférés.
Du coup, j'vais peut être vérifier que j'avais pas posté les autres aussi avant de faire des doublons.


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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Lun 24 Nov 2014, 16:22

Si tu veux pas que Mark sorte le martinet, c'est préférable :mrgreen:
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Quartier violent - 8,5/10

Messagepar Jack Spret » Lun 24 Nov 2014, 16:51

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Quartier violent – Hideo Gosha – Japon – 1974

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Le Madrid est un bar à la mode à Genza, le quartier chaud de Tokyo. Dirigé par un ancien Yakuza, ce club va devenir un enjeu dans la guerre des gangs qui se prépare.

¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤


Hideo Gosha abandonne pour un temps le chambara pour se concentrer sur un autre de ses genres de prédilection: le yakuza eiga. Si Les loups tourné juste avant marque la parfaite transition entre ces deux illustres familles du cinéma japonais (un film de yakuzas en costume), Quartier violent est d’une noirceur et d’un nihilisme que n’aurait pas renié Kinji Fukasaku. L’âge d’or des gros studios ayant déjà quelques bougies soufflées, Gosha veut à tout prix profiter de cette période de transition entre le grand écran et la télévision afin de livrer sa vision définitive du genre, prenant pour cible la société délitée des années 70 à travers les agissements de clans de yakuzas rivaux.

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Et l’introduction du film est superbe au sens où elle représente ce bouleversement de manière esthétique. On assiste à un spectacle de flamenco durant le générique, loin des habituelles scènes sur fond de musique traditionnelle (les chambaras) ou jazzy (Le sang du damné) dont raffole Gosha. Concentrant le cadre de son action sur la scène, il cherche à annoncer au spectateur que l’essor télévisuel risque d’empêcher les futures productions d’avoir de l’ampleur et de pervertir les images en les adoucissant (les yakuzas seront montrés comme des gens à la cool à l’avenir). Ce lissage à venir est avant tout du à la main mise que les yakuzas ont sur les différents pôles de communication.

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Mais de ce que l’on connaît du cinéaste, il est rarement avare en étalage de violence sèche et brutale. Et cette image du yakuza businessman ne peut que lui déplaire. Il se chargera donc, sans prendre de gants, d’exposer le fond de sa pensée dans une intrigue toujours aussi alambiquée, alliant politique véreuse et relents du passé violent des gangsters. Pour lui, se racheter une conduite ne signifie pas effacer l’ardoise et le catalyseur de cette époque que l’on cherche à dissimuler sera incarné par un Noboru Ando aussi mutique que charismatique, véritable bastion à lui tout seul de valeurs piétinées (honneur, communautarisme, loyauté). Épaulé par des marginaux nostalgiques, dont Bunta Sugawara au personnage ultra cool, ils vont chercher à montrer aux anciens chefs de clan devenus hommes d’affaires respectable, que les dettes de sang ne peuvent se régler que dans le sang.

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Malgré la ferveur de ces anciens yakuzas, ce serait oublier le pessimisme latent de Gosha que de penser que les anciens ne gagneront pas. Si quelques uns subiront les foudres d’Egawa, ce sont bien les derniers survivants de cet âge d’or de violence qui survoleront la basse-cour géante où continuent de se battre de fiers coqs jusqu’à ce que mort s’en suive. Et c’est dans cette fusillade finale, très inspirée du cinéma de Peckinpah, que Quartier violent prend toute sa noirceur. D’ailleurs, il n’est pas le seul à inspirer Gosha tant les influences sont éparses et nombreuses: de la classe des yakuzas qui n’est pas sans rappeler les personnages de Melville en passant par le transsexuel armé d’un scalpel digne des grandes heures du giallo, le cinéaste brasse toute sa culture cinématographique dans un melting pot d’idées et de couleurs (sans doute son film le plus coloré).

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Désespéré jusque dans son final, Quartier violent est le film le plus sombre du cinéaste depuis le début de sa carrière. En prenant le pouls de cette société qui se métamorphose sous ses yeux, il livre derrière ses atours de film décomplexé une véritable radioscopie du Japon, soulevant les tapis sous lesquels se cachent des tas de cadavres.

8,5/10
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Impasse (L') - 10/10

Messagepar Jack Spret » Lun 24 Nov 2014, 19:51

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L’Impasse – Brian De Palma – Etats-Unis – 1994

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En 1975, à New York, Carlito Brigante, un ancien trafiquant de drogue, est libéré de prison grâce à David Kleinfeld, son avocat, qui a découvert plusieurs vices de forme dans la manière dont le procureur Bill Norwalk avait instruit le procès. Carlito est bien décidé à rentrer dans le droit chemin et, dès qu’il aura économisé assez d’argent, il compte se retirer aux Bahamas pour s’assurer une retraite paisible avec Gail, sa compagne danseuse dans une boîte de strip-tease. Mais le destin en décidera autrement.

¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤


Né dans le quartier de Spanish Harlem de parents porto-ricains ayant émigrés aux Etats-Unis, Edwin Torres travaille dur et termine juge de la Cour suprême de l’état de New York. Grâce à son expérience et à la multitude d’affaires qu’il côtoie lui vient l’inspiration de son premier roman: Carlito’s Way. S’ensuivront Q & A et After Hours, suite des pérégrinations mafieuses de Carlito. C’est Sidney Lumet qui, avec Contre Enquête, sera le premier à adapter l’écrivain au cinéma. Le film impressionne les foules par son réalisme saisissant, polaroïd de la ville et de la justice, ne négligeant aucun détail. Il faudra attendre 4 ans pour qu’Al Pacino se penche sur le diptyque de Torres et décide de faire jouer ses contacts pour incarner à l’écran le personnage de Carlito Brigante.

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Il faudra de la ténacité pour faire céder le producteur Martin Bregman (qui a également financé Scarface et certains films de Lumet) à qui Pacino fait lire les romans. Celui-ci les déteste et refuse de s’engager dans l’aventure, ayant peur que le personnage ne passe pour la pâle copie d’un Tony Montana repenti. Mais à force d’arguments, la machine se lance et David Koepp est chargé de s’occuper du script, alors en odeur de sainteté après avoir adapté Michael Chrichton et son Jurassic Park. Travaillant en collaboration étroite avec le juge Torres, Koepp va parvenir à obtenir une matière première incroyablement riche en terme d’atmosphère, de parler et de réalisme. Etant donné qu’Al Pacino est âgé de plus de 50 ans durant le tournage, il paraît impossible de s’appuyer sur l’histoire du premier roman pour écrire le scénario. Koepp va donc utiliser l’intrigue d’After Hours, tout en piochant dans Carlito’s Way pour donner de la consistance au personnage.

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Si le film s’intitule Carlito’s Way, c’est davantage pour éviter la confusion avec le film After Hours de Martin Scorsese, sorti une dizaine d’années plus tôt. Une fois le scénario en poche, Bregman s’en va à la rencontre de Brian De Palma, réticent à l’idée de se replonger dans un univers mafieux mâtiné de gangsters parlant espagnol. Mais le producteur va le tanner jusqu’à ce qu’il accepte de le lire, arrivant ainsi à ses fins lorsque De Palma lui annonce vouloir le réaliser. Le script est si brillant et si profondément ancré dans une époque précise que le travail du réalisateur n’en est que plus difficile. Pour trouver le ton juste, il décide de visiter le quartier de Spanish Harlem en compagnie de l’écrivain afin de s’imprégner des lieux et d’obtenir quelques anecdotes croustillantes qui apportent de l’épaisseur supplémentaire.

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La grande force de L’Impasse, c’est de nous faire oublier durant la séance que l’on connaît déjà la fin, le script introduisant la mort de Carlito Brigante dès la première scène. Ce plan séquence, tourné au ralenti et en noir et blanc, est d’une symbolique puissante car elle entoure le film d’une aura mélancolique dès la première image, le tout appuyé par une partition magistrale de Patrick Doyle. Permettant de situer le film dans la veine la plus pure du roman noir, avec cette voix off de Pacino à l’accent porto-ricain narrant ses derniers souffles de vie, L’Impasse s’intègre d’emblée comme une claque retentissante, écho d’un Scarface pas très éloigné. Si les critiques le fustigèrent de ne pas être cette fameuse suite dissimulée, le film prit son temps avant de s’enticher d’un culte inaliénable qui lui colle toujours à la peau.

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La confiance mutuelle entre le cinéaste et son acteur principal doit se ressentir à l’écran. Celle ci transpire à l’écran à chaque minute. Pacino étant déjà habitué au style unique de De Palma, il a pu lâcher prise et offrir un jeu d’une intensité inouïe, entre gentillesse féline et agressivité contenue. La prison l’a changé et bien qu’on ne le connaisse qu’en nouvel homme libre, on peut apercevoir au détour de certaines répliques ou de certaines situations quel homme il avait pu être auparavant: impulsif, violent, égocentrique. Benny Blanco, le jeune caïd débutant du Bronx, fait l’effet d’un miroir déformant sur Carlito. Il ne veut pas croire qu’il ait ressemblé à ça et veut continuer à penser qu’il peut changer. C’est là qu’intervient le personnage de Gail.

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Et c’est également grâce à elle que l’on assiste pas à une redite de Scarface. Car là où le personnage de Michelle Pfeiffer incarnait un objectif pour satisfaire les appétits de grandeur de Tony Montana, celui de Penelope Ann Miller incarne celle qu’il va devoir reconquérir et qui va être synonyme de changement. Le ton du film et la musique qui accompagne les scènes où ils ne sont que tous les deux sont d’un romantisme bouleversant. Sans être une femme fatale, elle va représenter celle qui va faire ôter à Carlito son armure, celle qui va inhiber toute sa prudence et, par la même occasion, celle qui va précipiter sa mort. Inventer plus sombre que cette notion d’amour improbable et impossible semble relever du challenge tant leur relation est tout autant passionnée qu’autodestructrice.

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On pourrait s’attarder longuement sur chaque personnage qui semble refléter chacun à leur manière une part différente de la personnalité globale de Carlito. D’ailleurs, ce jeu de miroirs constant est plus qu’évident dans la mise en scène de De Palma, qui confronte souvent son personnage maudit, toujours vêtu de noir comme si la mort cherchait à l’attraper (ce que l’on sait d’entrée de jeu), à son reflet et, par la même occasion, à son image de légende vivante prête à reprendre du service. Mais tous les acteurs offrent une prestation incroyablement juste, de Jorge Porcel qui ne parlait pas un mot d’anglais à Sean Penn qui s’est rasé la tête pour son rôle, de John Leguizamo qui a accepté sous couvert d’improvisation au bout de la quatrième relance de De Palma à Viggo Mortensen qui faisait ses débuts au cinéma.

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Mais que serait L’Impasse sans la virtuosité de Brian De Palma ? Sachant pertinemment que le scénario est essentiellement basé sur les personnages et leurs interactions, il va étirer les rares scènes d’actions comme autant d’opéras qui ne fonctionne qu’avec un seul et unique chef d’orchestre: lui même. La fusillade du bar, intervenant au bout de 20 minutes, devait lui permettre d’emmener le spectateur sur 1h30 supplémentaires sans qu’il ne ressente l’ennui. Et c’est avec des placements de caméra millimétrés, des jeux d’acteurs où l’improvisation n’a pas sa place, un sens du placement, de l’espace et de l’éclairage qu’il offre une scène mémorable marquant au fer rouge son public. Récidivant sur le final et sa course poursuite dantesque filmée en plan séquence dans la gare de Grand Central (rappelant étonnamment le final des Incorruptibles), De Palma montre qu’il est un maître du suspense et un grand parieur.

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Je pourrais parler des heures de L’Impasse et de la place qu’il occupe dans mon cœur, faisant battre mon amour pour le cinéma à chaque révision. Mais ceux qui ne partagent mon point de vue risquerait fort de trouver le temps long. Je terminerais juste par le fait que cette ressortie en salles à laquelle j’ai pu assister est tout simplement le plus beau cadeau que cette année 2014 pouvait me faire.

10/10
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Lun 24 Nov 2014, 19:57

AMEN.

Grand film, et belle critique, j'ai beaucoup aimé le fait que tu t'attardes sur la genèse de l'oeuvre :super:

Mais ceux qui ne partagent mon point de vue risquerait fort de trouver le temps long


Montre les du doigt, boouhhhhh :eheh:
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