[Nulladies] Mes critiques en 2015

Modérateur: Dunandan

Furie (1936) - 9/10

Messagepar Nulladies » Ven 11 Sep 2015, 05:37

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…and justice for all.

Premier film américain de Fritz Lang, Fury n’en est pas pour autant un coup d’essai : c’est très clairement un chef d’œuvre.
Au sein d’une Amérique présentée en ses débuts comme LA terre des opportunités, la destinée de Joe, travailleur acharné séparé de celle qu’il aime avant de pouvoir la rejoindre et fonder le home sweet home tant attendu se voit chamboulée par un malentendu judiciaire principalement fondé autour de… peanuts. Tout est dit, et de ce pitch presque kafkaïen découlera une vision glaciale de la société, de son rapport à la justice, de l’hystérie collective et d’un thème structurant chez le réalisateur, la vengeance.
Avec quelques réminiscences de sa période expressionniste, Lang filme les visages et la propagation de la rumeur, la jouissance perverse des foules en mal de haine et de divertissement, pour qui un lynchage représente l’occasion unique d’exorciser ses pulsions.
Fury est un film d’une densité rare, où le début lorgne du côté de Capra tandis que le basculement nous dirige vers une atmosphère de western, entre Rio Bravo et Assaut, la population se déchainant sur le présumé coupable. Avec un sens incisif, Lang multiplie les angles de vue sur ce point central : celui du prévenu, de la police qui le protège, des instances politiques qui font plus de cas de l’électorat que de la vérité, de la foule qui dirige sur lui sa haine et de sa dulcinée qui le rejoint. Cette convergence des regards, cette apogée de violence et de furie sera le point culminant sur lequel devra revenir avec calme la deuxième moitié du récit, son versant judiciaire. Procès des instigateurs du lynchage, il oppose avec une efficacité rare passion et raison, mensonges et enquête, démonstration de force de l’avocat qui organise le mensonge de tous ceux qu’il interroge pour révéler l’étendue du mal.
S’il semblait fustiger dans un premier temps le rôle de la presse qui filme en direct le lynchage, Lang opère un renversement riche de sens : c’est par les images filmées que la vérité éclatera, que les prévenus verront sur grand écran l’éclat de leur haine incontrôlée. Mais là encore, la victoire est précaire, parce qu’elle s’organise autour d’une passion nouvelle, celle de la vengeance aveugle de la victime qui se prétend morte pour faire payer à ceux qui ont brisé sa vie.
Voilà la grandeur du film : cette capacité à perdre le fil, à dénoncer les travers d’un camp pour mieux les retrouver chez l’adversaire, à faire de la victime un bourreau potentiel, à donner au spectateur les gages d’une vérité pour mieux instiller par la suite le malaise de se voir soi-même épris de haine et dénué de cette raison impartiale dont la justice doit faire preuve. Joe devient spectateur lui-même, d’abord rivé aux actualités filmée qui passent en boucle sa mort, puis à la radio qui transmets le procès de ses « meurtriers », reclus dans une chambre où son unique compagne est la haine.
Les grands films judiciaires, à l’instar de 12 hommes en colère, établissent cette rupture fondamentale entre les pulsions humaines et l’élévation nécessaire pour atteindre la justice. C’est là la brillante démonstration de Furie, un immense récit sur la bêtise humaine, écho évident de ce que quitte Lang en changeant de continent, (l’incendie du commissariat renvoyant notamment aux autodafés) et la grandeur qu’elle suppose pour qu’on puisse la juger sans être contaminé par elle.
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Aventures de Robin des Bois (Les) - 9/10

Messagepar Nulladies » Sam 12 Sep 2015, 11:13

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Les sentiers de la sédition.

Qu’est-ce qu’un blockbuster en 1938 ?
C’est cela : un technicolor flamboyant où les costumes rouges et verts claquent à l’écran, où les couchers de soleils sont des tableaux et les biens précieux des riches nantis on l’éclat du péché véniel, ou le vin coule comme du sang et les chiens déchirent les chairs délicates tandis que les gueux crèvent la faim dans les forêts de Sherwood. Bois sous lesquels l’eau scintille, les troncs forment des ponts et les chevaux traversent les rivières en gerbes de lumière au crépuscule.
C’est cela : une gestion des foules à nulle autre pareille, entre banquets grandiloquents, obscènes d’opulence dans les châteaux ou insolents de révolte au grand air, tournois aux centaines de figurant, arbres chargés de rebelles et convois officiels transportant impôts et belle au cœur résistant.
C’est aussi le sens du détail, et l’exploitation du moindre accessoire au service de l’action pure : lames luisantes, tables retournées, chaises renversées, escaliers circulaires, créneaux et corridors, tours escarpées : le décor est un terrain d’aventure, un parcours à obstacles sur lequel va bondir notre héros.
C’est surtout un sens du rythme inégalable : la sédition est ici prise avec le sens profond du carnavalesque : non seulement un renversement des pouvoirs, mais aussi une fête. Lorsqu’on dispose d’un comédien ayant la prodigieuse énergie d’Errol Flynn, impossible de faire autrement : le héros bondissant et pétillant qui deviendra à juste titre un renard chez Disney 35 ans plus tard crève la toile. Quitte à mettre à terre l’ordre établi, autant le faire dans un grand éclat de rire, de l’enrôlement des nouvelles recrues à l’humiliation des ventripotents, de la séduction de Marianne à la provocation du tyran. Robin des bois, c’est l’incarnation de l’insolence, dans ses répliques comme dans sa geste, ouragan qui traverse les salles luxueuses des châteaux et emporte tout sur son passage, dans ses flèches aussi acerbes que son regard, qui signent et revendiquent sa désobéissance civile.
Jovialité, hardiesse, souplesse, malice : Robin des bois est le personnage parfait pour ce film parfait, qui ajoute au savoir-faire et à la beauté visuelle ce petit supplément d’âme qui a toujours, mais rarement, hissé les grandes figures vers l’héroïsme atemporel : le panache.
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Avengers : L'ère d'Ultron - 3/10

Messagepar Nulladies » Dim 13 Sep 2015, 13:59

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Rien ne s’oppose à l’ennui

Quand tu critiques tous les films que tu voies et que tu t’enchaines les Marvel avec la marmaille, tu te retrouves face à un problème : eh merde, je vais encore dire la même chose. Comment faire ?
Puis, tu te dis : pourquoi les scénaristes ne se sont-ils pas posé la question ?
La vérité, c’est qu’ils ont vachement réfléchi pour cette nouvelle aventure de la dream team de l’univers. Certes, on nous ressert à peu près tout ce qui faisait « l’identité », si tant est qu’il y en ait eu une, du premier épisode : on se bastonne et on s’allie, on module les plaisirs avec des affrontements inédits, ici super géant vert contre super Iron Man, un version sumo métal qui en dit long sur les besoins de compensations du gigolo qui l’habite. Dans le premier volet, c’était difficile de constituer un groupe. Dans le deuxième, c’est difficile de vivre en groupe, surtout quand on contrôle l’univers, tu comprends.
On le sait, tout cela n’est que prétexte. Mais bon sang, que c’est lourd, voire pathétique. La première scène qui démarre sur les chapeaux de roue est plutôt habile et semble tenir compte de l’effroyable longueur et les remplissages qu’on avait pu reprocher jusqu’alors aux Avengers. On retrouve la fluidité des échanges entre les diverses stars, le tout dans un décor qui fait furieusement penser à L’empire contre-attaque pour sa neige et Le retour du Jedi pour sa forêt, Matrix pour ses ralentis, mais passons. C’est ensuite que ça se corse.
Inutile de s’embourber à nouveau avec le film pour en décortiquer la pesanteur, identique à celle du marteau de Thor qui occasionne tant de discussions emblématiques : LOL. Les Avengers essaient d’être drôles, d’être casual, et que je t’organise des soirées, et que je flirte avec un cocktail à la main… Et attention, on nous a trouvé le twist ultime : Hawkeye a une vie bien rangée telle que les américains la fantasment, avec bobonne enflée jusqu’aux seins qui tombent pas encore, deux gosse, il fait du bricolage et répare le plancher du solarium. T’avais jamais vu ça, hein ? Dans ta gueule, non ?
Ensuite, il s’agit d’ajouter des nouveaux personnages qu’on pourra introduire dans la bande annonce un an à l’avance, histoire d’alimenter le buzz. Un Quicksilver à l’aura d’un stick de fromage, qui passe aussi vite que son aptitude le permet et n’atteindra jamais la plus belle séquence de X-Men Days of future Past. Sa sœur, dont je n’ai pas bien compris les compétences, si ce n’est qu’il y a du rouge autour d’elle qui peut provoquer des bad trips ou éclater des robots. Et les bad trips, on s’en serait bien passés, une occasion supplémentaire de te plonger dans les passés troubles des âmes meurtries que sont nos super-héros-responsables-un-grand-pouvoir-implique-de-grandes-responsabilités-tout-ça-t’as-vu-quoi-j’avoue.
Cette Scarlet Witch, c’est la porte-parole de l’esthétique du film : une bouillie informe. Autant le final d’Avengers était finement troussé, autant c’est ici la grande débandade. Les scènes s’enchainent et se ressemblent, et puisque les enjeux sont les mêmes, aucune excitation ne vient titiller cette débauche sans âme. Les immeubles s’effondrent, les semi-remorques s’envolent, les villes s’envolent, le méchant se méchantise et blablate, et on se frotte les yeux, en se disant qu’il y en aura d’autres.
Tout n’est pas perdu : Marvel peut encore surprendre, qu’on songe aux Gardiens de la Galaxie. Un blockbuster de 2015 peut encore être lisible et jubilatoire, qu’on pense à Mad Max Fury Road.
Tout n’est pas perdu : mes enfants eux-mêmes n’ont pas aimé. L’espoir subsiste.
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Servant (The) - 7,5/10

Messagepar Nulladies » Lun 14 Sep 2015, 08:50

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Vol avec escalier.

De Losey, je n’avais jusqu’alors vu que La Bête s’éveille qui était loin de me laisser un souvenir impérissable, et dans lequel on retrouve quelques éléments qui font de cet opus une version bien plus aboutie sur les relations de pouvoir, l’enfer pavé de bonnes intentions et la versatilité des individus.
The Servant est, dès son entrée en matière, un film sur le faux semblant, une sorte de carnavalesque qui aurait oublié d’en rire. La présentation des personnages sème d’emblée le doute sur l’origine sociale de chacun, et instaure une sape des statuts définis. Le récit, habilement mené dans sa progressive destruction, n’évite pas certaines simagrées et occasionne une débauche d’effets visuels qui ne sont pas toujours des plus subtils, mais qui fascinent assurément et reprennent en cela l’excès à l’œuvre dans les comportements étudiés. Effets d’anamorphose dans les miroirs sphériques, visages en gros plans, postures ostentatoires des couples sur la table ou le fauteuil désarticulent le flegme britannique et font des personnages des pantins outrés, se livrant à la débauche, la manipulation ou la servitude volontaire.
C’est surtout dans la gestion de l’espace que Losey investit le malaise qu’il veut conférer à sa mise en scène. Au centre de cette bâtisse qui matérialise la lutte des classes par la distribution des étages, l’escalier est l’enjeu de toutes les luttes. On ne cesse de le gravir ou d’y chuter, on s’y dispute, on y joue aussi, l’air de rien, pour tromper l’ennui ou enferrer sa proie.
Si le film fonctionne, c’est finalement dans sa capacité à rester opaque malgré l’évidence des renversements qu’il propose. Une lecture sociale ou crapuleuse ne suffit pas, et l’analyse homosexuelle n’est qu’un des pans envisageables, notamment grâce au rôle structurant des femmes dans les enjeux du récit. Le travail sur l’arrière-plan, l’appréhension kaléidoscopique d’une salle de restaurant ou les jeux de mouvements de caméra posent un regard insidieux et presque expressionniste qui dépasse les apparences guindées et les décapent au profit d’un malaise mêlé de plaisir… paradoxe évident dans cette descente aux enfers qui gravit les marches de la perversion.
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Turkish Delices - 6/10

Messagepar Nulladies » Mar 15 Sep 2015, 05:54

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Asitcots-pêche

C’est avec une certaine malice que Verhoeven débute son deuxième film, dans cette délicieuse période hollandaise durant laquelle il affirme sans complexe aucun ses obsessions et sa patte si particulière. Avant un flashback qui permettra de déterminer la nature fantasmatique des séquences, c’est par une débauche de sexe, de meurtres et de gore que débute le film. A la manière des séquences grotesques de Benny Hill, l’acerbe violence en plus, tout va trop vite : drague, sexe et vulgarité orchestrent un ballet criard où l’on actionne berceau et lave glace au rythme de coïts frénétiques, appendices coincés dans une braguette 25 ans avant Mary à tout Prix, dans une atmosphère décomplexée proche de la nouvelle vague (on pense notamment au dilettantisme du Départ de Skolimowski), une sorte d’hédonisme iconoclaste sur le fil, capable de basculer dans le trivial ou l’obscène d’un instant à l’autre. Car Verhoeven n’a pas pour seul but de restituer le fil d’une idylle qu’on sait condamnée dès le départ : jouant sur l’attente du spectateur, le scénario joue sur les multiples pistes qui mettront à bas l’amour sauvage dans un monde civilisé. Etrons sanglants, chiens léchant goulûment la perte des eaux d’une mariée en urgence, le réalisateur infuse dans la jeunesse échevelée les miasmes putrides de la vie réelle : la maladie, certes, mais surtout la gangrène du monde adulte, figé, pétri de contradictions dans ses rites, notamment à travers la figure de la mère, tour à tour touchante dans sa souffrance et grotesque dans son incohérence rivée aux concepts de réputation ou de tradition. Banquets effrayants, hystérie collective et monstruosité gagnant progressivement les êtres sont les pentes sur lesquelles glisse tout individu s’il n’est pas un poète maudit. Ce mélange éclectique permet donc une satire acide la société néerlandaise, tout en permettant aux fringants Rutger Hauer et Monique van de Ven, qu’on retrouvera dans Katie Tippel, de se livrer corps et âmes dans cette union placée sous le signe du mouvement et de la fluidité, jusqu’à une très belle reprise en version couple de la mythique séquence de Singin’ in the Rain.
Certes, à tant jouer avec l’excès, le film peine par instants à trouver son équilibre et c’est avant tout comme une curiosité audacieuse qu’on déguste ces Turkish Delices qui mêlent l’acidité de la jeunesse à l’amertume de la mort. Alors qu’il semble d’avantage occupé par la destinée du personnage masculin, c’est bien son obsession pour la figure féminine qui traverse tout le récit, en témoigne son activité artistique et la statue qui restera de sa muse : en cela, ce film de jeunesse augure bien l’une des thématiques favorites à venir du maitre hollandais, le portrait de femme.
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Katie Tippel - 8/10

Messagepar Nulladies » Mer 16 Sep 2015, 05:46

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Une femme sans influence

Pour qui reprend à rebours la filmographie de Verhoeven, il est impressionnant de constater à quel point sa période hollandaise contient déjà toutes les thématiques qui feront ses meilleurs films. Les parallèles sont en effet nombreux entre Katie Tippel et Black Book, dans lesquels on propose un portrait de femme dans une période trouble, à la merci de la société et surtout des hommes qui y règnent. Reprenant le duo de Turkish Délices tourné deux ans plus tôt, Verhoeven en inverse le déséquilibre au profit de Monique van de Ven, tandis que Rutger Hauer n’occupera que la dernière partie d’un récit historique se concentrant sur l’arrivée des migrants à Amsterdam dans les années 1880.
On retrouve dès le départ ce sens unique de la fluidité propre au réalisateur : mouvement dans le bateau qu’on croirait sorti d’un métrage de Tarkosvski, gestion du collectif (notamment dans la cadence du travail des lavandières ou les prises de vue sur les salles de restaurant), c’est avec une virtuosité assez fastueuse que le metteur en scène place sa reconstitution. Mais se contenter du vernis de l’Histoire et des tableaux officiels n’est évidemment pas dans ses habitudes. Verhoeven ne salue aveuglement le prestige d’une époque, il en dénonce les coulisses et les fait résonner avec des problématiques intemporelles. Dès le départ, la double destinée de la femme se joue entre les deux sœurs : la pute ou la résistante. Et c’est dans la rusticité du trivial que se joue la complémentarité du regard : une verge turgescente en ombre chinoise venue interrompre des jeux enfantins, un miroir au plafond, un Jules Verne en guise de papier toilette. Comme toujours, le cinéaste aime d’autant plus ses personnages qu’il les malmène, et Monique van de Ven se voit souillée comme le sera plus tard Carice van Houten dans Black Book.
Muse et corps, esprit et volonté, Katie est une trajectoire tourmentée, le révélateur d’un monde âpre et violent dans lequel on brûle ses sabots pour se chauffer et où seule la corruption morale semble être salvatrice. S’il restitue une ascension sociale, c’est aussi pour en dépeindre les stigmates, la nouvelle bourgeoise ne pouvant se défaire des souillures occasionnées par ses premiers pas dans le monde.
Sans concession, mais plein d’admiration, Verhoeven sait ici parfaitement tisser l’équilibre fragile du regard sur la violence sociale et l’héroïsme ordinaire qu’elle peut générer.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar Jimmy Two Times » Mer 16 Sep 2015, 07:04

Un jour, faudra que je me penche sérieusement sur la période hollandaise de Paulo.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar Alegas » Mer 16 Sep 2015, 07:53

Moi aussi. :mrgreen:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

The Wachowskis


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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar Scalp » Mer 16 Sep 2015, 07:56

Pas moi.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar osorojo » Mer 16 Sep 2015, 07:56

Superbe portrait de femme ce Katie TIppel, j'en ai un chouette souvenir. Le coup des ombres chinoises par exemple, c'est bien un truc à la Paulo :eheh:
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Quatrième homme (Le) (1983) - 6/10

Messagepar Nulladies » Jeu 17 Sep 2015, 05:49

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Eros & Thanatoc

Si l’on considère les audaces de Turkish Délices ou Kattie Tippel, Le quatrième homme s’inscrit dans une logique, celle de la surenchère. On retrouve sans peine l’univers de Verhoeven, mélange thématique de sexe, de mort, de manipulation et ce regard frontal sur le monde des fantasmes. Curieusement, pourtant, Le quatrième homme pourrait faire office de brouillon des deux précédents : s’inscrivant dans une veine plus réaliste, ou historique, ils abordaient avec plus de tacts des sujets similaires.
Le personnage de l’écrivain est ici le prétexte à des allers-retours entre le réel et l’imaginaire, les visions et les cauchemars qui ne sont pas toujours du meilleur effet. La première partie met en place une atmosphère qu’on pourrait qualifier, avec bien des raccourcis, de lynchienne : cette incapacité à trancher entre la psyché malade de celui dont on perçoit le point de vue et l’étrangeté effective du monde qui l’entoure, empruntée à la fois à Dali ou Hopper, crée un malaise assez efficace. En cela, il rejoint le prologue ultra violent de Turkish Délices, plongée dans les pulsions violentes d’un individu en rupture avec le monde. Avant d’en faire un auteur, Verhoeven expose son personnage en tant que lecteur : tout fait sens autour de lui, les pancartes, les enseignes, les banderoles funéraires, et chaque fois, une ambiguïté permet le malentendu. Ce sont là les passages les plus riches, car la volonté de donner corps à toutes les hallucinations (sexe découpé aux ciseaux, énucléations diverses, Christ en croix devenu icône gay…) n’est pas toujours des plus habiles. On pense aux excès de l’Antichrist de Lars Von Trier qui partait du même constat, celui d’une femme mante religieuse, ici sorte de Barbe Bleue dont on constaterait les méfaits par le biais de films amateurs. La structure narrative, sur le mode du polar bisexuel, n’est franchement pas passionnante et le mélange des genres finit par embourber passablement l’ensemble. Subsistent quelques belles fulgurances, comme les bœufs dégorgeant leur sang, emprunts à Bacon, et une ambigüité générale qui intrigue. Mais ce dernier film de la période pré Hollywood manque tout de même de maitrise et de cohérence pour pleinement convaincre.
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Chair et le sang (La) - 8/10

Messagepar Nulladies » Ven 18 Sep 2015, 05:35

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Les truies et la fureur.

La Chair et le Sang reste, trente ans après sa sortie, un film hautement singulier et représentatif, tant de son époque que de son auteur, grand objet criard et furieux.
Son époque, d’abord, transpire par tous les pores de cette grosse production, nous conviant à une reconstitution médiévale européenne d’ampleur où les personnages principaux se nomment notamment Steven et portent avec fierté des coupes mulet d’anthologie, où les éclairs sont dessinés à la main et le syncrétisme historique pour le moins improbable, des canons napoléoniens aux machines de guerres fantasques. Mais passons ce qui n’est finalement qu’un détail dans les intentions générales, le film ne se présentant nullement comme un témoignage historique ou réaliste.
Paul Verhoeven aux commandes d’un film historique, c’est d’emblée l’assurance d’un regard sans concession. On l’avait déjà constaté dans Katie Tippel, il s’agit de poursuivre une réflexion qui traverse l’ensemble de sa filmographie, liée notamment à l’exercice du pouvoir par l’instinct primal du sexe : comment les hommes en abusent par la force, comment les femmes en jouent par l’intelligence. La Chair et le Sang en fait sa ligne directrice : dans une symphonie brutale de stupre, de meurtres et de peste, au milieu du chaos des pillages, de soudards et de fanatiques, une destinée féminine tente d’ébaucher un parcours. Agnes, interprétée une Jennifer Jason Leigh de 22 ans, apprend du monde la violence et la fait sienne pour survivre. Avec ce mélange des tonalités si cher à Verhoeven, le film oscille entre la répulsion et l’émotion : Agnes exige de sa servante qu’elle s’accouple à un soldat pour s’initier à l’amour, obtient son premier baiser à l’ombre de pendus et dessine une destinée pour le moins littéraire d’un amour immortel tout en acceptant les pires outrages que lui réserve son enlèvement par Martin, un Rugter Hauer inquiétant pour sa dernière collaboration avec le maître hollandais. Refusant le manichéisme, comme à son habitude, il précipite ses personnages dans le viol et la démence, l’avidité et des banquets grotesques qui convoquent autant Rabelais que les peintres flamands dans une débauche colorée de costumes chatoyants, de lumière aux bougies, de sperme, de larme, de sang et de sécrétions buboniques.
Dans cette guerre civile permanente, tous les fanatismes sont exacerbés : celui de la possession matérielle, du sexe, mais aussi, évidemment, de la religion. En faisant de Martin une sorte de Saint qui pillerait pour mieux partager ses richesses, la troupe illustre l’asservissement mensonger des foules et les justifications des pires outrages, que seule la peste et ses ravages semble pouvoir annihiler dans la douleur. Désesépré, ce film est peut-être celui où Verhoeven porte au plus haut degré l’impossible identification aux personnages, versatiles, violents, sensibles, tour à tour condamnables et à plaindre : de ce monde, aucune leçon ne semble pouvoir surgir. Ecartelés entre les élans de leur corps et ceux de leur conscience, pour la religion, l’amour ou la science, les êtres tentent d’avancer dans un monde en mutation, que Verhoeven appauvrit volontairement par un regard pessimiste : les hommes sont avant tout des corps qui suintent, et qui ne déploient peut-être leur beauté que sous les coups de boutoir du viol ou l’empalement des armes. Vierges souillées, Saint Sebastien dans les flammes purificatrices : telles semblent être les origines de l’homme civilisé européen.
Film de transition avec sa période hollywoodienne, La Chair et le Sang annonce, malgré le grand écart à venir, ce qui va suivre : la chair et le métal d’un futur dystopique, celui de Robocop.
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Total Recall - 6,5/10

Messagepar Nulladies » Sam 19 Sep 2015, 09:23

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Daze of our lives

Total Recall est un film hautement problématique, du fait de son caractère hybride : issu d’un auteur de génie, d’un réalisateur non moins intéressant, il est tant porté par son scénario de génie qu’on a tendance à lui excuser à peu près tout.
Inutile de s’étendre sur cette intrigue retorse où le rêve le dispute sans cesse à la réalité, métaphore assez brillante des désirs du spectateur quant au produit devant lequel il se trouve : agents secrets, twists, fusillades et planète à sauver. Verhoeven, moins présent qu’à l’habitude dans ses obsessions, y place quelques-unes de ses marottes, comme le duo de rivales blonde et brune, recrutant l’incendiaire Sharon Stone qu’on retrouvera pleinement à l’œuvre dans Basic Instinct, et s’en donne à cœur joie dans le gore, en maltraitant notamment les globes oculaires comme il s’était déjà plu à le faire dans Le quatrième homme.
Le cœur du sujet est là : de la même manière qu’on fait souvent remarquer à Quaid que son aventure répond point pour point à ce que son rêve initial avait prévu, le film suit les balises du blockbuster hollywoodien. Dans le récit, la machine se grippe et rien ne se passe apparemment comme prévu, possible écran de fumée vers un itinéraire qu’on croit jalonné de surprises mais qui serait peut-être une machine parfaitement huilée. Ce jeu avec l’attendu, cette façon de placer le ver dans le fruit est une habitude chez Verhoeven : il l’a déjà mise en place dans Robocop, il la poussera dans ses ultimes retranchements avec Starship Troopers.
Quelle posture adopter en tant que spectateur/rêveur face à cet univers ? C’est la grande question. Ce film des années 80 finissantes, avec tout le charme vintage qu’il peut avoir aujourd’hui, peut générer un plaisir d’historien : le latex, l’imagination d’un futur pourtant terriblement ancré dans son époque, avec ses téléphones filaires, ses voitures playmobil et ses écrans cathodiques dans le métro, les couleurs criardes et les choucroutes des pépées sorties tout droit du top 50. Il n’en reste pas moins que tout cela a terriblement mal vieilli. De la même façon, ces poursuites et fusillades à répétition, ces maquillages outranciers, cet humour en carton, le jeu bovin de Schwarzenegger et ces plateaux de décor en toc dont les façades de polystyrène attendent d’exploser noient à de multiples reprises les enjeux réellement excitant de l’entreprise générale. Bien entendu, on pourra rétorquer que tout se joue dans cette double lecture : ce qu’on reproche au film est précisément en adéquation avec la médiocrité des attentes des rêveurs frustrés du réel. Certes. Mais la frustration demeure, parce que les moyens déployer pour l’architecture du rêve ne sont clairement pas à la hauteur. Tout cela est tout de même bien laid.

Et la question de se poser : est-il possible de concilier SF futuriste et beauté ? Blockbuster, fusillades et mélancolie introspective ?

On peut un temps de consoler en répondant par la négative : après tout, voilà le propre de ce genre de film, et à nous de faire avec.

Et puis on pense à Blade Runner.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar Jimmy Two Times » Sam 19 Sep 2015, 12:54

Sauf que dans Blade Runner, on s'emmerde parfois et il n'y a pas de gonz' avec 3 seins. Total Recall est inoxydable, il y a tellement de plaisir lié à l'énergie déployée que je ne pourrais jamais me lasser de la revoir ni perdre du temps à déceler ses évidents défauts plastiques liés à son grand âge. Un modèle de blockbuster à mes yeux. Et ce score de Basil!!!!! :love:

D'une manière générale, j'ai l'impression que tu as un peu de mal à garder l'état d'esprit adéquat pour savourer les films de genre des 80's (cf ta note timide à Total Recall et The Thing ou ton 3 à Halloween). Tu les avais déjà vu avant ces films?
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar Nulladies » Sam 19 Sep 2015, 13:15

Jimmy Two Times a écrit:Sauf que dans Blade Runner, on s'emmerde parfois et il n'y a pas de gonz' avec 3 seins. Total Recall est inoxydable, il y a tellement de plaisir lié à l'énergie déployée que je ne pourrais jamais me lasser de la revoir ni perdre du temps à déceler ses évidents défauts plastiques liés à son grand âge. Un modèle de blockbuster à mes yeux. Et ce score de Basil!!!!! :love:

D'une manière générale, j'ai l'impression que tu as un peu de mal à garder l'état d'esprit adéquat pour savourer les films de genre des 80's (cf ta note timide à Total Recall et The Thing ou ton 3 à Halloween). Tu les avais déjà vu avant ces films?


Oui, c'est sûrement vrai. Total Recall, je l'ai vu il y a une vingtaine d'années, mais je me souviens pas de mon ressenti, et puis, franchement, je n'avais pas de goût à l'époque.
Je ne suis pas sûr qu'il faille un esprit adéquat, cela dit. Je prends les films pour ce qu'ils sont, et ça me parle ou non. Le grain jauni seventies d'un Lumet ou Friedkin, ça me plait. Le NB d'un classique des années 40 aussi. Le criard des 80's, j'ai beaucoup de mal, et je ne vois pas en quoi le fait qu'ils avaient des goûts de chiottes à l'époque, et ce d'une façon généralisée, nous rendrait plus tolérant a posteriori sur leurs excès... :)
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