[Jack Spret] Mes critiques en 2015

Modérateur: Dunandan

Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2015

Messagepar Jack Spret » Lun 10 Aoû 2015, 18:04

Merci :super:
Je regarderais ça en X12 :eheh:


"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ?
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Amie Mortelle (L') - 4/10

Messagepar Jack Spret » Lun 17 Aoû 2015, 19:23

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L'amie mortelle - Wes Craven - 1986 - DVD

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A quinze ans, Paul Conway est déjà un remarquable neurologue. Seul son Q.I. le distingue de ses camarades au collège de Welling. Son compagnon de jeu est BB, un robot qu'il a bricolé lui-même, doté d'une force et d'une intelligence exceptionnelles, mais qui parfois a des réactions inattendues. Paul tombe amoureux de sa belle voisine Samantha. Agressée par son père alcoolique, Samantha tombe dans un profond coma. C'est alors que Paul implante dans le cortex de Samantha le cerveau de BB. Il apprendra à ses dépens qu'on ne doit pas jouer avec sa voisine.

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Ce qui aurait du s'apparenter à une version SF macabre de Roméo & Juliette s'est transformé, sous la pression des producteurs, en un mauvais film d'horreur poussif. Toutes les scènes gores ont été reshootés après montage, la projection test décrédibilisant le travail de Craven car incapable de retrouver l'esprit des "Griffes de la nuit" (manque de sang, de cauchemars,...). Là où Yuzna a réussi avec son "Retour des morts-vivants ", Craven perd pied dans cet enfer où son montage initial est bafouée au profit d'un public toujours plus avide de sang.

Dommage d'autant que le pitch de départ est plutôt sympa, revisitant le mythe du zombie sous un aspect technologique. Quoi qu'il en soit, le problème du film ne tient pas qu'à son charcutage sur le banc de montage mais aussi à un acting typique des 80's ainsi qu'à des effets spéciaux qui vieillissent très mal (autant que leurs tenues vestimentaires).

Ça reste tout de même mieux que "L'été de la peur" mais un cran en-dessous de "La ferme dans la terreur" dans le genre "bas du panier" de Craven. A voir pour les complétistes !

4/10



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Commandos, l'enfer de la guerre - 7,5/10

Messagepar Jack Spret » Jeu 12 Nov 2015, 07:52

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Commandos, l'enfer de la guerre - Armando Crispino - Italie/Allemagne - 1968

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1943. Des soldats américains d'origine italienne s'entraînent en vue d'une périlleuse mission. Ils doivent prendre le contrôle d'une oasis, en Afrique du Nord, occupée par les Italiens, en attendant l'arrivée des troupes alliées. Le sergent Sullivan s'oppose bientôt à son supérieur Valli, responsable du commando. Alors que l'opération réussit, les Américains voient débarquer une division de l'Afrikakorps...

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En 1964, Menahem Golan a déjà beaucoup d'ambition et tente de sortir du giron de Roger Corman avec une courte histoire nommée Commandos. Son scénario contient tellement d'erreurs et d'incompréhensions que Dario Argento se chargera de le corriger, appuyé par un tas d'autres scénaristes qui viendront tous mettre leur grain de sable dans la machine. Et du sable, il va y en avoir, l'histoire se concentrant sur un commando américain surentraîné chargé de récupérer un point stratégique dans le désert d'Afrique du Nord, au nez et à la barbe des Allemands. Si le script en lui-même est rudement basique, c'est cette variété de correcteurs qui va lui amener une personnalité aussi bâtarde qu’ambiguë. Lorgnant aussi bien du côté du giallo (l'infiltration de la base italienne) que du western (le rapport de force Van Cleef/Kelly et la putain, personnage inhérent au genre), le film peine toutefois à trouver véritablement ses marques, la faute à une identité un peu trouble.

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Cette hydre scénaristique, c'est Armando Crispino qui va être chargé de l'adapter à l'écran. Petit réalisateur ayant déjà officié sur un western spaghetti méconnu intitulé Johnny le bâtard, il va tout de même faire preuve d'une mise en scène inventive, permettant à chaque personnage de sortir du lot, que ça soit par son charisme, sa faiblesse ou sa cruauté. Le côté huis clos est parfaitement géré lors de la scène du jeu de dupes habilement mené par les soldats américains. On sent la tension dans chaque dialogue, chaque regard et Jack Kelly parvient, dans cette séquence assez longue, à regagner du terrain sur Lee Van Cleef. Mais soyons clair: Van Cleef bouffe littéralement l'écran, que ça soit par l'expérience du combat de son personnage que l'on lit dans ses yeux, son trauma guerrier ponctuant de flashbacks les scènes meurtrières ou son leadership naturel sur le reste de l'équipe, l'acteur n'a que faire de se préoccuper des grades imposés par le script.

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Aussi réussies soient les combats et les fusillades, ça manque très clairement de sang. Il n'y a pour ainsi dire aucune trace d'hémoglobine alors que certaines morts sont particulièrement violentes (l'assaut en début de film). D'ailleurs, on ressent clairement l'influence d'Argento ici, faisant jouer du couteau dans une nuit sans lune les commandos, sur une bande son électronique rappelant ce que fera John Carpenter à l'avenir par son minimalisme. Le dîner avec les Allemands est l'autre pièce maîtresse du film, ressemblant à s'y méprendre au jeu des questions que l'on retrouve dans la scène du bar d'Inglourious Basterds. Si la VF est à bannir par ses doublages monstrueusement grotesques par moments, on ne peut que se régaler des mimiques de Van Cleef, qui cabotine tant et si bien que l'on perd de vue tout autre personnage principal, attendant impatiemment sa venue dans le cadre.

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Le film se permet même une saillie antimilitariste avec un final faisant contraster la guerre la plus totale au pacifisme le plus évident. Et quand on connaît la place qu'a occupée l'Italie sur l'échiquier de la Seconde Guerre Mondiale, ça n'est pas rien. D'ailleurs, cette appartenance ethnique se ressent dans l'inexistence des scènes faisant tourner au ridicule les Nazis. Ils sont de valeureux adversaires et tombent au champ d'honneur tout autant que les Américains (malgré quand même une supériorité numérique écrasante en leur faveur non pris en compte). Pas le film de guerre le plus réussi sur le point de vue psychologique et visuel, mais de très fortes idées et un avenir prometteur pour Crispino qui, malheureusement pour lui, ne verra jamais le jour.

7,5/10



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Lobster (The) - 7/10

Messagepar Jack Spret » Dim 15 Nov 2015, 00:09

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The Lobster - Yórgos Lánthimos - Grèce/Royaume-Uni/Pays-Bas/Irlande/France - 2015

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Dans un futur proche, toute personne célibataire est arrêtée, transférée à l’Hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme sœur. Passé ce délai, elle sera transformée en l'animal de son choix. Pour échapper à ce destin, un homme s'enfuit et rejoint dans les bois un groupe de résistants: les Solitaires.

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Cannes 2015. Les frères Coen décident de récompenser un OVNI filmique pro-européen avec le Prix du Jury. Pas étonnant lorsque l'on creuse un peu l'histoire qui leur a été contée et l'humour grinçant dont elle est parée. Lorsqu'elle est amenée par un scénario bien charpenté et réaliste, la dystopie fait office d'un excellent catalyseur des maux de notre société moderne. Mais la dystopie comique, celle là même qui récupère ces maux pour les transformer en farces, est certainement la plus difficile à maîtriser. C'est vers cet objectif que tend à poindre le réalisateur Yórgos Lánthimos, adepte du regard critique et sardonique sur la vie et ce qu'elle comporte de contradictions. Car dans The Lobster, on y voit très clairement deux mondes complètement distincts se faire face et s'opposer dans une lutte intestine et ce, dans la plus grande violence (les chasses de Solitaires). Et les relations amoureuses sont un terreau particulièrement fertile pour mettre en exergue cette dualité.

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Pour Lanthinos et son diable de scénariste Efthimis Filippou avec lequel il frappe une nouvelle fois, aucune des deux solutions n'est enviable: soit l'être humain est voué à vivre en couple selon un carcan très étroit (l'homme et la femme doivent avoir un point commun, souvent dénué de sens pour s'épanouir en amour), soit il peut choisir de vivre seul, tout en devant lutter contre ses pulsions sexuelles. Dans tous les cas, la quête futile de l'amour absolu est pointée du doigt, celui là même que tout le monde s'évertue à chercher et que personne ne trouve. Ce combat épuisant contre l'adversité (l'homme contre la femme) se transforme donc chez le réalisateur en une course contre la montre (45 jours pour trouver l'âme sœur) ou une lutte pour sa propre survie (les chasses quotidiennes qui font repartir les Solitaires de zéro).

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Le fait que l'établissement dans lequel sont parqués les célibataires soient un hôtel n'est pas anodin, ce lieu symbolisant l'idée d'un séjour court, d'un endroit dépourvu d'âme et d'un passage obligé dans la vie de tout un chacun. Cette image bureaucratique du célibat et cette idée saugrenue de la transformation des célibataires endurcis en animaux rappellent également l'oeuvre de Franz Kafka, toutes proportions gardées. Dans le film, on passe très rapidement outre la présence de cet élément fantastique qu'est la métamorphose, pourtant largement mise en avant par la simple notion du titre, et ne voyons en ça qu'une simple étape de l'être humain dans le cheminement de sa condition amoureuse. Colin Farrell impressionne par sa capacité à jouer sur les deux tableaux: celui de la froideur exacerbée et de la chaleur contenue. Le couple qu'il fonde avec Rachel Weisz sonne faux mais il n'en reste pas moins que la seule et unique réponse à cette société standardisée à l'extrême.

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Rappelant indirectement le cinéma de Wes Anderson par ses compositions de plans à la géométrie savamment étudiée et aux couleurs travaillées (tout a été filmé en lumière naturelle) ainsi que celui de Lars Von Trier pour sa capacité à mêler le social au fantastique réaliste, The Lobster n'est en fait qu'une variation autour du film d'auteur, parodie presque potache (certaines scènes, prises à part sans l’oppression de l’atmosphère qui englobe le film, sont hilarantes) et contorsionniste de l'intellectualisation de chaque facette de notre société.

7/10

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Conversation Secrète - 7,5/10

Messagepar Jack Spret » Mar 24 Nov 2015, 23:08

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Conversation secrète - Francis Ford Coppola - Etats-Unis - 1974

¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤

Spécialiste de la filature, Harry Caul est engagé pour suivre un couple et enregistrer leur conversation. Une fois sa mission accomplie, Caul écoute la bande sonore. La banalité des propos le surprend. S'agit-il d'un code secret ?

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La sortie du film Blow Up d'Antonioni a fait figure de réflexion introspective pour nombre de réalisateurs. Brian De Palma fait partie de ceux là et lui rendra hommage avec Blow Out, thriller dont le titre ne dissimule en rien son influence primaire. Mais De Palma, dont le film sort en 1981, a certainement une autre influence plus méconnue mais pourtant largement récompensée par une Palme d'Or. Ce film, c'est Conversation secrète, un thriller d'espionnage paranoïaque qui fait se côtoyer les bancs de montage sonores et les complots meurtriers. Depuis le milieu des années 60, ces deux éléments font partie intégrante de la vie de Francis Ford Coppola. L'écriture ayant débuté en 1966, le cinéaste a pu s'alimenter des nouvelles technologies en matière d'espionnage et de la vie politique tumultueuse des Etats-Unis (le Watergate) pour déboucher sur un scénario aussi anxiogène qu'efficace. Malgré la gestation complexe de la trilogie du Parrain, le cinéaste cherche à retrouver un point de vue personnel et sort de la grandiloquence de sa fresque mafieuse et du clinquant des studios pour réaliser ce film.

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Mais il ne peut le faire que si Le Parrain a un succès retentissant. Ce qui sera chose faite en remportant l'Oscar du Meilleur film et en explosant le box office mondial. Ce tournage va donc être une sorte de second souffle qui va permettre à Coppola d'enchaîner sur le deuxième Parrain mais surtout de savoir exactement ce qu'il recherche dans le 7ème art, la saga du Parrain étant avant tout une commande commerciale de la Paramount. Les deux films ont des tournages successifs, des histoires aux antipodes et surtout une mise en scène si différente qu'il est difficile de se rendre compte qu'un seul et même homme est derrière la caméra. Mais alors que l'on pourrait penser que cet exercice de style en guise de récréation serait beaucoup beaucoup moins travaillé esthétiquement que les deux gros films qui l'entourent, il n'en est rien. Coppola fait preuve d'une maîtrise exceptionnelle de l’esbroufe visuelle, sa mise en scène se voulant toujours inventive (l'ouverture et le plan final en disent plus long que l'ensemble du film) et le scénario, en plus d'être vicieux dans son dénouement, contient le personnage le plus incroyable de sa filmographie.

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Pas étonnant que Gene Hackman ait confié un jour que ce rôle soit le préféré de l'ensemble de sa carrière tant il semble investi à 200% dans son personnage. Métamorphosé physiquement, il ira même jusqu'à apprendre à jouer du saxo pour muer intégralement en Harry Caul et devenir un pilier fondamental du tournage, Coppola fatigué déléguant de multiples tâches à Walter Murch, monteur qui sera plus tard derrière Apocalypse Now. Alors qu'Harry incarne la réussite dans la domaine de la surveillance, le self made-men dans toute sa splendeur, il nous est montrés pieds et poings liés devant une affaire qui le dépasse et qui, alors qu'il cherche à outrepasser ses compétences, va le transformer entièrement jusqu'à l’annihiler. Si l'on peut y voir là un appel à l'aide de Coppola qui a donné tout ce qu'il avait sur Le Parrain et qui est effrayé à l'idée de reprendre la suite, il faut surtout y voir une mise à plat de ses compétences et de son savoir faire qui, à l'instar des frères Coen sur Barton Fink, va se voir auréolé d'une récompense internationale qui va lui permettre d'entamer la seconde partie de sa carrière avec confiance.

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Et pourtant, le pitch de départ est basique et le twist final l'est encore plus. Mais c'est le cheminement qui est important ici et qui nous fait prendre conscience de tout le talent et le génie de Coppola. Ici, on se met à nu et on ne cherche pas à dépatouiller un nœud politique. L’atmosphère paranoïaque nous est davantage insufflé par l'intermédiaire d'Hackman que par l'intrigue. L'acteur transpire, ne fait confiance à personne, observe tout le temps et ne parle qu'avec parcimonie. Il personnifie le secret, la paranoïa, la peur que représente son métier. C'est là tout le liant du film et l'importance capitale d'avoir un acteur impliqué dans son rôle. Le reste du casting n'est fait que de pièces rapportées de ses autres projets (John Cazale) ou de ses connaissances (Harrison Ford confié par George Lucas). Mais bien qu'ils ne soient pas en reste, c'est Harry Caul qui est la pièce maîtresse du film, sorte d'alter ego mélancolique du réalisateur.

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Alors qu'on pourrait voir dans Conversation secrète le chant du cygne d'un cinéaste en pleine possession de ses moyens mais sachant son heure proche, on assiste en fait à la renaissance du phénix qui, après s'être éteint dans une flamboyance incroyable, renaîtra de ses cendres avec le deuxième épisode du Parrain. En cela, il se rapproche de Martin Scorsese, un autre artiste du nouvel Hollywood qui aura su, par son personnage de Travis Bickle dans Taxi Driver, retranscrire l'état d'esprit d'une nation en proie au doute et à la violence.

7,5/10

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Client (Le) - 4,5/10

Messagepar Jack Spret » Ven 27 Nov 2015, 11:02

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Le client - Joel Schumacher - Etats-Unis - 1994

¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤

Le jeune Mark Sway est témoin du suicide d'un avocat véreux qui se confesse à lui avant de mourir. Mark est alors autant courtisé par la police que par les mafiosi. Il refuse de parler mais, conscient du danger qu'il court, il se décide cependant à engager une avocate, Reggie Love, qui accepte de le défendre pour un dollar symbolique.

¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤


Quand on pense Grisham + Schumacher, on a tout de suite en tête Le droit de tuer car il y pose une question fondamentale qui fait écho au second amendement de la constitution américaine. Mais bien qu'il s'agisse du premier roman de l'écrivain, c'est la deuxième fois que le cinéaste l'adapte. A cette époque, Schumacher sort tout doucement de l'ombre et fait parler de lui avec Chute libre, film culte s'il en est. Face à l'étalage de violence et d'acharnement à défendre ses droits dont faisait preuve Michael Douglas, il faut donc passer par une case un peu plus neutre, tout en conservant cette volonté de mêler thriller et justice. Grisham est donc tout indiqué et c'est rapidement que se met en branle le projet d'adaptation, le film voyant le jour en salles moins d'un an après la publication du roman.

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Le fait d'avoir un personnage principal âgé de 11 ans oblige Schumacher à canaliser la violence et livrer un film tout public, excluant dès le départ la possibilité d'une fin macabre. Pourtant, la scène introduisant l'intrigue est litigieuse, le personnage de l'avocat véreux jonglant avec l'infanticide. Mais elle est désamorcée d'une part pour faire avancer l'intrigue et d'autre part, pour la concentrer sur l'enfant plutôt que sur la répercussion du suicide. On comprendra donc aisément pourquoi, en terme de box office, Le client passera derrière Le droit de tuer, les Américains étant friands de loi du talion et d'auto-défense. Dommage car Grisham avait là un terreau fertile qui aurait pu directement le faire entrer comme un digne successeur des grands écrivains américains. Mais on peut aisément comprendre que Schumacher n'aurait pas choisi d'emprunter cette voie si cela avait été le cas, une image artistique étant rapidement esquissée.

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Cependant, Grisham il reste très proche du projet et va jusqu'à mettre son grain de sel dans le casting, soumettant la condition obligatoire de choisir un acteur inconnu originaire de l'état dans lequel se situe l'action, renvoyant ainsi Macaulay Culkin. L'identification au jeune garçon devient donc plus facile et on lui pardonne plus rapidement son manque de charisme. Derrière le travail d'adaptation, on sent la fibre Robert Getchell, le scénariste derrière Alice n'est plus ici et Blessures secrètes. Grâce à son travail, le film parvient à être tout aussi intéressant, voire plus, sur le plan émotionnel que juridique. La mère de substitution que représente Susan Sarandon devient au fur et à mesure le pilier de l'histoire, renvoyant le personnage de Tommy Lee Jones à un simple rival sans saveur.

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Malgré toutes ces notes d'intentions positives, le film reste mollasson, la faute à un rythme peu trépidant et à la mauvaise exploitation des mafiosi qui, bien que superbement représentés par Anthony LaPaglia et Kim Coates, ne sont réduits qu'à de vulgaires débiles désorganisés ne parvenant pas à venir à bout d'un enfant d'école primaire. Quand on voit le résultat, on comprend le choix initial de l'acteur de Maman, j'ai raté l'avion...

4,5/10



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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2015

Messagepar Jimmy Two Times » Ven 27 Nov 2015, 11:09

Adaptation typique de Grisham, on s'emmerde royalement...
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2015

Messagepar Mark Chopper » Ven 27 Nov 2015, 11:24

En même temps, comment tirer un bon film d'un livre signé par un auteur de merde ? :chut:
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2015

Messagepar Jack Spret » Ven 27 Nov 2015, 13:42

:super:
Perso, je sauverais juste Le clandestin de sa bibliographie.
Tout ce que j'ai pu lire d'autre, c'était pourri.


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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2015

Messagepar Mark Chopper » Ven 27 Nov 2015, 13:53

Le Clandestin pour moi, c'est un nanar où Rob Estes affronte un chat venimeux sur un bateau :eheh:
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2015

Messagepar Jed_Trigado » Ven 27 Nov 2015, 14:07

:eheh:

Le Droit de Tuer, c'est pas mal je trouve (après bon faut aimer les trucs fachos approved).
"Je mets les pieds où je veux Littlejohn et c'est souvent dans la gueule." Chuck Norris

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Orgueilleux (Les) - 8,5/10

Messagepar Jack Spret » Mer 02 Déc 2015, 20:24

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Les orgueilleux - Yves Allégret - France/Mexique - 1953

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Alors que son mari vient de mourir d'une méningite et que l'épidémie se propage, une touriste française en vacances au Mexique fait la connaissance d'un médecin alcoolique.

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Durant l'occupation allemande lors de la seconde guerre mondiale, Jean-Paul Sartre écrit une nouvelle dans laquelle son rejet du colonialisme en Indochine. Intitulée "Typhus", elle sera publiée en 1943. Alors fraîchement complices de travail, Jean Aurenche et Pierre Bost décident d'adapter l'histoire du philosophe, modifiant la géographie de l'intrigue au Mexique afin de changer le contexte social de l'histoire. Le typhus disparaît, donnant naissance à la méningite. Le duo s'acharne à retirer tout l'aspect politique de l'histoire pour n'en conserver que la psychologie des personnages. Jean Clouzot, le frère du cinéaste, vient à leur aide en s'occupant des dialogues, ciselant chaque réplique pour qu'aucun des personnages, même archétypaux, ne sombre dans la caricature. Un travail de longue haleine qui rendra un fier service à Yves Allégret, heureux bénéficiaire du scénario fini.

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Adieu l'idée dépaysante d'un Mexique en bord de mer. Chez Allégret, on y trouve des villages reculés dans lesquels des laissés pour comptes français vont venir souiller leur terre d'accueil par leurs idées pessimistes imbibées d'alcool ou leur froideur légendaire (celle-ci faisant référence à une réplique lancée par le patron de la cantina). Si les scénaristes ont totalement changé le décor, l'idée d'une tentative de conquête du mode de vie étranger y est toujours bel et bien présente entre les répliques. D'ailleurs, malgré l'utilisation de l'espagnol à de nombreuses reprises, certains locaux, et surtout ceux qui seront les plus représentatifs des sujets abordés (le curé, le caïd et le médecin) parlent le français. La note d'intention est donc bien réelle: on cherche à investir une autre culture en y immisçant la sienne.

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Si cette lecture ne paraît pas évidente au premier abord, le film ressemblant à première vue à un drame lambda teinté de romantisme, elle prend tout son sens lorsque l'on fait attention aux détails de l'histoire: le mari français responsable de l'épidémie, personnifiant ainsi le colonialisme; la blatte cherchant refuge dans le vêtement de Michèle Morgan, dressant le portrait d'une beauté nuisible; Gérard Philipe allant jusqu'à manger la chenille d'une bouteille de mezcal, montrant ainsi la force qu'il est susceptible d'avoir sur l'écosystème du pays). Ces éléments sont présents dans le sens où Allégret préfère capter de manière presque documentaire le rythme cardiaque du village plutôt que de se concentrer sur ce qu'ils ont à raconter et pourquoi ils le font.

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Ce sont d'ailleurs les scènes les moins dialoguées qui bénéficient du meilleur traitement à l'image: entre la danse d'ivrogne étirée jusqu'à l'ébriété, l'érotisme de Michèle Morgan cherchant à faire fondre de la glace sur son corps pour échapper à la chaleur écrasante (l'une des scènes les plus excitantes d'après Scorsese), ou encore la piqûre administrée comme vaccin qui font se rapprocher la peau et la sueur de deux êtres à première vue détestables, le choix est vaste et les répliques, bien qu'excellentes et toujours teintées d'un cynisme profond, ne servent en réalité que de transitions entre ces tableaux vivants.

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Sorti la même année que "Le salaire de la peur" avec lequel il partage de nombreux points communs dans sa manière de salir le drapeau français en le traînant dans la noirceur des situations et la déshumanisation des personnages, "Les orgueilleux" bénéficie également de l’œil scrutateur de Luis Buñuel, venu sur le plateau afin d'observer l'auto-dérision française et la manière dont le pays où il s'est refait une santé artistique est dépeint, son séjour sur le lieu de tournage étant récompensé d'un rôle secondaire en la personne d'un trafiquant. Si le film est gâché par une fin abrupte et trop optimiste (le plan final sera tourné par l'assistant du réalisateur sur fond peint, Allégret refusant de saboter lui même le sujet de son film à la demande de son producteur), cela n'enlève rien à son importance dans le patrimoine cinématographique français, permettant de voir réunis à l'écran deux des plus grands acteurs de leur génération pour le meilleur...et surtout pour le pire.

8,5/10



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Pont des espions (Le) - 8,5/10

Messagepar Jack Spret » Sam 05 Déc 2015, 12:00

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Le Pont des espions - Steven Spielberg - Etats-Unis - 2015

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James Donovan, un avocat de Brooklyn, se retrouve plongé au cœur de la guerre froide lorsque la CIA l’envoie accomplir une mission presque impossible: négocier la libération du pilote d’un avion espion américain U-2 qui a été capturé.

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Après avoir rencontré le fils de James Donovan à New York, le scénariste Matt Charman planche sur l'écriture d'une histoire traitant de l'affaire mettant en scène le premier échange de prisonniers entre Etats-Unis et URSS durant la guerre froide. Racheté par Dreamworks, Steven Spielberg se dit intéressé par le script, ralliant à sa cause les frères Coen, alors rencontrés sur le tournage de True Grit où il officiait en tant que producteur délégué. Si cette histoire au potentiel hautement cinématographique n'a pas vu le jour avant 2015, elle avait pourtant été scruté par les grands noms de l'époque (Gregory Peck, James Stewart) mais son existence sur grand écran était scellé d'avance, les relations entre les deux pays étant au paroxysme de leur tensions. Ce qui dans un sens arrange Hollywood et son amour pour les histoires romancés de self made men. Alors que le personnage incarné par Tom Hanks est présenté comme un avocat d'assurances lambda, renforçant ainsi la puissance de sa négociation lors de cette affaire, il est volontairement passé sous silence que ce même James Donovan était conseiller général de l'OSS, l'ancêtre de la CIA, durant la seconde guerre mondiale. Ce qui fait de lui un personnage rompu à l'art de la négociation et des relations internationales, justifiant alors le sang froid dont il fait preuve tout au long du film.

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Ce qui fait plaisir à voir à l'issue de la séance, c'est le fait que Spielberg semblait être dans des petits souliers lors du tournage. Habitué à respecter la réalité historique dans ses moindres détails, un travail titanesque a été fait pour plonger les acteurs dans un réalisme maximum. Des lieux de tournage aux costumes, des personnages aux ambiances visuelles et sonores, tout à été fait pour rendre crédible l'histoire. Là où le cinéaste se voit contraint de changer ses habitudes et de sortir de sa zone de confort n'a rien à voir avec sa volonté propre mais à un souci de santé de son compositeur attitré John Wiliams. Ce qui explique très certainement les 20 premières minutes silencieuses du film, rendant hommage à son travail en nous privant de musique pour accompagner les images. Idée géniale qui permet de se mettre dans la peau de l'agent russe, où la paranoïa et les regards inquisiteurs des anti-communistes s'ajoute à la peur de la chaise électrique.

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D'autres participants au film ont l'air de s'accommoder très rapidement au tournage. Que ça soit Tom Hanks qui collabore pour la 4ème fois avec le réalisateur et dont le rôle lui va comme un gant, son air bonhomme et passe-partout collant parfaitement au personnage de l'avocat et à la sympathie dont il doit faire preuve. Ou les deux frangins qui se font un malin plaisir de glisser des passages humoristiques entre deux moments de tension afin de désamorcer en finesse le côté thriller du film, ce dernier cherchant avant tout à être une reconstitution plus ou moins fidèle des faits. On échappe bien heureusement au manichéisme inhérent à ce genre de productions grand public. Entre le prisonnier américain certes torturé par le KGB mais qui obtient un jugement plus clément que celui orchestré dans son pays envers le communiste ou la CIA qui se détache complètement de l'étudiant emprisonné pour se concentrer sur un seul et unique objectif en la personne du pilote mais qui ne lésine pas sur les moyens de le rapatrier, la nuance de gris n'a jamais été aussi présente.

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On a même droit à une critique acide du capitalisme américain par le biais d'une scène où l'on nous montre le moyen efficace des pilotes pour se suicider: une aiguille empoisonnée cachée dans un dollar, appuyé par la réplique "Spent this dollar !". Le cynisme des Coen est bel et bien présent et la vigueur du propos s'en trouve décuplée en voyant ainsi que nous n'aurons pas un banal récit historique feuilletonné sous couvert de patriotisme écœurant (il me semble d'ailleurs qu'aucun drapeau n'est mis en avant). Et si la mise en scène assure le spectacle comme il se doit pour un film de cet envergure (le summum du spectaculaire allant à la scène de crash qui ferait pâlir d'envie celle de Flight), elle n'en oublie pas d'être minutieuse et discrète lorsque les personnages sont mis en avant et bousculés dans leurs convictions profondes (les scènes de plaidoyers, les négociations à Berlin-Est). Spielberg a donc réussi le mariage parfait entre divertissement familial, film d'espionnage semi-paranoïaque (nous savons qui est l'ennemi dans l'histoire) et biopic instructif et documenté. Grand bien lui en a fait d'attendre 3 ans après un Lincoln décevant.

8,5/10

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Tuez Charley Varrick ! - 9/10

Messagepar Jack Spret » Sam 19 Déc 2015, 19:33

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Tuez Charley Varrick - Don Siegel - Etats-Unis - 1973

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Charley Varrick cambriole une banque avec sa femme et un acolyte. Mais il comprend vite que la somme énorme qu'il a dérobée appartient à la mafia, qui lance un tueur à ses trousses...

¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤


Sorti 2 ans après Dirty Harry, Charley Varrick est un échec commercial lors de sa sortie. Prenant à contre-pied toute la mythologie construite autour du personnage d’Eastwood dans le film précédent, Siegel décide de faire incarner sa morale construite sur un refus des règles et de la société à l’autre pendant de la loi, le mauvais côté donc. Le film a eu la chance de sortir 5 ans avant la publication du roman originel "The Looters" de John H. Reese, écrivain habituellement cantonné au western. Cette filiation se ressent plutôt bien d'ailleurs si l'on découpe l'intrigue en imaginant qu'elle se déroule au Far West: des bandits de grands chemins qui cambriolent des banques de petites villes isolées avant d'être pourchassés par un chasseur de primes. Vu comme ça, l'intrigue de Charley Varrick peut paraître simpliste. Et elle l'est mais c'est là tout le talent du cinéaste qui va se mettre entièrement au service de son scénario pour apporter une imagerie. Il filme donc le Nevada et ses paysages arides et désertiques (comme le fera Cimino dans Le Canardeur un an plus tard, avec lequel il partage énormément de point communs), mais sans les magnifier, telles des portes de sorties pour ses marginaux, faisant écho à la solitude et à l'indépendance de chaque personnage, le mot revenant tel un mantra tout au long du film ("Last of the independents" devant être le titre original au tout début du projet).

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Le choix de Walter Matthau dans le rôle titre est intelligent car totalement à contre-emploi. Alors habitué depuis quelques années aux comédies burlesques, Siegel prend tout le monde par surprise en lui faisant incarner ce personnage antisocial, ayant compris la mutation proche de son pays et cherchant à se construire un capital pour l'avenir qui, aux yeux du cinéaste, est loin d'être radieux. Cette clairvoyance de la part du personnage de Charley est d'autant plus étrange que l'acteur annonça au réalisateur durant le tournage ne rien comprendre à ce que le film racontait. Pourtant, cette longueur d'avance qu'il semble avoir et sa capacité à semer des morts sur son passage n'est pas sans rappeler le personnage de Lee Marvin dans Point Blank, les deux hommes ayant un objectif commun (l'argent) mais se différenciant par leur rôle de proie et de chasseur.

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Même si l'on ressent très clairement un amour de Siegel pour son personnage de hors-la-loi, il n'oublie pas de mettre en avant la notion d'honneur, Charley ne faisant jamais de coups fourrés à Hermann, son acolyte. Il préfère laisser les événements se dérouler, sans perturber leur cheminement lorsqu'ils influent sur la vie d'un autre. Cet événement est interprété par le très charismatique et colossal Joe Don Baker, tueur embauché par la mafia qui souhaite récupérer son argent. Ce personnage est le miroir déformant de Charley, partageant un même prénom féminin (Mollie), une détermination sans faille et une volonté d'être proche de l'action (Charley pour les braquages, Mollie pour les punitions). Aucun des deux n'utilisera d'arme à feu envers l'autre, préférant s'engager dans une partie d'échecs où celui qui verra son roi renversé empochera le magot. Ses conflits sont omniprésents dans le film, qu'ils se retrouvent dans la méthode de travail (l'intelligence contre la force), dans la capacité de jugement (la fougue de la jeunesse contre l'expérience) ou encore dans la notion de vengeance (la fuite en avant contre l'acceptation frontale de l'adversaire).

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Cette notion d'honneur se retrouve également du bon côté de la loi, Siegel s'attardant sur l'hommage certes rapide mais bien présent du shérif envers le flic tombé durant l'exercice de sa fonction (le chapeau reposé contre le visage du policier tué par balles). Sans concessions, le film l'est avec la gente féminine. Machiste en diable, les anti-héros de Siegel balancent répliques cinglantes et gifles retentissantes à celles qui se mettront en travers de leurs chemins, la seule muse respectée de l'histoire étant une morte qui n'apparaît que durant l'introduction. Si le film n'a pas eu le succès escompté à sa sortie, il n'est pas surprenant de constater qu'il inspire encore aujourd'hui (on pense notamment à "No country for old men") par sa capacité à dépeindre un monde intemporel: celui régi par l'argent et la loi du plus fort.

9/10

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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2015

Messagepar Jed_Trigado » Sam 19 Déc 2015, 19:37

Excellente critique, de loin le meilleur Siegel avec Dirty Harry. :super:
"Je mets les pieds où je veux Littlejohn et c'est souvent dans la gueule." Chuck Norris

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