[Nulladies] Mes critiques en 2016

Modérateur: Dunandan

Five - 4/10

Messagepar Nulladies » Ven 12 Aoû 2016, 06:29

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En français ça s’appellerait « Cinq ».

Sinon, qu’est-ce que ça raconte du côté de la comédie française par et pour les jeunes ?
Pas grand-chose, ma foi.
La fuite en avant est éperdue – dès ce titre - derrière le grand frère ricain, qui semble avoir traumatisé une génération entière depuis la scato des Frères Farelly le sexe cru d’Apatow et les excès en tout genre des Very Bad Trips.
On vous remixe tout ça dans un premier film dont le manque d’originalité semble être la condition première pour rallier à sa cause un public formaté. Herbe, sexe, amitié, caméo foncedé, ode à l’amitié sur fond Friends (assumé au point qu’on le cite explicitement) se déroulent dans une suite de sketches souvent inutiles, parfois embarrassants.
Ce qui étonne un peu, c’est la lucidité avec laquelle on reconnait toutes ses limites : ces potes « jouent à » et le savent. Aux dealers, aux branchouilles, au verlan, aux vulgaires, sans que personne ne soit vraiment dupe. La pose est permanente, et seul le duo Niney/Civil (déjà l’unique personnage potable dans le très pénible Made In France) s’en sort sur quelques séquences qui peuvent, dans leur écriture et leur jeu, arracher quelques sourires. Les autres sont des potiches de TF1, joliment éclairées, sans aucune substance ni un quelconque potentiel comique.
Potpourri, encore, cette esthétique directement issue des séries, avec twists en carton et musique electro-mainstream dans l’air du temps, pour un résultat clipesque et stériles à grand renforts d’ellipses par raccords dans l’axe ou de sommaires foireux, notamment sur une atroce caméra subjective via les yeux d’un chien, oui, oui, un chien.
Bref. Entre les séries, les formats brefs et la comédie à papa (dans laquelle on s’inscrit tout de même, entre « Je visite la vieille pas seulement parce que je lui vend de l’herbe », « je tringle la planète mais je rechercher l’amour » et « je crains de m’engager parce qu’en fait je n’ose pas te dire que je suis enceinte et amoureuse de toi »), on ne sait plus trop sur quel pied danser, et c’est peut-être pour cette raison qu’on l’a utilisé pour filmer cette comédie, comme tant d’autres, en tout point dispensable.
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Film: Five
Note: 6/10
Auteur: Alegas

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9 Reines (Les) - 6,5/10

Messagepar Nulladies » Mar 16 Aoû 2016, 06:06

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La frime était presque parfaite.

Premier film du regretté Fabián Bielinsky, Les 9 reines suit la voie royale de l’intrigue à twist fondée sur le principe de l’arnaque.
Avant que le projet du coup central n’émerge, la première partie du récit s’attache au portrait des malfrats et au catalogue assez plaisant de leurs méthodes. Bielinsky y voit l’occasion d’un état des lieux de Buenos Aires, ville gangrenées par les escrocs, où chaque coin de rue est un danger potentiel, qu’on vous détrousse discrètement, avec le sourire ou directement par la violence.
Le duo qui se forme joue des contrastes : d’un côté, Darin en roublard expérimenté, mais incapable de tenir ses engagements et tentant à chaque étape de doubler ses collaborateurs, permettant au spectateur de mettre en doute à peu près chaque étape du plan minutieux qui se prépare. De l’autre, un disciple plus discret, qui semble être écrit pour permettre l’identification initiatique à ce milieu tout en faux semblant.
La réalisation n’est pas particulièrement ambitieuse et l’on sent qu’on est face à un premier film aux moyens limités : quelques travelings circulaires et deux ou trois ralentis font office de la même poudre aux yeux que celle que les personnages se servent entre eux. Bielinsky mise clairement le tout sur son scénario, roublard et sympathique, un peu excessif dans sa course au twist mais maintenant clairement l’attention. Sur le principe qu’on voyait déjà dans L’Arnaque, il s’agit d’inverser en permanence les principes : pour attirer dans ses filets un pigeon, le meilleur moyen est de lui faire croire que c’est lui qui vient vous chercher.

Le retournement final, sur le modèle de l’indépassable Usual Suspects, ne tient cependant pas toutes ses promesses : sur-explicite pour prouver qu’il tient la route, il advient au bout d’un tel nombre de twists qu’on en a un peu soupé. Et ce qu’il affirme est avant tout l’artificialité de l’écriture du film, obsédé par la diversion (à savoir, le jeune méfiant toujours craintif de se faire entuber par l’expert) au point qu’on l’avait assez tôt soupçonnée.


Il serait pourtant malhonnête de bouder son petit plaisir fugace : Les Neufs Reines est à l’image des arnaques qu’il dévoile : un tour de passe-passe malin, éphémère et à ne voir qu’une fois.
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Note: 6/10
Auteur: Scalp

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El Aura - 8/10

Messagepar Nulladies » Jeu 18 Aoû 2016, 06:03

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Forest jump

Pour son deuxième film, Fabián Bielinsky déjoue les pièges du succès du premier : même si le mensonge et le braquage sont au centre de son récit, il ne sera absolument pas question de jouer la même formule. L’une des fausses pistes du film, la martingale au casino, pourrait en être un indice : la recette miracle n’existe pas, et il faut composer avec l’inattendu.
Celui-ci va prendre la forme d’un contre-pied assez radical par rapport aux Neuf Reines : d’un univers urbain et sur-signifiant, fondé sur un duo roublard, on passe à une nature contemplative et une solitude mutique. Ricardo Darin, aux antipodes de son rôle d’arnaqueur précédent, est ici un taxidermiste épileptique qui se voit entrainé dans une spirale criminelle à laquelle il aurait dû rester étranger. C’est là l’originalité et le parti pris du récit : ne pas jouer sur le twist, mais rendre compte au contraire de la façon dont la supercherie se met en place. Dans la belle séquence de fantasme de braquage, sous forme de jeu, Esteban met en place un ballet qui prend forme sous ses mots. La suite de l’intrigue lui offre sur un plateau un plan réel, duquel il va devenir le maitre, reconstituant progressivement le puzzle avant de le mettre à exécution.
Les diverses crises du personnage accentuent les béances d’un récit presque onirique : endossant un rôle qui lui sied mal, en prise avec des truands bien plus expérimentés que lui, Esteban joue, mais avec inquiétude. La caméra, par de lents mouvements circulaires, dévoile progressivement un environnement duquel il a tout à apprendre. Lui qui s’occupait jusqu’alors des dépouilles à remplir pour leur donner l’apparence du vivant, va appliquer sa méticulosité dans un projet qui va empiler les cadavres.
La photographie souligne admirablement l’irréalité de cette parenthèse dans sa vie : l’atmosphère sylvestre, les routes à n’en plus finir, les longues plages de silence le mettent autant sur la voie d’un plan concret qu’ils semblent le faire quitter le réel.
Esteban voit son statut se modifier progressivement : rêveur du premier braquage, spectateur du second, qui se révèle déjà un échec, il organise sans entièrement le maitriser le troisième. Si Bielinsky joue avec les imprévus et les retournements, c’est davantage au profit d’une noirceur, voire d’une mélancolie, que de l’héroïsation de son protagoniste. Figure ambiguë du spectateur, ce dernier jouit de l’omniscience, sans parvenir à la transformer en actes éclatants.
De ce fait, l’épilogue, lui-même elliptique clôt la parenthèse onirique et presque ludique, dont il ne reste qu’un témoin, mutique, mais bien vivant, chien et loup, sauvage et domestique : un complice idéal de ce personnage hors-norme.
Un infarctus à 47 ans a fait de ce film le dernier de Fabián Bielinsky. A noter tour de fantasmer avec regrets sur ce qu’aurait été la suite de sa filmographie, qui commençait sous les meilleurs auspices.
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Carancho - 6/10

Messagepar Nulladies » Jeu 18 Aoû 2016, 06:04

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À tombeau couvert

Carancho commence comme À tombeau ouvert de Scorsese, par une plongée dans les gardes de nuits et les accidentés de la route. Un montage alterné permet un double portrait assez trompeur et intriguant : d’un côté, une droguée qui se révèle médecin, de l’autre, un altruiste anonyme qui se révèle charognard au profit d’une compagnie d’assurances véreuse.
Cette rencontre sur fond de chaos permanent est la première réussite du film : des êtres brisés dont le quotidien consiste à réparer les dégâts d’un monde qui semble se rompre en permanence, et que les ruines duquel on parvient encore à tirer profit.
Ricardo Darin a toujours aimé joué les arnaqueurs, et l’Argentine elle-même explore souvent ce sujet, des Neuf Reines à El Aura : l’escroquerie est au cœur du système, et Carancho (le rapace, le charognard) a aussi pour ambition de faire l’état des lieux d’une société tentaculaire dont on ne peut vraiment s’extraire sans compromission morale. De ce point de vue, le couple, déjà bien abimé par la vie et la logique tragique des événements empêchant quiconque d’avancer fonctionne plutôt bien, surtout lorsqu’elle oppose aux machinations la détresse réelle des victimes et les possibilités d’une vie sincère, à l’image de cette séquence d’anniversaire.
De la même manière, le regard sans concession porté sur le milieu hospitalier achève la démonstration : même du bon côté de la loi, l’étouffement est en vigueur, exploitant la jeune interne jusqu’aux limites de ses capacités physiques, en dépit du manque de moyens et d’une atmosphère dans laquelle les blessés continuent à se battre à l’intérieur même des salles de soin.
Malheureusement, la volonté d’accentuer les effets du thriller délaisse cette ambition réaliste au profit d’une intrigue qui ne cesse de s’enliser dans la surenchère. Vengeance du milieu dont on veut s’extraire, passages à tabac, mallette de billets, rien ne nous est épargné, jusqu’à un double final pas loin d’être grotesque dans sa tentative de rejouer les codes des arnaqueurs dans une nouvelle optique. On n’en demandait pas tant, et ces excès édulcorent grandement les promesses initiales, plus modestes mais autrement plus substantielles.
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Dans ses yeux - 8/10

Messagepar Nulladies » Ven 19 Aoû 2016, 06:12

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Peine capitale

Si l’on voulait définir les critères d’un excellent film de divertissement, Dans ses yeux pourrait aisément être pris comme modèle. Romanesque en diable, ambitieux dans sa structure et sa temporalité sur 25 ans, sachant combiner habilement le polar, le judiciaire et la romance, le film a tout pour lui en terme d’équilibre.
Pour y parvenir, la mise en abyme, certes facile, de l’écriture aide à mettre en place les différents éléments. Par le biais de l’écriture du souvenir et l’inclusion de la subjectivité, voire d’un certain révisionnisme, le récit propose plusieurs départs, plusieurs angles pour aborder une affaire complexe et vieille de 25 ans. Un passé qui ne passe pas, et dans lequel se mêlent plusieurs registres, inextricablement liés.
Cette fluidité admirablement gérée permet dès le départ l’adhésion du spectateur : intrigué par l’enquête (notamment lors d’un superbe plan séquence sur une poursuite dans un stade de foot), ému par une histoire d’amour qu’on sait déjà condamnée grâce aux prolepses, touché par des personnages parfaitement caractérisés (Sandoval et sa touche d’humour triste, le veuf obsessionnel, le couple épris à la fois l’un de l’autre et de justice), on se laisse embarquer dans un récit aux multiples rebondissements. Tout cela fleure certes le bon le roman policier comme on en fait chaque année, et sans une originalité confondante, mais bénéficiant ici d’un traitement de premier ordre.
Car Campanello aime prendre son temps : dans les dialogues, dans une traque laborieuse et une justice qui s’écorche à de nombreuses reprises à des impératifs moins nobles, dans l’expression du sujet principal : la passion. Pour ce faire, c’est bien dans les yeux qu’il faut la chercher. Le travail sur la disposition des personnages dans ce bureau des greffiers, le jeu sur les focales pour mettre en valeur les yeux pénétrants des protagonistes, tout concours à incarner au plus haut point les enjeux. Le policier devient ainsi un prétexte à des questions plus vastes : le travail de la mémoire, l’impuissance face à un système, la capacité à oublier ou rester fidèle à des principes. Toutes les strates abordées par le récit se répondent en permanence : le cliché permettant l’identification du suspect, qui regarde la future victime, annonce celui où Benjamin regarde Irene le jour de ses fiançailles. Celles-ci incarnent d’ailleurs l’ordre d’un système immuable (les aristos se marient entre eux) qui sera celui de l’Etat pour Morales, le mari de la victime, contraint d’accepter la libération du tueur.
En position d’écrivain, le protagoniste est donc dans la complaisance : le retour des lecteurs devenus personnage de son intrigue permet une mise en perspective qui aiguise les enjeux : on le somme de passer à autre chose, et de vivre au présent. « N’y pensez plus. Vous auriez mille passés et pas de futur ».
Certes, la volonté de conclure à tout prix occasionne des happy-ends qu’on aurait pu infléchir au regard de la subtilité première du film. Mais après tout, il s’agit bien d’un film sur la passion, et sur l’écriture : si l’on compare l’épilogue avec les introductions à l’eau de rose tentées par l’apprenti écrivain, on peut décider d’avoir la même distance face à lui. On gardera alors du récit cette plongée dans les tourments humains : la peine, l’amour, l’espoir, la vengeance, l’opiniâtreté, offerts dans le secret de leurs yeux.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar caducia » Ven 19 Aoû 2016, 07:37

belle retro de Ricardo :super:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Sam 20 Aoû 2016, 06:09

caducia a écrit:belle retro de Ricardo :super:


héhé, merci :)
Il me reste El Chino et XXY, si tu en vois d'autres indispensables, n'hésite pas à me les signaler !
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Jason Bourne - 6,5/10

Messagepar Nulladies » Sam 20 Aoû 2016, 06:10

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Quelques gammes de fitness dans un monde de brutes.

Lorsqu’une franchise dépasse la trilogie de rigueur, les attendus ont tendance à s’édulocorer, principalement en ce qui concerne la trame scénaristique : on vend davantage le retour d’un héros et son environnement visuel qu’une avancée novatrice dans sa caractérisation ou son histoire. L’avantage avec Jason Bourne, particulièrement avec le retour de Greengrass aux affaires, c’est que ces éléments bénéficiaient d’une véritable identité dans la trilogie originelle.
Il faut donc un tolérance certaine face aux lacunes de ce quatrième opus pour en apprécier les traits les plus saillants. Le retour de l’agent qui n’est plus du tout amnésique, pas plus que son spectateur, n’échappe pas à la revente d’une soupe au goût plus que familier : complots, course-poursuite, camouflages dans la foule, esthétique à la 24H et questions éculées sur la surveillance et les libertés individuelles sous la caution post-Snowden.
Greengrass lui-même se fait un point d’honneur à reprendre les choses où il les avait laissées, et la lassitude peut émerger de temps à autre. Il fut un temps où nous servir une caméra à l’épaule ou des zooms brusques donnait l’illusion documentaire ; aujourd’hui, ce n’est qu’une signature stylistique un peu poseuse, à la limite de la lisibilité dans certains combats en corps à corps ou carambolages numériques à la lisière du grotesque. De la même manière, nous imposer au moins cinq fois le même flashback en le rendant progressivement moins flou semble déjà à peine pardonnable pour un premier film…
Autant de petits fils blancs pour faire tenir cette reprise et qui l’entaillent à de nombreux endroits.
Il n’empêche que dans le flot des séquelles blockbusteiennes, où le super-héros numérique écrase de ses pixels toute concurrence, retrouver Bourne occasionne une respiration presque salvatrice. Cette esthétique brute, ce sens du rythme, cette façon d’évacuer tout pathos en se concentrant sur l’essentiel, à savoir un jeu international de chat et de souris, revitalisent un peu le cinéma d’action.
Deux éléments essentiels sauvent le film. D’abord, le rôle accordé aux femmes, qui confirme une tendance tout à fait réjouissante, de Fury Road au Réveil de la Force : de la blonde hackeuse à la brune entremetteuse et ambitieuse (la décidément minérale et fascinante Alicia Vikander, après Ex Machina) les femmes tirent les ficelles. Bourne, qui parle peu et se contente d’agir, devient un corps musclé en état de légitime survie : peu de stratégie, mais des gestes décisifs, et une obéissance à des injonctions qui le dépassent pour se rendre aux quatre coins de la planète. Casssel, son evil twin, pousse encore plus loin cette idée, en asset corvéable à merci, dénué de toute conscience.
Ensuite, la dynamique : s’il se déroule sur un arc clairement balisé, le récit procède surtout par sauts vers des séquences maitresses, dont certaines sont de grandes réussites. Dans le cahier des charges Bourne, il s’agit d’agir en plein jour, mais en quasi invisibilité : la variation proposée ici, à savoir mêler les protagonistes aux émeutes à Athènes, fonctionne à merveille. La séquence finale est certes assez ratée, voulant nous imposer une surenchère sur le déjà excessif carambolage berlinois du deuxième opus : mais la façon de multiplier les digressions et les convergences aura atteint son apogée lors de l’épisode londonien. Trahisons en cascades, doublages dans tous les camps renforcent la cavale et permettent un jeu géographique et meurtrier tout à fait émoustillant.
Le dernier échange avec Bourne le montre à la fois malin, désabusé et tout sauf dupe des intrigues qui se jouent autour de lui : le monde dans lequel on l’a programmé restera toujours le même : le spectateur avisé se dira exactement la même chose à l’endroit de ce nouvel épisode, sans pour autant bouder son plaisir.
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Dernier train pour Busan - 4/10

Messagepar Nulladies » Dim 21 Aoû 2016, 07:14

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Slowpiercer

Ainsi donc, du Zombie en mode Word War Z (à savoir rapide) dans un train en mode Snowpiercer, le tout en Corée.
Il faut bien reconnaitre qu’il y avait quand même de quoi se méfier.
Et ça dure deux heures.
Les défenseurs du genre nous diront sans doute « métaphore sociale et psychologique », parce qu’on retrouve un clodo, un yuppie, une femme enceinte, un papa pas très impliqué, un méchant patron et des jeunes joueurs de baseball dont la batte s’avérera salvatrice… A part alourdir un film trop long, et qui plus est mal joué, toutes ces strates n’ont aucun intérêt. Nulle complexité, des leçons de vie en carton sur la solidarité et l’esprit d’équipe qui se résument à « Allez-y, courez pendant que je me fais déguster » ou « Ahahah, je te pousse vers les mutants pour mieux m’en sortir dans mon plan perso à moi que j’ai »
Reste donc l’action, voire la possible épouvante.
La thématique du train occasionne certes quelques variations : la remontée des wagons et les différentes stratégies qu’elle suppose, le jeu sur les tunnels permettant un répit précaire, l’effet de masse sur les parois vitrée et les différents départs constituent une trame qui évite qu’on sombre dans un ennui trop mortifère.
Mais il reste le corps à corps.
Bon dieu, c’est pas possible tout de même, comme concept du zombie, quand même. Le truc le plus primitif qu’on puisse imaginer, un corps désarticulé avec des yeux blancs qui vient vers toi en ouvrant les crocs.
Et le premier qui me sort du « métaphore de la condition humaine mue par ses instincts primaires » je l’envoie mater du Bruno Dumont première période.
Ici, donc, ça éructe, on s’en fout, ça bouffe, on s’en cogne, ça court, on s’en tape.
Et ça dure deux heures.
Alors oui, l’amaigrissement progressif de la survival team pourrait être pris comme une forme d’audace, encore eût-il fallu qu’on s’attache auparavant à ces candidats au tartare géant
Les zombies, j’arrête : je crois qu’après Le crépuscule des morts vivants, nulle aube nouvelle n’est à attendre.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Jimmy Two Times » Dim 21 Aoû 2016, 08:45

Pas mieux, la presse a bien fumé encore une fois...et Dvdclassik aussi (purée il se tape une flopée de notes entre 7.5 et 9 chez eux :eheh: )
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Mark Chopper » Dim 21 Aoû 2016, 08:54

Tu sais, à force de mater du Hong Sang-soo ou des films muets, ça peut défouler.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Dim 21 Aoû 2016, 14:26

Jimmy Two Times a écrit:Pas mieux, la presse a bien fumé encore une fois...et Dvdclassik aussi (purée il se tape une flopée de notes entre 7.5 et 9 chez eux :eheh: )


C'est un peu à cause d'elle que je me suis tapé ce nanar... ça m'apprendra.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Jimmy Two Times » Dim 21 Aoû 2016, 16:48

Evite de qualifier ce film de nanar, la Gestapo veille au grain :chut:
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Toni Erdmann - 7,5/10

Messagepar Nulladies » Lun 22 Aoû 2016, 07:22

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L’immonde du silence

La trainée de poudre critique faite autour de Toni Erdmann lors de sa projection cannoise, alimentée par son absence remarquée au palmarès, peut être à l’origine d’un certain nombre de malentendus. Film fleuve, récit malade dans sa narration comme ses propos, il est loin de se limiter à la comédie qu’on nous a annoncée.
Le principe comique est pourtant à l’origine de son idée maîtresse, en la personne du père qui passe toujours par la mystification et les blagues pour s’exprimer : déguisement bancal, propositions absurdes pourraient, selon lui, combler le fait qu’il n’a rien d’intéressant à dire, voire que sa personne est d’une banalité affligeante.
En résulte effectivement un ballet de situations loufoques, le voyant s’installer dans le monde bien réglé du consulting et des réceptions en ambassades comme un chien dans un jeu de quilles. Le principe du décalage fonctionne à plein régime, et suit une logique croissante qui profite de la durée excessive du film, 2h42, pour embarquer son spectateur vers une cérémonie cathartique complètement improbable et néanmoins convaincante.
Ce sujet à lui seul pouvait donc faire une comédie ; mais les intentions à l’origine du père, pour troubles qu’elles soient (l’âge, la solitude, la perte récente de son chien), vont se confronter à la fille, qui ne va pas se contenter de fuir l’empêcheur de licencier en rond. Figure de l’executive woman, mutique et minérale, Ines est le pur produit de son époque. Alors qu’on pouvait réduire son rôle à celui de la femme sous pression, Maren Ade exploite la longueur du récit pour décliner les facettes de son identité, si tant est qu’on puisse en définir une : celle d’une femme qui rend coup pour coup. Soumise à une exigence hors norme dans son boulot, elle fait de même avec sa masseuse ; humiliée lorsqu’elle doit emmener la femme de son employeur faire trois heures de shopping, elle rend la pareille à son amant qu’elle contraint à éjaculer sur un cupcake dans une scène où le comique le dispute à une forme insidieuse de SM.
Le jeu qui l’unit à son père devenu Toni Erdmann, mi coach mi ambassadeur, sera donc à double détente : puisqu’il s’incruste, elle l’emmène partout ; le confronte à la drogue, à la violence économique, sans jamais desserrer la mâchoire face à ses facéties, obsédées par l’idée de gérer toute situation de crise, quelle qu’elle soit. Cette inversion des pôles, cette lutte de pouvoir qui ne dit pas son nom constitue la dynamique principale du film. Les comédiens sont excellent sur cette partition à double fond, et si une absence est à déplorer au point de vue du palmarès, c’est bien celle du prix d’interprétation féminine pour la fantastique Sandra Hüller.
L’identité est la grande malmenée : d’un ersatz de père, qui commence par dire qu’il a loué une fille de substitution, à ce Bucarest des affaires où l’on parle un anglais impersonnel, en amour comme en famille, rien ne semble faire figure de repère. Si le corps se rappelle de temps à autre (un pied dont le sang gicle, un appareil à tension dont l’alarme se déclenche), on parvient à l’évacuer avec le reste, en témoigne l’ironie féroce de la nudité finale, qui dit tout sauf la mise à nu des individus.
C’est sur ce principe de la distance que Maren Ade joue son principal atout. La durée des plans lors des malaises créés par le binôme, des séquences durant lesquelles tout peut advenir, d’un licenciement à un chant cathartique réellement émouvant. Il n’empêche que la redondance de certaines situations, le caractère un peu appuyé de certaines dénonciations, notamment sur le monde du consulting, empèsent un peu la durée fleuve du film. Si elle sait ménager des surprises ou créer des personnages pertinents (à l’image de l’assistante d’Ines, esclave consentante), la mise en scène est assez plate et le montage manque clairement de concision. À titre d’exemple, les préambules et épilogues en Allemagne auraient pu sans problème être coupés.
Ce trouble, ce poids général peut certes se justifier sur le parcours des personnages qui, et c’est la grande force définitive du film, n’apprennent rien. Maren Ade se sera contenté d’un portrait de deux grands malades, maladroits dans leur communication, balayant avec embarras les mots clés de bonheur, vie et quotidien. Cette absence de leçon, ce plan en suspens qui clôt le film, ce silence assourdissant (qui aurait très bien pu s’achever sur l’étreinte entre Ines et la peluche dans le parc) est une nouvelle forme de malaise qui renvoie à l’incapacité de l’être humain à réellement changer, a contrario de ce que les personnages de fictions nous démontrent traditionnellement.
Entre temps, il y aura donc eu cette tentative de narrativiser le réel pour le rendre savoureux : une fuite en avant sans réelle satisfaction, qui fait oublier l’essentiel, le grand absent et la grande quête de cette comédie plus existentielle qu’elle n’y parait.
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El Chino - 6,5/10

Messagepar Nulladies » Jeu 25 Aoû 2016, 06:18

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Îlot de printemps.

Petit film sans grande prétention vu dans le cadre d’une rétrospective Ricardo Darin, El Chino rejoint cette catégorie de feel good passant un peu inaperçu, à l’instar du Chef de gare ou de St Vincent. Le personnage principal y est invariablement un misanthrope que les circonstances vont forcer à sortir de sa retraite et se frotter à un monde absurde ou ridicule.
Ici, Darin s’amuse au rôle du vieux bougon obsessionnel, tenancier de quincaillerie rivé à ses livres de comptes, au sein d’une vie réglée comme une horloge avant l’arrivée impromptue d’un chinois dont il ne va savoir que faire. Le voir dans ce registre est une nouvelle preuve de son jeu décidément éclectique, même si certains pétages de plomb, face à la police ou aux fonctionnaires des ambassades nous servent le sanguin Argentin qu’on a coutume de connaitre.
La barrière de la langue avec son hôte n’est qu’une métaphore de l’absence totale de communication de Roberto, pour lequel soupire une femme lumineuse et entreprenante, mais incapable de guérir sa cécité sentimentale.
Classique et sans surprise, le film déroule son lot conventionnel de péripéties qui vont nous remettre Grincheux sur le droit chemin, le tout souligné par une petite musique sentimentale très franchement dispensable.
Il n’en demeure pas moins que cette brochette de portraits parvient à émouvoir. Le désir secret de romanesque de Roberto, fantasmant sur l’absurdité de la vie par le biais des faits divers, le regard hébété du Chinois en quête d’une famille ou de repères qui ne cessent de se dérober, cette femme qui garde le sourire malgré son dépit amoureux génèrent autant d’îles sentimentales que des courants nouveaux vont contribuer à rapprocher.
Un petit film hors-temps, pour les dimanches après-midi de pluie.
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Nulladies
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