[Nulladies] Mes critiques en 2016

Modérateur: Dunandan

Animaux fantastiques (Les) - 5,5/10

Messagepar Nulladies » Mar 22 Nov 2016, 06:35

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Diesel & rust.

Il y a des moyens plus suicidaires que d’autres pour développer une franchise – c’est-à-dire, essorer jusqu’à dessèchement intégrale une poule aux œufs d’or - : les suites à répétition ayant tendance à épuiser le filon assez rapidement, on voit fleurir les prequel et autres spin-off, garantie d’un public acquis à la cause et d’une certaine liberté scénaristique.
J.K Rowling opte ainsi pour une nouvelle saga située quelques générations avant celle d’Harry Potter, et délocalisée aux USA, l’occasion de noter quelques différences avec la sorcellerie made in Europe. Les clins d’œil sont nombreux, et le fan retrouvera (avec plaisir ?) les codes en vigueur dans le cycle originel.
Le New York des années 20 est le prétexte à une photo légèrement sépia et jaunie qui n’est pas dénuée de charme, surtout pour le spectateur gavé jusqu’au gosier de blockbusters technologiques et rutilants : ici, un certain goût pour l’authentique traverse, du moins dans les intentions, l’esthétique et les idées : la pâtisserie contre la conserve, et des thèses discrètement écologiques sur l’extinction des espèces ou la nécessaire ouverture vers l’inconnu en lieu et place de son habituelle et aveugle destruction.
Le bestiaire promis est certes éclectique, mais on peine néanmoins à réellement surprendre : des aptitudes (invisibilité, ailes triples, cuirasse lumineuse…) au design, on quitte rarement le terrain connu, même si certaines séquences peuvent prêter à sourire, comme celle de la taupe cleptomane dans une bijouterie ou d’un serpent à plume à taille variable.
Reste donc à nous présenter tout cela, et mettre en place une intrigue. Le duo classique entre un sorcier et un non-initié se charge de l’exposition, et même si elle n’évite pas certaines lourdeurs, le personnage de l’impétrant boulanger est assez attachant, et leur valse avec deux sœurs sorcières sait ménager quelques échanges un peu malicieux.
Il n’en reste pas moins que ce pseudo nouvel univers accuse des lenteurs au démarrage d’un bon vieux diesel : le rythme est problématique, d’une mollesse assez surprenant en cette époque de montage frénétique, sans pour autant instituer une quelconque valeur à la lenteur : on s’ennuie un peu, on attend beaucoup.
Le problème est là : maintenant qu’on nous a annoncé que cet univers se déclinerait en cinq épisodes, il semblerait qu’on attende de nous une tolérance pour cette longue introduction. Les enjeux sont toujours les mêmes (les sorciers luttent pour rester inconnus des humains, certains sorciers ont des velléités guerrières), et la gradation vers les scènes spectaculaire assez vaine : on en revient toujours à ces fumerolles noires, signe d’une puissance dark side qui semble aussi ringarde qu’elle l’était dans Spiderman 3, c’est dire, le tout dans des destructions numériques de rues entières avec un sens de la répétition qui lasse rapidement.
On le sent bien, tout se prépare. Certes, l’imaginaire garde le pouvoir, occasionnant de belles idées (la valise et sa dimension interne défiant les lois les plus élémentaires de la géographie, la scène de condamnation à mort, correcte) comme des ratés (l’excitation nuptiale du rhino/néon, des combats à coup de baguette désormais vraiment éculés), mais les personnages manquent encore cruellement de chair. En ahuri gentiment barge, Eddie Redmayne lasse plus qu’il ne séduit, et sa side-kick Katherine Waterson peine à donner chair à un personnage assez inepte.
Des animaux, certes. Fantastiques…cela reste à prouver ; les producteurs ont le temps, et le savent : c’est là justement un des éléments qui irrite le plus.
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Détroit de la Faim (Le) - 9/10

Messagepar Nulladies » Jeu 24 Nov 2016, 06:42

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The law : sank redemption

Pour qui croirait que le cinéma japonais a pour principale vertu de nous ouvrir à une esthétique (son sens du cadre, ses intérieurs) et des questions idéologiques nouvelles (morale du Samouraïs, histoire troublée, soumission et rapport à l’ordre), Le détroit de la faim offre un démenti vivifiant : on y trouvera l’ampleur d’une saga sociale assez européenne, un film noir tout ce qu’il y a de plus yankee, doublé d’une réflexion digne d’un roman russe à la Dostoievski sur la culpabilité et la rédemption. Rien que ça.
Sur le Japon ruiné de 1947, s’ajoute, dans la séquence initiale, un typhon dans lequel chavirent les civils : cette mère agitée dans laquelle se fond des criminels à l’activité elliptique résume parfaitement l’état des lieux d’un pays martyrisé. A partir d’une situation volontairement floue, le récit dessine trois trajectoires qui vont s’étirer sur une décennie : celle d’un policier acharné au point d’en perdre son poste au fil d’une enquête qui se dilue, du criminel qu’il poursuit et d’une prostituée, figure féminine du tableau qui en dit long sur le statut de la femme et les moyens sur lesquels elle peut compter pour se trouver une place.
Sans jamais s’appesantir, la destinée des personnages illustre les tentatives de reconstruction, entre le maintien d’un ordre moral et sa mise à mal inéluctable : chaque personnage est en proie avec un antagonisme rampant : le silence d’un monde qui agit surtout dans l’illégalité pour le flic, le passé qui se rappelle au paria devenu riche industriel, l’impossibilité pour la femme de gagner sa vie dans la dignité.
Pour conduire cette saga qui s’étend sur trois heures, Uchida se montre bienveillant à l’égard du spectateur. La dynamique de l’enquête motive toute la structure, sur un modèle déjà exploité avec brio par le maitre Kurosawa dans ses polars sociaux, qu’on songe à Entre le Ciel et l’Enfer, Les Salauds dorment en paix ou Chien enragé. Le flic qui s’y abime élabore, au fil de visions en négatif, des probabilités de récits qui restent dans l’impasse tandis qu’une histoire bien réelle, celle de Yaé la prostituée, découle directement du passage subreptice de cet homme mystérieux dans sa vie.
Alors qu’elle construit une sorte de gratitude passionnelle, qu’il devient impérieux d’exprimer de la même façon qu’on a besoin d’un corps pour pouvoir faire son deuil, le personnage d’Inugai Takichi est devenu, en l’espace d’une décennie, un autre, refusant obstinément les résurgences de l’acte originel. Celles-ci sont pourtant, sur le modèle de la tragédie, ineffaçables, reliques aussi morbides qu’insistantes : la cendre, l’ongle fétichisé par la femme, le journal marquent sans répit un passé qui ne passe pas.
Commence alors le dernier acte : le renouveau d’une enquête, en écho à la première, où de nouveau, deux cadavres suscitent toutes les hypothèses. Mais à l’action succède le temps des discussions : on a beau avoir dépassé les deux heures de film, l’ennui n’est pas de la partie, et ce pour une raison très simple : non seulement, des béances restent à remplir, mais surtout, tout ce que ces dix années ont construit jouit d’une densité qui rend les enjeux bien plus intense. Face à un personnage qui n’a cessé de consolider sa fortune tout en rachetant au quotidien sa faute première, l’équipe d’enquêteurs devise, dans des tablées qui rappellent les débats passionnants et vitaux des Douze hommes en colère.
L’impasse morale est inextricable : les circonstances expliquent, mais la façon dont les événements ont acculé les protagonistes les pousse à commettre l’irréparable. Luxe ultime du récit au long cours, s’achever de façon aussi abrupte, dans un final cathartique saisissant au cours duquel le sillage d’un navire dit toute la misère et l’ironie du destin.
Vie et mort, mensonges et zones d’ombres, plan d’ensemble social et intimité tourmentée, culpabilité et rédemption : en trois heures denses et au contraste superbe, Uchida esquisse avec brio la misérable condition de l’homme.
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Vidéodrome - 8/10

Messagepar Nulladies » Jeu 24 Nov 2016, 06:44

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Can’t tie a thrill.

Face à la cohorte de navets formatés au possible que propose le cinéma d’épouvante, Cronenberg propose, dans son début de carrière, un parcours singulier et – enfin – digne d’intérêt. L’intrigue de Videodrome est à ce titre d’autant plus fascinante qu’elle prend justement pour point de départ cette quête du frisson par le spectateur, qui, lassé des formules éculées, cherche à augmenter les doses et levers les curseurs pour pouvoir retrouver de quoi le faire vibrer.
Videodrome propose ainsi, avant toute chose, une réflexion sur le cynisme et le caractère désabusé de personnages errants dans une société capitaliste qui ne sait plus comment susciter le désir. Une sexualité déviante, une philosophie nouvelle intégrée à des concepts d’émissions vont, croit-on pouvoir pimenter à nouveau les mornes existences. Dans ce monde en marge des 80’s où l’écran est roi, le kitsch et les couleurs criardes sont offerts comme de tristes ébauches de sens.
Cronenberg se pose dès cette œuvre la question fondamentale de l’interaction entre le corps et l’esprit. Puisque ce dernier commande les désirs, et que ceux-ci sont inféodés à la machine cathodique, le cinéaste imagine une dérive délirante dans laquelle la fusion des deux sera le ressort de l’épouvante. Cette question traversera toute son œuvre, des expérimentations (médicales dans Faux Semblants, scientifiques dans La mouche) aux jeux ludiques (Existenz) ou pervers (Crash) : cette accession à une forme de post-humanité, - une problématique qui hante aussi Houellebecq – se fait dans un élan d’inquiétante étrangeté, mêlant la fascination et le rejet.
Les images les plus marquantes, et qui feront date dans l’imaginaire collectif, voient ainsi le personnage de James Woods (qui semble né pour incarner un tel cynique passionnel au regard intense) se faire littéralement avaler par un écran avant de devenir lui-même un magnétoscope organique dans lequel on peut glisser des cassettes. Le vertige est total : entre une figure de gourou qui n’existe plus que par bande vidéo, une bombe sexuelle absorbée par l’écran et cet abdomen étrangement vaginal, auquel on greffe des attributs d’abord sexuels, puis mortifères, le libre cours au fantasme dérègle les sens comme les valeurs.
La puissance dévoratrice du fictionnel, thème qui fera aussi la saveur de l’Antre de la Folie, prend ici une dimension bien plus complexe : parce qu’on décèle bien à quel point le cinéaste explore ses propres obsessions, sans leur opposer nécessairement un discours stable et moralisateur. Un gourou en chasse un autre, une découverte lucide conduit à une nouvelle étape dans l’abandon de la réalité, vers une nouvelle chair aussi organique que virtuelle.
Enfin, le film d’horreur (si tant est qu’on juge pertinent de réduire une telle œuvre à ce genre) a du sens : parce qu’au-delà de son imagerie gore, il questionne justement le fantasme du voyeur, et conduit à une instabilité des plus fertiles. Parce qu’il prophétise, dès l’aube des années 80, la société virtuelle et ultra connectée qu’est la nôtre. Parce qu’il impose des images d’une audace folle, rivalisant avec l’onirisme noir des surréalistes. Parce qu’il sublime très nettement le frisson initial de l’épouvante qui n’est pas une fin en soi, mais bien le choc par lequel l’auteur ouvre des abimes dans lesquels se logent les parts sombres de notre retorse humanité.
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Comancheria - 8/10

Messagepar Nulladies » Sam 03 Déc 2016, 07:16

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Non-lieu commun.

Le défi qui se pose à David Mackenzie est le suivant : comment appréhender les clichés qui vont inéluctablement saturer son récit ? Road movie, braquages, traque, fuite en avant, paysages, rien ne manque ; et pourtant, tout fonctionne.
C’est avant tout une question d’atmosphère : rendre palpable la chaleur, la misère et la violence presque ordinaire, cette descente dans ce que l’Amérique peut transpirer de plus authentique. Deux atouts majeurs dans le jeu du cinéaste : une photo de qualité, qui crame à raison ses paysages et laisse des visages souvent mutiques prendre la charge, par une peau luisante, crasseuse ou ridée de sentiments qu’on ne cherchera pas à extérioriser ; et, bien entendu, la musique de l’incontournable Warren Ellis accompagné de son immense comparse Nick Cave. Lui seul parvient à creuser à ce point l’aridité d’une terre et la mélancolie de ceux qui l’arpentent. Qu’on se souvienne de l’intensité de L’assassinat de Jesse James, ou The Proposition pour s’en convaincre.
Sur cette trajectoire de deux frères braqueurs, Mackenzie pose une caméra ample, dont les mouvements accompagnent avec une certaine bienveillance, voire une solennité, ce qui n’est pourtant qu’une modeste virée. C’est là le cœur du projet : mettre tous les moyens pour ceux qui en manquent. L’Amérique déclassée, décatie, la modestie généralisée des personnages donne le sentiment au spectateur d’être invité dans ce qui n’est pas voué à être spectaculaire. On notera d’ailleurs une idée fantastique pour un film traitant d’une série de braquages : l’absence des médias. Pas de surenchère, pas de montée en épingle, nul recours à ce petit artifice pénible qui nous dicte toujours l’intensité des enjeux : ici, deux flics attendent devant une banque, plus ou moins convaincus de leur présence, et la foule, quand elle réagit, n’est pas forcément du bon côté de la morale.
Si le film est un peu didactique par instants dans l’exposition de sa thèse, le propos n’en est pas moins intéressant. Dans l’Amérique post-crise, le plus grand braqueur est bien le système bancaire. Les mystères des intentions et du plan des deux frangins excitent ainsi la curiosité, tandis que leur virée donne la parole à toutes les victimes de la violence capitaliste. Portraits à la volée, dans la lignée de ceux qu’on voyait de la crise de 29 dans Les Raisins de la colère de Ford ou Bonnie & Clyde de Penn : un mélange d’empathie et de colère pour toute cette masse silencieuse.
Si l’on évite le manichéisme, c’est aussi grâce à la trempe des personnages : un duo bancal, où l’un des frères représente la part d’ombre de l’autre, par sa violence brutale et son envie d’en découdre, tandis que le plus malin des deux aboutit à une morale assez trouble sur le bonheur familial. Et, de l’autre côté du spectre, un duo de flics capiteux, au sommet duquel trône un Jeff Bridges impérial, sorte d’écho au personnage de Tommy Lee Jones dans No Country for old men. On se vanne, soucieux de s’inscrire dans la pose propre à sa fonction : le flic du Sud, entre racisme et picole bon enfant. On attend la mort, aussi, croyant, par la lucidité, être capable d’en déjouer l’effet de surprise : mauvaise idée. Elle a toujours plusieurs coups d’avance.
Le monde ne s’arrêtera pas de tourner, et le système se remettra vite de cette égratignure. Mais elle soulage un temps, autant que ce film qui nous prouve qu’on pourra toujours revisiter les mêmes poncifs, pourvu qu’on ait du talent.
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Sully - 3/10

Messagepar Nulladies » Mar 06 Déc 2016, 06:42

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Le salon d’une villa en bois blanc. Derrière la double porte, la petite bande de pelouse donnant sur la rue. Le journal, la bouteille de lait sur le porche, le drapeau américain et un yellow bus qui passe. Dans l’atmosphère, une musique de cuivres solennels.

-Vous savez tous pourquoi on est là.
- Clint veut se lancer dans la politique, et notre boulot, c’est de l’en empêcher.
- Il a fait assez de dégâts comme ça la fois précédente, mais Clyde a trouvé la parade : on le soulage avec la fiction.
- American Sniper a cartonné, on continue sur cette lancée.
- J’ai, chef, cherchez plus ! une travailleuse humanitaire kidnappée par des pirates somaliens et libérée par les Navy Seals, ça fleure pas bon le patriote en chaleur, ça ?
- Heu, Sarah, si je peux me permettre…
- Ah, oui. Vous connaissez tous Doris : elle représente le marché européen.
- On a eu quelques difficultés sur American Sniper. Ils ont pas tous réussi à tomber dans le panneau. Faudrait alterner, quand même.
- J’ai, Doris, cherche plus : L’histoire de l’amerrissage sur l’Hudson en 2009. American Hero.
- Top.
- Parfait : New-York, bonne nouvelle du côté des avions, la solidarité, prends-toi ce retour de bâton du 9/11, basané de ta race.
- Oui, bon, Sarah, on se reprend. Vas-y, pitche.
- Ben voilà quoi, il a amerri. En 208 secondes, il a sauvé 155 personnes. Bogoss et tout.
- …
- …
- Oui, bon, je vous vois venir, 208 secondes pour un long métrage, c’est un peu short. Mais on est des pros oui ou merde ?
- Bon, c’est pas compliqué : on a 155 sauvés. Ça fait tout de même un paquet de I love you avant de penser qu’ils vont mourir…
- …et de I love you Oh my God I thought it was the end après qu’en fait ils ont survécu.
- Pour le pilote, on pour…
- TOM HANKS.
- Respect.
- Evidence.
- C’est le père de l’Amérique depuis 25 ans, qu’est-ce que tu veux que je te dise.
- Il a même pas besoin d’agiter un muscle facial pour émouvoir la planète.
- Doris, t’as besoin de quoi ?
- Angle auteur, mes cailles. Vous me foutez du bordel dans la chronologie, des scènes d’action sans musique. Les européens ils remarquent toujours ça, ils se disent que c’est courageux de notre part.
- Ah oui mais pas tout le temps, hein. Clint a un thème à placer, on dirait du Morriconne avec des femmes qui chantent et tout.
- T’inquiète, on le mettra à la fin, avec les images du vrai pilote et les gens qui se font des vrais hugs de la vraie vie. Séquence émotion.
- Bon, pour raconter un truc, il nous faut de la polémique.
- Y’a bien le modèle de Flight.
- Bien vu. Mais qu’on soit clair, le héros ne fume pas, ne boit pas, il fait du sport, il a une femme et deux filles, Tom, c’est l’Amérique, le symbole de l’intégrité.
- Enquête administrative, donc. Sarah ?
- Oui, comment ces enflures de technocrates et d’ingénieurs rivés à leurs écrans veulent rien qu’à embêter le héros dont personne, dans le vrai peuple des vrais gens, ne peut douter.
- Bien, bien. Ceux qui veulent diront même que Clint égratigne le mythe.
- Ok. Mais si on a rien à lui reprocher, on va avoir du mal à tenir 95 minutes.
- Rashomon !
- Putain, Doris, encore un de tes trucs européens ?
- En un sens, oui : on repasse les mêmes séquences plusieurs fois, en variant les points de vue.
- Mais voilà quoi !
- Mais bon, 8 amerrissages où l’on sait que de toute façon tout le monde va survivre…
- AHA, botte secrète ! LES REVES !
- Y’a bien de quoi leur foutre deux crash de synthèse sur New York avec ça. Et ouf on se réveille.
- …et une journaliste qui dit que le pilote il est pas gentil en fait, mais c’ était un cauchemar. Frisson d’indignation du peuple.
- Bon, ça s’étoffe. On rajoute toutes les simulation de ces connards d’ingénieur français qui croient nous donner des leçons et qui se crashent devant une audience plublique, big shame et big up pour notre héros
- des écrans télé partout, tout le temps, qui disent qu’il est un héros
- des familles qui l’embrassent et qui peuvent jouer au golf grâce à lui
- Et TOM HANKS qui se passe de l’eau devant le miroir pour montrer que c’est un peu lourd, voire christique, d’être un héros.
- Avec ça, on va réconcilier tout le monde, et on pourra mieux placer les pirates somaliens la prochaine fois.
- Et là, ça va cartonner.
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Premier contact - 7,5/10

Messagepar Nulladies » Sam 10 Déc 2016, 07:33

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Mission : indicible.

La science-fiction est avant tout affaire de promesse : c’est un élan vers l’ailleurs, vers l’au-delà de ce que les limites de notre connaissance actuelle nous impose. Lorsqu’un auteur s’empare du genre, avec l’ambition de dépasser le simple décorum prétexte à une guéguerre des étoiles, c’est très souvent la voie d’accès à un questionnement philosophique d’ampleur : 2001 en est l’archétype, et avec lui le Solaris de Tarkovski. Nolan a tenté récemment, dans Interstellar, d’y inscrire ses pas, sans parvenir à éviter bien des boursouflures.
Voir Denis Villeneuve s’emparer de ce domaine ne pouvait qu’être excitant, parce qu’il a toujours su, au sein du cahier des charges dans lequel il s’inscrit, donner une place prépondérante à l’individu, et tisser habilement les liens qui unissent son intimité à des problématiques plus générales, en terme de récit comme de questionnement philosophique. C’est le cas de ses portraits de femme dans Incendies ou Sicario, qui colorent d’une émotion singulière le simple film de guerre ou de lutte contre les cartels de la drogue.
Cette primauté accordée au personnage irise tout son dernier film et le nimbe d’une aura tout à fait fascinante : le focus est fait sur Louise, mère en deuil et linguiste réputée à qui on va demander de traduire un langage extraterrestre. La totalité du récit est passée au filtre de sa perception, comme en témoigne le recours très fréquent aux longues focales, chassant les plans secondaires dans un flou très marqué. Rivé à son héroïne, le cinéaste ne laisse que peu de champ aux autres appréhensions d’un phénomène mondial : quelques flashs télévisés, une série d’écrans sous une tente, qui par ailleurs finiront par se déconnecter.
Ce parti-pris, allié au talent désormais indéniable de Villeneuve en terme de mise en scène, génère une esthétique et la construction d’une atmosphère aussi splendides qu’émouvantes. L’apparition du vaisseau dans les nuages du Montana, la matérialité du couloir minéral, la photo élégante et mate sont en parfaite harmonie avec le mystère croissant de cette arrivée.
L’autre pari est celui du rythme : la lenteur prime, particulièrement dans la première heure, où tout est à conquérir : l’espace et ses caprices gravitationnels, le son, puis l’image et le langage obscur qu’elle contient. Villeneuve, au diapason de son binôme linguiste et scientifique, prend son temps, et la partition du compositeur islandais Jóhann Jóhannsson les accompagne à merveille.
Certes, quelques éléments plus communs émaillent l’intrigue : un front russo-chinois un peu forcé, tout comme un fanatisme interne permettant une bombe et un compte à rebours dont on se serait bien passés. Mais ils ne parviennent pas pour autant à faire imploser cette captivante atmosphère générale.
Reste donc la question de la promesse. Le récit est double : il s’agit d’arriver à formuler une question, (what is your purpose on earth ?), mais ensuite, de la poser, et d’écouter la réponse.
A bien y réfléchir, quoi qu’on puisse reprocher au film, on finit par se demander si n’importe quelle issue n’aurait pas été de toute façon décevante.
(Spoils)
Le motif général exhibe un peu trop ses coutures scénaristiques : l’idée d’un message à ne pas donner tout de suite, à diviser en 12 pour générer la cohésion humaine n’est pas du meilleur effet. Qu’on y ajoute la capacité à voir dans le futur et il devient carrément bancal, mais passons.
Ce qui est plus gênant, c’est qu’on se soit senti obligé de greffer sur ce beau film la mécanique stérile d’un twist à la Shyamalan, coup de téléphone dans le futur et ultimatum à l’appui. Manipuler le spectateur en lui plaçant comme des flashbacks ce qui se révélera l’inverse frise la malhonnêteté scénaristique, et surtout, n’apporte pas grand-chose au film. Quand on y songe, l’épilogue reprend clairement ses droits par rapport à cette « révélation », et l’idée d’un double deuil (amoureux et maternel) accompli à l’avance prend son sens par rapport au personnage principal, et à la lourde charge qu’est la maitrise de ce nouveau langage. Là, l’émotion resurgit, et la dimension humaine, intimiste, s’accorde parfaitement avec les thématiques plus amples et, au sens propre du terme, extraordinaires de la science-fiction.


Il reste donc cela : une mélancolie, et la mise au jour d’une humanité qui doit résoudre le sourd dilemme du savoir combiné à l’émotion : fragile équilibre, que Villeneuve maitrise totalement. Une image revient de façon obsessionnelle dans son film, celle du cadre : de la baie vitrée de la maison de Louise, écho à celle donnant sur les heptapodes : cette ouverture sur l’extérieur et l’autre, cette surface de partage entre l’intime et le monde, complétée géométriquement par la figure nouvelle du cercle : quand l’image vient prendre le relai du langage pour, quête suprême, formuler l’indicible.

(7.5/10)
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Rogue One : A Star Wars Story - 7/10

Messagepar Nulladies » Jeu 15 Déc 2016, 06:44

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Eyes one shot

Premier spin-off de l’univers Star Wars, Rogue One a d’emblée une armée cosmique de reproches levés contre lui : les nostalgiques hurleront à la dénaturation, à l’essorage d’une mythologie sur l’autel de la vénalité intrinsèque au géant Disney. Si le film joue trop la carte de la franchise, il sera une pâle copie ; s’il s’en écarte, une trahison.
D’où l’idée finalement bien malicieuse de ce récit sans ambition, et dont on connait la fin : soit, en somme, une introduction à l’épisode IV, et le pari un peu risqué de rassembler pour la troisième fois (puisque Le Réveil de la Force, par sa déclinaison, a aussi joué la redite sur ce sujet) les enjeux autour de l’étoile noire.
Visuellement, et c’est une bonne nouvelle, c’est le modèle de l’opus d’Abrams qui prime : décors souvent naturels, photographie travaillée sur les clair-obscur, Rogue One prolonge les réussites de l’épisode VII et achève l’oubli des errances de la prélogie. L’alternance entre les paysages et les architectures intérieures si typiques de l’Empire occasionnent un panorama sémillant, où l’on passe des déserts ocre à la plage, des nuits pluvieuses aux landes brumeuses.
Le récit n’est pas toujours très fluide, et l’on sent évidemment quelques pesanteurs inhérentes à l’univers imposé : il sera question de père passé du côté obscur de l’ingénierie, d’un récit initiatique, d’une femme forte, d’une cohésion laborieuse de la rébellion, en passant par des marchés dans lesquels quelques créatures bizarres font la figuration habituelle, sans oublier la présence d’un droïde sur les épaules duquel on fera poser toute la responsabilité en matière d’humour. Le recours aux personnages historiques est variable : si les apparitions de Vador sont suffisamment parcimonieuses pour lui laisser son charme noir, le recours aux revival de synthèse est d’un goût franchement douteux, et brise d’avantage l’illusion narrative qu’elle ne la fait perdurer.
La galerie de nouveaux personnages est un peu trop vaste pour parvenir à réellement convaincre et l’on sent bien que leur fonction est surtout scénaristique : chacun aura un rôle à jouer et se retrouvera sur l’un des postes de l’ambitieuse géographie de la scène finale. Les premières scènes d’action, assez honorables, font ainsi le job sans vraiment transcender, d’une attaque de char à un assaut nocturne de la flotte rebelle, en passant par un tsunami minéral d’assez belle facture en terme de CGI ; mais le film accuse une phase un peu molle lorsqu’il s’agit de régler des dilemmes un brin forcés (mon père versus ou pro la rébellion) et de nous asséner les habituels discours fédérateurs en prélude à la véritable quête.
Rogue One refuse finalement un des gros handicaps de toute la ribambelle des blockbusters et de leurs séquelles, celui de la surenchère : enjeux modestes, fin connue à l’avance, il suit le principe de la gradation et, sur ce point-là, se révèle une indiscutable réussite. Toute la dernière partie convoque ce qui fait l’essence même de la franchise au profit d’un grand spectacle épique et visuellement tout à fait impressionnant et pour lequel Gareth Edwards prouve sa maîtrise. Le récit alterne entre trois univers aux dimensions diverses : l’orbite de la planète pour l’attendue guerre des étoiles (au sommet de laquelle on se ravira devant un roulage de pelle entre destroyers impériaux), la plage comme front pour les fantassins et la tour dans laquelle les héros travaillent manuellement à l'extraction des fameux plans. Dans cette ambitieuse structure, tout fonctionne, et certains plans sont superbes, notamment dans cette vertigineuse profondeur de champ donnant à voir simultanément l’espace et la surface turquoise de la planète sur laquelle les combats font rage.
Le plaisir enfantin d’une symphonie épique est bien présent. Certes, il s’agit de moduler sur des thèmes mélodiques bien connus – et à ce titre, la façon qu’on a de draguer le score initial est assez étrange, comme si l’on jouait à la contrefaçon. Certes, il sera question de force sans que celle-ci ne serve à grand-chose : mais de ce point de vue aussi, la légèreté avec laquelle on traite ces thèmes est salvatrice, à l’image de la façon dont on nomme la mission éponyme aussi décomplexée qu’assumée.
Car c’est là la réussite paradoxale de ce film : s’inscrire dans un univers dont on n’a pas fini de souper, mais ne cesser d’exploiter le fait que ce sera un épisode isolé.
(Spoils)
Puisque l’issue en est connue, la dramaturgie se déplace sur le destin des anonymes qui permettent le lancement de l’épisode IV. Et l’on comprend assez vite que la mission suicide aura d’autant plus d’impact qu’on ne cherchera pas à l’esquiver au profit de suites prochaines. La mort des pères –biologique et adoptif-, des frères d’armes, et le crépuscule atomique sur un amour qui n’aura pas eu le temps de naitre sont autant d’éléments qui permettent une clôture saine et efficace de la petite histoire laissant place à la grande dans un épilogue attendu.


Rogue one, one shot : c’est lorsqu’on désire graver une mythologie que les risques d’enlisement sont les plus grands. En limitant ses ambitions à une quête modeste, cette « star wars story » se déjoue de cette gravité pour en défier les lois d’une autre.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar osorojo » Jeu 15 Déc 2016, 08:59

J'ai quand même bien l'impression que le syndrome épisode VII, à savoir on pardonne à un film sa paresse parce qu'on aime l'univers, est encore présent.

On verra, mais quand je lis tes "certes", "réussite de l'épisode VII", "pas toujours très fluide", "trop vaste ... pour convaincre", "d'un gout douteux", "font le job sans vraiment transcender", "phase un peu molle", "trop forcés", j'me dis que ton 7 est quand même pas mal influencé par ton amour pour la franchise.

Car si la réussite de Rogue n'est que sa modeste portée, et son final épique, ça va me saouler autant que l'épisode VII :mrgreen:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Mark Chopper » Jeu 15 Déc 2016, 09:10

Je m'attends à le surnoter pour Donnie :chut:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar maltese » Jeu 15 Déc 2016, 15:17

Putain de cinéma-doudou.
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Messagepar Nulladies » Dim 18 Déc 2016, 09:31

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Le coût de l’escalier

Asghar Farhadi assume désormais totalement sa posture de tragédien contemporain : malheur à ses personnages, qu’il condamne avec un malin plaisir aux errances douloureuses dans les affres du dilemme moral et passionnel.
Son dernier opus répond à ce point à cette injonction qu’il semble avoir été écrit à partir de cette seule fin : on imagine bien le cinéaste (prix du scénario à Cannes, ce qui n’est pas loin d’être un comble, mais qui finalement n’est pas si surprenant lorsqu’on repense à la distinction suprême d’un jury 2016 décidemment bien frileux) remonter progressivement aux circonstances qui ont entrainé ses protagonistes sur la pente savonneuse de son sadisme pseudo-humaniste.
Il sera donc question, comme dans Le Passé, d’humiliation, de vengeance, de sublime et de pardon dans ce récit souvent ampoulé, attaqué à de multiples reprises par les pesanteurs de son didactisme.
Le film commençait pourtant très bien : le plan séquence d’ouverture, vif et brutal, restitue l’évacuation d’un immeuble se fissurant de toutes parts, et contraignant ses occupants à sortir en pleine nuit. L’occasion pour Farhadi d’une nouvelle exploration des espaces, qui caractérisait déjà
Une Séparation : cloisons, baies vitrées, portes sont autant d’éléments d’un labyrinthe émotionnel, dans lequel on se perd, et qui porte les stigmates des failles intérieures. L’appartement du viol est une prison du refoulé, celui qu’on a quitté une cellule potentielle, voire un mausolée ; à ces espaces répond un troisième, la scène du théâtre, à l’artificialité ostentatoire de structures métalliques, tout en transparence, dans laquelle on se donne l’illusion de pouvoir tout exprimer, alors que les sentiments réels viennent contaminer le jeu scénique.
Farhadi est ambitieux, et n’a de cesse de multiplier les échos à la trame générale dans des motifs secondaires : l’humiliation dans un taxi par le protagoniste, celle qu’il menace de faire sur un de ses élèves quant au contenu de son téléphone, le comportement de son ami propriétaire avec l’ancienne locataire… Tout le monde, ou presque, a toujours quelque chose à se reprocher, et les ellipses entretiennent savamment le doute quant à la culpabilité avérée ou non des uns ou des autres. Ce systématisme pesant arrange bien les affaires du scénariste, qui navigue en eaux troubles, masquant un certain cynisme sous des atours de thriller moral. Mais pour le coup, il est involontairement bien plus proche d’un Prisoners que de Winter Sleep…
On aurait pu se contenter de trouver un peu lassante cette répétition de mêmes motifs, mais la dernière partie d’un film déjà trop long vient enfoncer chaque clou avec la grâce d’un Thor en pleine manœuvre.

On a déjà un peu de difficultés à comprendre toutes les motivations des personnages, et particulièrement celui de l’épouse victime du viol quant à son désir aussi affirmé de pardon, qui semble surtout un contrepoint à la soif de vengeance de son mari. Ajoutons à cela l’arrivée de la famille du coupable, qui sur chaque marche de l’escalier nous explique à quel point on aime ce père de famille si gentil et dévoué, les revirements de son geôlier, et non pas un, mais DEUX malaises cardiaques, histoire de bien armer la chape de béton tragique… La coupe est pleine.


La scène finale se déroule au troisième étage, sans ascenseur : l’occasion d’une ascension laborieuse, durant laquelle un discours démonstratif s’entrecoupe de l’essoufflement pathétique de rigueur : c’est là une éloquente métaphore de ce que Farhadi fait subir à son spectateur.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Mark Chopper » Dim 18 Déc 2016, 09:36

Nulladies n'oublie pas de poster tes notes pour les nouveautés ici :wink:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Dim 18 Déc 2016, 09:37

Ah oui mince j'oublie tout le temps...
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