[Alegas] Mes Critiques en 2019

Modérateur: Dunandan

Re: [Alegas] Mes Critiques en 2019

Messagepar Alegas » Ven 01 Mar 2019, 21:51

Tu fais bien de préciser pour Mon Oncle, car là, s'il y en a un qui me tente, c'est bien Playtime.

Sinon sans aller jusqu'à parler de se fendre la poire, je pense qu'il y a un juste milieu. Les burlesques du muet que j'aime bien par exemple, des Temps Modernes au Mécano de la Générale, ça me donne pas non plus des crampes à l'estomac, mais ça provoque des éclats, pas seulement des sourires.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2019

Messagepar Mr Jack » Ven 01 Mar 2019, 23:00

Playtime est une oeuvre contemplative qui nécessite la vision de Mon Oncle pour bien saisir les intentions de Tati. On va dire que Mon Oncle résume les intentions du réal (oeuvre douce-amère décalée qui demande un temps de recul) et Playtime représente sa proposition ultime.

Après je suis d'accord avec toi, on ressent bien les influences burlesques dans Les Vacances de Hulot, mais c'est vraiment le seul avec Jour de Fête qui peut être considéré comme une comédie.

Tati joue beaucoup avec son corps et prouve tout son apprentissage issu du spectacle ambulant, par contre pour ses deux oeuvres majeures on est clairement plus dans la même catégorie. On est dans le trait d'esprit qui fait sourire, au max. C'est du cinéma d'observateur averti. Tati explique dans une itw (ou un court, je sais plus) que ce qui lui a donné le gout de l'observation date de l'école primaire où il avait été puni au coin avec son bonnet d'âne et que ce jour là, plutôt que de voir son maitre de face, bien propret avec sa cravate et sa coupe bien faite il l'observait dans son coin à se remettre la chaussette ou réparer sa chaussure trouée. Il est resté avec l'idée que la vérité, ce n'est qu'une question de point de vue, et qu'il suffit de prendre le temps de regarder les gens avec un oeil nouveau pour élargir ses horizons. Il a une passion pour les "ptites gens", ceux des coulisses, qui construisent et qui façonnent, et son cinéma confronte ce regard à la modernité.
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A armes égales (1997) - 5/10

Messagepar Alegas » Sam 02 Mar 2019, 11:28

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G.I. Jane (A armes égales) de Ridley Scott
(1997)


Vu sa réputation pas fameuse, je craignais vraiment la vision de ce Scott, et au final, quand bien même ça reste de toute évidence l’un des films les plus mineurs de la filmographie du bonhomme, j’ai pas trouvé ça complètement mauvais et ça se suit même sans trop de problème. Scott se lance à nouveau dans un récit féministe, mais contrairement à Thelma & Louise il a décidé de mettre la subtilité au placard, et on se retrouve donc avec un script écrit avec des gros sabots tout en tant particulièrement prévisible, le tout avec une masculinisation de la féminité qui laisse carrément songeur (le fameux "suck my dick", ou la finesse incarnée :mrgreen: ). On va donc suivre le parcours fictif de la première femme tentant l’entraînement des SEALS, et force est de constater que c’est même si c’est pas le truc le plus passionnant du monde, ça se regarde globalement bien. Les différentes parties de l’entraînement sont sympa, et on attend à chaque fois de voir comment le personnage de Demi Moore va encaisser les sales coups des officiers qui tentent de la faire abandonner.

Malheureusement, le film se perd un peu en cours de route avec une intrigue politique vraiment pas nécessaire. Elle est pas spécialement naze en soi, mais elle est réglée de façon tellement aisée qu’on en vient à se demander à quoi elle sert vraiment, si ce n’est pour occuper 10-15 minutes de film. Mais le pire vient du climax final, qui arrive comme une fleur et qui est jusqu’ici la pire scène jamais tournée par Ridley Scott :shock: : une scène d’action ayant pour enjeu l’exfiltration d’une équipe et d’un homme blessé, où Scott compense le manque de budget en multipliant les zooms/dézooms, en faisant trembler sa caméra dès que possible (et vu le rendu, je suspecte un tremblement fait en post-prod), le tout pour un rendu non seulement illisible, mais en plus carrément nanar par endroits (le coup des missiles lancés par un hélico, et qui tue des ennemis sans aucune explosion, ça m’a bien fait marrer :eheh: ). Un climax tout pourri qui débouche en plus sur une fin précipitée, autant de choses qui font largement baisser la note d’un film qui, jusque là, était pourtant pas trop mal.

Formellement, c’est sûrement l’un des Scott les moins intéressants : outre le climax de la misère, on se tape une photographie hyper morne, et globalement une esthétique qui donne l’impression de voir un film des années 80. D’ailleurs, le montage avec les plans de Demi Moore qui prend du muscle, c’est un grand non : on a l’impression d’être revenu dix ans en arrière. Surprise du côté de Demi Moore : c’est une actrice sur lequel j’ai habituelle un rejet et là ça passe, c’est pas de la grande interprétation comme elle le pensait sûrement à l’époque (le film donne globalement l’impression d’être fait juste pour elle) mais c’est suffisant pour être crédible. Et puis il y a Viggo Mortensen, là encore c’est clairement pas ce rôle qu’on retiendra dans sa carrière, loin de là, mais il a droit à quelques moments où il peut laisser son talent s’exprimer (tout le passage où il pète un plomb pour faire craquer Moore). Encore un film bien mineur pour Scott, heureusement qu’il se rattrapera avec le suivant.


5/10
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Room (The) (2003) - 0/10

Messagepar Alegas » Jeu 07 Mar 2019, 19:12

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The Room de Tommy Wiseau
(2003)


Pas facile de critiquer un film pareil, mais autant essayer : si ça peut donner envie de tenter l’expérience à ceux qui ne l’ont pas encore vu ici, mes écrits ne seront pas vains. Alors évidemment, vu la réputation du métrage, je savais à peu près dans quoi je m’aventurais, mais je ne pouvais décemment pas imaginer les extrêmes dans lesquels ça irait :mrgreen: . Ça commence comme une sitcom fauchée à la con, avec des plans d’ensemble qu’on devine tournés la même journée, des décors qui font faux, mais le show commence véritablement avec l’entrée en scène des personnages : un couple rentre dans leur domicile afin de procéder à un coït nuptial, pendant qu’un jeune homme qui les accompagne, et dont on ne saura jamais le véritable lien social avec les deux autres, souhaite les regarder faire avant de se faire gentiment éconduire. Vient alors la scène de sexe la plus clichée que j’ai pu voir de ma vie : lit à baldaquin, pétales de rose, ralentis, acteurs qu’on devine gêné de se faire des câlins ou de faire semblant de faire l’amour au nombril de l’autre, tout est là pour prolonger le malaise provoqué par les premiers dialogues du film. Et ce n’est pourtant qu’un début : The Room est, du début jusqu’à la fin, à mi-chemin entre ce côté malaisant et la parodie involontaire d’une sitcom dramatique à deux sous.

Rien que le script résume l’absurdité du métrage, avec une intrigue qui tient sur un timbre-poste (une femme trompe son futur mari avec son meilleur ami) mais où chaque scène vont apporter son lot de personnages inutiles, de dialogues creux (quand ils ne sont pas à côté de la plaque) au point que ça se transforme en spectacle non-sensique. Arrivée soudaine d’un personnage qui disparaîtra ensuite pour le reste du récit, storylines commencées mais jamais achevées (le cancer de la mère), changements WTF dans le comportement des personnages, le tout avec évidemment un casting qui joue comme ses pieds, ça devient assurément une pièce nanardesque de premier choix. Mais au final, l’attraction du film, c’est bien Tommy Wiseau : on a déjà écrit énormément sur sa performance d’acting out of this world qui redéfinit le cabotinage, mais ce qui me fascine le plus au final, c’est bien cette tendance qu’a le film entier à mettre son réalisateur/acteur vedette comme l’homme parfait. Le mec a beau être un laideron de compétition qui ferait fuir n’importe qui dès qu’il parle, tout le monde est son ami, toutes les femmes souhaiteraient l’avoir et même la fleuriste du coin lui rappelle qu’il est son client préféré (plus gros fou rire récent devant ce passage, c’est magique :eheh: ). Évidemment, je ne peux qu’oublier énormément de choses en évoquant ce film où le moindre détail devient une raison de se marrer, des fonds verts au décor en passant par le montage, mais le mieux, au final, c’est de découvrir le tout soi-même. Bref, si vous voulez une bonne tranche de rigolade devant ce qui pourrait être l’un des plus mauvais films du monde, The Room est fait pour vous.


0/10
mais un bon 7,5/10 en mode nanar
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2019

Messagepar Mark Chopper » Ven 08 Mar 2019, 10:18

Je ne suis pas aussi généreux que toi sur la note en mode nanar... Je conseille plutôt de mater un "best of" sur YouTube, comme celui-ci.

Parce que ce film aligne quand même des tunnels de chiantitude... Toutes les scènes de cul sont interminables/insupportables (j'ai appuyé sur la touche accélérer, ce que je ne fais jamais d'habitude).

Bon sinon, comme va ta vie sexuelle ?

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2019

Messagepar Alegas » Ven 08 Mar 2019, 10:29

Oh, hi Mark ! :mrgreen:

Je précise que je l'ai maté avec des potes, des bières à la main, et la gorge déployée au moindre dialogue à côté de la plaque. Tout seul, effectivement, je pense que j'aurais baillé devant pas mal de séquences.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2019

Messagepar Mark Chopper » Ven 08 Mar 2019, 10:48

Oui, là ça peut se comprendre...

Sinon je te conseille la critique du Fossoyeur, je trouve qu'il s'en sort bien même si, il le reconnaît, ce film est un véritable défi critique.

Oh, hi Mark ! :mrgreen:


Je n'y pensais même pas à celle-là :eheh:
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Intacto - 6/10

Messagepar Alegas » Ven 08 Mar 2019, 20:08

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Intacto de Juan Carlos Fresnadillo
(2001)


Voilà un film que j’avais envie de voir depuis un paquet de temps, et pour cause je me souviens très bien de la lecture d’un magazine ciné de 2003 qui considérait la séquence de course à l’aveugle dans la forêt comme l’une des scènes les plus marquantes de l’année. Si on ajoute à cela le fait que, quelques années plus tard, je découvrais et appréciais le second film du réalisateur, 28 weeks later, il ne m’en suffisait pas plus pour sérieusement attiser ma curiosité. A l’arrivée, je dois avouer être un peu déçu, puisque Intacto a tout du petit film de festival qui va faire sensation mais qui, derrière l’effet de surprise, n’a clairement pas assez pour convaincre pleinement. Ça part pourtant sur un concept assez génial, dans un monde où la chance peut se transmettre d’un individu à l’autre et se perdre définitivement, et où chacun va être considéré sur l'échelle sociale via son degré de chance. A partir de là, certaines personnes n’hésitent pas à jouer leur chance dans des jeux de hasard contre d’autres personnes, l’objectif final étant d’arriver devant le boss final : un vieil homme ayant survécu aux camps de concentration qui teste ses opposants dans une roulette russe à cinq balles.

Un concept carrément surprenant et ingénieux (c’est à se demander pourquoi personne n’y a pensé avant) qui promet énormément dès les premières minutes du film avec une ambiance lourde et des idées bien sympa (les voleurs de chance engagés dans les casinos pour faire perdre les joueurs un peu trop chanceux), mais qui malheureusement s’estompe au fur et à mesure de l’avancée du métrage. Faut dire que héros, un jeune homme qui vient d’être le seul survivant d’un crash d’avion, n’est pas spécialement passionnant, et c’est donc une drôle d’idée que de le suivre alors que son mentor est clairement plus intéressant. Après, il faut reconnaître que Intacto a beaucoup de choses pour lui, que ce soit une absence de manichéisme qui tend à brouiller les pistes sur les rôles de chacun, un Max Von Sydow impérial, ou des idées pertinentes malgré le fait qu’elles ne soient pas toutes très développées (la double storyline avec Monica Lopez, je suis loin d’être convaincu), mais il y a quand même le sentiment qu’il y avait sûrement mieux à faire sur le sujet. En ce sens, on sent les limites d’un premier long-métrage sur lequel son réalisateur n’a pas forcément l’expérience nécessaire pour aller jusqu’au bout du délire. Un premier film sympathique, mais pas vraiment plus donc. Fresnadillo aura clairement mieux fait avec son second essai.


6/10
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Chiens de paille (Les) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Mar 12 Mar 2019, 15:21

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Straw Dogs (Les Chiens de paille) de Sam Peckinpah
(1971)


Un Peckinpah globalement dans la moyenne de la majorité de sa filmographie : c’est vraiment intéressant à regarder, de par l’audace formelle et la proposition vis à vis de l’époque, mais il manque clairement quelque chose pour que ça me passionne. Surtout que Straw Dogs m’a un peu surpris dans sa construction : je pensais que le film serait en majorité un récit de siège, alors qu’au final ça n’arrive que dans la dernière demi-heure, le reste étant l’installation en crescendo de ce même siège. Et pour être tout à fait honnête, je suis loin d’être convaincu par tout ce qui va amener à ce climax : il y a beau avoir des idées très intéressantes, à l’image de personnages qui déjouent les attentes de ce type de récit (un héros souvent antipathique, sa copine dont les envies sont carrément ambiguës, ou encore un violeur qui va s’avérer être quelqu’un de pas si mauvais que ça) ou des storylines qui prennent des directions étonnantes (le viol dont le mari ne saura jamais l’existence, alors qu’on imagine que ce sera l’élément qui déclenchera sa fureur), j’ai souvent eu l’impression que ça prenait son temps pour pas grand chose. D’autant que Peckinpah, malgré toutes les qualités que je peux lui trouver, c’est pas spécialement le genre de réal où je dirais qu’il a un truc pour créer des ambiances, et là je trouve que c’est clairement ce qui manque au film : une atmosphère pesante, quelque chose qui ferait que l’environnement si particulier (la lande écossaise) influerait sur les comportements des deux personnages principaux.

Du coup, la première heure n’est pas spécialement des plus passionnantes, et est même assez étrange dans sa gestion des différentes storylines (l’idiot du village, qu’on nous présente comme important, avant de l’oublier une bonne moitié du film, pour le ressortir en guise d’élément déclencheur), et il faut donc vraiment attendre le climax final pour avoir du Peckinpah qui se lâche. Et là, pour le coup, je n’ai pas grand chose à redire : j’avais beau attendre quelque chose d’un peu plus violent et radical, la scène du siège m’a finalement scotché sur son montage, à la limite de l’expérimental, et sa lisibilité. On sent que ça a été fait avec pas grand chose, et il en ressort un côté très brut qui va à merveille avec ce que fait Peckinpah. Pour le coup, c’est clairement une des meilleures scènes de la filmo du réal. J’attendais une grosse performance de Dustin Hoffman, et autant je le trouve super bon dès qu’il se lâche, autant je l’ai trouvé assez agaçant dans ce qui précède, au point de se faire voler la vedette par Susan George. Pour le coup, dans un rôle à peu près similaire, je l’avais largement préféré dans Marathon Man. Un Peckinpah qui vaut surtout pour son dernier acte donc.


6,5/10
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Arsenic et vieilles dentelles - 3/10

Messagepar Alegas » Sam 16 Mar 2019, 16:00

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Arsenic and old lace (Arsenic et vieilles dentelles) de Frank Capra
(1944)


Jusqu’ici, les films de Capra que j’ai pu voir se distinguaient en deux catégories : ceux que j’appréciais beaucoup, et ceux qui me laissaient un sentiment mitigé, avec quand même l’impression d’avoir vu un film pas trop mal quand même. Là, pour la première fois, j’ai vraiment du mal à trouver de quoi défendre un film de Capra, et ça me surprend d’autant plus que ça arrive sur un titre souvent cité parmi les fleurons de la comédie américaine classique. Dès le début, j’ai senti que je n’allais pas passer un bon moment, et pendant un court moment j’ai cru que le surjeu ambiant allait être temporaire, et malheureusement ça se révèle être la base même du métrage. Que le film soit adapté d’une pièce de théâtre, c’est une chose, et après tout, il y a bien des bonnes adaptations de pièces qui existent, mais là j’ai vraiment eu l’impression de voir une simple transposition. C’est bien simple : hormis des jeux de mise en scène, à base de cadrages, de focales ou d’éclairages, je n’ai jamais eu l’impression de voir un film pensé pour le cinéma.

Tout le reste, que ce soit le traitement du récit, le fait de conserver quasiment une seule unité de lieu, ou l’interprétation du casting, laisse à penser que le film se veut surtout être du théâtre filmé, chose que je déteste au plus haut point. Et à la limite, j’aurais peut-être pu passer outre cet aspect si j’avais passé un bon moment, mais déjà l’histoire n’est clairement pas passionnante (c’est simplement une succession de quiproquos étalés sur quasiment deux heures) mais en plus ça ne m’a jamais fait rire, la faute à un humour que j’ai toujours trouvé ultra poussif. Les situations en soi prêtent à sourire, mais c’est complètement annihilé par le cabotinage des acteurs. Ça hurle, ça fait des grimaces, ça fait des grands gestes : encore une fois j’ai eu l’impression d’être au théâtre, et pas devant un film qui peut se permettre le luxe d’un peu plus de subtilité. La prestation de Cary Grant, en ce sens, résume à peu près tout ce que j’ai détesté dans ce film : le mec en fait des tonnes jusqu’à l’épuisement, et du coup ça nique complètement l’intention du récit qui voudrait aller progressivement dans la folie, puisque dès le début le mec fait des tronches pas possibles et s’exprime comme un idiot. Bref, c’est un film qui me confirme que la filmographie de Capra est à double-tranchant : je peux autant y trouver des grands films que des choses bien moins recommandables.


3/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2019

Messagepar Mr Jack » Sam 16 Mar 2019, 22:51

C'est sur que je jeu cartoonesque de Grant dans celui-là est à double tranchant. Un peu comme Cage dans Arizona Junior (rien à voir mais le côté cartoon et jusqu'au boutiste de la proposition) soit tu adores soit tu détestes. Perso j'adore. :mrgreen:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2019

Messagepar Alegas » Dim 17 Mar 2019, 10:48

Pour moi, dans Arizona Junior, ça passe parce que l'ensemble du film se veut complètement cartoon. Que ce soit dans la mise en scène, les enjeux, les présentations des personnages, t'as l'impression de mater un Looney Tunes en live action.
Dans le Capra il y a un côté plus terre à terre qui donne un mélange qui me fait décrocher.

Du coup, je ne me souviens plus : c'était toi qui m'avais conseillé Meet John Doe ? C'est le même délire ou c'est complètement différent ?
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2019

Messagepar Mr Jack » Dim 17 Mar 2019, 12:03

Pour moi, dans Arizona Junior, ça passe parce que l'ensemble du film se veut complètement cartoon. Que ce soit dans la mise en scène, les enjeux, les présentations des personnages, t'as l'impression de mater un Looney Tunes en live action.
Dans le Capra il y a un côté plus terre à terre qui donne un mélange qui me fait décrocher.


Je suis d'accord avec toi pour le Coen, c'est plus poussé. Mais le Capra je le mettrais quand même dans la catégorie des comédies loufoques, les situations sont un peu folles. On retrouve un peu le Cary Grant de The Awful Truth ou Bringing Up Baby qui étaient de vraies screwball comedies. Ce que j'aime bien dans le Capra c'est le décalage entre le côté cartoon de Grant et le ton macabre de l'histoire. C'est l'acteur qui donne le ton au film et pas l'inverse. Après Grant lui même avait avoué détester sa prestation avec du recul, mais perso j'avais adoré ce décalage.

Sinon c'était pas moi pour John Doe. :mrgreen:
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Favorite (La) - 7,5/10

Messagepar Alegas » Dim 17 Mar 2019, 22:20

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The Favourite (La Favorite) de Yórgos Lánthimos
(2018)


Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce film ne partait pas du bon pied avec moi. Il faut dire que le film précédent de Lánthimos figure aisément parmi l’un des pires films de ces dernières années à mes yeux, le genre qui m’horripile au plus haut point, et où chaque scène me donnait envie de quitter la salle. Pour celui là, c’est donc vraiment le casting et le choix du film d’époque qui a suscité ma curiosité, et heureusement car c’est vraiment une belle surprise au final. Si je devais résumer rapidement le film, je le ferais avec une comparaison : on a souvent l’impression de voir Ridicule, de Patrice Leconte, dans le contexte de la cour anglaise, mais avec une ambiance plus malsaine et des coups bas qui ne se limitent pas à des mots bien choisis.

On va donc assister à une sorte de triangle amoureux qui se transforme rapidement en un duel sans merci pour devenir la servante préférée de la reine et ainsi avoir les faveurs de cette dernière, et autant ça aurait pu donner quelque chose d’assez générique chez un nobody, autant chez Lánthimos il y a une folie apportée au récit et aux personnages qui rend le spectacle aussi repoussant (dans le bon sens du terme : la cruauté va très loin dans cette histoire) que jouissif (j’avais un grand sourire à chacune des parties de tirs entre Stone et Weisz :love: ). Pour moi donc, c’était carrément étonnant de voir cette ambiance malsaine si particulière, que j’avais détesté dans KIlling of a sacred deer, transformée pour s’adapter parfaitement à un contexte de film de costumes, genre sur lequel peu de personnes osent aller dans ce genre de directions. The Favourite fait donc vraiment figure à mes yeux de film réellement original, autant dans ses propositions formelles (une photo très sombre, l’utilisation de focales très courtes) que dans son approche quasiment inédite, et c’était donc un vrai plaisir que de suivre ces joutes dont on peut difficilement prévoir l’issue.

Et pour le coup, je pense que le film ne serait clairement pas le même sans son casting : déjà, les seconds rôles sont vraiment excellents, Nicholas Hoult en tête (il est carrément on fire lui, faut voir la scène où il se fait un plaisir de discréditer la reine en public :eheh: ), mais c’est vraiment le trio d’actrices qui élève le métrage à des hauteurs qualitatives étonnantes. Emma Stone, c’est bien simple, c’est la meilleure prestation de sa carrière, kif-kif avec La La Land, elle gère parfaitement son personnage complètement manipulateur. Rachel Weisz, c’est sûrement son meilleur rôle depuis dix ans (et encore, je n’ai pas vu The Lobster, que j’ai du coup très envie de découvrir :bluespit: ), et moi qui adore cette actrice ça fait un bien fou de la voir incarner un personnage qui soit aussi surprenant sur la durée. Et puis, enfin, Olivia Colman est vraiment la révélation du film, faut voir le rôle pas évident qu’elle a, et qu’elle arrive pourtant à gérer merveilleusement bien, inspirant autant de la compassion que du dégoût pur et simple. Pour le coup, l’Oscar n’a pas été volé, c’est le moins qu’on puisse dire. Un film que j’ai déjà envie de revoir, de la part d’un réalisateur dont je n’attendais absolument rien, je pense que je n’exagèrerais pas si je dis que c’est ma plus belle surprise ciné de ce début d’année.


7,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2019

Messagepar maltese » Lun 18 Mar 2019, 14:35

Du coup, je ne me souviens plus : c'était toi qui m'avais conseillé Meet John Doe ? C'est le même délire ou c'est complètement différent ?


Je n'ai pas vu Arsenic et vieilles dentelles, mais de ce que tu en dis, ça ne me parait pas proche de Meet John Doe, qui est loin d'être loufoque et une pure comédie. Ce dernier, je le rangerais plutôt avec Mr Smith au Sénat et L'Extravant Mr. Deeds :wink:
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