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[oso] Brêves élucubrations d'une grosse feignasse

MessagePosté: Lun 19 Fév 2018, 13:28
par osorojo
Allez hop, histoire de poser quelques lignes pas vraiment dignes d'intérêt sur les quelques films que je verrai cette année. Si ça peut engager à la découverte, c'est bien là le principal.

Film d'amour et d'anarchie - 9/10

MessagePosté: Lun 19 Fév 2018, 13:35
par osorojo
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☉ Film d'amour et d'anarchie
[ Lina Wertmüller → 1973 ][ 9/10 ]
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Bien que sa maestria vacille quelque peu au moment de livrer le dernier acte, Lina Wertmüller livre avec Film d'amore e d'anarchia un film à part, marqué par la fougue critique typique du néoréalisme italien et l'aisance caractéristique à croquer l'humanité d'un cinéma transalpin qui sait comment toucher les coeurs en usant des bases les plus élémentaires des mécaniques du cinéma : photographie précise, bande son subtilement dosée (aucune facilité, pas de violons grossiers poour exacerber les sentiments ni de gros rythmes endiablés pour accompagner l'action), direction d'acteurs solide et une gestion du rythme exemplaire.

Il y a fort à parier que le coup de coeur qui fut le mien ne sera sans doute pas partagé par tout le monde. Certains trouveront le jeu de Giancarlo Giannini un peu maniéré, mais il contribue à mon sens à l'exercice critique proche de la fable réaliste que construit Lina Wertmüller. Quand le coeur du jeune apathique vole en éclats, l'émotion n'en est que plus forte.

Quand à la véritable force de ce film prenant, elle est sans aucun doute dans tous les portraits esquissés, dans l’empathie avec laquelle Lina Wertmüller investit la maison close dans laquelle se passe 90% du film et cette troublante fragilité qui se fait l'écho de tout un tas de personnages meurtris qui se plaignent rarement.

A découvrir si vous aimez le cinoche italien, ses actrices sans artifice fortes en gueule, ses acteurs à l'exubérance folle, sa musique émouvante et sa charge critique violente qui ne se perd jamais dans la métaphore littéraire : tout est dit à grands coups de masse, sans détour. Résultat on finit la séance les yeux humides, le coeur apaisé, partagé entre émotion et respect sincère.

De quoi avoir bien envie de découvrir le reste de la filmo de Lina Wertmüller et être bien dégouté de ne pas réussir à lire le DVD de Mimi Metallo que je viens de recevoir :( :(

Mimi, metallo blessé dans son honneur - 7,5/10

MessagePosté: Lun 19 Fév 2018, 13:36
par osorojo
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☉ Mimi métallo blessé dans son honneur
[ Lina Wertmüller → 1972 ][ 7.5/10 ]
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Pas évident de parler de Mimi Métallo tant Lina Wertmüller y varie les thématiques, passant du film politique à la satire de moeurs en passant par la comédie burlesque (la dernière demi-heure est tordante) en un battement de cil. Un exercice de style délicat qui nécessite un personnage si plat de caractère qu'il est possible de lui faire faire quasiment tout, ce dernier passant du séducteur adolescent ultra émotif au contremaître agressif en l'espace de quelques séquences qui remettent tout le film en question, ou du moins sa portée. Un tel parti pris est assez risqué, parce qu'il nécessite également l'éviction de l'écran de certains personnages, puisque seul celui de Giancarlo Giannini importe véritablement à la cinéaste. Les autres, ceux qui gravitent à ses côtés, ne sont destinés qu'à être des dommages collatéraux. Alors quand on se prend d'affection pour certains d'entre eux, on s'attriste de les considérer un peu sous-employé par Lina Wertmüller. J'aurais, pour ma part, aimé voir évoluer celui de Mariangela Melato, toujours aussi radieuse à l'écran (quelle patate, à la hauteur de son rôlé génial dans Film d'amour et d'anarchie, en un peu moins dense).

Qu'à cela ne tienne, Mimi Metallo est un sacré moment de cinoche, imparfait, parfois surprenant lorsque ses choix narratifs le font basculer dans la farce potache plutôt que la charge critique qui motivait son début. Il en émane, comme dans Film d'amour et d'anarchie, une force de proposition dingue, une absence de concession qui parfois marque, quand Elena Fiore, par exemple, occupe tout l'écran de son popotin assez faramineux (Fatpooper, si tu me lis, jette-toi dessus :D). De quoi me prendre d'affection pour le boulot de Lina Wertmüller jusqu'à vouloir en voir davantage tant j'ai pour le moment apprécié cette entrée en matière dans sa filmographie.

Femmes des autres (Les) - 8,5/10

MessagePosté: Lun 19 Fév 2018, 13:39
par osorojo
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☉ Les femmes des autres
[ Damiano Damniani → 1963][ 8.5/10 ]
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Même si l'on passe la majeure partie du film à rigoler, c'est une mélancolie triste à pleurer qui conclut Les femmes des autres, une étude de caractère féroce à l'efficacité redoutable. Sous ses airs de farce balourde se dissimule une satire sociale corrosive qui s'évertue à disséquer l'homme pour aboutir à la triste conclusion que réussite professionnelle ne va pas forcément de paire avec grandeur d'âme.

C'est en effet Cesarino, le faire-valoir d'un groupe d'amis superficiellement soudés, celui qui a le verbe chantant le plus chaleureux, les intentions les plus sincères qu'un coeur trop gros met à mal la plupart du temps qui remet les pendules à l'heure. Celui qui, coupé de ses supposés amis, ceux qui profitèrent de ses talents pour ajouter quelques conquêtes à un tableau de chasse qu'ils ne pouvaient garnir seuls, a réussi à se construire une vie qui se joue des normes puisqu'à son image, mais néanmoins équilibrée, sans non dit. Le pauvre bougre, piégé par sa bonhommie, se laisse embarquer pour des retrouvailles avec une poignée de parasites suçant ses talents qu'ils jalousent secrètement. Il faut dire que le brave Cesarino est un homme magnétique. Homme, acteur (Walter Chiari impérial) de toutes les scènes, il inspire une sympathie immédiate et permet à Damniani d'instaurer une bonne humeur farceuse à l'écran.

Un voile d'apparence qu'il va briser sauvagement dans un dernier temps radical : les retrouvailles du meneur sincère et sa bande de faux-jetons avec Lara dite Le laron ôte toute envie de rigoler. Les rires forcés s'estompent, les masques tombent, la réalité reprend ses droits.
Cesarino, fidèle à lui même, se jette la tête la première dans un mur trop haut pour lui pendant que ses supposés amis se délectent de le voir enfin souffrir.


Damiani,qui signera quelques années plus tard des polizieschi bien noirs et sans concession (Un uomo in ginocchio, Perché si uccide un magistrato?, Nous sommes tous en liberté provisoire et surtout Confession d'un commissaire de police au procureur de la République), rappelle qu'il est aux commandes et que la rigolade, ça va bien un moment. De quoi continuer de nourrir ma sympathie à son égard. C'est triste que ses films ne soient pas mieux distribués en France, il mérite bien plus de considération. Du coup, profitez que Les femmes des autres soit édité dans la collection SND pour découvrir le bonhomme (Confession d'un commissaire de police au procureur de la République également d'ailleurs, un must have) ;)

Re: [oso] Brêves élucubrations d'une grosse feignasse

MessagePosté: Lun 19 Fév 2018, 13:58
par lvri
Ce sera dommage de se priver de tes critiques !
Le dernier, Les Femmes des Autres me tente bien. Je note ! :super:

Re: [oso] Brêves élucubrations d'une grosse feignasse

MessagePosté: Lun 19 Fév 2018, 14:25
par Dunandan
Welcome back oso, toujours un plaisir de te lire :super:

Sinon Ivri, tu l'as vu Confession d'un commissaire... ? Ça reste l'un des chefs d'oeuvre du bonhomme, dans un tout autre genre par contre ^^

Re: [oso] Brêves élucubrations d'une grosse feignasse

MessagePosté: Lun 19 Fév 2018, 14:28
par Mark Chopper
Dunandan a écrit:tu l'as vu Confession d'un commissaire... ?


Je l'ai pas vu perso...

Je suis sûr que Franco Nero ne s'est pas rasé les aisselles pour ce film et ça me débecte rien que d'y penser :vomi:

Re: [oso] Brêves élucubrations d'une grosse feignasse

MessagePosté: Lun 19 Fév 2018, 14:30
par lvri
Je ne crois pas connaître un seul film de ce réalisateur (et je ne connais quasiment pas le cinéma italien... Pour pas dire pas du tout). Je note également du coup ! :super:

Re: [oso] Brêves élucubrations d'une grosse feignasse

MessagePosté: Lun 19 Fév 2018, 14:31
par Dunandan
Mark Chopper a écrit:
Dunandan a écrit:tu l'as vu Confession d'un commissaire... ?


Je l'ai pas vu perso...

Je suis sûr que Franco Nero ne s'est pas rasé les aisselles pour ce film et ça me débecte rien que d'y penser :vomi:

:chut:

Re: [oso] Brêves élucubrations d'une grosse feignasse

MessagePosté: Lun 19 Fév 2018, 14:33
par osorojo
Mark Chopper a écrit:
Dunandan a écrit:tu l'as vu Confession d'un commissaire... ?


Je l'ai pas vu perso...

Je suis sûr que Franco Nero ne s'est pas rasé les aisselles pour ce film et ça me débecte rien que d'y penser :vomi:


:eheh: :eheh: :eheh:

Dunandan a écrit:Welcome back oso, toujours un plaisir de te lire :super:


Ben, euh, j'étais pas parti pourtant !

lvri a écrit:Ce sera dommage de se priver de tes critiques !


Critiques... critiques ... plutôt des bouts de phrase. Mais bon.

Re: [oso] Brêves élucubrations d'une grosse feignasse

MessagePosté: Lun 19 Fév 2018, 14:49
par lvri
Des bouts de phrases .... des bouts de phrases... tu es trop modeste. Mais bon....

Re: [oso] Brêves élucubrations d'une grosse feignasse

MessagePosté: Lun 19 Fév 2018, 16:10
par Dunandan
osorojo a écrit:
Dunandan a écrit:Welcome back oso, toujours un plaisir de te lire :super:


Ben, euh, j'étais pas parti pourtant !

...dans ton topic perso, pardi!

Il n'y a pas que toi qui fait des bouts de phrase :chut:.

Despair - 7/10

MessagePosté: Sam 24 Fév 2018, 15:20
par osorojo
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☉ Despair
[ R. W. Fassbinder → 1973][ 7/10 ]
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Despair fut une découverte intéressante. Fassbinder y traite en fond d'un contexte peu souvent développé au cinéma, à savoir la montée progressive du nazisme juste avant la seconde guerre mondiale, pour accompagner son illustration de la folie, allant même jusqu'à dédicacer son film à trois artistes qui se sont laissés dévorer par cette dame vicieuse.

Même si comme d'habitude, il faut parfois se laisser porter sans tout comprendre (pourquoi cet homme, de prime abord bien dans ses bottes, se persuade de sa ressemblance avec un vagabond qui ne partage aucun de ses traits physiques ou encore pourquoi ferme-t-il les yeux sur les infidélités de sa femme ?), les clés viennent plus tard, dans le dernier acte qui cristallise la folie qu'il a choisit d'embrasser. Pourquoi ? La question reste posée. Par ennui, par esprit de rebellion (l'homme a peur par exemple de posséder un visage commun) ou bien par manque de réponse à cette fameuse recherche du sens de nos vies... qu'importe finalement, seul le geste compte, et l'attitude de celui qui l'assène.

Fassbinder ne prend pas vraiment partie, se contente de filmer, avec son oeil affuté. Souvent placée en intérieur, sa caméra fait mouche, notamment lorsqu'elle filme l'homme et sa femme dans leur appartement bourgeois. Dirk Bogarde est bluffant, Andréa Ferréol l'accompagne à merveille, fausse pimbêche chipie troublante.

De quoi me donner envie de poursuivre mon petit voyage chez Fassbinder, d'autant plus que j'ai lu que Querelle n'était finalement pas vraiment le reflet de ses autres films. Espérons... :p

Négriers (Les) - 7/10

MessagePosté: Sam 10 Mar 2018, 13:57
par osorojo
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☉ Addio zio Tom / Les négriers
[ Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi → 1971][ 7/10 ]
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Bon, c'était une idée un peu saugrenue de lancer ça pour accompagner mon petit dej'. Mais pour ma défense, je ne pensais pas me retrouver devant un film/faux docu aussi trash. Inutile de vous dire que je n'ai pas terminé toutes mes tartines.

Parce que Addio Zio Tom, c'est une grosse mandale dans la tronche, un rafraîchissement des mémoires sur ce que fut la traite des noirs d'une violence frontale qui fait mal au bide. Je ne sais honnêtement pas trop quoi penser de la mise en scène putassière des deux réalisateurs, sans doute parce que je me dis qu'aussi atroce que puissent me paraître toutes les séquences les plus horribles du film, elles sont sans doute à des années lumières de ce que fut la réalité. Du coup, j'ai passé la projection à me poser des questions, ce qui, en un sens, joue plutôt en la faveur des deux metteurs en scène. Surtout que les deux bougres ne reculent devant rien, et parviennent, alors que tu crois avoir vu le pire, à te remettre un violent coup derrière la nuque qui te déstabilise encore plus.
Les deux sadiques commencent leur film par le premier maillon d'une chaîne sordide, à savoir le transport de millions d'Africains vers un paradis à deux vitesses dans des négriers tout droit sortis des enfers. Puis c'est direction les champs de coton où les esclaves aspirent à différents destins qui se jouent la plupart du temps sans vêtement ni conscience de soi. Petit détour ensuite dans un camp de reproduction (comprenez qu'on y parque des mères payées 1 dollar par bébé enfanté et des reproducteurs choisis pour leur capacité à fertiliser en continu toute la journée. Puis, c'est le coup de grâce : la caméra s'invite dans des chambres glauques où l'on finit de préparer des esclaves sexuels de tout âge. L'horreur est à son comble, sortez la bassine, j'étais personnellement pas loin de rendre le miel que j'avais rajouté en début de projection à mon thé au lait.

Point intéressant du film, et qui permet finalement à l'insoutenable d'être toléré, c'est le parallèle qui se joue à l'écran entre les temps de l'esclavage et la réalité des années 60-70 (Malcom X, Black Panther), même si ça reste à mon sens traité un peu trop en surface. C'est sans doute ce qui me gêne le plus dans ce film. Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi se targuent de rétablir l'histoire (même si on est pas dupe quant à leurs véritables intentions) mais quand ils évoquent le retour de bâton et la révolte menée par des hommes comme Malcom X ou Martin Luther King, c'est effleuré, voire délaissé au profit de scènes plus typées exploitation comme la vengeance finale qui consiste à massacrer des familles de blanc par exemple. D'ailleurs, pendant ces scènes plus typées bis, on est même tenté de se dire qu'il y a peut-être un peu de second degré qui se planque dans tout ça (plus sensible dans la dernière scène notamment avec le face à face gamin qui joue au ballon ou bien avec le moustachu qui se fait laver par une servante en fumant un cigare démesurément grand), mais c'est assez furtif, on pleure plus qu'on ne rigole devant Les négriers :'(

Bref, pas évident de savoir quoi penser de Addio Zio Tom. Je ne sais pas si c'est un film nécessaire, mais il remet tout de même en perspective une horrible phase de l'histoire de l'humanité, dont on est conscient mais que l'on connaît finalement assez mal. Et en tant qu'objet filmique à proprement parler, c'est quand même bien gaulé, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi sont loin d'être manchots, on ressent leur maîtrise dans le montage notamment. On pourrait leur reprocher de multiplier les paires de sein à l'image et de se laisser aller volontiers à montrer l'horreur sans jamais détourner leurs optiques, quitte à parfois favoriser la nausée à la réflexion à proprement parler. Mais n'est-ce pas, finalement, la seule manière plausible de traiter cette période de l'histoire en dépeignant l'horreur par l'horreur, l'impensable par une mise en image si frontale qu'on ne peut plus l'imaginer moins choquante. La question reste posée, pour ma part, même si j'ai souffert, je crois sincèrement que ce ne fut pas vain.

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Quelques captures, dont certaines sont NSFW ^^

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Re: [oso] Brêves élucubrations d'une grosse feignasse

MessagePosté: Sam 10 Mar 2018, 14:16
par Mark Chopper
Si on a aimé La Forme de l'eau, ça se tente ? :D