[Dunandan] Mes critiques en 2014

[Alegas]

Revolutions est certainement le moins bon de la trilogie. Déjà le titre est trompeur, puisqu'il est la suite directe de Reloaded.

Bah si, le titre est bien choisi. Contrairement à ce que beaucoup ont cru (et croient encore) c'est que le Révolutions n'est pas à prendre au sens révolutionnaire, mais bien au sens d'un cycle qui retourne à son point de départ et qui, du coup, ne finit jamais, ce qui correspont donc au cycle matriciel décrit par l'Architecte.. Et à mon sens, toutes les questions trouvent une réponse même si parfois, j'en conviens, elles sont difficiles à voir. Je te renvoie à ma critique du film, histoire que je ponde pas un énorme pavé sur ton topic.

Et pour faire mon chieur jusqu'au bout, c'est voulu le lever de soleil "We are the world" puisqu'il n'est qu'une illusion, censée faire penser au spectateur qu'il est en face d'un happy-end alors qu'il devrait se questionner sur l'idée même du réel.

[Dunandan]

Je sais bien que le titre n'est pas pris au hasard, mais ce que je voulais souligner, c'est que l'intrigue en elle-même n'a rien de révolutionnaire par rapport aux deux autres, et qu'elle voulait "simplement" clore l'histoire (sans clore réellement comme tu le dis toi-même mais bon je ne peux pas parler de tout, et j'essaie de donner en même temps mes impressions et mon analyse, ce qui n'est pas un exercice toujours facile ).

[Alegas]

Ah bah justement, comme je dis dans ma critique, je trouve pas que le film soit juste un truc pour boucler la trilogie, puisque c'est un film qui t'oblige à redéfinir totalement des règles que tu pensais acquises dans les autres films, pour finalement donner un épilogue sacrément dense que le premier film n'aurait pas pu bien retranscrire tout seul. Autant je comprend que, lorsqu'on découvre la trilogie, on se demande si les deux suites en valaient la peine, autant lorsqu'on pige tout ce que souhaite dire Revolutions, il n'y a pas photo : les deux films donnent bien plus d'épaisseur au propos de Matrix premier du nom et sont loin d'être juste des trucs actions comme certains aiment encore à les résumer aujourd'hui.

[Dunandan]

Je suis presque entièrement d'accord .

Je suis peut-être borné, mais je ne trouve pas que le troisième apporte une telle nouveauté par rapport au second, et ça se voit que ces deux-là ont été conçus (en termes de réalisation) en même temps, alors du coup il y a moins de questions dans Revolutions, je trouve. Mais sinon, et j'espère que ça se sent dans mes critiques, je suis bien d'accord avec le fait que Matrix est d'une ingéniosité formidable dans son scénario .

Edit 1 : Par contre bien d'accord avec ton second point, Alegas, j'ai corrigé ça (avec d'autres petites corrections, car je me rends compte que rien n'est laissé au hasard, même si ça heurte parfois mes goûts personnels)

Edit 2 : bah, puisque je ne peux pas réécrire ma critique, et pour éviter toute confusion, j'ai quand même préféré préciser ça :

tout ce qui a un début a une fin (la subtilité étant qu'il n'y en a pas vraiment, révélant le sens voulu et véritable du titre, ce que l'on peut comprendre depuis les révélations de l'Architecte)

Sinon j'ai oublié de dire que je revois les deux derniers carrément à la hausse par rapport à mes souvenirs :
- Matrix reloaded : 6 => 8.5.
- Matrix revolutions : 4 => 7.

[Dunandan]

Ghost World, Terry Zwigoff (2001)

Adaptation du comics book éponyme (que je n'ai pas lu et donc que je ne m'amuserais pas à comparer) à la réalisation assez quelconque, qui vaut surtout pour sa représentation relativement originale du passage de l'adolescence à l'âge adulte de deux jeunes outsiders. A première vue trop matures pour leur âge, l'une d'entre-elles se complaît dans une sorte de fuite du réel (elle observe et caricature dans son carnet des personnes qui s'y prêtent, s'intéresse à des trucs qui ne sont pas de son âge ou qui sortent de la norme, s'enfonce dans son sarcasme à la façon Daria mais en moins drôle et percutant), tandis que son amie, peu à peu, construit une vie "normale" et devient adulte. Ce qui prête à des situations cocasses et légèrement décalées (le sex-shop ou le mec qui ressemble à Chuck Norris), avec un soupçon de mal-être perceptible. Autre qualité : ses interprètes, particulièrement le trio qui les constitue (Thora Birch, Scarlett Johansson, et Steve Buscemi), jouant au naturel. Mais ce qui manque surtout à tout ce beau monde, c'est davantage de peps à l'intrigue qui se traîne un peu en longueurs, et une conclusion qui se complairait moins dans le pathétique (si bien qu'on a du mal à éprouver, au final, de la compassion pour cette "pauvre fille" qui nourrit sa négativité en entraînant ses proches dans son sillage, peut-être était-ce le but poursuivi ?). Bref, un film plaisant sur ces gens de "mauvais goût", qui se révèle davantage piquant et vénéneux, voire touchant, que réellement comique. Malheureusement ça peine un peu à décoller, et plus grave pour une telle adaptation, ça ne propose aucun visuel particulier (au-dehors de la tenue vestimentaire et des gueules atypiques de ce petit monde "has-been" mais attachant).

[Dunandan]

Sinon Alegas, j'avais oublié de le dire, mais je suis tout à fait d'accord avec ta lecture de la fin de "Revolutions". J'avais cependant laissé ce point dans le vague dans mon dernier §, et je me rend compte à présent que c'était avant tout mes goûts esthétiques qui étaient choqués quand je définissais cette fin de "maladroite", que j'ai renommée pour le coup "déconcertante".

Donc voilà j'ai modifié en conséquence des petits points pour éclairer mon point de vue, et par soucis de vérité (mais sans copier même si je suis bien d'accord avec cette interprétation cyclique de la trilogie)

D'ailleurs j'ai moi-même une interprétation sur l'homme du train, que j'ai rajoutée dans ma critique : son apparence négligée ne reflèterait-elle pas son lien avec le monde des humains, tandis que ses pouvoirs surclassant l'élu dans cet entre-deux le rattacheraient au monde des machines ? Je sais que ça semble tiré par les cheveux, mais j'ai l'impression que la grosse nouveauté de ce "Revolutions" est de jouer avec les codes de la trilogie ...

PS : bah sinon ça change en rien la note hein faut pas pousser .

[Mark Chopper]

Voilà, voilà : ne pleure plus !

[Alegas]

[Hannibal]

[Dunandan]

Salopes (bon je l'ai bien cherché )

[Dunandan]

Spring Breakers, Harmony Korine (2013)

Bon, j'ai eu bien fait de le regarder sans madame celui-là, car on ne peut pas dire qu'Harmony Korine (que je ne connaissais que de nom et de réputation) y aille mollo avec les nichons et les petits culs se tortillant au rythme d'une grosse bande-son techno, arrosés si possible de boisson ou de coke. Or, ce style agressif et aguicheur est justement la caractéristique principale du film, et je comprends qu'il a pu diviser ainsi le public, averti ou pas. D'ailleurs, amateurs d'une histoire "classique", passez votre chemin, ce n'est pas qu'elle soit inexistante, mais elle est juste très légère et anecdotique : 4 copines vont au Spring Break faire la fête car elles s'emmerdent dans leur petite existence monotone, et se font ramasser par un rappeur à la morale assez douteuse (excellent James Franco, il en fait des tonnes en mec tendancieux, mais ça fonctionne dans cette logique de l'excès) après que ça tourne mal. Ce qui est rigolo, c'est de reconnaître parmi elles une idole des jeunes nourris au Disney Show, Selena Gomez. Outre la volonté de se défaire d'une image proprette qui lui colle à la peau, l'intérêt du film est de vivre de l'intérieur ce trip dépeint de la façon la plus organique possible, de nous éclabousser du mauvais goût de cette génération dopée au plaisir et au matérialisme exacerbés, identifiés de surcroît (ironiquement) comme une forme de spiritualité libératrice.

Comme je l'ai dit, ce style jusqu'au-boutiste est à double tranchant, car on zappe ainsi l'évolution des personnages qui changent d'humeur selon l'enchaînement hystérique des images. Et pourtant, il existe un message, asséné de manière décalée, en alternant le point de vue des quatre adolescentes ("ouah c'est beau, c'est cool le printemps américain") et celui du réalisateur via le discours provocateur des images qui nous forcent à réagir ("ha ben non les filles, c'est trop de la merde ce que vous faites"). C'est le gros bémol que j'adresse à ce film, qui est loin d'être complètement vain, mais fortement limité à un trip sensoriel se répétant en boucle, et qui met à vif, via la mocheté intérieure de ces adolescentes, les dessous d'une culture du vide et du mauvais goût. Petite subtilité : alors qu'on pourrait s'attendre à un gangster vénère et une ex-star de Disney se lâcher (Gomez), ils ne vont qu'à mi-chemin, comme pour dévoiler toute l'hypocrisie d'une Amérique puritaine se complaisant dans les archétypes grossiers et caricaturaux de son "rêve américain" sans les assumer jusqu'au bout, épinglant au passage leur mal-être et l'absurdité de la situation. Sofia Coppola a essayé de nous dépeindre cette même jeunesse contemporaine en proie à l'ennui dans Bling Ring, mais sans arriver à ce degré de nihilisme, et de vulgarité abêtissante dans la réalisation de leurs fantasmes. Au final, malgré ses défauts, il s'agit bien là d'une oeuvre singulière qui, à défaut d'être pleinement originale dans le fond (Ellis est déjà passé avant), parvient à détourner le Teen movies pour en faire, de manière assez délectable, un film de genre tripesque, voire poétique (si, si) doté des délires stylistiques d'un Tueurs Nés (O. Stone).

[Kefren]

Ce que j'ai adoré avec ce film, c'est entendre les petites connasses de 14 ans qui étaient venu au cinéma en pensant voir un American Pie se prendre le film dans la tronche. Quel bonheur de les voir sortir de la salle avec les yeux éclatés et la tronche défaite
Ce qui est bien avec ce film, c'est qu'à aucun moment il n'est sexy ou cool... Il remet un peu les choses à leurs places : non springbreak n'est pas aussi sympa que le raconte la légende, non ce n'est pas cool d'être un abruti sans cervelle et non mesdemoiselles, ce n'est pas cool d'être une pute à gros seins.
Par contre, je trouve que le film perd tout son interêt des le départ de la petite brune, après ça commence le trip "Franco et ses bitchs" sans grand interêt à mes yeux.

[Dunandan]

Ben ouais ça tourne un peu en boucle, heureusement qu'il ne dure qu'1h30 .

Bon après c'est aussi pour nous montrer que ce sont elles les vrais "méchantes" de l'histoire, au cas où on ne l'avait pas compris au départ ...

[Hulkiss]

La petite brune qui s'en va, c'est Disney qui tourne les talons parce qu'il ne faut pas casser toutes les images de l'Amérique puritaine et représentée par certaines icones....ce qui fait aussi que ce film se coupe l'herbe sous le pied direct et nous livre un reste de spectacle insipide et inutile. Un gangsta au cœur tendres, des midinettes qui osent pas trop.....sauf à la fin ou c'est carnaval........mais c'est trop tard......... on en peut déjà plus....

[Dunandan]

Tu te rends compte que t'as dit un truc pas con là, car en effet elle représente dans ce film la fille qui ne veut pas trop se mouiller, et il y a de quoi. Car ce film c'est l'image d'une Amérique puritaine qui ne s'assume pas à fond dans les symboles ou activités auxquels elle participe (le gangster impitoyable à la Scarface, faire la pute comme dans les chansons de Britney Spears, etc.). Je l'ai vu comme ça en tous cas (du coup je vais le rajouter dans ma critique plus tard, car ce n'était pas aussi clair dans ma tête, merci Hulkiss ).