[Alegas] Mes Critiques en 2021

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Olrik » Mer 01 Déc 2021, 20:57

Alegas a écrit:
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Illusions perdues de Xavier Giannoli
(2021)


Vu que j’avais apprécié A l’origine à sa sortie cinéma, je m’attendais à quelque chose de correct, mais je n’espérais pas un film aussi réussi. Pour le coup, je trouve que la promo marketing vend assez mal le sujet du métrage en le simplifiant à l’extrême (en gros si on se base sur la bande-annonce on peut penser que ça va être un film sur le milieu de la presse) alors que ça se révèle être une fresque dense analysant la France à un moment charnière de son histoire. Il y a la volonté de raconter en quelque sorte les coulisses d’un pays en pleine mutation, et c’est là que le film frappe fort en parlant des inégalités sociales, d’une bourgeoisie qui tente de se persuader qu’elle survivra éternellement, du rapport entre la culture et l’argent, et globalement d’un milieu où tout se joue sur les apparences et où la moindre erreur se fait payer très cher.

N’ayant pas le matériau d’origine je ne pourrais pas dire à quel point Giannoli apporte de la qualité supplémentaire, mais ce qui frappe c’est la modernité du récit qui fait qu’à travers une histoire écrite au milieu du 19ème siècle, on parle finalement de la France d’aujourd’hui, de façon souvent subtile, parfois moins (la petite pique à Macron où on évoque qu’un jour, peut-être, un banquier sera à la tête du gouvernement). Au milieu de tout ça, on assiste autant à des histoires déchirantes que des destins pathétiques, avec notamment un rise and fall avec ce poète provincial qui va tout faire pour rentrer dans un monde qui ne l’accepte qu’à partir du moment où il le divertit, et autant dire que la durée généreuse du film (2H30) contribue à donner ce qu’il faut d’épaisseur aux nombreux personnages tout en développant correctement les intrigues. Ma seule réelle réserve concernant Illusions perdues viendrait de l’utilisation de la voix-off, omniprésente lors des premières scènes à Paris, mais d’un autre côté je vois mal comment le film pourrait s’en passer sans perdre son côté film populaire, tant elle sert à expliciter tout un mode de fonctionnement qui ne parlera peut-être pas assez à ceux pas habitués aux films d’époque.

Pour le reste, Giannoli confirme qu’il sait vraiment bien emballer ses films, la reconstitution a de la classe et ça fait vraiment film de cinéma. Quand au casting, Benjamin Voisin (qui était déjà une super révélation dans La dernière vie de Simon) porte le film sur ses épaules, et tout le reste de la distribution, que ce soit Dolan, Cécile de France, Depardieu ou Salomé Dewals) donne le meilleur de lui-même (à la limite, si je devais pinailler, je pourrais critiquer Lacoste où je vois plus l’acteur que le personnage, mais franchement ça passe). Vraiment un excellent film, qui rappelle parfois la réussite du Ridicule de Patrice Leconte en plus dramatique, et qui donne envie de creuser un peu plus la filmographie de Giannoli.


7,5/10

Plutôt de bons retours apparemment. Tant mieux pour le réalisateur mais à ce que l'on m'a dit, le film fait l'impasse sur Angoulême, David Séchart (quel personnage !) et surtout, surtout, sur le Cénacle. Une demi-heure de plus en intégrant ces éléments, et on tenait là la version ultime des Illusions. Sans eux, je n'ai pas plus que cela envie de le voir.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Mer 01 Déc 2021, 21:01

le film fait l'impasse sur Angoulême,


Juste la partie centrale en version allégée donc. J'imagine même un final sans Vautrin ?

En tout cas, je lis actuellement Splendeurs et misères des courtisanes (la suite, en quelque sorte)... Et Vautrin me fait l'effet d'un Monte-Cristo passé du côté obscur.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Olrik » Mer 01 Déc 2021, 21:06

Mark Chopper a écrit:J'imagine même un final sans Vautrin ?

Justement ! Il paraît qu'il n'y a pas Vautrin à la fin. Bon, si le réal ne comptait pas enchaîner avec Splendeurs, ça peut se comprendre, mais quand même, ça fait beaucoup.

La toute-puissance de Vautrin dans Splendeurs et misères peut effectivement faire songer à Monte-Cristo. Ce roman est par ailleurs le plus feuilletonesque de Balzac.
Et dans le Père Goriot, il n'est pas dégueulasse non plus. Comme pour Monte-Cristo, il électrise chacune des scènes où il est présent.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Mer 01 Déc 2021, 22:00

Ce que vous dites ne me rappelle absolument rien dans le film, donc je suppose que ce n'est pas dedans, effectivement. :mrgreen:

Jamais été tenté par Balzac jusqu'ici, mais vous me rendez curieux.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Mer 01 Déc 2021, 22:06

Si aucune scène ne se passe à Angoulême, ça fait déjà sauter les 2/3 du livre.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Mer 01 Déc 2021, 22:11

Angoulême c'est le bled dont il vient ? Si oui ça prend 15-20 minutes au début tout au plus, et la toute fin, genre 5 minutes.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Mer 01 Déc 2021, 22:12

Angoulême c'est le bled dont il vient ?


Yep.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Mer 01 Déc 2021, 22:16

Bah du coup effectivement c'est loin d'être au centre de l'intrigue, c'est utilisé comme point de départ et d'arrivée du rise and fall. Le film se concentre davantage sur tout ce qui se passe à Paris et alentours.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Olrik » Mer 01 Déc 2021, 22:21

@ Alegas : Les nombreuses pages sur Angoulême sont centrées sur la petite société angoumoisine dans laquelle Lucien fait le paon, persuadé qu'il est un grand poète. A côté de cela, il a un beauf, David Séchart, honnête imprimeur qui engage sa fortune pour lui permettre de réaliser ses rêves fumeux à Paris. Et le Cénacle est un groupe de jeune gens de talents divers (un médecin, un écrivain, un philosophe, un peintre, etc) qui prennent Lucien sous leur aile, sorte de contre-poids salvateur à côté de ses mauvaises rencontres journalistiques (mais qui mettra en lumière l'infamie dans laquelle il est tombé). Quant à Vautrin, à la fin, mieux vaut ne pas dévoiler. C'est une scène hallucinante (et pour la savourer, il est préférable de lire Le Père Goriot avant).
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Cry Macho - 2,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 02 Déc 2021, 18:01

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Cry Macho de Clint Eastwood
(2021)


Je pensais avoir quelque chose proche de The Mule, autant qualitativement que dans le mood, avec un Eastwood proche de la fin, qui en a conscience, et qui signe donc un potentiel idéal film de fin de carrière, sauf que là c’est vraiment pas ça du tout. Alors oui, il y a bien le côté chant du cygne qu’on peut espérer d’un tel film, mais paye le niveau du bousin : c’est à ranger parmi les pires Eastwood et ça serait vraiment dommage que le bonhomme s’arrête sur ça (encore qu’il pourrait toujours faire pire). J’ai à peu près eu le même sentiment que devant Le 15H17 pour Paris, en moins extrême : plus qu’un film inutile, c’est surtout un film de vieux qui se croit toujours dans le coup, et il s’en dégage un aspect hautement ridicule, qui sonne faux, là où ça voudrait juste être beau et touchant.

On va donc avoir Eastwood en star du rodéo déchu, obligé d’aller au Mexique pour ramener le gamin d’un ancien collaborateur à qui il doit un service. L’occasion de faire un petit voyage au Mexique, notamment dans un bled où il peut échapper aux sbires de la mère du gosse qui sont à ses trousses, et c’est vraiment sur cette partie-là que ça coince. Je vois bien ce que tente de faire Eastwood, de faire un film simple, sur les plaisirs simples de l’existence, de remettre en question son propre statut qu’il a baladé ces dernières décennies, mais c’est clairement un film qu’il aurait dû signer il y a plusieurs années. Le gros souci à mon sens, c’est le fait de se caster lui-même comme héros : le rôle pourrait marcher pour le Eastwood des années 90 (apparemment Eastwood voulait faire le film dans les années 80), mais pas pour un vieillard de plus de 90 piges :evil: . Un problème qui se ressent autant dans la prestation physique d’Eastwood, qui donne des bourre-pifs à des hommes de main sans jamais que ce soit convaincant, que dans les situations scénaristiques où il se trouve : on cherche vraiment à nous faire croire qu’une bomba latina de plus de la moitié de son âge veut coucher avec lui :shock: (dans The Mule, ça passait car c’était des prostituées et c’était traité avec un minimum d’humour, mais là c’est WTF :shock: ).

Et globalement, l’écriture ne fonctionne absolument pas : l’arrêt au village c’est une accumulation de clichés, le gamin et son coq sont insupportables (sérieux le coup du coq qui sauve la situation on nous le refait deux ou trois fois :evil: ), la relation qui se voudrait centrale n’est jamais touchante (le jeu désastreux du gamin n’aide pas), c’est vraiment triste à voir. Formellement, Eastwood montre clairement ses limites : c’est plat, sans idées, le montage est parfois honteux quand il essaye de rattraper la mollesse de son héros. Alors on pourra dire que l’âge d’Eastwood est ce qu’il est, mais ça n’excuse pas tout, et quand les meilleurs moments du film se révèlent être deux ou trois répliques méta qui parlent autant d’Eastwood lui-même que de son personnage, c’est quand même qu’il y a un sérieux problème.


2,5/10
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Umberto D. - 6,5/10

Messagepar Alegas » Dim 05 Déc 2021, 19:59

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Umberto D. de Vittorio De Sica
(1952)


J’avais de gros espoirs sur celui-là : d’une part parce qu’il se pose là en tant que classique parmi les classiques de l’histoire du cinéma italien, d’autre part parce que le seul film que j’avais vu de De Sica jusqu’ici m’avait enchanté lorsque je l’avais découvert il y a cinq ans. Alors forcément, il y a un peu de déception de mon côté, tant j’ai du mal à comprendre comment on peut trouver ce film plus réussi que Le voleur de bicyclette : j’ai vraiment eu l’impression de voir De Sica refaire le même film en changeant les thématiques, mais pour arriver à un résultat moins convaincant. On va donc avoir un film typiquement dans la vague néo-réaliste italienne d’après-guerre, où on va s’intéresser au quotidien du peuple et faire du quotidien un récit de cinéma, et ici donc le héros va être un vieil homme criblé de dettes, qu’on menace de jeter à la rue, et qui n’a pour seul et véritable compagnon que son fidèle petit chien.

L’objectif de De Sica est clair : d’une part prouver à nouveau qu’on peut baser un film de cinéma uniquement sur des enjeux et péripéties de la vie quotidienne, d’autre part pointer du doigt une société qui préfère se débarrasser des vieux plutôt que de les récompenser d’une vie de dure labeur. Cela donne un film touchant, voire poignant à certaines reprises (la tentative d’aumône avec le chien :cry: , le sublime final), très bien interprété (quel acteur !) mais à qui il manque une certaine constance dans le script pour réellement me convaincre. Autant j’avais trouvé Le voleur de bicyclette prenant de bout en bout, autant là je dois bien avouer qu’une bonne demi-heure de film m’a franchement ennuyé. Ça n’a heureusement pas empêché la séance d’être agréable, mais c’est clairement un point qui m’empêche de considérer le film à la hauteur de sa réputation, quand bien même je peux comprendre qu’on adhère.


6,5/10
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Espions (Les) (1928) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Lun 06 Déc 2021, 17:54

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Spione (Les Espions) de Fritz Lang
(1928)


Après l’immense échec financier de Metropolis, Fritz Lang revient (ou est contraint ?) le temps d’un film à quelque chose de très proche de son Dr. Mabuse. Pour le coup, les liens entre cet ancien succès de Lang et ce nouveau film sont nombreux : une histoire d’espionnage, un grand méchant à la tête d’une société secrète qui tente de créer le chaos à l’échelle mondiale, le même acteur pour l’interpréter, un héros qui va devoir trouver un moyen pour démasquer cette organisation, bref Lang est en terrain connu. Mais là où Dr. Mabuse s’inscrivait dans l’esprit des serials de Feuillade, ici on sent clairement une volonté d’élever les ambitions du spectacle présenté, de la part d’un Lang en pleine possession de ses moyens. Malgré un script finalement pas très intéressant (c’est fonctionnel, jusque dans l’histoire d’amour entre l’espionne russe et le héros), le film se révèle être une nouvelle preuve du talent visuel de Lang.

Les Espions a beau ne pas avoir la constance qualitative de Metropolis, ça reste quand même un sacré spectacle bourré d’inventivité, notamment sur le plan formel où Lang expérimente à nouveau et signe des séquences particulièrement marquantes. Entre l’introduction (le plan en contre-plongé sur le motard :o ), la scène de seppuku :love: , le crash du train (ce travail de montage ! :shock: ) ou encore le climax final dans le repaire du bad guy (là aussi, gros boulot d'editing), Lang se fait clairement plaisir, et le spectateur friand de belles images, et d'action, avec. Dommage donc que la durée un peu abusée (il aurait clairement fallu une demi-heure de moins, on s’attarde beaucoup trop sur la romance pour pas grand chose :? ) vienne assombrir le tableau en gâchant l’efficacité rythmique, car sinon c’était vraiment à ranger parmi les grandes réussites de son réalisateur. Sinon, le film est vraiment intéressant à replacer dans son contexte historique, tant on y sent l’influence de l’engouement nationaliste allemand de l’époque : le fait d’y voir des forces de l’ordre, certains habillés comme les futurs gradés nazis, déjouer les plans d’un diabolique banquier qui tire les ficelles dans l’ombre pour amener son pays à la ruine, a de quoi décontenancer avec le recul :mrgreen: .


6,5/10
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Parvana - 7,5/10

Messagepar Alegas » Mar 07 Déc 2021, 14:59

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The Breadwinner (Parvana) de Nora Twomey
(2017)


Un très beau film d’animation que voilà, alors que je ne partais pas spécialement convaincu à la base. J’avais peur, vu le sujet, d’un truc un peu trop engagé façon Les hirondelles de Kaboul (que j’avais bien aimé au demeurant, mais que je ne reverrais sans doute jamais), mais au final c’est plus un film sur l’enfance dans un contexte particulier, avec une gamine en Afghanistan qui, du jour en lendemain, doit se travestir en garçon pour subvenir aux besoins de sa famille. Sur le papier, ça peut faire histoire à fort potentiel de pathos, mais c’est particulièrement bien écrit, avec un traitement assez audacieux, et ça donne un très beau film sur l’innocence perdue, sur les responsabilités, l’importance des rencontres, et surtout sur le pouvoir de l’imaginaire face à la cruauté de la réalité.

J’aurais du mal à parler du film sans spoiler une grosse partie de l’intrigue, mais c’est vraiment une histoire très touchante sur une gamine qui cherche juste à retrouver son père et qui, dans son parcours, va aborder plein d’autres sujets différents : on y parle de deuil, d’amitié, d’égalité hommes/femmes, le tout sans jamais que ce soit moralisateur ou forcé, et qui va aboutir sur un final assez éprouvant (le triple montage entre la gamine, le reste de sa famille, le gardien de prison, et la fin du conte, c’est un sacré climax émotionnel :o ). Pour un premier long-métrage en solo (Twomey avait co-réalisé Brendan et le secret de Kells avec Tomm Moore), c’est vraiment impressionnant, et nul doute que cette réalisatrice sera un potentiel nom à suivre dans le milieu de l’animation. Visuellement, on sent la patte du studio Cartoon Network, il y a une richesse équivalente à celle des films de Tomm Moore, mais à côté de ça, le film possède une vraie personnalité, notamment en épousant une direction artistique orientale du plus bel effet (chaque scène du conte est formellement très inspirée :love: ). Bref, c’est à ranger parmi les plus belles réussites animées de ces dernières années, et je m’en veux de ne pas avoir découvert ce beau film en salles à l’époque.


7,5/10
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Tragedy of Macbeth (The) - 7/10

Messagepar Alegas » Mer 08 Déc 2021, 12:42

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The Tragedy of Macbeth de Joel Coen
(2021)


Bien content d’avoir eu la chance de découvrir ce film dans une salle de cinéma, là où, malheureusement, quasiment tout le monde devra le découvrir sur un plus petit écran. Alors bon, on me dira que ça changera rien au film lui-même, mais pour le coup il y a un tel travail formel, que ce soit sur la photographie, les cadres, le son ou l’ambiance en général, que je me dis que le revoir même sur un home-cinéma ne sera jamais aussi impressionnant que cette première vision, d’autant qu’il y avait le fait qu’il était projeté dans une salle IMAX, autant dire que ça en jetait grave :love: . A la vision de ce premier film solo de Joel Coen, on comprend vite qu’on est loin d’être devant un film “comme ceux des frères Coen” : à l’exception de la présence de quelques collaborateurs (McDormand évidemment, mais aussi Delbonnel à la photo et Burwell à la musique), difficile d’imaginer que c’est un film qui vient d’un des frangins, et pour être honnête ça a plus de points communs avec d’autres films produits/distribués par A24 comme The Lighthouse qu’avec les précédents films des bros.

On va donc avoir ici une adaptation qui me semble très fidèle aux écrits de Shakespeare : le texte d’origine est conservé, plusieurs scènes m’ont donné l’impression d’être absente d’autres adaptations, et puis il y a un enrobage qui donne à la fois l’impression de voir une pièce de théâtre par son aspect minimaliste, mais aussi un vrai film de cinéma par le côté hyper stylisé/travaillé. Formellement, c’est probablement l’un des films les plus dingues de l'année :shock: . La photographie noir et blanc rappelle énormément celle de The Barber, avec des contrastes hyper appuyés, le tout couplé avec les décors minimalistes qui, du coup, donne un côté épuré qui sied parfaitement au projet. Ça assume complètement cet aspect, et ça permet au métrage d’être réellement saisissant lors de scènes qui dénoteraient dans un contexte plus réaliste : les visions de Macbeth évidemment (l’apparition des sorcières :o , le visage dans l’eau, le travail sur le son :love: ), mais aussi, par exemple, le moment où il ouvre une fenêtre pour voir une armée se rapprocher de son château, et où on va avoir des milliers de feuilles qui s’engouffrent dans la pièce :love: . Alors oui, toute cette stylisation se fait au prix d’un certain naturel, et du coup je ne serais pas surpris de lire, dans les semaines à venir, que certains reprocheront au métrage sa froideur, un aspect qui ne m’a pas dérangé de mon côté car l’histoire s’y prête bien à mon sens.

Il y a donc un enrobage superbe (bien plus justifié que l’adaptation avec Fassbender qui faisait beau pour faire du beau, alors qu'ici quand il y a des jeux de contraste c’est pour réellement pour signifier quelque chose), mais ce qui rend le film réellement vivant à mon sens tient dans la seconde grosse qualité du métrage : les interprétations. Les Coen ont toujours été des sacrés directeurs d’acteurs, et ça se confirme à nouveau ici pour Joel qui dispose d’un casting où même les troisièmes rôles sont excellents. Denzel Washington prouve quel grand acteur il peut être sur un bon projet, McDormand est égale à elle-même, et le film permet de découvrir plein de mecs talentueux, notamment Alex Hassell et Kathryn Hunter que je ne connaissais pas. A l’arrivée, c’est clairement pas un grand film à mes yeux, mais c’est une proposition forte qui, du coup, mérite le coup d'œil, à condition d’aimer la pièce de base (sous peine de se faire chier), et c’est aussi un film qui prouve bien que même un seul Coen à la barre peut livrer un sacré morceau de cinéma.


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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar maltese » Mer 08 Déc 2021, 14:18

:shock: il est déjà sorti dans des salles en France ?

Bon, j'ai lu un peu en diagonale parce que je n'ai pas envie de trop en savoir, mais ça a l'air intéressant en tout cas :super: mais j'attends tout de même de voir pour le côté "Coen sans être du Coen" :mrgreen:
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