[Alegas] Mes Critiques en 2022

Modérateur: Dunandan

En corps - 7/10

Messagepar Alegas » Sam 14 Mai 2022, 09:25

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En corps de Cédric Klapisch
(2022)


Je sais généralement à quoi m’en tenir avec Cédric Klapisch : à l’exception d’un film, Ce qui nous lie, je trouve son cinéma au mieux sympathique, et c’était pas avec ce film que je m’attendais à ce que la donne change. Alors bon, j’irais pas jusqu’à dire que En corps est au niveau de Ce qui nous lie, mais on en est pas trop loin, et du coup c’est facilement le second meilleur film du réal en ce qui me concerne. Vu la bande-annonce, je m’attendais à quelque chose d’assez grossier sur une rééducation physique, le film racontant l’histoire d’une danseuse de ballet qui, suite à un accident, doit complètement reconsidérer sa passion et son avenir, mais au final c’est bien plus subtil que ça et ça va bien plus loin qu’une jambe cassée à guérir. On va donc avoir un beau récit sur la place d’une passion pour une femme qui a encore toute la vie devant elle, mais qui est persuadée que tout se joue dans les moments qu’elle vit actuellement, et alors qu’elle va s’exiler un temps en Bretagne (meilleure décision ever, les vrais savent 8) ), elle va revoir peu à peu sa position via les rencontres qu’elle va faire, notamment une troupe de danse contemporaine.

Je vais pas chercher à suranalyser le film car ça ne s’y prête pas vraiment, c’est juste un joli script bien plus équilibré que ce que propose Klapisch habituellement (j’avais, par exemple, trouvé son précédent film très basique de ce côté-là) et servi par des comédiens qui sont tous au diapason. Si ce n’est pas surprenant de la part de Pio Marmaï ou François Civil, ça l’est déjà plus venant de Muriel Robin par exemple, et globalement tous les seconds rôles sont bien servis, de Podalydès en père un peu trop coincé émotionnellement jusqu’à Souheila Yacoub qu’on avait pu voir précédemment chez Gaspar Noé. Mais la grosse surprise du film, c’est clairement la prestation de l’interprète principale, Marion Barbeau, danseuse de profession, et qui étonne pour un premier passage au cinéma. Formellement, ça reste du Klapisch donc à mi-chemin entre une volonté de cinéma-réalité et quelque chose de formellement plus travaillé, et pour le coup j’aurais tendance à penser que c’est son meilleur film sur ce point, rien que la séquence d’intro muette et son générique très cool avec la musique de Bangalter c’est probablement ce que le bonhomme a fait de mieux dans sa carrière. Bref, c’est un joli petit film qui passe vite et qui fait du bien, et c’est déjà pas mal.


7/10
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Film: En corps
Note: 5/10
Auteur: Scalp

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Chose d'un autre monde (La) - 6/10

Messagepar Alegas » Sam 14 Mai 2022, 21:35

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The thing from another world (La chose d'un autre monde) de Christian Nyby
(1951)


Un film que j’avais envie de voir depuis longtemps, étant donné que c’est le film que Carpenter a remaké et qui donnera lieu à The Thing. En plus d’être un classique de la science-fiction 50’s, c’est aussi un film dont la fabrication a engendré pas mal de débats, notamment concernant la paternité du métrage en matière de réalisation, où on ne sait pas vraiment si c’est à mettre au crédit de Christian Nyby, réalisateur officiel, ou Howard Hawks, producteur du film. Après lectures de plusieurs sources, j’ai l’impression que ce débat naît surtout du fait que Hawks était particulièrement présent sur le tournage, et donnait souvent des instructions directes à Nyby, mais du coup c’est loin d’être le premier ni le dernier producteur très impliqué de l’histoire du cinéma, et du coup j’aurais tendance à dire que c’est un film réalisés à deux mains, mais probablement réfléchi avec deux têtes pensantes. A l’arrivée, je suis pas complètement convaincu par le film, qui a évidemment son pitch qui fonctionne bien (une équipe de scientifiques/militaires en Alaska se retrouve coincée avec un alien qui cherche à les tuer), mais qui se révèle pas génial en termes de script, et qui accuse son âge.

Pour le coup, je pense que Carpenter avait totalement raison de remaker un film pareil, tant le film de Nyby a beaucoup de limitations qui l’empêche d’être un grand film. Rien que le concept de l’alien le prouve bien : ici il n’est pas question d’un être capable de reproduire le physique de ses victimes, c’est juste un humanoïde difficile à tuer, et qu’on tente de nous justifier avec une séquence pas terrible sur la filiation entre l’alien et les plantes. Le métrage a peu de rebondissements, et ça tourne vite à une répétition qui tourne à vide (alien perdu, recherche, alien retrouvé, affrontement, alien qui fuit), et le fait d’avoir des personnages lisses et peu développés n’aide pas vraiment à rendre le truc plus passionnant, même si c’est bien rythmé (ce qui se passe à l’écran n’est pas captivant, mais on se fait pas chier pour autant). Et puis autant j’aime bien parfois l’aspect SF des années 50, autant là c’est souvent kitsch à mort entre le vaisseau qui est une soucoupe volante clichée de l’époque, le design de l’alien pas terrible, la réal plan-plan, et les personnages limités à des répliques fonctionnelles, avec la part belle donnée aux militaires (filiation alien/communistes oblige). Ceci dit, le film a tout de même quelques passages bien marquants, entre l’alien dans son bloc de glace qui fond de plus en plus, un jumpscare bien foutu avec l’alien derrière une porte qu’on ouvre, ou encore cet impressionnant passage où on tendre piège pour l’immoler (et là chapeau au cascadeur, le mec est vraiment en feu pendant un bon moment :shock: ). Sans surprise, le remake de Carpenter est tout de même bien meilleur sur tous les niveaux, mais ça reste quand même un petit film de SF agréable à regarder, pour peu qu’on en attende pas trop.


6/10
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Ange blanc (L') (1931) - 5,5/10

Messagepar Alegas » Mar 17 Mai 2022, 11:52

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Night nurse (L'ange blanc) de William A. Wellman
(1931)


Pour le coup, si on me demandait de montrer un film pour montrer rapidement et simplement ce qu’est l’ère pré-Code, Night nurse pourrait être un choix judicieux. Pour peu qu’on se mette bien en tête la morale de l’époque, ce film est en quelque sorte l’irrévérence à quasiment chaque scène. En moins d’1H15, on a deux femmes qui dorment dans le même lit, des pantoufles balancées à la figure de l’autorité, une héroïne engagée comme infirmière juste parce qu’elle a de jolies jambes, une tentative de viol, une femme qui frappe un homme au point de le mettre à terre, une romance avec un malfrat sans que ce soit montré comme quelque chose de négatif, des enfants qu’on essaye de faire mourir de faim, un squelette mis dans un lit pour une blague, plusieurs moments où les femmes se mettent en petite tenue face caméra, bref autant de choses qu’on a vraiment pas l’habitude de voir dans du vieux film hollywoodien classique. Cerise sur le gâteau : l’intrigue qui se résout par un meurtre hors-champ, et l’héroïne qui se marre à l’idée qu’un mec ait été tué sur ordre de son mec :eheh: , c’est dire le niveau d’immoralité de cette bobine, et sur ce point il faut bien avouer que c’est assez réjouissant à voir :mrgreen: .

Le souci, c’est que contrairement à Babyface que tournera Stanwyck deux ans plus tard, ce côté irrévérencieux n’est pas spécialement au service de quelque chose d’intéressant. Oui, le film se veut moderne dans la représentation d’une femme gênante pour la gente masculine, et qui va bousculer les conventions, quitte à y aller avec les poings, mais le problème est que l’écriture est quand même assez simpliste et donc que ça n’en fait pas grand chose. Autant la première partie du métrage, avec les débuts en tant qu’infirmière et les passages dans chaque service est sympa à suivre, autant dès qu’on rentre dans la storyline des gamins ça devient pas très passionnant, les situations se débloquant un peu de façon aléatoire (le meurtre final dont je parle plus haut a beau être drôle à voir, ça reste une grosse facilité scénaristique). Vu la brochette de talents sur le film, entre Stanwyck, Wellman à la réal, et Clark Gable en bad-guy, j’avoue que je m’attendais à mieux, mais ça reste quand même une curiosité intéressante pour son sens de l’immoralité qui va très loin.


5,5/10
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Vortex - 7/10

Messagepar Alegas » Mer 18 Mai 2022, 16:46

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Vortex de Gaspar Noé
(2022)


Plutôt une bonne surprise dans la mesure où je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre, et même si ça reste un Gaspar Noé qui est loin des qualités des débuts, c’est probablement celui que je préfère depuis Enter the void. Sur la note d’intention, c’est assez simple : c’est Noé qui refait plus ou moins l’un de ses films préférés, à savoir le Amour de Haneke, mais sous influence purement personnelle. Entre l’Alzheimer de sa mère, la mort de cette dernière suivie de celle de son père, puis une hémorragie cérébrale qui a failli lui coûter la vie, nul doute que Noé met beaucoup de son expérience dans ce film qui se veut à l’opposé de ce qu’il a l’habitude de livrer. Dans Vortex, il n’y a pas réellement de volonté de bousculer le spectateur par la mise en scène ou par les actions des personnages, ici c’est plutôt la lente dégradation d’un vieux couple qui va prendre aux tripes, alors que la femme montre de plus en plus de symptômes de démence, et que son mari tente tant bien que mal de faire avec, lui qui montre aussi une santé qui se dégrade.

Bref, c’est clairement pas un film joyeux, qu’on se le dise, et pour peu qu’on ait vécu des épisodes semblables avec une personnage âgée atteinte d’Alzheimer, ça devient même assez badant sur certains passages, mention spéciale à la dernière demi-heure qui pose quand même un sacré niveau (Noé avait déjà filmé la mort par le passé, mais jamais avec autant de sécheresse dans sa mise en scène ou son montage). Sur la majorité du récit, on va suivre les deux personnages du couple chacun de son côté, dans leur routine quotidienne, ça se veut être dans un style tranche de vie, et malgré quelques longueurs ça y arrive plutôt bien, surtout que les prestations suivent bien (surtout Françoise Lebrun, Argento est clairement limité par son usage hésitant de la langue française, même si ça lui confère la fragilité nécessaire que demande son rôle). Formellement, c’est tout sauf tape à l'œil, même du côté de la photographie qui se veut très naturelle, et il faut attendre la toute fin du film pour avoir quelque chose qui rappelle les autres films de Noé. Il y a bien le split-screen, mais le procédé est tellement ancré dans le concept du métrage qu’il réussit à se faire oublier, et autant au début je trouvais ça assez artificiel, autant Noé a vraiment réussi à me surprendre sur l’utilisation du procédé, notamment avec un passage important qui le remet en cause (je vais pas spoiler, mais c’est probablement l’une des utilisations les plus intelligentes du split-screen que j’ai vu ces dernières années).

Ceci dit, j’ai vraiment l’impression que Noé vient d’aller au bout d’un certain style qu’il explore depuis Love, au point que certains gimmicks paraissent désormais juste là pour rappeler que c’est lui derrière la caméra (les petits cuts de quelques frames qui agissent comme des clignement d’yeux) et j’espère désormais qu’il arrivera à se renouveler sur son prochain projet. Beau boulot sinon du côté du décor d’appartement qui sert sur 90% du film, ça donne vraiment l’impression de voir un lieu où se résume deux vies entières, et il y a tellement de choses à voir à l’écran, entre les affiches, les livres, et autres, que ça donne l’impression d’écraser, d’avaler les personnages, ce qui rejoint du coup le propos du métrage. Une chouette expérience de cinéma donc et qui, je pense, supportera mieux une seconde vision que Love ou Climax.


7/10
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Mutafukaz - 3/10

Messagepar Alegas » Mer 18 Mai 2022, 20:50

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Mutafukaz de Shōjirō Nishimi & Guillaume Renard
(2018)


J’avais le film sur ma watchlist de sa sortie, d’une part parce que je suis toujours friand de cinéma d’animation différent de ce qui se fait habituellement, d’autre part parce que j’avais un pote qui avait bossé dessus à l’époque. A l’arrivée, c’est une sacrée déception. Pourtant, j’en attendais vraiment rien car je connais absolument rien de la BD, des réals et du studio, mais j’espérais un film qui se tienne un minimum et sur ce point c’est vraiment une catastrophe. Alors bon, je vais d’abord lister les points positifs : ça a visuellement de la gueule avec une direction artistique qui fonctionne, j’ignore quel est le budget du film mais je me doute que ça doit pas voler bien haut, et pourtant ça fait rarement cheap. Ça a aussi le mérite d’être bien violent, on sent que c’est pas un projet timide quoi, ça veut aller à fond dans son délire et ça le fait sans concessions (enfin j’ai l’impression, encore une fois je connais pas le matériau d'origine). Donc voilà, ça c’était les points positifs, et maintenant place au reste :mrgreen: .

Globalement, j’ai eu l’impression de voir un problème typique des adaptations de BD en film d’animation : les scénaristes savent qu’ils y aura pas de suite, et donc ils font en sorte de caser un maximum de storylines dans le film. Le souci, c’est que ça ne marche pas : Mutafukaz a trop de personnages, donc beaucoup dont on se fout totalement ou qui arrivent comme un cheveu sur la soupe (les catcheurs, le scientifique), pendant que les principaux sont développés de la façon la plus simpliste qui soit (sérieux, si quelqu’un me dit qu’il croit à l’histoire d’amour à la fin, je ne le croirais pas). Comme dit plus haut, ça donne aussi trop de storylines, le film aurait largement gagné à se concentrer sur sa chasse à l’homme avec un mystère à la clé, mais à vouloir inclure extra-terrestre, complot autour du réchauffement climatique, émeutes des gangs, et vendetta d’un des bad-guys, ça donne un récit qui part dans tous les sens, qui ne sait jamais se poser, avec plein de trucs inexpliqués (le chien ?) et qui du coup ne raconte rien d’une bonne manière. Et paye ta fin minable à coup de deus ex machina (le film est très généreux sur ce point, genre la fuite de la base en ellipse c’est magique :lol: ) et de cliffhanger qui tease une suite jamais programmée.

Et à la limite, si la forme transcendait tout ça, je dirais pourquoi pas, mais même pas. Pourtant, on sent un effort de faire quelque chose d’appliqué et de stylisé, mais c’est contrebalancé par un montage et une narration totalement aux fraises. Le montage, j’ai halluciné tellement c’est mou du genou :shock: . J’ai eu l’impression de voir un mec qui veut tellement avoir ses scènes lisibles (et elles le sont, pas de souci là-dessus) qu’il en vient à découper de façon artificielle. Ça donne des résultats vraiment chelous à l’écran, genre des réactions de personnages qui arrivent trois plombes après une action, ou des longs plans dans lesquels on coupe pour y mettre des inserts alors que ça coupe toute la dynamique. A cela s’ajoute quelque chose qui vient probablement de la BD mais que j’ai rejeté en bloc : cette tendance à vouloir se la jouer original en mettant plein de petits gimmicks gratuits et inutiles, style la vue GPS pendant la course-poursuite, la présentation des catcheurs (ça sent la grosse paresse scénaristique pour le coup et ça essaye de la jouer petit malin) ou les dialogues qui s’affichent à l’écran.

A cela s’ajoute le fait que les dialogues sont vraiment mauvais, les réactions sonnent toujours fausses et on se tape des répliques tellement surécrites que ça en devient involontairement drôle (exemple parmi tant d’autres : “se nourrir de haine a un goût d’amande amère, et je préfère de loin le sucre des baisers volés” :lol: non mais sérieux qui a écrit ça ? :eheh: ). Cerise sur le gâteau, le doublage n’aide pas : Orelsan et Gringe sont jamais convaincants, ça fait de la peine à entendre (par contre y’a le doubleur de Jafar dans le rôle du bad-guy, ça c’est cool 8) ). Donc là pour le coup, autant je défend généralement pas mal l’animation française même quand elle présente des défauts, mais là, malgré des bonnes intentions, c’est vraiment trop mauvais pour être recommandable.


3/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mark Chopper » Mer 18 Mai 2022, 20:57

“se nourrir de haine a un goût d’amande amère, et je préfère de loin le sucre des baisers volés” :lol: non mais sérieux qui a écrit ça ?


Dit comme ça, on dirait du E. L. James :chut:
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Vécés étaient fermés de l'intérieur (Les) - 7/10

Messagepar Alegas » Sam 21 Mai 2022, 11:09

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Les vécés étaient fermés de l'intérieur de Patrice Leconte
(1976)


Assez surpris de constater que ce film est généralement mal-aimé, et qu’il est même assez peu considéré par Leconte lui-même, qui en parle comme d’un premier essai anecdotique alors que, personnellement, je trouve ça bien meilleur que Les Bronzés qui est beaucoup plus populaire. Après, je vais pas survendre le film : c’est un premier long fait avec pas grand chose, donc c’est forcément bourré de petits défauts. C’est une adaptation d’une série de petites BD publiée dans Pilote, et on sent souvent par moment que ça s'étire pour arriver à devenir un long-métrage (très court ceci dit : 1H20), et on peut globalement noter un rythme assez inégal. Mais pour le coup, j’ai trouvé que ce côté imparfait faisait vraiment le charme du métrage, jusque dans la réalisation où malgré le fait que Leconte était encore un amateur, on sentait une véritable sincérité, autant dans la comédie que dans la façon de reproduire l’esprit visuel d’une bande-dessinée à l’écran.

L’histoire est ici plus un prétexte qu’autre chose pour une succession de gags, jeux de mots et situations cocasses, et c'est complètement assumé. Le tout avec toujours Rochefort et Coluche et l’écran, duo qui s’avère vraiment excellent, chacun jouant son rôle à merveille (faut dire que les choix de castings sont très intelligents ici, difficile d’imaginer qui que ce soit d’autre). L’humour est plutôt particulier, mais pour peu qu’on aime Gotlib (qui est co-scénariste du métrage) et l’humour absurde, y’a vraiment moyen de bien rigoler devant certaines séquences : lé début dans l’appartement, Coluche qui monte la garde devant un manoir où se déroule plusieurs événements invraisemblables, le court passage en Bretagne, la voisine à poil, le flic qu’on envoie en filature pour plus entendre parler de lui, etc… Au final, c’est pas un premier film exceptionnel, mais ça fait clairement partie de ceux dont la sympathie qu’il dégage prend le dessus sur les défauts évidents, et c’est accessoirement le genre de comédie que j’aimerais plus souvent voir au sein du cinéma français actuel.


7/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar pabelbaba » Sam 21 Mai 2022, 11:22

Les "petites histoires publiées dans Pilote” c’est quand même les histoires du commissaire Boigret et de l’Inspecteur Charolle de Gotlib. :mrgreen:

Mais ça tourne vite en rond même sur papier et même avec une grosse dose d’absurde. :chut:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Alegas » Sam 21 Mai 2022, 11:24

pabelbaba a écrit:Les "petites histoires publiées dans Pilote” c’est quand même les histoires du commissaire Boigret et de l’Inspecteur Charolle de Gotlib. :mrgreen:


Quand je dis petites, c'est pas dans le sens "méconnues" ou "insignifiantes", mais dans le sens "courtes". :wink:
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Drôle de paroissien (Un) - 7/10

Messagepar Alegas » Sam 21 Mai 2022, 23:15

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Un drôle de paroissien de Jean-Pierre Mocky
(1963)


Premier film de Mocky que je découvre, et je dois avouer être très agréablement surpris tant j’ai souvent entendu parler de ce réal en termes négatifs, du coup faut croire que je suis tombé sur l’un des plus recommandables. A la vision de ce film, je me suis rappelé avoir lu quelque part que Bourvil estimait beaucoup Mocky, et je crois désormais comprendre l’une des raisons : à une époque où l’acteur était quasiment toujours embauché pour le même rôle, à savoir celui du simplet gentil mais maladroit, il montrait avec ce film qu’il pouvait jouer aussi des personnages calculateurs et manipulateurs, chose qu’on ne lui proposait sûrement pas souvent. Le pitch, rapidement présenté dès les premières minutes du film, pose le ton de ce qui va suivre tout le long : une famille de bourgeois vit dans la pauvreté vu qu’ils ont le travail en horreur, et l’un d’entre eux, persuadé d’être ordonné par une force divine, va se lancer dans le pillage des troncs d’églises parisiennes, au point que ça va devenir une véritable organisation.

Sur ce postulat assez savoureux, Mocky livre un film qui démonte tour à tour le clergé, les forces de l’ordre (incapables de mettre la main sur le voleur) et la bourgeoisie, et y’a pas à dire ça le fait vraiment bien. Il y a une vraie efficacité en termes de rythme (aidé par une courte durée), mais aussi en termes d’écriture avec la montée en puissance progressive des pillages, et celle des techniques de la police pour tenter d’y mettre un terme (le passage des déguisements notamment, qui commence simplement puis qui part dans un gros délire). Le film est, en plus, parsemé de supers dialogues (“Nous sommes une goutte de paresse dans un océan de labeur” :eheh: , “je ne vole pas, je prélève” :mrgreen: ) et de gags qui rendent les personnages encore plus pathétiques (et donc plus drôles), mention spéciale au patriarche bourgeois qui planque son camembert et son pain dans son fauteuil pour qu’il puisse le manger tout seul. C’est en plus plutôt bien réalisé (avec quelques surprises comme la séquence en couleur), et très bien dirigé, avec Bourvil qui est excellent dans ce rôle qui lui va comme un gant, mais aussi Francis Blanche et Jean Poiret qui ne déméritent pas. Pour le coup, c’est une vraie surprise, et ça donne envie de voir d’autres Mocky s’il y en a du même acabit.


7/10
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Seuls two - 1,5/10

Messagepar Alegas » Dim 22 Mai 2022, 10:39

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Seuls Two de Éric Judor & Ramzy Bedia
(2008)


Pour être tout à fait honnête, je n’avais pas de grand espoirs en lançant le film. A l’époque de sa sortie, tout le monde s’accordait à dire que c’était nul, et j’ai pas vraiment l’impression que l’opinion a changée depuis, mais j’avais envie de voir un truc un peu neuneu et puis ça pouvait être difficilement pire que leur Double zéro de triste mémoire. Pourtant, faut avouer qu’on est pas loin de la qualité catastrophique du film de Gérard Pirès, et ce qui choque ici c’est de constater à quel point le film ne se repose sur rien. Il y a vraiment l’impression de voir une sorte de caprice du duo Éric et Ramzy fait film, où il se sont dit “et si on faisait un film qui nous permettait d’avoir Paris vide et où on est libres de faire ce que l’on veut” et qu’ils ont bricolés un semblant de scénario autour.

Parler de script sur ce film, ça fait un peu mal au cul tellement il n’y a quasiment rien, et autant l’aspect fantastique aurait pu apporter quelque chose autant quand on apprend ce qui provoque la disparition des autres personnes ça fait vraiment foutage de gueule pour le coup. Ça dure beaucoup trop longtemps pour ce que ça raconte, ça n’est quasiment jamais drôle, ça accumule les gags lourdingues et répétitifs (la voiture de Formule 1), et ça montrait aussi bien les limites du duo comique qui, en trois films, n’ont absolument pas évolué. De ce film, je ne retiens finalement que les images d’un Paris vidé de ses habitants, et quelques répliques qui seraient clairement limites si elles devaient être dites aujourd’hui (Éric qui débarque sur le boulevard Barbès en criant “vous êtes où les noirs et les arabes ? Vous êtes rentrés chez vous ?”), mais pour le reste c’est un sacré gâchis d’argent (15 millions d’euros pour un truc pareil, c’est d’une tristesse absolue) sur lequel j’ai lutté pour en voir le bout.


1,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mark Chopper » Dim 22 Mai 2022, 10:51

Oui, mais Super coin coin a mis la moyenne. Qui croire ? :mrgreen:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Alegas » Dim 22 Mai 2022, 11:41

:eheh:

Son autre critique c'est un 8 à Quantum of Solace, je peux pas test. :mrgreen:
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Doctor Strange in the Multiverse of Madness - 4,5/10

Messagepar Alegas » Dim 22 Mai 2022, 18:39

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Doctor Strange in the Multiverse of Madness de Sam Raimi
(2022)


J’avais vraiment envie d’y croire, mais encore une fois Marvel nous prouve bien que le studio est particulièrement doué pour éliminer toute once de cinéma dans ses productions, et ce, même avec des réalisateurs de talent à la barre. Pour le coup, je ne m’explique pas vraiment ce que Sam Raimi est venu faire sur un film pareil, lui qui avait essuyé déjà un revers avec Disney et son précédent métrage il y a bientôt dix ans, et à mon sens il y a deux explications possibles : soit il cherchait un projet pour se remettre en jambe et rentrer de nouveaux dans les petits papiers d’Hollywood, quitte à sucer tout le monde (Spider-Man : No Way Home qui serait l’un des meilleurs films qu’il ait vu, sérieusement… :evil: ) pour ensuite livrer un projet bien à lui, soit il n’en a vraiment plus rien à faire et il a signé chez Marvel juste pour le chèque.

Car bon, difficile de juger le niveau d’implication d’un réalisateur chez Marvel, là où les styles, aussi bien visuels que scénaristiques, sont effacés au profit d’un moule, et du coup sans trop de surprise on constate que Raimi chez Marvel, ça ne change pas grand chose, quand je lis qu’il aurait réussi à dynamiter une production Marvel de l’intérieur, j’ai vraiment pas l’impression d’avoir vu le même film. Car là, très honnêtement, j’ai plus eu l’impression de voir un film réalisé par un mec qui aime le cinéma de Raimi, et qui lui rend hommage à travers quelques scènes ou effets de mise en scène, qu’un réel film de Sam Raimi. Il ne suffit pas de quelques touches de gore, de jumpscares, de crash-zooms, de la présence d’une sorcière et de Bruce Campbell, ou de plans rendant directement hommage à Evil Dead, pour que ça en devienne un film que Sam Raimi contrôlerait artistiquement, mais malheureusement ça a l’air de suffire à certains pour dire que ça sort du lot, c’est dire à quel point on se contente de peu aujourd’hui. Même sur l’action c’est pauvre à souhait, avec des séquences surdécoupées, fades, on est très très loin de ce que Raimi pouvait faire sur sa trilogie Spider-Man.

Côté script, je vais partir sur la même rengaine qu’à quasiment chaque film du MCU : on est toujours dans de la logique de série TV, et là pour comprendre les moindres détails du métrage il faut non seulement avoir vu je-ne-sais-combien de films, mais maintenant il faut avoir vu des séries entières pour saisir complètement les enjeux, bref on est loin d’être devant un film qui se suffirait à lui-même. Et MCU oblige, on transforme les bonnes idées en trucs juste sympathiques, le Multiverse aurait vraiment pu être un gros coup à jouer avec des délires infinies et des idées de mise en scène complètement dingues, mais ça aboutit finalement sur une bête histoire d’artefact à retrouver avant un bad-guy, et le Mutiverse est surtout là pour justifier des nouvelles itérations de héros déjà existant, ou pour en introduire de nouveaux pour des futurs films, trop cool :roll: . La personne qui arrive le mieux à tirer son épingle du jeu, c’est finalement Elizabeth Olsen, d’une part parce qu’elle semble en avoir définitivement fini avec Marvel (d'ailleurs elle dit même à demi-mot qu'avoir accepté ce rôle a flingué la carrière qu'elle aurait aimé avoir), d’autre part parce que son personnage a une dimension tragique vraiment intéressante, qui la rend bien plus fascinante que n’importe quel autre personnage du film pour le coup. Encore un truc très moyen à mettre à ranger dans le MCU donc, mais entre Chloé Zhao et Sam Raimi, j’espère que les bons réals vont commencer à réfléchir et se dire qu’il n’y a rien pour eux dans ce studio-photocopieuse, sinon on est pas dans la merde.


4,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mark Chopper » Dim 22 Mai 2022, 18:51

maintenant il faut avoir vu des séries entières pour saisir complètement les enjeux


Là on a touché le fond quand même.
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