[Alegas] Mes Critiques en 2022

Modérateur: Dunandan

Nope - 6/10

Messagepar Alegas » Mar 23 Aoû 2022, 15:58

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Nope de Jordan Peele
(2022)


Après ses deux premiers films, j’attendais avec curiosité mais aussi une certaine appréhension ce troisième opus de Jordan Peele, lui qui a connu un succès fulgurant en peu de temps, qu’on nomme trop rapidement nouveau maître du fantastique alors qu’il n’est juste qu’un honnête artisan. Bref, il y avait moyen que le succès lui monte à la tête, et qu’il prenne un peu trop confiance en sa formule, et malheureusement c’est un peu ce qui se passe avec Nope, métrage bourré de bonnes idées, mais qui donne lieu à un ensemble pour le moins inégal. Ça commence pourtant bien avec un récit qui lance plusieurs pistes dès le départ et qui ne donne pas tout de suite au spectateur les clés pour les déchiffrer : un tournage de sitcom qui tourne mal, le gérant d’un petit parc d’attraction à la thématique western, une mort mystérieuse dans un ranch où l’on dresse des chevaux pour bosser à Hollywood, une menace potentielle venant des nuages, autant d’éléments qui suscitent la curiosité et qui finissent, après Get out et Nope, de confirmer que Peele est décidément très bon quand il s’agit de faire monter la sauce avec pas grand chose.

Malheureusement, à mi-chemin, après que le film ait atteint un pic d’intensité tétanisant (ça faisait longtemps qu’une scène ne m’avait pas foutu aussi mal à l’aise au cinéma :o ), le soufflé retombe peu à peu, et à partir de là on a l’impression de voir Peele en roue libre. Volonté de spectaculaire juste pour le spectaculaire (et ce, jusque dans la mise en scène), personnages sacrifiés, propos qui s’embourbe, le dernier acte du métrage déçoit énormément, et ce malgré quelques qualités évidentes, à l’image du design final de la menace qui est, pour le coup, particulièrement original. Mais au fond, ce qui m’a le plus gêné, c’est probablement ce sentiment de surécriture à tous les niveaux. Les réussites de Get out et Us tenaient aussi au fait que l’écriture était toujours simple et limpide, et ne s’embarrassait pas de superflu, alors qu’ici Peele multiplie les intrigues et personnages juste pour pouvoir épaissir le mystère de son histoire, mystère qui paraît du coup trop artificiel.

Un exemple plutôt parlant : tout un background est développé autour d’un personnage, background qui prend une partie non négligeable du récit, mais qui ne sert finalement à pas grand chose puisque le personnage concerné… disparaît purement et simplement à la moitié du film. Et si, comble de l’ironie, on constate qu’à côté de ça, des personnages visibles jusqu’au final sont caractérisés de la façon la plus simpliste possible (le vendeur d’équipements de sécurité notamment, qui se rattache au duo principal de façon vraiment artificielle), il y a vraiment de quoi penser que Nope souffre d’un profond déséquilibre dans son écriture. Bref, il y a un vrai paradoxe qui se crée entre la volonté de surécriture de Peele, et des éléments qui auraient mérités plus d’attention (la relation frère/soeur notamment, qui est bien là, mais pas assez poussée pour que ça fonctionne émotionnellement), et qui viennent affaiblir un film finalement faiblard une fois que le voile de mystères est levé (en ce sens, le climax final donne l’impression de sortir d’un autre film).

C’est con, car à côté de ça, Peele s’avère toujours aussi bon pour créer des ambiances, avec une mise en scène chiadée (qui doit beaucoup ici à la photo de Hoyte van Hoytema), un propos intéressant (tout ce que ça dit sur la société du spectacle, notre rapport aux images, la façon dont on aime mettre en scène les choses) et un casting de qualité (comment ça fait plaisir de revoir Michael Wincott ! 8) ), donc il y avait vraiment moyen d’avoir un film qualitativement meilleur avec une écriture plus rigoureuse. J’ose espérer que Peele reviendra à quelque chose de plus concentré et de plus humble par la suite, mais je crains que ses grandissants succès critiques et publics ne le pousse vers une version bigger and louder de son cinéma.


6/10
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Bunny Lake a disparu - 8/10

Messagepar Alegas » Jeu 25 Aoû 2022, 17:53

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Bunny Lake is missing (Bunny Lake a disparu) de Otto Preminger
(1965)


Belle surprise que voilà. Malgré la réputation, je me méfiais car j’avais été assez déçu par Laura, souvent vendu comme un des meilleurs films de Preminger, alors que j’avais trouvé ça très inégal, mais là pour le coup y’a pas à chier, c’est vraiment un très bon film. D’une base scénaristique toute bête (un enfant disparaît et tout le monde se met à la chercher et à essayer de comprendre ce qui a pu lui arriver), Preminger livre un film qui va être à la fois un film d’enquête, mais aussi et surtout un pur thriller psychologique très surprenant pour l’époque. Narrativement, j’ai trouvé ça assez dingue, puisque d’idées toutes bêtes (par exemple celle de ne pas montrer l’enfant au début, avant que l’élément déclencheur n’arrive), le récit va développer plusieurs couches qui vont peu à peu densifier le récit. Au début, on se demande ce qui a pu se passer, puis lorsque l’enquête patine et que les pistes finissent toutes en cul-de-sac, on en vient à se demander si la gamine a réellement existé, du coup on change subtilement de point de vue en quittant celui de la mère pour épouser celui de l’inspecteur, et ainsi de suite.

Cela donne un film qui challenge vraiment l’esprit du spectateur, ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un métrage de ce type où je n’avais pas l’impression d’avoir la fin déjà toute tracée. Pour le coup, j’ai vraiment douté à de nombreux moments, pensant avoir trouvé le coupable mais en fait non, et puis quand vient la fin et l’explication c’est l’évidence de l’évidence, mais tout le génie du film est d’avoir réussi à dissimuler cette évidence, et ce, sans se foutre de la gueule du spectateur en lui cachant des éléments importants : toutes les pièces du puzzle sont présentées au spectateur, et elles se rejoignent en l’espace de quelques minutes. Du coup, j’ai peu de réserves sur l’écriture du métrage, et au final la seule chose que je pourrais reprocher serait peut-être son final qui tire un poil en longueur, et un léger ventre mou lorsque l’enquête fait du surplace, mais ce dernier point reste à confirmer lors d’une seconde vision, la découverte du film ayant été faite alors que j’étais pas loin d’être dans un gros état de fatigue.

L’autre point éblouissant du film, c’est clairement sa forme, et là pour le coup je savais déjà que Preminger était un très bon réalisateur, mais là il passe clairement un cap. On dirait l’élégance visuelle d’Hitchcock qui rencontrerait le noir et blanc typique d’un Frankenheimer avec son usage des focales courtes. Un choix de réalisation loin d’être gratuit car ça permet au film d’avoir une certaine étrangeté visuelle, comme si on était plus dans un cauchemar que dans le monde réel (la maison des poupées, passage digne d’un film d’horreur), et qui permet aussi d’enfermer les personnages dans le cadre de façon assez intense. Pour le coup, j’ai vraiment pas grand chose à redire sur le film, même le casting est top avec Carol Lynley qui est une révélation, Keir Dullea qui fait plaisir à voir hors de 2001, Laurence Olivier est superbe en inspecteur, le rôle lui va comme un gant, et il y a même Noël Coward en propriétaire bien louche. Même le générique de Saul Bass est impeccable, c’est d’ailleurs probablement un de mes préférés du bonhomme. Vraiment un super film que je recommande vivement.


8/10
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Fish Story - 7/10

Messagepar Alegas » Dim 28 Aoû 2022, 19:14

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Fish Story de Yoshihiro Nakamura
(2009)


Alors que la fin du monde approche en 2012, sous la forme d’une comète dont la trajectoire la destine à heurter la Terre, trois japonais discutent dans une boutique de musique. Leur conversation va tourner autour d’une étrange chanson rock nommée Fish Story, et l’un d’entre eux va émettre la possibilité que la musique pourrait être le dernier moyen de sauver le monde. De cette étrange scène d’introduction va découler un récit non linéaire encore plus étrange, avec des séquences se déroulant à des époques différentes, qui ne sont même pas similaires dans le ton narratif employé, et qui, cerise sur le gâteau, donnent l’impression de n’avoir aucun lien entre elles, si ce n’est parfois la mention de la fameuse chanson Fish Story. Autant dire que c’est difficile de rentrer dans le bain, mais pour peu que l’effort soit fait, le film récompense peu à peu le spectateur qui aura eu le courage de s’aventurer plus loin dans le récit. Si la première demi-heure n’est pas des plus encourageante, les segments suivants attisent assez la curiosité pour continuer et savoir de quoi il en retourne, que ce soit à travers un passage complètement autre où un chef cuisinier va empêcher une prise d’otages par la force de son kung fu :mrgreen: , ou encore par un long segment qui va s’intéresser à un groupe de rock condamné à n’avoir aucun avenir artistique.

La plus grande force de ce film qui n’a pas vraiment d’équivalent (je pourrais citer Cloud Atlas pour le fait qu’on y parle de comment quelque chose de complètement anodin à une époque, telle une œuvre d'art oubliée, peut se révéler déterminant pour l’avenir du monde, mais la comparaison s’arrêterait là), c’est clairement ses ruptures de ton bien gérées. On passe par toutes les émotions par un même récit (y’a même un passage presque épouvante avec le délire du silence dans la chanson), et c’est quelque chose d’assez rare pour être souligné. J’ai néanmoins quelques réserves sur le film, à l’image d’un rythme parfois inégal (une habitude rarement évitée sur les films à segments), d’une photographie qui m’a parue trop terne, ou encore d’une scène finale qui, malgré son côté réjouissant (finir le film sur la chanson entière était une évidence), surexplique de manière linéaire ce qu’on avait déjà compris, pour peu qu’on ait suivi le film avec un minimum d’attention. Reste que, malgré ces défauts, ça fait super plaisir de voir un film aussi original dans sa proposition, qui justifie à elle seule le coup d'œil.


7/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mark Chopper » Dim 28 Aoû 2022, 19:39

Même auteur que Bullet Train, je le rappelle tellement ça semble improbable :mrgreen:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar osorojo » Dim 28 Aoû 2022, 20:59

Ah putain, j'avais même pas fait la connexion :'( Quelle époque.
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Révoltés de l'an 2000 (Les) - 7/10

Messagepar Alegas » Mar 30 Aoû 2022, 09:32

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¿ Quién puede matar a un niño ? (Les révoltés de l'an 2000) de Chicho Ibáñez Serrador
(1976)


Déjà, avant d’aborder le film, évoquons tout de même ce titre français complètement à la ramasse qui laisse à penser que le métrage est une série B comme on peut en trouver un paquet. Ceci dit, j’avoue ne pas être fan non plus du titre original, qui est bien plus dans le sujet mais qui met un peu trop en avant une question essentielle que pose le film dans sa seconde moitié, et qui neutralise du coup en partie la surprise. Les premières minutes du métrage titillent la curiosité : un générique qui met en avant sans détour les atrocités faites au 20ème siècle lors de guerres, famines, ou génocides, et en mettant l’accent sur le fait que parmi ces victimes se trouvaient beaucoup d’enfants. On a donc le droit à un paquet d’images d’archive bien dérangeantes, le tout sur des chants insouciants de gamins qui renforce l’étrangeté de la scène.

Ensuite, on va avoir un long passage d’exposition mettant en scène un couple anglais en vacances en Espagne, et qui cherchent à atteindre une île dans laquelle le mari a de très bons souvenirs d’enfance. Généralement, dans les films d’épouvante, une trop longue exposition a tendance à casser le rythme, mais ici j’ai trouvé ça vraiment bien géré, on s’attache à ce couple, et le fait d’avoir une mise en scène avec un style très documentaire renforce l’impression de véracité de ce qu’on nous montre. Vient ensuite l’arrivée sur l’île, et malheureusement c’est à partir de là que le film a commencé à me décevoir en partie, alors que c’est justement à partir de ce moment que le cœur du récit débute. Pour le coup, je n’ai rien à redire sur l’ambiance réussie (super village désert bien mis en valeur), la montée en puissance des évènements étranges qui se déroulent (le coup du vieux qui sert de pinata, c’est bien fucked up comme idée :shock: ), ou les premières rencontres avec les enfants (celle avec la gamine qui pose ses mains sur le ventre de la femme notamment) mais par contre en termes de rythme il y a clairement un problème à mon sens. Ça prend beaucoup trop son temps, ça étire chaque situation au-delà du raisonnable, et surtout alors que le film paraissait jusque là très réaliste en termes d’écriture, on se retrouve d’un coup avec des personnages assez stupides qui découvrent des trucs bien dérangeants mais qui continuent quand même alors que la femme est enceinte, qui se séparent dès que c’est possible, bref j’ai vraiment eu la sensation que le réalisateur ne savait pas trop quoi raconter sur ce segment, et qu’il a fait du coup du suspense artificiel à partir de chaque situation qui lui venait à la tête.

Ça donne du coup un gros ventre mou, qui s’arrête heureusement à partir du moment où l’action quitte le village, et à partir de là le film devient de nouveau passionnant, du passage chez les pêcheurs (j’adore le plan qui conclut cette scène avec les gosses sur la colline) jusqu’à un final jusqu’au boutiste bien hard (le bodycount est généreux, les inserts gore aussi, et il y a des morts assez surprenantes :o ). J'aime bien le fait que le récit ne cherche pas à donner de justification à ce qui se passe : le réalisateur comprend que ça n'a pas vraiment d'intérêt, et d'ailleurs les quelques dialogues où les personnages cherchent à comprendre le comment du pourquoi sont clairement pas les meilleurs du film. Je ne suis vraiment pas étonné par la bonne réputation du film, tant ça a tout de la petite bobine marquante sortie de nulle part, bien réalisée, bien interprétée, et je n’ose même pas imaginer la gueule de certains spectateurs à l’époque devant un tel déchaînement de violence malsaine (surtout que le meurtre d’enfant est généralement assez tabou, même au sein du cinéma d’horreur classique). Vraiment dommage qu’il y ait ce milieu de récit moins inspiré, car sans ça je partais pour mettre une note bien plus haute.


7/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mark Chopper » Mar 30 Aoû 2022, 17:56

Soshite chichi ni naru, Hirokazu Kore-eda, 2013, DVD VOST : 8/10


Bordel, un 8/10... Ça y est, tu aimes le cinéma japonais :mrgreen:
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Sept jours en mai - 8,5/10

Messagepar Alegas » Mer 31 Aoû 2022, 16:39

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Seven days in May (Sept jours en mai) de John Frankenheimer
(1964)


C’était couru d’avance que j’aimerais : déjà la collaboration Frankenheimer/Lancaster c’est un argument de poids, mais si en plus on rajoute Kirk Douglas et Ava Gardner, le tout dans un film à l’intrigue politique, il y avait vraiment peu de chance que je trouve ça autrement que génial :mrgreen: . Ceci dit, j’ai eu une surprise supplémentaire avec le script (écrit par Rod Serling) qui se concentre sur un sujet que j’aime particulièrement, à savoir la paranoïa que crée aux États-Unis la peur du communisme et de la menace nucléaire. Avec ce film, qui sort la même année que Dr. Strangelove et Fail Safe (autant dire que la crise des missiles de Cuba a eu un effet bien visible sur le cinéma américain :mrgreen: ), on va avoir une intrigue qui va faire un choix plutôt original, à savoir faire un bond dans le temps, et ainsi explorer un futur proche où les États-Unis sont sur le point de signer avec le gouvernement soviétique un traité de paix qui obligerait les deux camps à démanteler leurs bombes nucléaires.

Déjà, on peut s’étonner à quel point le script a visé juste par rapport à la façon dont évolué les relations entre les deux pays, mais ce qui est le plus intéressant dans ce film est finalement de mettre au cœur du récit un début de piste qu’on trouvait déjà chez Kubrick et Lumet, à savoir le fait que la menace ne vient pas forcément de l’autre côté du monde, mais qu’elle peut être intérieure, et pire encore : complètement intégrée au système militaire et gouvernemental. On va donc avoir toute une histoire où il est question de démanteler un coup d’état à venir, d’une part en le prouvant sans attirer l’attention, mais d’autre part en sécurisant ses arrières avec notamment la recherche de documents pouvant mettre en état de faiblesse le général qu’on soupçonne être le cerveau de la machination. Ça donne un film tout bonnement passionnant, alors que c’est pourtant assez avare en action (on peut même le dire, il n’y en a pas, les climax sont ici généralement sous la forme de dialogues entre deux personnages, il y a une vraie volonté d’anti-spectaculaire), un métrage où la mise en scène et le casting sont particulièrement bien mis en valeur.

Frankenheimer, qui sort ce film la même année que The Train, prouve qu’il avait le feu sacré. Le bonhomme s’avère tout aussi bon pour apporter un niveau de réalisme dingue à travers son style documentaire (la scène d’introduction devant la Maison Blanche pose bien le niveau) que pour magnifier les séquences dialoguées qu’il filme, notamment grâce à des choix judicieux de cadrages et de focales. Quant au casting, c’est un festival de performances, entre un Lancaster plus mâle alpha tu meurs (impossible de faire plus charismatique 8) ), un Kirk Douglas parfait en militaire tiraillé entre ses obligations militaires et ses convictions morales (son dernier dialogue avec Lancaster ! :love: ), Ava Gardner en grande dame que la boisson a fait flétrir, Edmond O’Brien en sénateur obstiné, ou encore l’excellent Fredric March en président. Le film a aussi le droit au score discret mais efficace d’un certain Jerry Goldsmith. Autant de qualités qui font de Seven days in May un classique de cinéma, et qui se range aisément parmi mes favoris de cette période.


8,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Alegas » Jeu 01 Sep 2022, 08:42

BILAN AOÛT 2022


Films vus :

270 : Il giardino dei Finzi Contini, Vittorio De Sica, 1970, TV VOST : 5/10
271 : Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté, Laurent Tirard, 2012, Truc VF : 0,5/10
272 : L'année du requin, Ludovic & Zoran Boukherma, 2022, Ciné VF : 6,5/10
273 : The Bride of Frankenstein, James Whale, 1935, Ciné VOST : 6,5/10
274 : The Pink Phink, Friz Freleng, 1964, DVD VO : 7/10
275 : Pink, plunk, plink, Hawley Pratt, 1966, DVD VO : 6,5/10
276 : Sink pink, Friz Freleng & Hawley Pratt, 1965, DVD VOST : 6/10
277 : Le cave se rebiffe, Gilles Grangier, 1961, DVD VF : 6/10
278 : Dial 'P' for Pink, Friz Freleng, 1965, DVD VO : 6,5/10
279 : Pickled pink, Friz Freleng & Hawley Pratt, 1965, DVD VOST : 6/10
280 : The great De Gaulle stone operation, Friz Freleng & Gerry Chiniquy, 1965, DVD VOST : 4/10
281 : Desert fury, Lewis Allen, 1947, Truc VOST : 3,5/10
282 : The Broadway Melody, Harry Beaumont, 1929, Truc VO : 1/10
283 : Predator, John McTiernan, 1987, Blu-Ray VOST : 7,5/10
284 : Nope, Jordan Peele, 2022, Ciné VOST : 6/10
285 : Bunny Lake is missing, Otto Preminger, 1965, Ciné VOST : 8/10
286 : The Tell-Tale Heart, Ted Parmelee, 1953, Truc VO : 7/10
287 : Fish Story, Yoshihiro Nakamura, 2009, Truc VOSTA : 7/10
288 : ¿ Quién puede matar a un niño ?, Chicho Ibáñez Serrador, 1976, Ciné VOST : 7/10
289 : Seven days in May, John Frankenheimer, 1964, Blu-Ray VOSTA : 8,5/10
290 : Deux hommes dans la ville, José Giovanni, 1973, Blu-Ray VF : 7,5/10
291 : Soshite chichi ni naru, Hirokazu Kore-eda, 2013, DVD VOST : 8/10
292 : Three thousand years of longing, George Miller, 2022, Ciné VOST : 7/10
293 : Cléo de 5 à 7, Agnès Varda, 1962, TV VF : 3,5/10
294 : Le plein de super, Alain Cavalier, 1976, TV VF : 6/10
295 : Un conte de Noël, Arnaud Desplechin, 2008, TV VF : 2,5/10
296 : The Invasion, Oliver Hirschbiegel, 2007, TV VOST : 4/10
297 : Rio Bravo, Howard Hawks, 1959, Ciné VOST : 7/10
298 : L'assassino, Elio Petri, 1961, TV VF : 4,5/10
299 : Jerry Maguire, Cameron Crowe, 1996, TV VOST : 7/10
300 : A man for all seasons, Fred Zinnemann, 1966, TV VOST : 5,5/10
301 : Les volets verts, Jean Becker, 2022, Ciné VF : 4,5/10


Découverte du mois :

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Autres découvertes marquantes :

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Deux hommes dans la ville - 7,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 01 Sep 2022, 12:24

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Deux hommes dans la ville de José Giovanni
(1973)


Je garderai toujours une grosse tendresse pour ce film, étant donné que c’est le premier film que j’ai vu avec Gabin, et qui m’aura donc ouvert une grande porte vers ce qui est devenu l’un de mes acteurs préférés ever. Vu que je ne l’avais pas revu depuis sa découverte il y a une quinzaine d’années, j’avais un peu peur de le revoir à la baisse, et même si j’ai un peu idéalisé le métrage avec les années, notamment sur le plan formel, ça reste quand même l’un des meilleurs films de Gabin de toute fin de carrière. Sur le papier, il y a tout pour faire un grand film, entre Gabin, Delon et Giovanni, mais malheureusement il faut bien avouer que ce dernier a toujours été meilleur scénariste que réalisateur, et c’est quelque chose qui se confirme ici puisqu’on a une super histoire mais qui est traitée de façon un peu trop inégale, et surtout qui est mise en scène de façon trop plate.

Ceci dit, je tiens à le préciser, ça n’empêche jamais le film de fonctionner, c’est juste que avec Gabin et Delon à l’écran on est en droit de s’attendre à quelque chose d’un minimum virtuose et de maîtrisé pour accompagner visuellement, et c’est pas vraiment le cas ici où ça vise plutôt le fonctionnel. Du coup, ça donne un métrage juste sympa formellement, parfois bancal (la scène d’émeute en prison), et qui se sort les doigts pour l’ultime séquence où on a l’impression que Giovanni tire les leçons de mise en scène de Becker sur Le Trou (ce montage ultra rapide sur les yeux de Delon et Gabin ! :cry: ), et donc c’est clairement pas sur ce point que le film s’avère marquant. En revanche, côté histoire, c’est déjà nettement mieux.

Certes ce n'est pas raconté de la meilleure des façons par un Giovanni qui donne l’impression de passer d’un extrême à l’autre sur deux scènes rapprochées (on peut avoir quelque chose de très réaliste, puis ensuite un passage ultra bucolique la minute d’après :mrgreen: ), mais le fait est qu’on croit à cette histoire d’ancien détenu qui cherche à se refaire une vie honnête, épaulé par un conseiller accompagnant qui a foi en son poulain. Une quête de rédemption qui va forcément être mise à mal par un paquet d’éléments : plusieurs coups du sort sur le personnage de Delon, ses anciens collègues qui cherchent à le faire revenir dans les magouilles (ce qui permet d’avoir une des premières apparitions de Depardieu à l’écran) mais aussi un flic complètement dingo qui va se mettre en tête de le ramener aussi rapidement que possible en prison (je suis pas fan de Michel Bouquet à la base, mais là le rôle est tellement antipathique et sans nuances qu’il s’avère nickel, le genre de mec qu'on adore détester, et ça justifie les coups de sang de Delon à son égard). Ça donne un récit qui fonctionne bien, grandement aidé par les interprétations impeccables de Gabin et Delon. La relation entre les deux devient le véritable moteur du récit, et entre leurs silences et la très jolie musique de Sarde, il y a de quoi donner l’un des films les plus émouvants de la carrière de Gabin, ce qui n’était peut-être pas forcément le truc le plus attendu de ce projet. A défaut d’avoir un grand film, c’est clairement un beau moment de cinéma français de l’époque, où l’émotion et le duo principal l’emporte sur le reste.


7,5/10
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Tel père, tel fils - 8/10

Messagepar Alegas » Ven 02 Sep 2022, 18:08

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Soshite chichi ni naru (Tel père, tel fils) de Hirokazu Kore-eda
(2013)


Cinquième film de ce réalisateur que je découvre, et mine de rien j’ai bien fait de persévérer car après quatre découvertes qui allaient du moyen au sympathique, j’ai enfin l’impression de découvrir un film qui justifierait les nombreux éloges autour de Kore-eda depuis plusieurs années. Pourtant, toute la recette des autres films est là, à savoir qu’on est devant un drame très terre à terre, centré sur ses personnages et leurs relations entre eux, où la forme se veut discrète pendant qu’un point d’honneur est mis sur la direction d’acteurs, mais ce qui manquait à mon sens c’était vraiment un récit qui arrivait à me tenir intéressé sur la longueur, et qui me permettait d’accompagner émotionnellement les personnages, ce qui est le cas avec ce Tel père tel fils. Nul doute que le fait d’avoir comme sujet principal une relation père/fils joue beaucoup dans l’attachement que j’ai eu avec ce film, surtout quand je constate que le film que je préférais jusqu’ici de Kore-eda, Après la tempête, portait sur un sujet similaire.

Concrètement, et même si ça peut paraître bizarre au premier abord, le film est un peu une version très premier degré de La vie est un long fleuve tranquille :mrgreen: , avec deux familles complètement opposées qui découvrent du jour au lendemain qu’un échange de bébés a eu lieu quelques années plus tôt à l'hôpital. Une annonce qui va donc créer un rapprochement difficile entre les deux familles, mais qui va surtout poser pas mal de questions sur ce qu’est réellement être un parent, et les raisons de vouloir un enfant. Si le film développe plusieurs pistes attendues, notamment celle de l’importance de ceux qui nous éduquent par rapport à ceux qui nous amènent au monde, j’ai beaucoup apprécié le fait que le métrage développe aussi plein de pistes intéressantes, et à ce titre tout l’arc autour des craintes du père qui ne souhaite pas avoir un fils qui, en grandissant, ne lui ressemble pas physiquement, sonne vraiment juste vu que la question du sang est quand même primordiale dans chaque décision d’amener un enfant au monde.

Kore-eda oblige, c’est écrit avec beaucoup de justesse, mais ici je trouve qu’il se surpasse, et livre des séquences vraiment fortes alors que concrètement c’est juste deux personnes qui discutent ensemble (la proposition de racheter les deux enfants, ou encore cette magnifique scène finale avec le père qui reconnaît ses torts). C’est, de plus, particulièrement bien interprété, que ce soit du côté des adultes et des enfants, et vu ce que donnait Fukuyama dans le Manhunt de John Woo ça prouve quand même à quel point Kore-eda arrive à tirer le meilleur de chaque acteur qu’il prend devant sa caméra. Bref, c’est vraiment un très beau film assez inespéré dans mon cas, et je pense que je ne tarderais pas trop à mater d’autres Kore-eda réputés, notamment Still walking qui me fait de l'œil.


8/10
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Assassin (L') - 4,5/10

Messagepar Alegas » Ven 02 Sep 2022, 21:03

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L'assassino (L'assassin) de Elio Petri
(1961)


Critique rapide pour celui-ci, vu qu’il ne m’a pas laissé un souvenir marquant. Après la découverte d’Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, j’avais bien envie de découvrir un autre film de son réalisateur, mais sans forcément me diriger vers ses films à caractères sociaux. D’où le choix de partir sur ce premier long-métrage d’Elio Petri, qui partage énormément de points communs scénaristiques avec le film le plus connu du cinéaste : au lieu de suivre un personnage dont on sait pertinemment qu’il a commis le crime, ici on suit un homme accusé d’avoir tué sa maîtresse, dont on va découvrir sa relation à travers de multiples flashbacks, et qui va être tellement harcelé par la police qu’il va finir par perdre le contrôle de lui-même, et se remettre en question alors qu’il est évident qu’il est innocent du meurtre.

Un film très psychologique donc, qui est à bien des égards le brouillon d’Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (jusque dans le fait qu’il titille un certain cinéma social, notamment en critiquant les abus policiers), mais avec la maîtrise scénaristique en moins. Certes, pour un premier long, le film a clairement de la gueule, et sa construction non-linéaire pour approfondir le passé du personnage principal montre une certaine ambition narrative, mais ça va être au prix d’un certain manque d’intérêt. On fait vite le tour du personnage et des situations, et malgré le fait que le film ne dure qu’une heure et demie, le temps semble bien long tant tout donne l’impression que le récit aurait pu être aisément resserré sur une heure. Du coup, on se retient aux prestations de Marcello Mastroianni et Micheline Presle, très bons, ainsi qu’aux quelques éléments qui annoncent le futur classique de Petri, pour suivre le métrage avec un peu d’intérêt, mais ça ne suffit vraiment pas sur la longueur. Une vision dont je ressors mitigé, mais qui m’aura au moins confirmé que Petri, dès ses débuts, en avait sous le coude.


4,5/10
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Trois mille ans à t'attendre - 7/10

Messagepar Alegas » Sam 03 Sep 2022, 21:34

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Three thousand years of longing (Trois mille ans à t'attendre) de George Miller
(2022)


Forcément, j’étais très curieux de voir comment George Miller allait rebondir après le phénoménal Mad Max : Fury Road, et comme très souvent dans sa filmographie, il décide d’aller à l’opposé extrême de son film précédent. Oubliez donc la promo de ce nouveau long qui annonçait quelque chose d’assez énervé, ici on est vraiment devant le contraire de Fury Road, d’un film d’action qui ne s’arrêtait jamais et qui misait sur une narration passant presque uniquement par l’image, on passe à une histoire d’amour tout en douceur et lenteur, où la majorité du récit est raconté via une voix-off. Ceci dit, c’est vraiment une agréable surprise qui tend à montrer que Miller est probablement l’un des derniers réalisateurs à ne jamais se reposer sur ses lauriers, tout en continuant un travail thématique qu’il avait établi sur ses films précédents.

Ce n’est pas un secret, le pouvoir des histoires et la façon dont elles se transmettent d’une génération à l’autre ont toujours été des thèmes chers à Miller : les Mad Max, Happy Feet, Babe, Lorenzo’s oil ont été des moyens pour lui de développer en partie ces questionnements, mais c’est vraiment avec ce Three thousand years of longing que le réalisateur semble vouloir livrer son film définitif sur le sujet. Dès le “once upon a time” d’introduction, et la façon dont le film se présente comme un conte de fée pour que l’on accepte mieux le fantastique, j’ai compris que ça n’allait pas être un film thématiquement mineur, et c’est quelque chose qui se confirme d’autant plus quand on voit avec quelle maestria Miller va narrativement composer son récit, mais aussi quand il n’hésite pas à comparer la pop-culture d’aujourd’hui avec les mythologies d’hier, au détour d’une scène qui rappelle qu’il était, à une époque, en train de préparer un film Justice League.

Bref, au-delà de l’histoire d’amour plutôt touchante que le métrage raconte, c’est vraiment tout ce rapport à la narration à travers les âges qui rend l'œuvre passionnante, et chacune des histoires du personnages d’Idris Elba s’avèrent captivantes à suivre, et particulièrement bien réalisées de surcroît (et encore une fois, on a jamais l’impression de voir un film de vieux, c'est inventif et dynamique à souhait). C’est donc dommage que, sur son dernier acte, le film opère un gros virage pour aller vers une toute autre direction. Un choix qui amène de bonnes choses, notamment du côté de l’émotion, mais qui donne l’impression d’être beaucoup trop rushé pour marcher aussi efficacement que ce qui a précédé. Le personnage de Tilda Swinton semble transformé d’une scène à l’autre, la partie londonienne souffre d’arcs à l’utilité questionnable (les deux vieilles voisines ? :? ) et j’avoue que je n’aurais pas craché sur un récit qui prend plus son temps à ce stade, ne serait-ce que pour permettre à la relation Swinton/Elba de s’ancrer émotionnellement. Des petits défauts qui m’empêchent de compter le film parmi les plus mémorables de son réalisateur, mais qui n’empêchent pas le fait indiscutable qu’il est un film somme thématiquement parlant, et passionnant sur la majorité de son récit.


7/10
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Cléo de 5 à 7 - 3,5/10

Messagepar Alegas » Dim 04 Sep 2022, 11:47

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Cléo de 5 à 7 de Agnès Varda
(1962)


D’Agnès Varda, je n’avais vu jusqu’ici qu’un de ses courts-métrages, Ulysse, lors de mes études et qui m’avait plutôt plu dans une certaine mesure. Même si, depuis, je me suis tenu éloigné de cette réalisatrice, je savais bien que je finirais un jour ou l’autre, par curiosité, par tenter son film le plus reconnu, à savoir celui-ci. A l’arrivée, je dois avouer être déçu, mais finalement peu surpris. Peu surpris car les films de la Nouvelle Vague, à l’exception du premier long de Truffaut, n’ont jamais trouvés grâce à mes yeux, et ici j’ai toujours cette même impression de voir un métrage qui a bien quelque chose à dire, mais qui passe complètement à côté de moi dans sa façon de le faire. Faut dire aussi que je suis pas spécialement convaincu par le fait que le script tienne sur un long-métrage : avoir les divagations d’une jeune femme attendant un résultat médical et persuadée qu’il va lui arriver quelque chose de mal, j’ai envie de dire que c’est un bon sujet pour un court, voire un moyen métrage, mais sérieux avoir juste cette base pour une heure et demie de film c’est un peu abusé et ça montre assez vite ses limites puisqu’on constate pas mal de remplissage (tout le passage avec Michel Legrand, j’ai vraiment pas saisi l’intérêt de le faire durer aussi longtemps).

Le film réussit à se rattraper sur sa dernière demi-heure, avec la projection du film muet et la dernière rencontre avant l'événement redouté, mais j’ai vraiment subi tout ce qui se passait avant. Le fait que j’ai trouvé dès le départ le personnage principal très antipathique n’a pas aidé, et si le fait de trouver cette femme plutôt désagréable au début du film est sûrement voulu avec son pessimisme à deux balles, j’ai l’impression que le film essaye de la rendre de plus en plus attachante, mais ça n’a vraiment pas fonctionné sur moi. Pourtant l’actrice est plutôt pas mal, et d’ailleurs c’est un point que je peux aisément concéder au film : à quelques prestations près, c’est plutôt bien interprété, et ça c’était vraiment pas gagné quand on voit ce qui peut se faire chez Godard ou Truffaut. Formellement, c’est du pur Nouvelle Vague donc beaucoup de caméra à l’épaule, de cadres hésitants, du tournage dans la rue avec les passants qui regardent la caméra (détail qui me sort toujours du film), et des gimmicks inutiles (le découpage en chapitres), faut avouer que ça marche plutôt bien mais comme souvent avec les films de ce mouvement j’ai pas l’impression que la forme épouse complètement le fond, genre le même film avec une mise en scène plus classique ça marcherait aussi très bien. Ma note va paraître probablement un peu méchante, mais la première heure a été un vrai calvaire à suivre et je ne peux décemment pas mettre ça de côté, et à choisir je préférerais même revoir A bout de souffle dont je suis pourtant loin d’être fan.


3,5/10
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Plein de super (Le) - 6/10

Messagepar Alegas » Dim 04 Sep 2022, 22:59

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Le plein de super de Alain Cavalier
(1976)


Un film un peu plus encourageant qu’Un étrange voyage qui m’avait laissé une impression mitigée, alors qu’ici je comprend nettement mieux l’intention de Cavalier sur le projet. Globalement, le film peut se décrire très facilement : c’est juste l’histoire de quatre mecs qui ont besoin, pour des raisons différentes, d’aller dans le sud de la France, et qui vont y aller avec la même bagnole et vont se construire peu à peu une amitié. Un récit qui va être traité avec une certaine volonté très assumée de réalisme, et du coup faut clairement pas chercher une intrigue (elle existe, mais elle n’est pas le cœur du métrage) mais plutôt un film qui va faire la part belle aux acteurs et à des séquences presque indépendantes les unes des autres, apparemment inspirées par le propre vécu des comédiens. C’est marrant de constater qu’un projet comme celui-ci était assez original à l’époque de sa sortie, alors qu’aujourd’hui on trouve chaque mois des poignées de films qui veulent aussi aller dans cette tendance, sauf qu’ici c’est vraiment loin de faire artificiel, à revoir le film on a vraiment l’impression de plonger dans la France des années 70, celle de monsieur tout le monde, et cette authenticité est vraiment la plus grande qualité du métrage.

Ceci dit, l’intention a néanmoins ses limites : à trop rentrer dans le jeu des scénettes qui se succèdent, le film peut provoquer une baisse d’intérêt sur la longueur, surtout si on n’accroche pas à la totalité des personnages qui sont tout le temps à l’écran (le mec qui veut revoir son fils, dans le genre antipathique, il se pose là, du coup j'ai pas vraiment cru à son évolution). De mon côté, j’aurais pas craché sur un fil rouge un peu plus prononcé, car autant le film m’a séduit par son ambiance et son réalisme, autant narrativement j’ai vraiment pas trouvé ça dingue, il n’y avait pas le petit truc en plus qui aurait pu me faire rentrer complètement dedans. Formellement, Cavalier ouvre son film sur un plan-séquence plutôt chiadé mais qui restera une exception vu que quasiment tout le reste du film est de la mise en scène qui s’efface derrière son sujet (et tant mieux vu que ça colle avec l’intention du film). Ça donne au final une bobine intéressante, surtout pour ceux qui aimeraient se replonger dans cette époque, mais c’est pas spécialement un film que je reverrais à l’avenir je pense.


6/10
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