♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦La RésidenceFilm de Narciso Ibáñez Serrador · 1 h 39 min · 1972 (ESP)
♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦La première chose qui surprend lorsqu’on lance La Résidence — sans doute parce qu’il est souvent classé parmi les gialli, genre aux formes très variables —, c’est sa mise en scène. Les plans témoignent d'un sacré coup d'oeil, la lumière est maîtrisée, et l’ensemble affiche une rigueur formelle qui le place d’emblée au-dessus de la moyenne du genre.
Dès lors, cette Résidence du titre, un internat chargé de remettre de jeunes filles sur un chemin jugé respectable par une poignée d’autorités autoproclamées, s’impose rapidement comme un espace clos oppressant. Les déambulations finales, d’autant plus efficaces qu’elles sont précédées de séquences poisseuses particulièrement réussies — celle des douches notamment —, s’accompagnent d’une tension à couper au couteau. Le pot aux roses, même s’il se devine assez tôt (après tout, qui d’autre pourrait constituer la clé du mystère ?), n’en fait pas moins son effet tant il est à l’image du film : faussement horrifique au sens habituel du terme, mais terriblement éprouvant parce que profondément dramatique.
Si je me suis laissé surprendre, c’est surtout parce que je m’attendais à une composante fantastique qui ne s’invite finalement jamais à la fête — et c’est tant mieux. La Résidence est un film intelligent, mené d’une main de maître par un réalisateur qui distille ses cartouches avec soin et installe des fausses pistes crédibles à l’aide d’un véritable savoir-faire.
Tout bien considéré, seuls le casting, parfois inégal, et une ambition peut-être trop contenue viennent légèrement ternir l’ensemble, tant certaines situations semblaient appeler davantage de radicalité. La séquence du studio de dessin du bras droit de charme de la matrone, particulièrement désagréable, laissait par exemple entrevoir un potentiel de violence et de confrontation que le film choisit finalement de ne pas exploiter..
La Résidence reste finalement assez sage à ce niveau-là, mais l’intérêt du film est ailleurs : c'est dans sa dénonciation sèche d'une violence silencieuse, assénée au nom d'une discipline aussi arbitraire que prétendument morale. C’est précisément son fil rouge réaliste assumé d’étude de mœurs, nappé de fausses pistes et de faux-semblants, qui fait toute sa réussite et la brutalité de son final désespéré.