[Scalp] La Chute continue 2025

[Scalp]

6/10

Riot de Buzz Kulik - 1969

Sympa ce petit film de prison tourné dans une vraie prison en Arizona (bon cadre avec cette chaleur écrasante) avec des vrais prisonniers et gardiens en figurants, alors c'est vendu comme une histoire vraie mais j'ai un léger doute. Car on est dans les 60's et on nous présente un film avec des détenus noirs qui sont potes avec les blancs et y a pas un seul problème racial, le genre de petit détail qui me chiffonne un peu. Pour le reste c'est du film de prison porté par un casting qui fait plaisir, le lead c'est Jim Brown alors au sommet de sa notoriété, et il fait équipe avec Gene Hackman alors au début de son immense carrière, d'ailleurs je trouve que Jim Brown aurait vraiment pu avoir une meilleure carrière tant il déborde charisme à l'écran et qu'il est pas mauvais acteur.
L'histoire c'est donc une bande de prisonnier qui va simuler une mutinerie pour cacher une évasion (où ça va creuser un trou), le plan est un peu con mais pourquoi pas, alors ça se laisse suivre sans trop d'ennui mais ça manque de conflits (entre les prisonniers et puis avec les gardiens) mais on a quelques trucs sympas avec le quotidien de cette prison perturbé par cette bande déterminée. Mais le film a la bonne idée de commencer immédiatement, on se perd pas en présentation de personnages, au bout de 5 minutes la prison est maitrisée par les détenus et c'est partir pour un film 100% burné, ici pas de femme (sauf dans un rêve de Jim Brown qui s'imagine avec un harem, tant qu'a faire), et on va suivre plusieurs prisonniers, nos 2 lead charismatiques bien sur mais les autres sont pas mal aussi avec notamment ceux qui ne veulent pas s'évader estimant que c'est peine perdue.
Au final ça donne un film de prison dans la moyenne (le genre a pas trop livré de merdes), c'est court (1h30) porté par un super duo et une bonne ambiance étouffante et puis la fin dans les tunnels il se dégage un vrai truc et c'est assez cash comme final.
Kulik on se souvient surtout de lui car il a réalisé le dernier film de McQueen et c'est ici qu'il signe clairement son meilleur taf.

[Dunandan]

8/10

Kiru ! de Kenji Misumi - 1962

Misumi c'est vraiment un réalisateur qui ne déçoit jamais, c'est drôle j'étais persuadé de l'avoir vu celui là et finalement non donc belle surprise, enfin surprise pas tant que ça car je savais que la qualité serait au rendez-vous et clairement aujourd'hui Misumi est mon réalisateur japonais préféré derrière Gosha.
Ici on est dans un film qui s'inscrit dans sa trilogie du sabre, une trilogie avec les mêmes thématiques et ce même sens de l'épure, de l'épure dans la narration (les films sont courts, voir très courts) mais aussi dans l'intrigue et dans les interactions entre personnage (peu de personnages d'ailleurs), c'est donc du film très peu bavard, du film d'esthète de l'image (cette utilisation du scope, le choix des cadres, les mouvements de caméra, à un moment on a un travelling qui pète vraiment la classe, lors de cette scène c'était la seule bonne façon de filmer et Misumi ne se trompe jamais). Et je trouve que même si le film s'attarde sur rien, et donc sur les relations entre les personnages, l'émotion arrive à fonctionner et il se dégage vraiment quelque chose malgré un coté clairement décousu.
Et visuellement c'est donc absolument magnifique, on a des scènes qui marquent vraiment la rétine, l'intro est incroyable avec ce mari contraint d'exécuter sa femme, la scène est sacrément puissante et il se dégage un sacré truc de ce moment, c'est clairement poétique alors que le moment ne s'y prête pas vraiment. Et c'est pas le seul moment fort du film, alors on la fin évidemment qui transforme le film en oeuvre totalement nihiliste mais on a aussi ce passage avec cette femme qui se met nue pour combattre et permettre à son bien aimé de s'échapper, là aussi il se dégage un vrai truc de ce passage (et j'aime la façon de filmer de Misumi lors de ce passage car ça pourrait être ridicule et que le résultat pète la classe).
Et j'aime bien tous les passages de duels "avortés", on a juste 2 samouraïs en position qui se jaugent et ça fini toujours par l'abandon de l'adversaire de Raizo Ichikawa, qui joue donc un sabreur autodidacte à la technique singulière et imparable mais cette parfaite maitrise du sabre ne l'empêchera pas de tout perdre. Mais j'aime bien le coté c'est pas l'arme qui impressionne mais bien la manière de la porter et la manier.
Du grand Misumi, comme souvent.

[Mark Chopper]

Misumi c'est vraiment le cinéaste japonais dont j'aimerais voir l'oeuvre davantage distribuée en France...

On a quand même eu une rétro à la cinémathèque, donc le matos est là (il a surtout bossé pour la Daiei et Katsu productions, donc pas 36 interlocuteurs au Japon pour négocier les droits).

Son polar urbain 70's, ses drames avec Ayako Wakao, des curiosités comme ça ou encore ça...

Tellement de choses à découvrir et une qualité sans doute au rendez-vous.

[Scalp]

J'ai commandé sa trilogie du Boudha. Hâte de les découvrir.

[Scalp]

5/10

Une Corde, un Colt... de Robert Hossein - 1969

Je m'attendais à pire parce que bon un western spaghetti français réalisé et joué par Robert Hossein ça vend vraiment du rêve mais c'est tout à fait honorable. Le film doit beaucoup à sa BO entrainante, typique des grands spaghetti et on sent bien l'influence de Leone, clairement revendiqué par Hossein qui dédie même son film au gros Sergio (qui aurait tourné une séquence du film, celle du repas).
Le récit est classique avec la belle Michèle Mercier qui veut venger sa famille et va faire appel à Robert Hossein qui nous la joue simili Clint sans le charisme qui va avec, et pour ça il va kidnapper la fille du méchant patriarche. Alors l'histoire fait le taf mais clairement on sent les limites de partout, mais à trop vouloir faire du Leone ça fonctionne pas, c'est épuré avec peu de dialogues (et ça aurait pas fait de mal d'en avoir plus pour le coup) et des séquences qui durent (c'est pas forcément mal réalisé par contre et ça fait jamais cheap, alors que les spaghetti quand c'est pas les 3 Sergio c'est quand même très très souvent laid). Et clairement on est devant un film qui a l'ombre imposante de ses modèles et on est donc devant un film qui fait tout pareil mais en tout moins bien (et c'est peu de le dire). Et on est devant un film pas vraiment passionnant, les personnages ont aucune épaisseur (les bad guy sont nuls) et y a rien qui transcende vraiment tout ça (mais j'ai bien aimé la dernière scène) et on est pas aidé par Hossein qui est pas vraiment à sa place ici.
On va dire que c'est une curiosité, pas plus, alors rien de honteux mais bon c'est assez dispensable, c'est un yaourt nature sans sucre quoi.

[pabelbaba]

Je ne me souvenais plus du craquage de Milkshake sur celui-là.

On pense grosso modo pareil.

[Scalp]

Sacré craquage là.

[Scalp]

3/10

Longlegs de Osgood Perkins - 2024

Encore une fois j'avais senti la douille, vendu comme le thriller de l'année dernière, on se retrouve devant un métrage qui se voudrait original, glauque, enfin mettez tous les superlatifs à la con qu'on voit sur les affiches et au final c'est mou, prévisible, pas très bien joué et un peu chiant.
Alors je vais pas enlever au film son visuel, y a une vraie bonne ambiance assez glauque (même si je trouve que ça en fait des caisses là dessus, genre mettre son film dans les 90's est plus gadget quelque chose), une chouette photo, des changements de format judicieux mais voilà il y a bien que le visuel car le reste c'est compliqué.
Mon premier problème c'est Maika Monroe, en soi j'ai rien contre l'actrice mais ici elle ne dégage jamais l'empathie nécessaire pour que j'ai envie de la suivre pendant tout le film et donc rapidement j'ai regardé ça sans aucune implication, alors vu que l'inspiration principal c'est le Silence des Agneaux, on est clairement à des années lumières de Jodie Foster, et ici au bout de 25 minutes j'en avais marre. Après on a Nic Cage en roue libre (et la hype du film vient clairement de sa présence), alors c'est une habitude mais ici encore une fois il joue pas dans le même film que les autres. Et puis le truc qui pour moi ne fonctionne quasiment jamais, les polars fantastiques c'est plus que casse gueule et de mémoire je dirais que le seul qui soit une vraie réussite c'est Angel Heart, le reste voilà quoi, et là quand le fantastique entre dans le film c'est la foire à la saucisse, ça permet toutes les facilités narratives et explicatives, pourquoi se faire chier à bien écrire quelque chose qui tient la route alors qu'il suffit juste de dire non mais c'est du fantastique alors tout est permis (et c'est vraiment un festival de facilité et on doit accepter beaucoup de choses et moi évidemment j'accepte pas). Et avant que le film entre dans sa partie fantastique c'était pas foufou avec une enquête qui avance avec des grosses facilités (on dirait un script de mec qui a rien compris au polar).
Un film beaucoup trop ambitieux pour le talent de son réalisateur, et il se retrouve noyé sous ses influences évidentes et un choix narratif complétement pété. Un beau pétard mouillé.

[Mark Chopper]

alors c'est une habitude mais ici encore une fois il joue pas dans le même film que les autres.

Je ne comprends pas les réalisateurs qui l'encouragent à partir dans un délire sans lui offrir un cadre cohérent pour éviter cette impression.

Qu'on aime ou pas les films, dans Arizona Junior ou Bad Lieutenant, son interprétation ne jure pas parce qu'elle est cohérente avec l'univers dépeint.

[Scalp]

Oui Bad Lieutenant c'est un bon exemple, il en fait des caisses mais c'est jamais un problème.

[Scalp]

5/10

Hunting Season de RJ Collins - 2025

J'ai pas envie d'être méchant, on est sur du DTV donc j'avais pas des exigences folles et puis voir Mel péter des tronches restera un bonus à vie. Alors c'est bien trop long sur ce que ça raconte, 1h40, y a bien 15 minutes de trop, car le récit est épuré au maximum. On suit Mel et sa fille qui vivent dans une cabane dans les bois, ils chassent et vivent quasiment en autarcie et ils vont tomber sur une meuf gravement blessée et ce sera le début des problèmes. Sauf que le début des problèmes ça met vraiment longtemps à arriver, faut bien attendre plus de 50 minutes pour que la menace soit réellement personnifiée (des trafiquants racistes) et même quand elle est personnifiée il va falloir attendre la fin du film pour qu'on sorte les armes.
Mais curieusement le film est pas si chiant à suivre, alors il se passe pas grand chose, mais le cadre, la relation père/fille (c'est la gamine qui jouait dans Ozark), le coté petite vie pépère dans un lieu magnifique donne un petit cachet visuel au film (ça fait pas trop DTV), enfin si on le regarde c'est pour voir Mel se vénère et je dois dire qu'il fait preuve d'originalité dans la manière de péter des tronches, on a une torture à base de tondeuse à gazon qui donne une scène bien cool. Et puis on a le climax de 10 minutes où ça défouraille et vide du chargeur avec Mel et sa fille qui snipe, c'est cool, alors c'est pas inventif mais c'est lisible et y a du finish him.
C'est vraiment dommage que les bad guy soient en carton (Jordi Molla à part Bad Boys 2 c'est quand même une calamité), du coup on se retrouve avec un film où Mel a pas de répondant en face de lui et le film manque donc de scènes fortes. Après si on veut voir Mel et son charisme vider des chargeurs comme à la grande époque ça peut faire le taf, faut juste pas s'attendre à un survival vénère.