[Dunandan] Mes critiques en 2014

[Dunandan]

Barefoot, Andrew Fleming (2014)

Barefoot est le remake du film allemand Barfuss (que j'ai vu également, mais je l'ai su qu'après et je préfère la version américaine), et il s'agit d'une bonne petite surprise. Certes, le canevas de cette comédie romantique paraît vu et revu. Un connard cynique et opportuniste, fils d'une famille riche essayant de leur soutirer du fric, invite une malade mentale (car il n'y a personne d'autre) au mariage de son frère justement à cette fin. Donc deux individus très différents mais qui finissent par s'apprécier puis par s'aimer. Mais l'alchimie entre les deux interprètes est évidente, et ces derniers se révèlent étonnamment bons (en tous cas ils sont au-dessus de la moyenne), surtout Evan Rachel Wood, très amusante comme femme vierge de tout au point qu'elle ne comprend que le premier degré, créant des situations insolites et touchantes à la fois. D'autre part, c'est un film sans prétention, léger et rafraîchissant, et évite plusieurs écueils au genre (sur-dramatisation et pathétique en tête), permettant de toucher en plusieurs occasions au Feel good moving, bien qu'il y ait quelques trous dans le scénario qui nous amènent trop facilement au happy-end, et qu'il est difficile à croire qu'une malade mentale dégage autant de charme. Pas inoubliable, mais de quoi passer une bonne petite soirée grâce à ses deux personnages attachants et qui sortent de l'ordinaire, quoiqu'il faut bien apprécier le genre de la comédie romantique à la base.

Note : 6.5/10

[caducia]

J'ai failli le proposer pour le challenge, je n'ai pas vu l'original mais j'ai beaucoup aimé cette version. Belle critique.

[Dunandan]

Merci En plus j'ai vu l'original en VO non sous-titré ^^ (de mémoire, les personnages sont moins attachants). J'ai hésité à monter légèrement plus, mais il y a quelques facilités dans le scénar' qui m'ont un peu gêné.

(edit : bon allez va, je monte à 6.5, je ne crois pas que je le sur-vends avec 0.25 pts en plus ...).

[Dunandan]

Killing Season, Mark Steven Johnson (2013)

Affiche trompeuse. Non, nous n'aurons pas droit à une chasse à l'homme digne de ce nom, avec deux outsiders réunis pour l'occasion. Dommage, car ça aurait pu être l'objet d'un honnête divertissement sans prise de tête. Non, ils préfèrent à la place se taper la discute autour d'un bon verre de Jägermeister, comme deux vieux potes évoquant les mauvais souvenirs de la guerre. Donc, un énième film sur le trauma et la rédemption, qui privilégie un traitement intimiste (plutôt lourd) à l'action (quand elle arrive, il y a de petits bouts de survival sympathiques, mais c'est beaucoup trop court, et entre deux rebondissements téléphonés, ça repart dans la discute en mode philo de comptoir). Pourtant, l'intention de ne pas trancher entre les deux camps du conflit bosniaque est louable, mais il y a un gros soucis d'équilibrage à la base, à cause de Travolta qui veut sa petite confession à tout prix et tue ainsi presque toute tension dans l'oeuf. Et puis il y a plusieurs malus, comme le look ridicule de Travolta, son accent à couper au couteau, cette incursion pataude du baptême du petit fils (pour en rajouter une couche dans le passé difficile de De Niro), et toutes les séquences où Travolta essaie de régler les soucis de la vie privée de De Niro (alors qu'à la base il est là pour le buter...). Reste le plaisir de voir ces deux stars réunies, bien sûr surtout lorsqu'ils se mettent sur la tronche mais ça ne dure que 5-10 minutes à tout casser, et un cadre assez joli pour les amateurs de la chaîne Tv "chasse et pêche". Bref, du revenge movie en mode papy gâteau, qui aurait été tellement plus sympathique avec moins de bla-bla et plus d'action.

Note : 3.5/10

[Dunandan]

Prisoners, Denis Villeneuve (2013)

Ma critique sera courte, car je pense que tout a déjà été dit sur ce film, et je vais contenter d'y résumer mes impressions. Prisoners est donc un thriller qui tient son spectateur selon moi grâce à son atmosphère sombre et haletante (toute en retenue), un carré d'acteurs d'une belle justesse (Gyllenhaal en flic déterminé et Jackman en père vengeur ne sont pas loin de décrocher leur meilleur rôle), et une intrigue relativement bien ficelée. Mais si on regarde cette dernière de près, elle est loin d'être exempte de défauts. En effet, elle use parfois d'ellipses abusées, d'indices trop évidents, et de grosses ficelles qui atténuent l'impact de la fin. Dommage donc que la profondeur de la tragédie humaine prenne progressivement le pas sur la crédibilité de l'enquête (surtout dans la seconde partie), et par association, le suspens. Malgré tout, difficile de ne pas adhérer à la "mission" de ce flic qui mouline beaucoup malgré ses efforts, et le désespoir de ce père qui ferait tout pour retrouver sa fille. Au final, si on met de côté ces gros trous dans le scénario, il s'agit d'un bon drame familial, tortueux et doté de belles touches de nihilisme, mais j'hallucine lorsque je vois qu'on le met à pied d'égalité avec Seven ou Zodiac, bien que la comparaison s'y prête (ambiances glauques, impression d'échec, place de la religion). Je suis donc dans le camp des déçus modérés.

Note : 8/10

Edit du 13/03/2019 : 7 => 8/10

J'y vois les mêmes défauts, sauf que cette fois-ci, cela ne m'a pas sauté aux yeux. Car finalement à part la (grosse) ficelle du médaillon, le tout s'imbrique plutôt bien. Et je suis surtout surpris à quel point ce film est dense sur la question du mal et de la responsabilité qui est ici portée à travers les figures des parents et du policier, et le fait que le côté drame familial soit si bien mis en avant, forcément, aide un peu plus l'immersion (et l'identification) du spectateur. Le petit surjeu de Jake me gêne toujours un peu (son clignement oculaire), mais heureusement ça se dissipe au fur et à mesure. Et puis j'accueille ce genre de bobine au propos noir et qui va au bout de ses idées, autant en termes de mise en scène (mais sans jamais tomber dans la violence gratuite ou complaisante) que de propos, comme du pain béni, surtout aujourd'hui où la tendance du cinéma contemporain va plutôt vers le lissage général. Alors oui, Fincher et une poignée de films coréens ont fait mieux dans le genre, mais ça reste dans le haut du panier (du moins pour le cinéma post-2000), et donc j'adapte ma note en conséquence. Même l'optimisme du dénouement, je l'aime bien finalement, ça fait du bien un peu de chaleur après une ambiance bien glacée...

[osorojo]

Tout comme toi. Grosse ambiance, Deakins fait parler la maîtrise, des acteurs qui font le taff, dont un Jackman surprenant, mais alors le script ... Dans le genre fin manquée ça se pose, et les personnages neuneus comme les amis de Jackman ou quelques trames de l'enquête comme tu le dis, c'est loin d'être au niveau de l'ambition du film.

[puta madre]

Et Gyllenhall avec son clignement d'yeux, dans le genre actor's studio du pauvre

[Dunandan]

Ce qui m'a le plus tué dans le script c'est

le coup du médaillon, avec le dessin du labyrinthe qu'on nous montre en gros plan au cas où on aurait pas compris, et Jake qui tombe dessus par hasard alors qu'il avait l'indice sous les yeux à plusieurs reprises

Et pour la fin, t'as raison

j'aurais évité cette fausse fin ouverte de mauvais goût, dommage que Villeneuve n'a pas eu les couilles d'aller jusqu'au bout.

@ PM : Oui, je n'ai pas trop capté son clignement des yeux (on dirait Al Pacino dans Insomnia ^^)

[Dunandan]

L'armée des morts, Zack Snyder (2003)

Zack Snyder réalise ce remake du fameux film de Georges Romero en expurgeant de ce dernier sa critique du consumérisme, pour livrer à la place un pur divertissement, solide et efficace (même si on l'impression qu'on a trop de longueurs d'avance sur les personnages, à croire que le film de zombies n'existe pas dans leur réalité). Ainsi, s'il garde la trame principale (plusieurs petits groupes se retrouvent barricadés dans un supermarché pour survivre), le résultat est beaucoup plus nerveux. Dès l'introduction on nous jette dans un monde en train de s'effondrer avec des zombies pas trop cons et qui courent à perte haleine (là où ceux de Romero marchaient à deux à l'heure). Bien que le casting ne soit pas très connu, il fait bien son travail, incarnant des personnages burnés, qui évoluent (ils ne faut pas s'attendre à un truc de ouf, ça reste classique, c'est tourné autour de l'histoire de chacun, avec le lâche qui devient courageux, le réaliste qui devient un peu humaniste, etc., mais c'est un véritable progrès par rapport à l'original où la psychologie était réduite à néant), et sont porteurs d'un sous-texte mille fois exploité mais qui fonctionne bien (la communauté vs l'individualisme). Pour les amateurs, pas mal de séquences jouissives au compteur qu'on n'a pas trop vu ailleurs et font honneur au genre (la partie de sniper et de jeu d'échec avec le mec du toit, ou le bébé zombie) et ça livre bien la marchandise, avec peut-être moins de tripailles que l'original, mais on y trouve de nombreux et généreux headshots, et quelques moments hard-core, comme la scène de la tronçonneuse (à ne pas remettre à des mains maladroites). Dommage par contre que le rythme, si soutenu au début et dans ses trente dernières minutes, retombe à plat au milieu (ok, c'est pour développer les personnages, mais à part le gros black, ils n'ont pas un charisme suffisant pour nous tenir en haleine par leur seule présence). Bref, malgré mes petits griefs, ça reste une bonne petite référence, un remake réussi, et peut-être l'un des meilleurs du revival du genre avec 28 jours plus tard et sa suite, bien que je préfère ces deux derniers pour le plus grand impact émotionnel qu'ils parviennent à créer.

Note : 7/10

[Dunandan]

Basic, John Mc Tiernan (2003)

Après avoir baladé John Mc Lane dans Une journée en enfer à travers toute la ville de New York, et révolutionné le cinéma d'action en offrant un cerveau à ses personnages, Mc Tiernan fait un peu le mélange des deux. En effet, il essaie de nous balader à travers une intrigue alambiquée ayant pour point de départ une mission d'entraînement militaire qui aurait mal tourné dans la jungle de Panama. Une scène de crime couverte par un duo d'enquêteurs perspicaces. Ainsi, les amateurs d'adrénaline peuvent se rhabiller, car il s'agit plutôt d'un thriller qui joue avec les codes du genre, et cherche à nous impliquer plutôt que de nous laisser spectateur passif devant notre écran.

Seulement, la sauce n'a pris qu'à moitié sur moi, car justement je me suis laissé avoir par ce qui apparaissait comme un affrontement musclé entre l'ex-Ranger (John Travolta en grande forme et qui ne cabotine pas, formant un duo avec Connie Nielsen qui se montre convaincante en femme forte), et ce capitaine d'escouade tyrannique (Samuel L. Jackson, qui fait claquer ses mots avec la patate qu'on lui connait). Le ton est sérieux, du moins jusqu'au dénouement, sans aucune punchline. Bref, on a l'impression que Mc Tiernan s'essaie à autre chose, retournant à l'une des bases classiques du cinéma, à savoir la manipulation psychologique de son spectateur. Ce qu'il arrive très bien à faire. Seulement, j'ai eu un peu de mal avec les personnages, on est loin du charisme d'un Mc Lane ou d'un Slater, pour ne citer qu'eux. Mais c'est le genre de film qui gagnerait à être revu, ne serait-ce que pour admirer la subtilité redoutable d'un scénario qui a plus d'un tour dans son sac, et qui ne dévoile toutes ses cartes que dans ses dernières minutes.

Quant à la réalisation, si la jungle n'est pas aussi bien filmée que l'inégalé Predator, elle offre des séquences d'affrontement courtes mais intenses, sous une pluie diluvienne. Mais son intérêt réside surtout dans le montage. Encore une fois, l'intelligence de l'intrigue prend le pas sur l'action réduite à une peau de chagrin, où chacun est tour à tour, selon les témoins interrogés, victimes, coupables, icônisés, rendus à moitié fous à cause d'une situation apparemment hors de contrôle. Un véritable mille-feuille où les différentes couches narratives se révèlent au spectateur au fur et à mesure, nous conduisant vers un dénouement inattendu (qui me rappelle un peu la déconstruction ironique de Last Action Hero). Au fond, le jeu de dupes est plus intéressant que l'intrigue elle-même qui nous ramène à un trafic de drogues assez classique et peu stimulant, mais Mc Tiernan semble plutôt l'utiliser comme prétexte pour dérouler ses multiples fils.

Bref, même si Basic est loin de figurer parmi mes préférés de Mc Tiernan, faute d'une intrigue et de personnages qui m'ont peu accroché, il efface largement son accident de parcours Rollerball, et donne vraiment envie qu'il se remette à la mise en scène après onze ans d'abstinence.

Note : 7/10

[Dunandan]

Cycle Mc Lane ... oups Mc Tiernan, terminé

[Rockatanski]

[center]

C'est un des meilleurs films de zombie de ces 10 dernières années. Personnellement j'ai beaucoup aimé.

[osorojo]

Cycle Mc Lane ... oups Mc Tiernan, terminé

Joli cycle Dun', bien envie de te suivre, du cinoche à fort poumon fait pour le divertissement intelligent, il y en fort peu !

[Mark Chopper]

On se rejoint globalement niveau notes pour McT

[Dunandan]

@ Rock' : en même temps ce n'est pas trop dur, vu qu'un film sur cinq dans le genre est naze, mais c'est toujours de bon de rappeler les "meilleurs" ^^ (avec les "28" et "Shaun of dead", c'est sûrement mon préféré).

@ Mark : ça nous fait un point commun en plus . Et puis je pense que notre génération joue, putain on en a plus des comme ça, j'espère qu'il nous reviendra en forme le père Mc Tiernan (et qu'on le laissera un peu tranquille...), "on" compte sur lui.

@ Oso' : merci, et hâte de te lire . Sinon tout à fait d'accord avec toi, à part quelques-uns, il prend tous les genres auxquels il se frotte en les prenant à contre-pied (et sans oublier le spectateur, Last Action Hero en est la preuve sur pellicule ^^).