BE KIND, REVIEW!

Seven Swords

9.5/10

Dès les premières images on est frappé par la beauté du film avec ce décor enneigé simplement splendide. S'en suit un massacre à la violence magnifiée par cette alternance de rouge vif et d'une teinte poussiéreuse. Cette bataille tournée au ralenti présente avec style les lieutenants de Ravage ( le coup du parapluie prend tout son sens ).



Le film entier sera maculé de cette beauté grâce à des plans sublimes et une maîtrise de la caméra toujours présente. Le choix de n'avoir que des décors naturels ne peut qu'être salué tant il sert la virtuose du réalisateur.



Véritable plaisir visuel, Tsui Hark retransmet cet onirisme dans des combats purement jouissifs où les sept épéistes transpercent leurs ennemis avec classe. Il ne pousse pas le vice en se passant des gerbes de sang mais ça charcute bien et le délire est quand même là avec des combats originaux et superbement menés sur un montage bordélique mais dynamique. A l'image des lieutenants de Ravage qui possédent tous une arme qui leur est propre, chaque sabre a sa propre caractéristique ( parfois dure à comprendre ) qui donne un souffle épique aux affrontements. Tout comme la BO vraiment plaisante et qui ne prend jamais le pas sur l'image.



Le scénario prend une tournure assez inattendue et s'il remplit son office il laisse tout de même un goût amer d'inachevé. En effet, on regrette le projet initial d'un film de quatre heures car tout le background des personnages passe à la trappe et on en a que l'ébauche avec la présentation dans le mont céleste et des flashbacks qui arrivent en bloc vers la fin du film et qui ne nous en apprennent que très peu. Ainsi la relation entre la coréenne et Ravage reste inexpliquée et par là même le passé de Donnie Yen dans la fameuse vallée du Yalu reste obscur.



Tous les personnages sont quand même géniaux et ça joue assez bien même si parfois les réactions féminines sont un peu excessives. Malgré ces quelques voiles opaques autour de l'histoire et qui entâchent certaines scènes à la lisibilité compromise, Seven Swords reste un film magnifique et totalement jubilatoire.

Lettres d'Iwo Jima

9.5/10

Plus qu'un simple film de guerre, ce film est une ode à l'humanité portée par le regard en toute pudeur de Clint Eastwood. Un regard froid et cruel sur la guerre qui ne sera entâchée d'aucun manichéisme. Comme ces lettres enfouies sous le sol, l'image emplie de poussière porte le deuil dans un ultime hommage. Accompagnée de quelques notes de piano, elle restitue avec horreur la bravoure de ces hommes sacrifiés sur l'autel de l'honneur.



Isolés sur cette île, ils devront mener une bataille qu'ils savent perdue d'avance en signe d'allégeance à une patrie qui les a déjà oubliés. Après quarante minutes de calme, la bataille commence et met à nu les personnages devant des excès de violence bruts auxquels chacun fera face selon ses convictions, où celles de leur pays pour certains qui se suicideront dans une scène dure du film, mais pas la plus forte.



Car le film ne fait pas la surenchère de la guerre, à travers les destins de ces personnages qu'on découvre dans leurs actes entrecoupés de flash-backs, il se révèle humain et terriblement touchant. Clint Eastwood confronte deux mondes, deux cultures pour mieux appréhender leurs similitudes et montrer la futilité de la guerre, sa cruauté. Pour cela il alterne des séquences de guerre sans concession et superbement réalisées avec des passages plus intimistes où l'émotion se tapit dans des grottes aux jeux de lumières renversant, là où la frontière entre l'obscur et la lumière peut être franchie en un instant.



C'est avec grand respect que Clint Eastwood aborde la culture japonaise, même si certains dialogues en montrent quelques aberrations. A travers ce film, il montre qu'aucun camp n'est bon ou mauvais, que seule la paix importe. Et qu'au final la seule aberration reste la guerre. Une oeuvre forte, brutale, émouvante...une oeuvre humaine et un grand film.