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Re: [maltese] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Dim 21 Sep 2014, 17:30
par Mr Jack
J'aime pas trop quand un film te balade à droite à gauche, te fait suivre aucune ligne et à la fin te sort: "nan mais en fait depuis le début fallait comprendre ça !" :evil:

Grand sommeil (Le) - 7/10

MessagePosté: Lun 29 Sep 2014, 11:44
par maltese
Le Grand Sommeil


Howard Hawks, 1946


L’anecdote est connue : Hawks, ne parvenant pas à déterminer si l’un des personnages du film était tué ou se suicidait, demanda plus de précision à Faulkner, son scénariste ; celui-ci, tout aussi perplexe, se tourna vers l’auteur du roman, Raymond Chandler, qui affirma n’en avoir aucune idée. C’est dire si l’intrigue criminelle, complexe, floue et aux intervenants multiples, ne constitue pas réellement le cœur de cette œuvre. On peut se perdre dans ce dédale de meurtres et de confrontations au revolver (Bogart en récupère tellement durant le film que ça en devient presque un running gag), le script manque sans doute de fluidité à ce niveau. Mais l’essentiel est ailleurs. Il réside dans le charisme hallucinant de Bogart en privé cynique, dans l’élégance de Lauren Bacall (et son regard !), dans leur relation trouble faite de tromperies et de répliques cinglantes qu’ils s’envoient tout au long du film ; il réside aussi dans l’humour qui se mêle à cette ambiance qui se voudrait malsaine, poisseuse, mais qui se retrouve édulcorée par la censure de l’époque.

En effet, beaucoup de choses passent par des non-dits, des sous-entendus. Du coup, le film est plus « léger » que ce qu’il aurait pu être ; on n’est pas vraiment dans une enquête sordide et prenante, et il faut dire que le manque de réel intérêt que suscitent les problèmes de la famille Sternwood empêche d’être tout à fait captivé par le film. Mais c’est compensé par l’humour des répliques de Philip Marlowe (et Bogart les sort avec ce petit sourire en coin qui fonctionne en permanence…) ainsi que par le côté cocasse de certaines situations (Marlowe tourne beaucoup de choses en dérision, que ce soient ses visites à la librairie, ses confrontations avec les bad guys, sa relation avec les filles Sternwood…).

Au final, un film noir qui manque un peu de noirceur malheureusement, mais qui fait passer un très bon moment.


7/10

Re: [maltese] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Lun 29 Sep 2014, 12:52
par pabelbaba
IL n'est peut-être pas assez noir, mais pour le coup, avec son intrigue impigeable, son ambiance est vraiment unique.

Re: [maltese] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Lun 29 Sep 2014, 13:14
par Rockatanski
C'est bien pour ca que ca s'appelle "le grand sommeil", il cherche à endormir son spectateur, comme Chandler voulait assoupir son lecteur !

Plus sérieusement, c'est pas un chef-d'oeuvre du film noir, ca manque de relief et d'action véritable, c'est un tantinet bavard, mais Hawkes parvient à insufler dans le métrage une athmosphère assez singulière qui déroute régulièrement, ce d'autant que l'intrigue est pour le moins bordélique et peu compréhensible. Et puis y'a Bogart, qui incarne Marlowe avec ce cynisme naturel dont il a le secret....

N'empêche, t'est quand même un rien généreux avec ton 7/10...

Re: [maltese] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Lun 29 Sep 2014, 17:45
par maltese
C'est tout de même très sympa, et énormément de répliques font mouche. Pas spécialement passionnant, 7 ne me paraît pas non plus exagéré :wink:

Re: [maltese] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Lun 29 Sep 2014, 18:27
par angel.heart
Bah moi je mets un bon 8. Je kiffe l'ambiance et le couple Bogart/Bacall.

Et j'avais relativement bien aimé le remake de Michael Winner plus mélancolique, si ma mémoire est bonne.

Re: [maltese] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mar 30 Sep 2014, 10:01
par maltese
Tiens, je serais curieux de voir cette version... En plus il y a James Stewart, c'est tout de même un gage de qualité :super:

Re: [maltese] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mar 30 Sep 2014, 10:36
par puta madre
Nan, évite: elle est franchement pas terrible.

Re: [maltese] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 01 Oct 2014, 21:47
par Mr Jack
J'suis en train de lire le livre de Raymond Chandler (bientôt fini). Du coup je me l'étais mis de côté, comme le Faucon Maltais (Hammett) et quelques autres. :super:

Re: [maltese] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 01 Oct 2014, 22:03
par maltese
J'ai un jour essayé de le lire, ce livre, et ça m'est très vite tombé des mains, faudra que je réessaye (rien lu d'autre de Chandler)... Mais Hammet j'adore :super: cela dit, à contrario, je garde un mauvais souvenir du Faucon Maltais avec Bogart :mrgreen: Je compte me regarder La Clé de Verre bientôt, j'espère que ce sera plus intéressant.

Re: [maltese] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 01 Oct 2014, 22:08
par Dunandan
Tu n'es pas le seul pour le Faucon Maltais ^^. Selon mes souvenirs, j'avais trouvé le rythme et l'interprétation bien ampoulés :? (mais pas mauvais pour autant).

Re: [maltese] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 01 Oct 2014, 22:09
par Mr Jack
C'est clair que c'est pas du tout le même style qu'Hammett, moins prenant, plus posé, mais ça reste très très intelligent dans tous les aspects. Perso j'aime beaucoup. Mais Hammett...c'est le Roi. Moisson Rouge...quand t'as lu ça t'as tout lu du genre. :mrgreen:

Re: [maltese] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 01 Oct 2014, 22:16
par maltese
Ah oui, La Moisson Rouge c'est énorme, le passage, à mi-livre,
où le Continental Op clôt l'affaire mais annonce à ses commanditaires grosso modo "j'ai pas aimé la manière dont j'ai été traité, j'ai 10 000 dollars et je vais les utiliser pour écraser tout le monde en ville. Je vous enverrai mes rapports", c'est un des trucs les plus jouissifs que j'ai pu lire :eheh:

Re: [maltese] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Jeu 02 Oct 2014, 09:54
par Mr Jack
Mais tellement. Tu lis ça, tu mates Night and the City, Miller's Crossing et t'as plus besoin de regarder autre chose. :mrgreen:

Snake Eyes - 9/10

MessagePosté: Ven 03 Oct 2014, 21:36
par maltese
Snake Eyes


Brian De Palma, 1998



Excellent thriller – huit clos dans lequel De Palma étale tout son savoir-faire. J'ai un rapport assez particulier à ce film, qui m'a introduit à l'oeuvre de De Palma, depuis devenu l'un de mes chouchous. Une vraie claque lorsque je l'ai découvert; un film assez représentatif du cinéma de son auteur, à la fois très ludique et poussant à la réflexion sur le pouvoir de l'image et la manipulation qui en découle.

C’est une merveille de mise en scène, depuis le formidable plan-séquence introductif de 12 minutes (truqué évidemment, mais exceptionnel) jusqu’au générique de fin, en passant par ces multiples autres plan-séquences, ces prises de vue suggestives, etc. Et bien sûr cet art de tromper le spectateur en lui faisant croire qu’il a tout vu alors qu’il n’en est rien ; un des thèmes fétiches de De Palma, ici magnifiquement traité dans l’enquête du flic Rick Santori (Nicolas Cage, excentrique et très bon) qui progresse au fur et à mesure qu’on découvre les différents points de vue de la scène du crime (l’assassinat du Secrétaire à la Défense en plein match de boxe à Atlantic City). Les points de vue des protagonistes, des témoins, des caméras. La construction narrative, avec ses flash-backs et ses coups de théâtres, entrainent le spectateur dans l’enquête tout en lui faisant comprendre que seul le réalisateur est omniscient ; si l’on ne suit qu’un personnage, un seul point de vue, on ne peut accéder à la vérité.

Le scénario est vraiment palpitant, je ne m’en lasse pas : on nous montre une cité corrompue à tous les étage où les méchants semblent cependant avoir leurs raisons pour commettre leur crime. Et puis, c’est assez rare pour être souligné, la fin du film est totalement pessimiste :
le héros parvient à faire éclater la vérité et à triompher des comploteurs, mais il n’est lui-même qu’un flic pourri et son passé a tôt fait de le rattraper – on achève le film avec un Santoro en partance pour la prison tandis que la construction du nouveau casino Powell, du nom du chef des comploteurs, se termine ; rien n’a changé en ville.


Si Cage est vraiment bon, c’est Gary Sinise qui m’impressionne le plus ici, un acteur que j’aime beaucoup et qui aurait mérité une autre carrière. De façon générale, De Palma peut compter sur un très bon casting, dans lequel on retrouve Carla Gugino, brune à perruque blonde, énième clin d’œil à Hitchcock de la part de son disciple. D’ailleurs, la B.O. de Ryuichi Sakamoto fait penser par moments aux compositions de Bernard Herrmann.

Au final, il est juste regrettable que la fin (avant l’épilogue) soit un peu facile : passé le climax de la confrontation Cage-Sinise dans la salle des caméras, on se traine longuement, dommage. Mais ça reste un excellent film, vraiment peu reconnu à sa juste valeur selon moi.


9/10