Dirty Harry (L'Inspecteur Harry) de Don Siegel
(1971)
La première fois que je l'avais vu, durant mes années collège, j'avais trouvé ça très moyen. Aujourd'hui, je le revois clairement à la hausse, au point que j'ai beaucoup de mal à comprendre ce qui avait pu me rebuter à l'époque tant j'ai finalement peu de réserves sur le métrage. Don Siegel livre là un film emblématique du polar hard-boiled teinté de vigilante, le genre de pellicule qui marque à jamais un genre cinématographique, au point de devenir familier tant le moindre code a été repris de façon plus ou moins réussie dans nombre de productions depuis. En ce qui concerne la fameuse polémique qui voudrait que le film soit un tract promouvant des valeurs d'extrême droite, je trouve personnellement que le propos du film se situe très loin de là. Certes, Dirty Harry n'est pas un modèle de subtilité quand il s'agit d'opposer le héros à d'autres protagonistes, mais l'intérêt du métrage est justement de confronter un tel personnage, symbole vieillot d'une Amérique réac, dans une ville cosmopolite reconnue telle que San Francisco. Nul jugement ou prise de position, on est davantage dans l'étude d'un personnage extrême qui va finalement souligner des problèmes juridiques et sociaux et dénoncer les failles morales du système pour lequel il travaille.
A cela s'ajoute une autre dimension, celle du pur divertissement, et autant dire que Dirty Harry livre la marchandise de façon plus qu'efficace avec un rythme très bien géré et une mise en scène de Siegel qui témoigne, une nouvelle fois, d'un certain modernisme (caméra épaule, cadre hésitant, lens-flare, etc...). Le film n'est pas dénué de défauts, on pourra d'ailleurs regretter le manque d'enquête véritable, surtout quand on constate à quel point le tueur est facile à dénicher à chaque étape du script, alors que ce même tueur est directement inspiré du Zodiaque qui, lui, n'a jamais été attrapé. Pour autant, et malgré ces menus défauts, Dirty Harry s'impose comme ce qu'il est : un divertissement de premier ordre en plus d'un film indispensable, mené tambour battant par un duo Siegel/Eastwood au meilleur de sa forme (deux excellents films la même année, c'est pas rien).
8/10