8,5/10
Pourquoi cette note?
Parce que le plaisir est intact...Souvent porté au nu à tort et à travers, le cinéma des frères Coen s'avère complexe à appréhender. Entre ratage intégral (
Lady killers, Burn after reading...), cinéma exigeant (
Sérious man) et purs chefs d'oeuvres, on ne sait jamais sur quel pied danser. Pourtant loin de moi l'idée de débiner leur univers que j'affectionne particulièrement! Il y a trop de nombreuses pépites dans leur riche carrière pour faire la fine bouche. Et surtout lorsqu'ils font dans le film noir!
Avec Fargo, il réinvente complètement le genre en s'attaquant à une petite bourgade du Minnesota. Minimaliste, caustique, marrant et violent, voilà résumé grossièrement ce qui peut etre considéré comme leur pièce maitresse des années 90. Je parle de cette période car les deux frangins ont la facheuse habitude de proposer un bijou à chaque décennie! Ici, tout est quasiment parfait. D'un script limpide et élagué à l'extrème, ils en sortent un film rotor distillant un humour faussement moqueur au travers d'une galerie de personnages que le destin et la nature n'ont pas forcément bien servi. Eloge de la betise humaine, Fargo n'en n'oublie d'etre un film d'une belle noirceur (
photographie impeccable une nouvelle fois de Roger D!) et rappelle que les enjeux sont cruels et qu'il s'agit bien de personnages incontrolables aux motivations dangereusement cupides. En cela, le binome Buscemi-Stormare symbolise à merveille cet équilibre sanglant à mesure que les évènements s'emballent. Au coeur de l'intrigue, William H Macy redéfinit la notion meme de betise en interprétant l'un des plus marquant looser de la galaxie Coen. La direction d'acteur est à ce titre somptueuse puisque tout le monde est parfait. Frances Mc Dormand (
comme quoi tout arrive!) y trouve le role de sa vie en policier gentiment pugnace. Cependant, je ne mettrais pas la note maximale car j'ai toujours autant de mal avec la parenthèse incongrue Marge-Mike qui n'a, selon moi, aucune raison d'etre si ce n'est nous faire perdre de précieuses minutes...
Le temps n'a donc pas de prise sur le sixième film des deux réalisateurs et prouve une nouvelle fois leur talent à jongler entre humour, urgence et violence sèche. En pleine décennie Tarantino, les Coen se pose en solide alternative à un cinéma de genre cool et rappelle à Hollywood que la betise est bien une arme très dangereuse et que le sang peut couler à flot, meme chez eux...