Three Ages (Les Trois Âges) de Buster Keaton & Edward F. Cline
(1923)
Buster Keaton sur une parodie de Intolerance, forcément ça titille la curiosité. Et quand on sait en plus que c’est le premier long-métrage réalisé par Keaton lui-même, ça donne carrément envie de voir ce que le bonhomme était capable de faire, et on en ressort pas déçu. Comme le Griffith qu’il prend pour modèle narratif, le film va être constitué de trois histoires différentes se déroulant à des périodes radicalement opposées de l’Histoire, et ici donc on va avoir la préhistoire, la Rome antique et la période contemporaine. Chez Griffith, l’entrelacement des trois histoires servait à délivrer un seul et même message, ici Keaton simplifie la chose en faisant en sorte que les trois histoires soient exactement les mêmes, à savoir l’histoire d’un gars qui ne paye pas de mine mais débrouillard qui va devoir conquérir la femme qu’il aime. Du ultra-classique donc, mais Keaton arrive à exploiter pleinement les situations à chaque période pour offrir quelque chose de différent à chaque fois : un combat à la massue dans la préhistoire va devenir une course de char dans la Rome antique, puis un match de football américain dans la période suivante.
Du coup, malgré quelques répétitions, le film arrive globalement à éviter la redite, aidé par une courte durée (un tout petit peu plus d’une heure), et par le sens comique habituel de Keaton, qui enchaîne les gags bien trouvés (beaucoup jouant sur l’anachronisme). Comme d’habitude avec Keaton, c’est aussi la foire aux cascades en tout genre, et dans celui là on a notamment une chute en arrière dans un point d’eau depuis plusieurs mètres de haut, un saut d’un building à l’autre, ou encore la destruction d’une voiture en pleine course avec Keaton au volant (gag qui a sûrement énormément inspiré le gag similaire du Corniaud avec Bourvil et sa 2CV), le tout évidemment avec le minimum de sécurité possible, sinon ce n’est pas drôle. Du Buster Keaton solide et efficace donc, qui donnait bien le ton des futures autres réalisations du bonhomme.
7/10