Jugement à Nuremberg – film de Stanley Kramer 2 oscars 1962 dont meilleur film - 9/10

Jugement à Nuremberg a reçu onze nominations et remporta 2 Oscars :
Oscar du Meilleur acteur : Maximilian Schell
Oscar du Meilleur scénario adapté : Abby Mann
Onze nominations :
Dont meilleur film; meilleur réalisateur : Stanley Kramer; meilleur acteur : Spencer Tracy; meilleure actrice dans un second rôle et meilleur acteur dans un second rôle : Judy Garland et Montgomery Clift.





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sujet :
Jugement à Nuremberg est adapté d'une pièce de théâtre basée sur le véritable procès de magistrats allemands à Nuremberg en 1947. Il apporte une réflexion sur la culpabilité des juges et, au-delà du peuple allemand, sur les différents degrés de culpabilité. Les Américains ne sont pas présentés simplement comme des héros libérateurs. Le personnage de Hans Rolfe, interprété par Maximilian Schell, avocat de Ernst Janning, fait un discours vers la fin du film où il explique que finalement si l'Allemagne est coupable, le monde l'est aussi. Il s'appuie sur le fait de l'inaction des différents gouvernements internationaux devant l'arrivée de l'auteur de "Mein Kampf" au pouvoir, du support dont Hitler a bénéficié d'industriels Américains. La distribution est prestigieuse. Le film présente des images de la libération des camps, projetées à Nuremberg en 1947. Cette irruption du réel est un véritable choc.
Le film – le juge américain Daniel Haywood (
Spencer Tracy) préside le procès de quatre juristes allemands accusés d’avoir légalisé les atrocités nazies. Mais tandis que les récits de stérilisations et de meurtres se succèdent dans la salle d’audience Haywood subit des pressions politiques de plus en plus intenses en faveur de l’indulgence. Il est alors contraint de prendre la plus difficile décision de toute sa carrière.
Cinéaste engagé et militant
Stanley Kramer offre ici une vision controversée de la plus sombre période de l’histoire de l’humanité .
Jugement à Nuremberg retrace avec réalisme et méticulosité – documents d’archives à l’appui- les débats d’un des
procès des criminels de guerre nazis. Provocateur et passionnant le film est servi par une pléiade d’acteurs hors pairs : Spencer Tracy, Burt Lancaster, Marlène Dietrich, Richard Widmark, Judy Garland, Maximilian Schell et Montgomery Clift
Documentation je cite textuellement un article de juin 2004 relevé sur un site consacré au cinéma (je n’aurais su mieux dire)
Les fais historiques : Pendant presque un an, de novembre 1945 au premier octobre 1946, s’est tenu à Nuremberg le procès de 24 Allemands devant un tribunal international militaire. Ces 24 hommes étaient des militaires, des ministres, des décisionnaires de l'Allemagne nazie. Ce que l'on sait moins, c'est que les procès continueront jusqu'en 1949 mais uniquement sous l'égide des Etats-Unis qui poursuivront 177 autres intervenants moins centraux du Nazisme, mais également des collaborateurs au régime. 24 seront condamnés à mort, 35 acquittés et le reste condamnés à de la prison avant d'être graciés en 1956.
Le film : La très bonne idée de
Jugement à Nuremberg est de n'avoir pas traité le premier procès, le procès le plus connu, le plus retentissant... mais aussi le plus facile. Le plus facile car il est évident (de nos jours en tout cas) que les accusés étaient coupables. Ils savaient, ils avaient mis en place, chacun à leur échelle, le système nazi. Faire un film sur le sujet, c'était faire un film sans surprise sur le dénouement, sans réel intérêt non plus sur les motivations des uns et des autres. C'était faire un film entérinant l'envie de vengeance face à un des plus horribles comportements sociaux et humains qu'ait connus l'Histoire récente.
Jugement à Nuremberg préfère s'attarder sur un procès secondaire, tardif. Cela permet d'abord de poser des questions comme : "A quoi servent ces procès maintenant que l'attention est retombée, à quoi bon juger ceux-là (4 juges) plutôt que d'autres ?" ; "Quand commence la participation au nazisme ?". De plus, les accusés étant des juges, cela permet de faire un procès sur des faiseurs de procès, c'est finalement une mise en abîme. Des juges jugent des juges.
Au centre du dispositif scénaristique, on a les personnages américains :
Richard Wydmark dans le rôle du procureur Lawson,
Spencer Tracy dans celui du juge Haywood. Ils forment une paire classique : l'un est virulent, réagissant impulsivement, alors que l'autre est troublé, s'identifiant finalement aux accusés. Le corps d'un côté, l'esprit de l'autre. Le trouble du juge Haywood est passionnant. Les juges sont là pour appliquer des lois, et non pour les faire. De nouveau où doit se situer la "réaction" aux lois, à la société. Quand - à partir de quelle limite - doit-on dire non. Lui-même, dans son propre quotidien, aurait pu se poser la question? Qu'aurait-il fait à leurs places?
Du côté allemand, on a deux personnages encore plus forts que les Américains. D'abord, l'avocat joué admirablement par
Maximilian Schell, et surtout le personnage de Ernst Janning joué par
Burt Lancaster. C'est lui finalement qui tient tout le film sur un jeu... inexistant. Ernst Janning est un ministre de la justice, il a publié de nombreux livres brillants sur la justice. Il est même un idéaliste. Alors, comment a-t-il pu basculer dans la collaboration nazie ? Cette question court durant tout le procès, durant tout le film, et incarne magnifiquement le thème du film. On n'est pas dans le débat de savoir s'ils seront condamnés ou non, mais dans un débat plus intéressant : comment fait-on pour ne rien faire ? Comment devient-on une partie active d'une institution fasciste ? Le personnage est magnifiquement campé car il est là mais il ne dit rien, refuse de parler durant le procès, semble différent des autres juges accusés. Il est mystérieux, on a envie de savoir son secret et il nous permet de tenir plus de 3 heures de film sur son mutisme et notre envie d'en savoir plus sur lui.
Jugement à Nuremberg est une très bonne surprise. On aurait pu s'attendre (vu notamment son casting international, presque consensuel) à un film de propagande, facile, qui n'enfoncerait que des portes ouvertes. Ce n'est pas le cas. Il y a certes certains passages obligés, pédagogiques, comme la scène où l'on montre les camps et les horreurs, mais l'essentiel est ailleurs, dans des personnages compliqués, complexes. Finalement, ce qu’illustre le film, c'est la théorie de la grenouille et de l'eau brûlante. Plongez une grenouille dans de l'eau bouillante, elle s'agite et sort tout de suite de l'eau. Mettez-là dans de l'eau froide que vous portez lentement à ébullition et elle se laissera mourir.
La mise en scène est somptueuse, avec de très beaux mouvements de caméra (les plans circulaires notamment) et une grâce visuelle. A noter que le film tourné en anglais rencontre un problème de taille : la langue. Le procès se passe en Allemagne, avec des accusés allemands, des avocats allemands et des juges et procureurs américains. Un système de traduction a été utilisé et les images des intervenants avec des casques sur la tête sont devenus célèbres. Le film tente de respecter cela, seulement, la traduction prend du temps (celui de dire dans une langue, se faire traduire, répondre, et retraduire ensuite). D'un côté, le film dans son souci "réaliste" ne peut renoncer à cette traduction et à cette barrière des langues. Mais en même temps, il ne peut pas l'assumer. Stanley Kramer recourt à un procédé, tout aussi osé qu'étonnant. Lors de la première longue prise de parole en allemand de l'avocat de la défense, il fait un long travelling latéral sur les traducteurs, les franchit d'un mouvement de grue, et zoome sur l'avocat qui parle alors en anglais.
mes notes personnelles – c’est là un film que l’on ne peut aborder sans une bonne culture historique – pour ma part j’ai la nette impression que ces faits qui se sont déroulés en 1947 se situent bien loin par rapport au public d’aujourd’hui et le cinéma qu’il affectionne : on est très loin des démonstrations de gens comme
Spielberg (la liste de schindler) ou
Tarantino (Inglourious Basterds) ou
Bryan Singer (Walkyrie) – c’est un film qui à mon sens ne peut être vu de façon isolée pour bien comprendre le cadre de l’époque où se déroulent les évènements – la vision de deux films de
Samuel Fuller n’est pas inutile
the big red one (au-delà de la gloire) et
Verboten ! (ordres secrets aux espions nazis) – le premier amènera les combattants jusque la libération de camps de la mort le second se ponctuera avec le procès des criminels de guerre à Nuremberg !
Le film qui décrit parfaitement le cadre d’une Allemagne qui survit dans les décombres et où les habitants ont trouvé de l’emploi avec les besoins des troupes d’occupation et s’essayant à reconstituer une vie sociale et culturelle ; fait figure prophétique car depuis nos rapports politiques et économiques avec le peuple allemand ont bien changé et détail important l’action se situe en 1947 en plein moment où les russes font
le blocus de Berlin et où les américains vont mettre en place l’un des plus formidables ponts aériens qui chaque jour viendra livrer à Berlin des milliers de tonnes de vivres et de fournitures pour assurer sa subsistance ! au lendemain de cette guerre Berlin capitale du 3ème Reich était le symbole de la liberté face à l’hégémonie marxiste communiste ! Pour mieux appuyer ma démonstration pour ceux que ça intéresse je recommande la lecture d’
Armageddon le best seller de Léon Uris auteur d’Exodus qui n’a strictement rien à voir avec le titre du film homonyme !
