[elpingos] Mes Critiques en 2012

[osorojo]

Je vous rejoins alors Underground et Chat noir, chat blanc sont des films qui m'ont scotché quand je les ai découverts. Je suis friand de ces univers complètement décalés mais jamais inutiles, surtout dans le cas du premier. (Et puis, j'avais même bien apprécié Arizona Dream qui est souvent conspué ).

Il me faudrait les revoir (peut être lors d'un BOM challenge ! ), et découvrir ce dernier que tu viens de critiquer qui m'intrigue du coup

[elpingos]

Ouaip des univers riches, foisonnants, délurés, et en même temps très populaires. Et son incursion aux states avec Arizona Dream est pour moi aussi un très bon souvenir.

[Alegas]

L’ARMÉE DES OMBRES
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Jean-Pierre Melville (1969) | 8/10

Première vision de ce film considéré comme le chef d’œuvre sur le sujet et j'en ressors un avis assez mitigé.
Certes la caractérisation de ces hommes et femmes de la Résistance, cette armée des ombres, est rendue d'une très belle manière, soulignant notamment l'exigence de silence, de solitude, de dévouement et la nécessité d'une organisation secrète avec des règles intransigeantes. La lutte presque aveugle de ces hommes contre l'envahisseur (les Allemands sont très peu montrés) a la dimension du combat d'une vie et les nécessaires assassinats des traîtres à l'organisation, l'un des sujets les plus forts de ce récit, livrent des scènes vraiment poignantes.

On sent que Melville, en tant qu'ancien résistant, a mûri son sujet sans aucune complaisance, choisissant notamment un traitement sobre, langoureux et anti-spectaculaire; la Résistance montrée sous un angle quasi anti-héroïque est l'une des forces indéniables de ce film implacable. Ses acteurs principaux sont parfaits, Ventura, Signoret, Meurisse, sont habités par leurs personnages et ils incarnent avec force ces figures de la Résistance (j'ai par contre plus de réserve sur les autres acteurs, mais bon, ça va). Et l'utilisation de la voix off donne clairement une profondeur appréciable à ces personnages et soulignent encore plus leur caractère secret et rentré, et leurs sentiments de doute et de combat intérieur. La réalisation est splendide et si elle reste relativement classique la plupart du temps (dans le bon sens du terme), les temps forts sont extrêmement soignés avec des travellings et des zooms sobres et efficaces mais souvent utiles et très précis. On est souvent proche d'un hyper réalisme assez cauchemardesque, nous impliquant avec force dans cette époque de l'occupation, mélancolique et funèbre.

Reste que ces qualités de traitement sont aussi pour moi l'une des limites du film. Car le rendu triste et glaçant de cette épure ajoute au sentiment d'ennui que provoque un script souvent lent et très contemplatif. Si le premier et dernier tiers réservent quelques scènes intenses, le film souffre je trouve d'une torpeur rébarbative dans sa grosse partie centrale. Car il ne se passe finalement que très peu de choses et les ellipses sont un peu trop nombreuses. On s'ennuie donc assez ferme devant cette tentative ratée de faire évader Félix, ces très nombreuses phases d'attente, cet aller retour a priori inutile en Angleterre, et ces silences qui pèsent sur des plans austères de campagne boueuse. Et contrairement à la résignation et l'incapacité d'action qui nourrissent ce récit, certaines facilités sont aussi à déplorer : Lino dans sa scène d'évasion a certes une très belle foulée mais ne trouve quasiment aucune résistance dans un QG de la Gestapo étrangement ouvert et désert. Dans sa scène d'exécution, outre l'étrange façon d'ailleurs d'exécuter des condamnés, ce même Lino (qui a je ne sais pas pourquoi évité la torture réservée autrement à ses camarades) a la bonne idée de se décider finalement de courir et de trouver une corde salutaire au bon moment, au bon endroit...

Quelques facilités relatives donc qui, si elles ne polluent pas le film, remettent tout de même en cause la portée impitoyable de l'histoire. Et ajouté au caractère parfois ennuyeux du film, l'aspect morne de sa mise en scène (assumé) et l'absence de réel rebondissement sur près de 2h20 de film, font de cette illustration, un témoignage certes à saluer mais qui manque pour moi de mordant.
Reste donc un sujet essentiel traité avec conviction et implication par un cinéaste inspiré. Mais j'aurai je pense du mal à le revoir.

[Scalp]

Tu fais ton Alegas là, heureusement qu'on a fermé les camps, parce que là tu gagnais un billet sans retour.

[Alegas]

[elpingos]

Ça va quand même, je le sacque pas, ça reste pour moi un très bon film, juste que je rejoins pas l'engouement général... Pas de quoi m'envoyer dans un camp. J'ai vu pire scandale quand même.

[osorojo]

Te formalise pas, c'est Scalp. Si tu fais pas la critique qu'il aurait faite à propos d'un de ses chouchous, tu lui fais passer la zone rouge en mode train à vapeur

[elpingos]

T'inquiètes je me formalise pas, je commence à la connaître Scalp, et il m'a même fait marrer avec son histoire de camp.

[Scalp]

Non mais c'est vrai j'ai été un peu dur là, jte met pas avec les juifs, t'ira dans le camp des gays et des gitans.

[Alegas]

TONNERRE SOUS LES TROPIQUES
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Ben Stiller (2008) | 8/10

Même si les effets de surprise disparaissent à la 2e vision, Tropic Thunder reste tout de même une belle grosse tranche de comédie bien jouissive. Ambitieuse sur la forme, les aventures de ces pieds nickelés en jungle vietnamienne parodient joyeusement les films de guerre e( crachent aussi joyeusement sur Hollywood et ses acteurs vedette. A ce titre Jack Black, Robert Downey Jr et Ben Stiller sont hilarants dans leurs travers respectifs et leurs caricatures sont vachardes à souhait (caractérisations géniales de chacun avec des fausses bandes annonces pitoyables plus vraies que nature, Satan's alley notamment ). Du côté aventure on peut souligner un budget qui se voit clairement à l'écran et des péripéties bien rythmées. Les trafiquants et leur jeune chef sont un peu light en tant que méchants du film mais ça reste de toutes façons très décalé, Ben Stiller prisonnier devant interpréter chaque soir son rôle de Simple Jack : les gros mélos d'Hollywood sont même connus au fin fond de la jungle. Et puis l'essentiel est ailleurs et réside surtout dans la verve super inspirée de ce casting all-star (les 3 déjà cités + Nolte, McConaughey, Cruise, y a même Danny McBride), le scénario multi-degré de Stiller/Theroux/Coen, qui mélange subtilement une trame dense avec des nombreux gags déconnant et franchement cultes, et la belle envergure de production. Certes le registre ne vole pas toujours très haut (parfois assez proche de ZAZ), mais une auto critique pareille, le côté quand même osé, original et maîtrisé de l'entreprise, et le bel esprit buddy bien généreux, font de Tropic Thunder l'une des comédies les plus réussies et ambitieuses de ces dernières années. Et confirmer que Stiller (7 ans après le très bon Zoolander) sait toujours de quoi il parle.

[Kakemono]

Toujours aussi drôle même après plusieurs visions.
Niveau casting je rajouterais Steve Coogan que j'apprécie bien et qui me fait bien tripper dans ce film.

[elpingos]

Ouaip il est bien drôle mais il sort assez vite du film..

[Alegas]

ARGO
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Ben Affleck (2012) | 7/10

On peut reconnaître qu'Affleck continue à se créer une jolie filmo, creusant un sillon intéressant dans le genre du thriller dont il semble parfaitement connaître les codes. Il faut dire aussi qu'il est bien aidé en ça par des scénarios intelligents souvent taillés pour le cinéma.

Cette histoire déclassée de la CIA cumule ces qualités, à savoir un contexte politique fort et une opération d'exfiltration unique en son genre. La qualité de la reconstitution fait mouche, le territoire Iranien en pleine crise des otages est parfaitement crédible. Affleck fait péter la moustache à ses acteurs, les tubes de 79 pour la BO + d'autres nombreux détails et condense cette histoire dans un timing parfait. Il livre en plus un état des lieux efficace en début de film, permettant au spectateur de mieux se resituer dans ce contexte de crise géopolitique.
Son histoire avance sans cesse (de Washington à Téhéran) multipliant les points de vue et les ruptures de ton. L'originalité de ce métrage se manifeste notamment dans son registre parfois comique, faisant de 2 personnalités d'Hollywood des acteurs de l'opération. Le casting est top, Goodman et Arkin s'amusent comme des gamins dans ces rôles de nababs de studios, Affleck en lead fait un boulot très correct d'agent monolithique et les personnages secondaires sont tous très bien (les membres de l'ambassade, ceux de la CIA, notamment Bryan Cranston, et les persos Iraniens).
Et sur ces très bonnes bases, le film atteint une tension dramatique parfaite dans sa longue scène finale, l'opération en tant que telle, et pendant près d'une demie heure, on est clairement happé par le déroulement de cette évasion et suspendu au destin chancelant de cette fausse équipe de tournage. Une réussite d'autant plus marquante que l'opération est d'une simplicité relative mais transcendée par une réal vraiment immersive (comme le début) et un montage assez grandiose.
Mais les points que le film réussit à gagner sur sa gestion du suspens, il les perd malheureusement aussitôt dans des détails un peu rageants et un peu embarrassants. En effet difficile de passer outre ces fautes de goût en fin de métrage (procédés un peu usés de la désobéissance d'Affleck, de l'appel téléphonique et téléphoné sur le fil, de la poursuite sur le tarmac et des dernières images puritaines). Le film n'avait pas franchement besoin de ça, et ce n'était pas pour moi "la meilleure des mauvaises solutions" pour terminer le métrage.

Ceci dit le plaisir et l'intensité que procure le film n'en restent pas moins indéniables. Et même si ce très joli travail aurait donc pu pour moi atteindre de plus hauts sommets, Argo reste un film efficace, riche et parfaitement dosé dont le casting impeccable s'appuie sur une histoire hors pair. En espérant que son succès puissent donner des ailes à Affleck pour prendre de plus gros risques, et faire de ses très bons scénarios des films avec un peu plus d'originalité.

[osorojo]

Totalement de ton avis. Beaucoup aimé le film même si certains raccourcis (inévitables on est d'accord mais bon) ainsi que quelques parti pris peu subtiles entachent le tout (relation avec le fils et guéguerre à Hollywood un peu relou entre autres).

Sinon, dis, tu veux pas mettre des espaces entre tes paragraphes ?

[elpingos]

Acté.