Histoire de contrebalancer : il n'y a pas eu que des mauvais retours (comme souvent ça a l'air d'être un cas de "tu aimes ou tu détestes").
Critique de Versus.Mieux, les promesses visuelles sont plus que tenues puisque les Wachoski proposent un spectacle total, une symphonie et frénésie graphique de toute beauté alliée à une histoire au enjeux limpides. Un récit linéaire dont le crescendo narratif est concomitant de l’évolution des personnages de Caine Wise (Channing Tatum), le chasseur de primes, et Jupiter Jones (Mila Kunis) ainsi que du redoublement de l’action.
Avec ce film, les Wachowski redonne ses lettres de noblesse au space-opera grâce à un foisonnement grandiose et une intrigue sans fioritures. Certes, le récit est beaucoup moins fouillé et puissant que le superbe Cloud Atlas mais les intentions ne sont pas les mêmes. Ici, on a plutôt affaire à un divertissement débridé fonçant à toute berzingue vers la prochaine étape. Et dans ce registre là, le film réussit parfaitement son office.
Les Wachowski ne perdant jamais de vue l’essentiel, formaliser un récit capable d’immerger ses spectateurs. Et c’est plutôt bien réussi (d’autant plus grâce à une 3D fantastique) tant l’univers mis en image capte l’attention par sa profondeur (pas seulement de champ), de par les fastes visuels qu’il affiche comme la mythologie qu’il implique. Doté d’une bonne dose d’humour plutôt inhabituel chez le duo de réalisateurs, du moins à dose importante, Jupiter : le destin de l’univers est une merveille à déguster sans arrières-pensées. Au-delà du renouveau tant attendu de la S.F, c’est un film tout simplement beau et enivrant, d’une générosité et sincérité remarquables.
Et la critique de Cinemateaser.Mais JUPITER se distingue toutefois grandement des blockbusters actuels par son refus de la contemporanéité. Le film se sait hors des tendances, hors de son époque et en refuse nombre de tropismes – le cynisme notamment. Comme de coutume, Andy et Lana Wachowski célèbrent l’imagination, l’émerveillement, le sentimentalisme, l’amour simple et vrai. Et ce faisant, ils continuent aussi de cultiver avec brio cette fascination décomplexée pour le mauvais goût – la théâtralité outrancière du vilain campé par Eddie Redmayne et son gros Œdipe, le foisonnement d’influences faisant se croiser méchas, lézards géants adeptes du kung-fu et guerrier mi-chien / mi-homme. Qui d’autre est capable d’autant de folie, contenue avec autant de maîtrise mais offerte avec autant de générosité ?
Si SPEED RACER était un fantastique « film pour enfants », JUPITER – LE DESTIN DE L’UNIVERS est un « spectacle pour adolescents », une bluette dans l’espace qui, par sa sincère candeur et son ahurissante maestria visuelle, condense tout ce que le cinéma de blockbuster a été ces 35 dernières années, offrant ainsi une sorte de précipité, un commentaire passionnant sur l’évolution – parfois branque – du divertissement hollywoodien.
À ce titre et encore plus que son prédécesseur, JUPITER exalte la différence, hisse l’étendard du métissage et s’affirme en grand film sur l’hybridation des êtres, des espèces, des styles, des genres. La frontière entre masculin et féminin y est souvent troublée, subtilement et joyeusement floutée. Ici n’existe aucune limite, aucune norme. Ne règne que l’amour, encore et toujours – le grand thème des Wachowski depuis leurs débuts. Un film aussi libre ne peut être qu’indispensable.