
Vous les avez forcément vu, et pour cause : ils sont toujours placés avant les films, que vous les découvriez en salle, ou au fond de votre canapé, devant une bonne séance DVD / Blu-ray de votre petit Home Cinema. Qui ça, "ils" ? Ils, ce sont les logos des studios de cinéma, authentiques icônes de leurs vénérables propriétaires. Cette semaine, pleins feux sur la MGM et son célébrissime lion qui rugit. Ou plutôt ses lions qui rugissent. De plaisir, forcément.
A l'origine, celui que l'on surnomma plus tard affectueusement "Léo le lion" fut créé par un publicitaire du nom de Howard Dietz, pour le compte de Samuel Goldwyn et sa société, Samuel Goldwyn's Picture Corporation. Pour trouver l'inspiration, il eut l'idée de créer le logo en se basant sur la mascotte de son équipe d'athlétisme, lorsqu'il était étudiant à l'Université de Columbia.
Howard Dietz, publicitaire, à l'origine de la création du logo. En 1942, il sera nommé Vice-président de la MGM, en charge de la publicité de la compagnie. Il occupera ce poste jusqu'en 1957. Lorsque la société Goldwyn Pictures fusionna avec la Metro Pictures Corporation (créée en 1915) ainsi que la Louis B. Meyer's Pictures (créée en 1918), la nouvellement formée Metro Goldwyn Mayer garda le célébrissime lion qui rugit. En 1928 fut apposée la mention Ars Gratia Artis, ce qui signifie "L'Art est la récompense de l'Art".
Depuis 1924, il n'y a eu que sept lions qui se sont succédés pour incarner le roi "Léo". Le premier fut "Slats", qui rugissait (en sourdine pour le coup) pour la période muette du studio, entre 1924 et 1928. L'animal est né en 1919 au zoo de Dublin. Contrairement à ses congénères ultérieurs, Slats se contente de jeter un coup d'oeil en balançant sa tête avec sa crinière. De ce fait, il s'agit du seul lion qui ne rugit pas.

Ci-dessus, une photo de Slats, datée de 1939. La mention "El Monte, Californie", est en fait le lieu - refuge où étaient parqués tous les lions employés par l'industrie d'Hollywood, situé à une vingtaine de Km de Los Angeles. Le lieu a été ouvert de 1919 à 1942, et a notamment abrité les lions utilisés pour les tournages des Tarzan.



Jackie fut le second lion employé par la MGM, à partir de 1928. Bien que les films étaient encore muets au début de son apparition, on enregistra et diffusa son rugissement sur un gramophone, lorsque le logo apparaissait à l'écran pour les spectateurs. Jackie rugissait doucement dans un premier temps, suivi d'un rugissement nettement plus prononcé, une courte pause, et enfin un 3e rugissement, avant qu'il ne tourne sa tête vers la droite. Le premier film sur lequel il est apparu est Ombres blanches, et c'est le premier lion a apparaître sur une pellicule Technicolor, en 1932. Ci-dessous, le logo dans lequel il apparait :

Ci-dessous, une très célèbre photo publicitaire datée des années 1920, lorsque Greta Garbo était sous contrat avec la MGM. Elle prend la pose avec Jackie. Si elle regarde bien l'objectif du photographe, on y distingue aussi un oeil inquiet, tandis que le lion regarde dans sa direction...Le dresseur a beau se trouver dans le champ visuel, il faut quand même pas mal de courage pour s'installer à côté d'un lion...

En 1927, la MGM commençait à effectuer des tests avec le Technicolor bichrome sur des courts métrages, avant de tester le procédé sur les Cartoons de la maison dès 1930. C'est à cette époque que deux variations de logos furent utilisées, avec deux lions différents, surnommés Telly et Coffee. Le premier apparu sur tous les films en bichrome jusqu'en 1932. Coffee pris alors la relève pendant deux ans, jusqu'à la mise au point par Technicolor des pellicules trichrome. Et le fameux rugissement alors ? Trois fois, plutôt que deux. Reste que ces deux lions ont surtout servis pour une phase expérimentale au sein de la MGM, et ne se sont donc jamais imposés.

Après un passage éclair du lion George, officiellement le sixième, entre 1956 et 1957, ce fut Léo qui pris sa place. Et pour longtemps car, à quelques exceptions près, c'est toujours lui qui est utilisé. Si vous êtes attentif, vous noterez que Léo possède une crinière moins épaisse que ses autres congénères. La raison est qu'à l'époque où il fit l'enregistrement de son célèbre rugissement, il était encore jeune.

