Note de coeur. Je comprends tout à fait qu'on n'adhère pas à ce style de mise en scène et d'ambiance jusqu'au-boutiste mais ça colle parfaitement aux intentions de l'histoire. Je n'adhère toutefois pas forcément au message, mais c'est certainement le plus beau film que j'ai vu et ça correspond parfaitement à ce que j'aime voir au ciné. Les influences sont évidentes même si pour Malick, c'est plutôt léger. On penche bien plus du côté de Tarkovski et des romans de Cormac McCarthy. 130 millions pour un tel film, c'est du jamais vu sur les écrans depuis un bail, niveau violence ça encule Mad Max et son rated R, c'est une putain d'histoire de survie, de vengeance et de cruauté. La poésie de Malick n'est pas présente dans The Revenant ou alors dans une version totalement hallucinée qui ramène justement à l'influence principale de Malick à savoir Tarkovski. Inarritu exploite les deux et livre un film qui lorgne à la fois vers la mise en scène proche de Malick sur ses 4 derniers films mais une aura assez rude, glaciale où la mort est présente en permanence.
The Revenant est une putain d'expérience cinématographique dont tous les aspects sont poussés à l'extrême parce que l'histoire même l'est. La sauvagerie, la nature impartiale , dangereuse et en même temps nécessaire pour survivre, les conditions très difficles d'une vie de trappeur dans un contexte ultra violent, les Indiens ne sont pas idéalisés, les blancs ne sont pas diabolisés, on est tous logés à la même enseigne. Le seul mec du film qui a tout compris c'est l'indien qui aide Glass. On est tous des sauvages. La survie, la nature...c'est de la sauvagerie.
Mais le message religieux me déplaît légèrement (je ne considère pas le film pro religieux pour autant) . Les faits "réels" à prendre avec des pincettes n'évoque rien de religieux. Glass aurait épargné Fitzgerald parce qu'il était devenu soldat américain et qu'une peine de mort radicale aurait attendue Glass s'il l'avait buté. Le scénario du film rajoute donc pas mal de choses absentes du livre et ce n'est pas plus mal. Glass ne s'est finalement jamais vengé (et seulement en partie dans le film) . C'est justement grâce aux influences du cinéaste que nous avons droit à une oeuvre aussi puissante , radicale et poétique. Tous les rajouts sur le métissage, les différences , le conflit indiens/blancs, la spiritualité etc...ça donne une atmosphère parfois perturbante et glauque mais d'une beauté à couper le souffle. Un film surlequel je pourrais faire 600 screenshots. Et les quelques effets que je déteste souvent comme la buée sur la caméra ou le sang qui gicle sur l'objectif, c'est tellement discret et rare (2-3 x à tout casser) et ça colle parfois tellement à la scène qu'on voit que ça ne m'a pas dérangé. Ca immerge comme jamais et c'est justement un des concepts du film : nous faire vivre une expérience survivaliste dingue et totalement surréaliste. Sans tous ces éléments, on aurait été face à un film banal, moins beau, moins "grand" , moins expérimental et donc , 100x moins fort.
Je suis entrain de lire le bouquin du coup et ça commence par une citation de la Bible sur la fameuse vengeance que l'on doit laisser à Dieu...Je ne sais pas encore comment je dois le prendre, mais même si le contexte s'y prête , je ne suis pas sur de bien saisir la portée de la citation dans cette histoire. Après, je n'ai jamais eu l'impression que le film donnait une leçon de morale puisqu'au fond, n'importe qui aurait sans doute agit comme Glass. Il y a une différence entre la nature et nos instincts et la morale qu'on s'invente pour y échapper alors que la nature nous rattrape toujours. Beaucoup moins à notre époque certes, mais la première réaction que l'on a quand on nous tue un gosse , une femme ou un proche, c'est pas d'excuser et de laisser la vengeance à Dieu....
Surtout qu'à une telle époque et dans un tel climat, la justice était bien loin. On ne peut faire l'apologie de la vengeance (quoique c'est déjà arrivé) mais on peut comprendre une chose avec The revenant , par rapport au contexte, c'est que malgré la citation chrétienne, la vengeance appartient bel et bien à l'homme. Glass se venge, Powaqa se venge du mec qui la viole, le père de Powaqa venge sa fille et de manière indirecte , on a l'ours défend ses oursons , l'indien qui se bat contre les loups pour manger le bison mort... Au final, Glass met un point final à cette histoire, une sorte de rédemption, hommage à son défunt protecteur et sauveur amérindien suicidé en choisissant de suivre sa femme et de mourir enfin.
The revenant où l'art de la survie à n'importe quel prix dans une nature magnifique en apparence mais très dangereuse et peu hospitalière de l'intérieur. Les métaphores sur la renaissance de Glass ne sont là pour rien. Il ressort de terre. Il ressort de la rivière. Il ressort de la hutte de sudation. Il ressort du cadavre de son cheval. Enfin, il ressort du fort. Et chaque fois, il gagne en force. Il se relève. Il rampe au début, il boite ensuite, il marche difficilement et courbé plus tard , enfin il est de nouveau pleinement debout vers la fin. Il est un revenant lui-même parce qu'il le dit, mais en réalité, il échappe à la mort parce qu'il est poussé à la survie par son envie de vengeance. Et juste ça. Autant d'efforts pour ça.
Bref, je dois revoir le film, lire le livre et digérer tout ça car j'ai juste eu la vague sensation de voir un film fantasmé , un trip survivaliste intense qui va au bout de son trip en surappuyant son propos à plusieurs reprises parce que ça colle totalement au propos. La photo, la scène de l'ours, les décors, Dicaprio certes peu volubile mais incroyablement possédé par son personnage, Hardy pas mal même si je trouve qu'il fait du Hardy et le reste, les plans séquences, la scène d'intro, l'intro, la musique, c'est clairement une poésie mortuaire imbibé de spiritualité amérindienne dans un contexte historico- colonisation-commerce de peaux.
DiCaprio parle peu mais quelle implication ! Physiquement, on ressent TOUT. J'ai passé les 3/4 du film totalement contracté et crispé sur mon siège. Et c'est un des films qui m'a le plus dépaysé et envoûté. Faudrait vraiment que Thoret explique le coup du plagiat parce que là je ne vois absolument pas de quoi il parle. Influences ok plagiat on a pas vu le même film. The Revenant c'est un peu comme Tree of life, 2001 et pleins d'autres films en fait (pas le temps de tout citer) : des expériences uniques dont on retrovue les infliences mais qui s'imposent pourtant comme complétement originales , des ovnis improbables qui vont au bout d'un concept ce qui fait qu'ils divisent autant.