
Super Happy Forever
Kohei Igarashi - 2023
Derrière ce titre a priori cucul se cache une histoire d’amour douce-amère parfaitement menée par Kohei Igarashi à qui l’on devait le joli Takara (réalisé conjointement avec le français Damien Manivel). On y suit deux jeunes hommes Sano et Miyata, en train de faire un séjour à Izu. On comprend assez vite que l’hôtel n’a pas été choisi au hasard, tout comme la chambre, et que Sano traîne derrière lui une histoire d’amour malheureuse. Petit à petit, on comprend que cinq ans auparavant, il a rencontré dans cet hôtel une jeune femme, Nagi, avec qui il s’est lié, avec qui il s’est ensuite marié… et qu’il a perdue récemment. Encore sous le choc, déphasé, Sano n’apparaît guère sympathique et met à rude épreuve la patience de son ami, et un peu celle du spectateur, un peu déstabilisé par l’ambiance plombante.
Mais c’est véritablement lors de la deuxième partie que le film gagne en intérêt, réinvestissant rétrospectivement la première partie d’un nouveau sens puisque nous voilà envoyés cinq and auparavant, au temps de la rencontre entre Sano et Nagi. À la rude déprime de la première partie suit alors la lumière d’un amour naissant, éclairant la portée de détails variés tels que le numéro de la chambre d’hôtel, la réaction amusée quand Sano entend l’expression « Super happy forever », un paquet de cigarettes au menthol, une casquette rouge (permettant d’apporter un soupçon de réalisme magique) ou encore la chanson Beyond the sea, de Bobby Darin (la reprise la plus célèbre de La Mer, de Trénet). Les deux acteurs, Hiroki Sano et Nairu Yamamoto, sont assez formidables dans le registre de cet amour naissant, et l’approche d’Igarashi, légère, esquivant tout mélodrame larmoyant, arrive avec peu de choses à capter l’attention (c’était déjà le cas dans Takara) et fait regretter que ce relativement jeune réalisateur ne tourne pas davantage.




