Les statues d'Atomu et de Léo, elles se trouvaient déjà à la gare de Kyoto cinq ans auparavant (je les avais vues lors de mon premier séjour, ça remonte !). Dommage d'ailleurs qu'elles ne soient plus là (peut-être que c'est pour ne pas empiéter avec Takarazuka, qui n'est pas loin et où se trouve le musée Tezuka). Les Japonais ont le chic pour décorer leurs villes, quelle que soit la taille, avec de jolies statues. Takayama a quelques yokais intéressants. J'avais pas fait gaffe, la dernière fois, à l'état d'Hachiko.
Mark Chopper a écrit:Mmm... N'est-ce pas le cas dans de nombreux pays ?
(Je dis ça, je n'en ai pas vu tant que ça. Récemment : Sherlock & Paddington à Londres).
Note que la statue de Hachiko, à force d'être caressée par des tonnes de touristes chaque jour, ne ressemble plus à grand-chose.
C'est possible oui. Mais je sais pas pourquoi, j'ai tout de suite pensé à ces deux statues tout en me demandant si c'était une sorte de tradition ou habitude au Japon.
En effet, Hachiko a sacrément "vieilli".... J'ose même pas imaginer le nombre de caresses qui ont pû entrainer une telle usure. Elle est en place depuis très longtemps ?
Dans la série des films mettant en scène un acteur français en terres japonaises, je me félicite d'avoir évité Umami avec gros Gégé relou et ainsi de ne pas associer la délicatesse de la cuisine japonaise à un goût de gras et de rance. En revanche, j'étais assez curieux de voir cette Part Manquante, sur une particularité de la loi japonaise qui ne reconnaît pas la garde alternée en cas de divorce. Le système est plus rudimentaire et injuste : le premier des parents qui emmène l'enfant avec lui le garde ! L'autre parent pourra protester tout son saoul, il l'aura dans le baba. Cette mésaventure est arrivée au Français dont le film s'est inspiré pour son histoire. Marié à une Japonaise, il a vu cette dernière retourner vivre dans sa mère patrie avec son enfant, se gardant bien de lui laisser une adresse. Jérôme (c'est son nom) s'en va alors vivre là-bas pour chercher partout. Mais comme il faut bien vivre, il se pose à Tokyo pour faire le taxi. Et un jour, par hasard, les probabilités lui sourient, il tombe sur sa fille. C'est le début de rencontres éphémères, le temps d'un trajet en taxi pour la mener à son collège chaque matin (la jeune fille s'étant cassée une guibole). S'il se garde de lui révéler d'emblée son identité, Jérôme parvient, au fil des trajets, à tisser un lien. Mais face aux lois, à la machine judiciaire japonaise et surtout à une certaine rigidité de la société japonaise, l’aventure paraît risquée... Doté d'une belle photographie, le film présente un paradoxe intéressant avec la hideur de cette loi qui finit par rendre dingue, chaque année, quantité de parents, français comme japonais. Et si je ne suis pas amateur plus que cela de Romain Duris, je reconnais ici qu'il offre un jeu plein de nuances, fébrile mais esquivant une hystérie de tous les instants (ça m'aurait saoulé). Avec, à la fin, un équilibre doux amer qui pourra satisfaire tout le monde.
Tora-san 11 C’est dur d’être un homme : Élégie du vagabondage Yôji Yamada – 1973
Splendide épisode, difficile de dire autrement. D’abord parce qu’on y trouve tous les ingrédients que le spectateur, devenu un habitué après être arrivé à plus de dix films, espère retrouver : Chishu Ryû dans le rôle du prêtre, le personnage de Gen, le poulpe, une dispute familiale et Sakura qui, à un moment ou à un autre, va verser des larmes. Très important ce dernier point, véritablement, un Tora-san ne serait pas complétement un Tora-san sans quelques larmes de Chieko Baishô. Torajiro livre sinon son habituelle palette, tour à tour drôle, pathétique ou insupportable. Mais le plus important dans cet épisode est sans doute la madone, Lily, chanteuse itinérante sans le sou incarné par Ruriko Asaoka. L’actrice chanteuse a déjà une bonne carrière derrière elle (elle a 33 ans au moment du tournage), elle a joué dans plus de cinquante film (largement) et est donc une actrice expérimentée. Et c’est ce qu’il fallait pour incarner ce personnage de chanteuse de cabaret à la fois joyeuse et mélancolique, solitaire, faite pour rencontrer Tora et s’prendre de lui. D’apparence magnifique (après, c’est le lot de toutes les madones de la série, mais autant certaines deviennent oubliables au fil des visionnages, autant on sent que Lily, on ne l’oubliera pas), elle est le parfait contre-point à Torajirô et sa gueule carrée. Mais c’est justement ce contraste qui rend le couple assez magnétique et qui expliquera pourquoi il séduira le public au point que le Lily apparaîtra dans quatre autres épisodes. Évidemment, ce sera de nouveau une histoire d’amour malheureuse, Lily se mariera à la fin avec un restaurateur tenant un petit resto de sushi. Mais toujours on retrouve cette habileté à éviter une impression de déjà-vu en jouant sur les circonstances de la séparation avec Tora. Quand on voit Lily radiner au magasin Kuruma en pleine nuit, passablement torchée (on comprend qu’une de ses prestations musicales s’est mal passée et qu’elle a été virée) avant de repartir, furieuse, en disant à Tora qu’elle le déteste, on se dit qu’elle est de la même eau que lui, que sa grossière maladresse, eh bien c’est du Tora tout craché et qu’ils sont vraiment faits pour vivre et panser leurs plaies ensemble. Plaies d’autant plus vives chez Lily que, contrairement à Tora, elle n’a pas la chance de vivre dans une famille aimante. Évoquant le thème de la pauvreté, le film donne à voir deux aspects de cette vie. L’une à Hokkaido, dans une famille d’agriculteurs où Tora va travailler (enfin, essayer de travailler). Vie d’ailleurs davantage frugale que pauvre. L’autre à Tokyo, dans un quartier misérable, bruyant, pollué et avec des enfants livrés à eux-mêmes et n’allant pas à l’école (par contraste, Mitsuo a tout de l’enfant choyé et équilibré). L’aspect social, souvent en arrière-plan lors des ouvertures, est ici plus marqué, plus poignant, avec notamment ce désir de Sakura de posséder un piano, désir impossible compte tenu des revenus de sa famille.
Le tout porté par la photographie toujours magique de Tetsuo Takaha, le photographe qui a accompagné Yamada dans tous ses films. Il y aurait d’ailleurs un chouette photobook à faire, photobook qui serait constitué de ces plans restituant les détails d’une vie de quartier ou d’un village rural, parfaits instantanés de la vie japonaise, tant traditionnelle que moderne, et inscrite dans une époque donnée.
À travers les objets, comme ici les affiches de cinéma à l'arrière-plan
Lily est vraiment l'alter-ego de Tora. Souvent il tombe amoureux de femmes trop différentes de lui, c'est voué à l'échec. Là, on se demande si c'est elle, la femme de sa vie, ou sa meilleure ami idéale.
Un épisode avec elle, c'est toujours quelque chose.
J'avais vu l'épisode se passant à Okinawa où elle apparaissait. Je l'ai un peu oublié mais j'ai hâte de le revoir, il y aura une saveur supplémentaire. Beau personnage que celui de Lily.
6 pile, on dirait. On parlait d'Ayako Wakao, mais grosse filmo aussi du côté d'Asaoka (160 films !). J'eassaierai de tenter prochainement un Yamada "hors Tora-san". J'ai déjà vu "les Mouchoirs jaunes" et "L'Echo de la montagne", il y a encore pas mal de perles à découvrir.