
Tora-san 32
C’est dur d’être un homme : Priez pour nous Tora-san (Otoko wa tsurai yo: Kuchibue o fuku Torajirō)
Yôji Yamada – 1983
Un dimanche sans Tora san, ce n’est pas complètement un dimanche.
Mais plus encore, un jour férié sans Tora san, ce n’est plus du tout un jour férié.
(proverbe japonais)
Souscrivant pleinement à ce constat, très curieux de voir Tora endosser un costume de prêtre, j’ai donc lancé une nouvelle bobine, deux jours après l’opus 31.
Le film commence très fort avec le Poulpe qui chiale sa race après s’être disputé avec Hiroshi. Ce sera d’ailleurs le running gag du film. Toujours sur le fil concernant la bonne fortune de son imprimerie, le « shacho » chauve n’arrêtera pas de verser des larmes de reconnaissance envers son meilleur employé qui a de plus en plus des allures de fils qui pourrait reprendre la succession du Poulpe, pour le cas où celui-ci passerait l’arme à gauche. D’ailleurs, alors que cela fait quinze ans que dure la saga, je me suis dit que Yamada avait eu bien de la chance d’être épargné par des disparitions d’acteurs (celle de Shin Morikawa mise de côté). Car pour le cas où Hisao Dazai aurait décédé, je n’imagine pas un seul instant un autre acteur jouer son personnage à sa place. Et le rêve inaugural du film fait bien sentir combien le personnage fait partie de la famille Toraya. Excellent acteur en tout cas qui méritera plus tard que j’explore sa filmo hors Tora-san. Au passage, petite anecdote étonnante pêchée sur le Wiki japonais :
Durant ses années de collège , il a été exposé à des tirs de mitrailleuse à bout portant lors d’ un entraînement militaire , ce qui lui a causé des problèmes d’audition. Depuis, sa voix est devenue une octave plus aiguë que la plupart des gens. Bien que cela lui ait causé un complexe , cela lui serait plus tard utile en tant qu’acteur.
Je parlais du personnage de l’oncle, bonne surprise de voir resurgir son deuxième interprète, Tatsuo Matsumura, dans le rôle d’un prêtre que Tora va rencontrer et aider dans ses cérémonies. Le background de Takahashi est d’ailleurs un joli terrain pour permettre à Yamada de tisser son histoire, avec ce prêtre vivant avec sa jolie fille divorcée (Keiko Takeshita, de nouveau une madone parfaitement convaincante), mais aussi un fils passionné de photographie qui refuse de prendre la suite du temple où son père travaille, et pour qui frémit d’amour une jolie petite épicière de quartier.
Et puis, au milieu de tout cela, il y a donc Tora qui gère comme un chef des cérémonies dans un costume de prêtre, ne sachant bien sûr pas réciter des sûtras, mais compensant avec une gestuelle théâtrale et des sermons Tora’s style qui fait écrouler de rire son auditoire. C’est évidemment très bon, et en même temps décevant car n’offrant qu’assez peu de scènes drôlatiques : Yamada aurait décidé de faire une trilogie dans la saga avec Tora dans ce rôle bouffon, j’aurais accepté le menu avec joie. Le personnage est toujours irrésistible quand il essaye de s’envelopper d’une aura de sérieux.
Dans tous les cas, Tora san 32 est un excellent épisode, avec toujours ces petits détails qui illustrent le changement d’époque. A la fin, Mitsuo se voit ainsi offrir un ordinateur personnel de marque Ricoh par le Poulpe (qui en profite pour chialer une ultime fois). Paas non plus de quoi bouleverser l’équilibre de cet univers dans lequel prévalent avant tout la chaleur et l’humanité.
















