Je perd peu à peu espoir, de la part de Lucile Hadžihalilović, de revoir un jour un film du niveau de son
Innocence, qui a déjà plus de vingt ans mine de rien. Alors bon, pour voir du positif là où il y en a, on a ici tout de même un métrage qui se tient bien mieux que le précédent :
Earwig avait été une énorme déception et, je trouve, le moins bon film de sa réalisatrice, et avec La tour de glace on a une bobine qui se regarde plus facilement. Néanmoins, j’ai toujours cette impression de voir Hadžihalilović s’enfermer dans une sorte de concept de cinéma auteurisant/underground, avec ambiance bien lourde, quasi absence de dialogue, pas ou peu de musique, et des scripts qui en disent le moins possible, histoire de donner l’impression au spectateur qu’il y a quelque chose à trouver derrière cette fausse apparence mystérieuse.
C’est donc le cas ici avec l’histoire d’une ado qui, dans un concours de circonstances, va se retrouver mêler à un tournage de cinéma, qui adapte un conte fantastique, avec une actrice diva. Évidemment, un lien va se créer entre les deux femmes, à mi-chemin entre l’attirance sensuelle, la fascination, et un rapport mère/fille, et globalement tout le script va se reposer là-dessus, avec beaucoup de non-dits, plusieurs scènes dont on ne pige pas trop la signification, le contenu même du film tourné qui se mêle avec celui que l’on regarde, etc… En soi, ce n’est pas un objet filmique totalement inintéressant, ne serait-ce que pour ses qualités formelles, la prestation de Marion Cotillard (c’est d’ailleurs plutôt osé de sa part de tourner dans une production pareille, à laquelle elle apporte une certaine visibilité), ou la curiosité de découvrir Gaspar Noé avec des cheveux

, mais pour être tout à fait honnête, comme
Earwig et
Evolution, c’est l’ennui qui prime.
On s’emmerde beaucoup, d’autant que le film dure quasiment deux heures alors qu’il n’a pas grand chose à dire et qu’il se n’y passe quasiment rien. Deux heures de personnages qui dialoguent en énigmes, pas toujours très bien interprétés (j’ai de grosses réserves sur la jeune actrice face à Cotillard

) quasi uniquement dans des environnements très sombres : pas compris d’ailleurs le délire de la photo sous-exposée (la scène en montagne vers la fin, on ne voit vraiment que dalle

). Mais de toute manière, sur ce sujet, je n’ai jamais compris pourquoi Hadžihalilović n’avait pas continué à bosser avec Benoît Debie, qui avait pourtant fait un boulot de dingue sur
Innocence, sans doute avait-elle envie de créer une distance entre son cinéma et celui de son mari. Bref, j’en ressors avec quelques belles images en tête, mais c’est de toute évidence un film que je ne chercherais jamais à revoir, et j’en viens sérieusement à me demander si je tenterais le prochain film de la réal, car là ça fait vraiment trois bobines qui se succèdent avec quasiment les mêmes défauts

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