Un film de Boorman dont je n’avais jamais entendu parler avant de tomber sur le dvd dans ma médiathèque, ce que je trouve assez surprenant par ailleurs car vu les têtes d’affiche on pourrait penser que le film serait un peu plus connu que ça. Avec ce film, on arrive sur la fin de carrière du réalisateur, mais pour le coup je trouve que c’est ce qu’il a pu faire de mieux depuis la fin des années 80, et je pense que le sujet aide beaucoup étant donné que c’est une histoire tellement folle qu’on pourrait penser qu’elle a été écrite spécialement pour le cinéma (d’ailleurs, elle a été réadaptée ensuite dans un film avec Kevin Spacey que j’avais vu au début des années 2000, mais qui est pour le coup nettement moins réussi).
On a donc un biopic s’intéressant à un truand irlandais, Martin Cahill, qui s’était fait une renommée dans les années 90, d’une part parce qu’il était très doué dans les cambriolages qu’il mettait en place (faut voir les méthodes de filou qu’il utilisait, on sent que le mec était un malin) mais aussi et surtout parce qu’il s’était créé un véritable personnage pour les médias, notamment avec cette manie de cacher constamment son visage en public, histoire que personne ne puisse dire à un procès qu’il l’avait distinctement vu

. Le film a un côté wikipédia, à enchaîner les faits connus du bonhomme, qui aurait pu me gêner, mais le fait est que je peux pardonner ce défaut étant donné que j’ai trouvé l’ensemble particulièrement plaisant à suivre. Alors oui, ça aurait été un cran au-dessus avec une vraie étude de personnage, une vraie relation entre lui et le flic qui essaye de le coincer, mais en l’état ça se tient quand même bien, notamment parce que le personnage est haut en couleurs, permet un bon paquet de scènes très drôles, et parce qu’il est super bien interprété. Si je devais lister deux gros défauts du film, ce serait plutôt sur sa durée, un poil trop longue pour ce que le film a à raconter, et sur le fait de commencer le récit sur la mort de Cahill, idée un peu idiote à mon sens.
Pour le reste, c’est plutôt chouette, il y a un vrai plaisir à suivre l'ascension de ce mec aux méthodes peu conventionnelles (le plan pour voler les tableaux

, le fait de crucifier son pote sur une table de billard pour le faire parler), provocateur en diable (le début avec la tente plantée sur les gravats de son ancien domicile, pour empêcher la construction d’un nouveau bâtiment, ça pose direct le niveau du bonhomme

), et comme je le disais avant, superbement interprété par un Brendan Gleeson qui trouve là un de ses meilleurs rôles. Jon Voight livre aussi une chouette partition, mais dommage qu’il ne possède finalement que peu de scènes, j’aurais pas craché sur un personnage un peu plus travaillé pour le coup. Visuellement, c’est un film qui ne cherche pas à en mettre plein la vue, ça choisit de s’effacer derrière l’histoire racontée, et finalement le seul gros choix formel est le fait d’avoir un film entièrement en noir et blanc (alors qu'il a été tourné en couleurs), choix que Boorman a pu faire parce que c’était une production indépendante. Tout ça donne un bon petit film qui tient en grande partie grâce à son personnage et son acteur principal. J’ignore si ça supportera une éventuelle revision maintenant que je connais le personnage et qu’il n’y a plus d’effet de surprise, mais ça a fait clairement le job sur cette découverte.