The Ipcress file (Ipcress, danger immédiat) de Sidney J. Furie
(1965)
C’est pas le grand film d’espionnage que j’avais espéré, mais c’est quand même une proposition plutôt intéressante. On est dans les années 60, et le producteur des James Bond de l’époque se dit que ça serait intéressant de proposer sur grand écran une alternative à 007, avec un film d’espionnage plus réaliste, moins exotique, et misant finalement très peu sur l’action. Cela donnera Harry Palmer, personnage lui aussi tiré d’un ouvrage littéraire, et qui donnera lieu à trois films produits par Saltzman. Dès le générique, on capte direct que le producteur a ramené une grande partie de l’équipe artistique des James Bond : John Barry à la musique, Ken Adam aux décors, Peter Hunt au montage, et c’est assez dingue de constater ça car le résultat à l’écran est vraiment à l’opposé de ce qu’on pouvait avoir dans James Bond. C’est un film qui se veut plus exigeant pour le coup, mais qui est finalement pas si compliqué que ça à comprendre, oui il y a beaucoup de personnages qui vont et viennent, et oui le rythme fait qu’on peut vite se détacher de ce qu’on tente de nous raconter, mais c’est finalement pas très compliqué à suivre, et le film possède un côté faussement complexe qui fait qu’il donne souvent l’impression de brouiller les pistes pour pas grand chose.
D’ailleurs, le script est clairement le point faible du métrage à mon sens, notamment à cause d’un revirement à mi-chemin qui fait qu’on passe d’un film très réaliste et terre à terre à quelque chose de nettement plus fantaisiste sans réelle transition, tout le délire autour du lavage de cerveaux n’est clairement pas le point le mieux traité de la bobine. Heureusement, ça se rattrape par le fait qu’on suive un personnage plutôt intéressant, que Michael Caine incarne avec beaucoup de talent, une ambiance clairement pas glamour du Londres de l’époque, et une volonté de désacraliser la figure de l’espion, qui est certes à peu près aussi séducteur que 007, mais qui fait face à des échecs, est ordonné par son supérieur de taper ses rapports, se fait torturer sans ménagement, et se prépare chaque matin comme un mec lambda (le générique pose direct le ton). Ça donne un film sympathique à suivre, mais qui manque clairement de quelque chose pour passionner au-delà de sa proposition de base, et je peux difficilement dire que j’ai suivi ça en étant captivé de bout en bout. Bref, c’était sympa mais je doute que je le reverrais un jour.
6,5/10