Annie colère de Blandine Lenoir
(2022)
Le hasard a fait que j’ai découvert ce film quelques semaines après ma vision de L'événement, et clairement les deux bobines pourraient faire l’objet d’un pertinent double-programme, puisqu’ils évoquent, chacun à leur façon, l’avortement des femmes françaises avant que cela ne soit permis par la loi. Concernant le film d’Audrey Diwan, on était dans quelque chose de l’ordre du thriller, voire carrément du film d’horreur par moments, mais ici on a plutôt le versant positif du sujet, à savoir la façon dont des groupes de femmes et de médecins se sont formés pour permettre à toutes, moralement et financièrement, de se faire avorter avec une méthode quasiment sans douleurs. Autant dire que malgré le fait que c’est une bobine qui rappelle constamment tout le chemin parcouru en quelques décennies, c’est aussi et surtout un film qui fait du bien. J’étais d’ailleurs étonné car je ne m’attendais pas du tout à un tel traitement : pendant une bonne partie du film j’attendais le moment qui allait tout bouleverser, mais il n’arrive jamais, et c’est un récit qui est juste éprouvant au tout début avec les récits d’avortements face caméra.
Pour le reste, sans aller jusqu’à dire que c’est une histoire où tout se passe bien, c’est davantage le récit d’une condition féminine qui a dû se prendre en main, et qui voulait tout faire pour permettre aux générations suivantes de ne pas connaître les mêmes situations. Un film plein d’espoir donc, bourré d’ondes positives, et qui met très bien en valeur tout un combat (tout en montrant bien les nuances, notamment du côté médical), celui de l’avortement évidemment, mais aussi plus globalement celui des droits des femmes. Si le métrage est surtout vécu à travers les yeux d’une personne, dont la condition sociale va grandement évoluer d’un bout à l’autre (de même que ses relations avec son mari et sa fille), ça se veut aussi être un film sur la communauté, et à ce titre un monologue en fin de film vient mettre en lumière tout l’apport bénéfique qu’on eut ces groupes à l’époque, avec ces femmes qui ont pu apercevoir un monde où tout était possibles pour elles. Sans surprise, Laure Calamy est à son aise dans ce type de rôle, et le reste du casting féminin assure lui aussi. Si je devais trouver un défaut, ce serait peut-être le fait qu’on ne saisit pas vraiment durant le film sur combien de temps ça se déroule, mais ce n’est pas plu gênant que ça. Un film important, très humain et qui fait du bien, alors que le sujet aurait pu donner quelque chose de trop solennel.
7,5/10