Je n’avais jamais vu d’autres films de Coline Serreau hormis
Trois homme et un couffin ainsi que sa suite, c’est désormais chose faite. Et pour le coup c’est quand même très différent des deux films cités, et je commence un peu à comprendre pourquoi, au lycée, on n’arrêtait pas de me parler de ce film (ainsi que de
La belle verte), car c’est typiquement le genre de bobines qui peuvent parler aux ados en manque de critique de la société. Le pitch est on ne peut plus simple : un mec se réveille un matin, se rend compte que sa femme l’a quitté, et se fait licencier quelques heures après. Du coup, il cherche du réconfort auprès de ses proches en se plaint à qui veut l’entendre, mais à chaque personne qu’il rencontre il va se retrouver dans des situations cocasses où on lui fait bien comprendre qu’il n’est pas le seul à avoir des problèmes, ce qui le pousse encore plus dans un état d’esprit de solitude absolue.
Pour le coup, j’avoue que j’y ai cru pendant les 45 premières minutes qui sont plutôt solides, ça accumule les situations WTF (mais toujours ancrées dans le quotidien) avec un certain talent comique, notamment dans les dialogues qui fusent dans tous les sens à une rapidité déconcertante, et déjà que les passages dans la famille qui va au ski ou dans la salle d’attention de l’ami docteur sont pas mal, mais alors le passage avec la mère qui quitte son homme et ses enfants c’est vraiment savoureux ("Tes problèmes de boulot, tes problèmes avec ta femme, tes problèmes de fric, tes problèmes en général et en particulier, moi ta mère, je m'en fous comme de l'an quarante, tu m'entends ? Je m'en fous, mais alors je m'en fous, je peux pas te dire à quel point je m'en fous. Je n'en ai vraiment rien, rien, rien à foutre."

).
Si en plus on rajoute le duo improbable formé avec Lindon et Timsit, ça commence vraiment bien, mais malheureusement avant que la première heure ne se termine on capte que Serreau n’arrive pas à faire évoluer sa formule, et le film devient alors particulièrement redondant. C’est simple : autant j’ai beaucoup ri sur le premier tiers du métrage, autant le reste m’a globalement laissé froid à quelques exceptions près, et à cela s’ajoute un côté donneur de leçons de la part de Serreau que je trouve assez mal venu, on a l’impression de voir une comédie sympathique qui veut d’un coup se donner des grands airs moralisateurs, c’est clairement pas la meilleure orientation. Ceci dit, le film a beau avoir plus de trente ans, ça reste très actuel dans ce que ça raconte, et il y a plusieurs monologues qui résonnent encore, en particulier un monologue de Zabou Breitman sur lequel beaucoup de femmes peuvent se retrouver.
Côté mise en scène c’est comme
Trois hommes et un couffin, à savoir particulièrement fonctionnel et sans personnalité, de la comédie française lambda d'un point de vue formel, heureusement que c’est compensé par un montage qui gère plutôt bien les joutes dialoguées. Et côté casting c’est plutôt bien tenu, faut juste adhérer à Timsit qui joue un personnage un peu particulier, mais sinon Lindon joue très bien la victime persuadée d’être la plus malheureuse du monde, et on a un casting féminin de qualité. Dommage que le film n’arrive pas à conserver sur la longueur le niveau de son début, car ça aurait clairement pu prétendre à une meilleure note.