|La coupe du monde| des Cinéastes

[Jed Trigado]

@Scalp : Tu comprends pas ce que je veux dire, tu reste figé sur tes critères bien définis et tu en reste là, soit, mais bon perso je sais pas comment vous faites pour toujours noter comme ça, ne jamais se laisser prendre par les forces du film et bien en mettre une couche sur ses soi-disant lacunes alors qu'elles sont totalement assumées.

@Mark : oui, j'aime bien Giallo, sans une quelconque arrière pensée moqueuse.

[Mark Chopper]

Tu nies le caractère hautement visuel de son oeuvre, que l'image est le repère de l'état d'esprit de ses personnages (son recours récurrent à la vue subjective en est le plus bel exemple) et sont totalement façonnés par les lumières ou les cadres, sans passer par des dialogues explicatifs à la noix. Les scénarios il s'en fout, c'est donné acquise pourtant.

C'est comme reprocher à un defenseur de ne pas attaquer et inversement. Bref, ça n'a aucun sens.

C'est un peu facile de dire qu'on ne peut lui reprocher ses scripts en bois "parce qu'il s'en fout" et qu'il fait passer ses idées par la mise en scène. La mise en scène ne peut sauver à elle seule une direction d'acteurs à la ramasse (et ils parlent, je m'en souviens, beaucoup trop d'ailleurs) et des idées ridicules.

Auquel cas, on s'en fout du script en bois du dernier Nolan, parce qu'il fait passer ses idées par l'interprétation de ses acteurs ? (Non, bien sûr).

Et je me demande quelles idées la mise en scène de Card Player fait passer : pour le coup, sans provocation aucune, je serais curieux de te lire au sujet de ce film que je vomis.

[Jed Trigado]

Je vais pas polémiquer trois heures dessus, je comprends une chose c'est qu'on a pas du tout, mais alors du tout la même vision du cinéma et du ridicule aussi. Tu théorises d'emblée ("la mise en scène ne peut pas sauver..."), mais comment on peut être aussi rigide, dès lors que l'oeuvre d'Argento est avant tout viscérale, mue par l'inspiration du moment teinté d'un amour irrépressible de l'Art (qui jusqu'à preuve du contraire n'est pas basée sur des concepts carthésiens) et d'une sensibilité typiquement latine ? C'est même pas une question d'excuser quoi que ce soit chez lui (il a des défauts comme tout le monde), mais bien de traiter avec le plus de justesse possible son travail, parce que les attaques sur le scénar' franchement ça vire au n'importe quoi (par contre, quand on s'appelle Leone ou John Woo, par contre là tout passe, comme par hasard...).

Je le redis encore, c'est une histoire de sensibilité : il y a les réalisateurs littéraires, les visuels ou ceux qui aiment juste se concentrer sur la direction d'acteurs, il existe parfois un juste milieu mais c'est très rare, pour autant ça ne veut pas dire que ce sont des génies, c'est juste une histoire de compétence. Et perso, je préfère de très loin un gars qui cartonne dans son domaine, plutot que de le voir s'éparpiller grossièrement sur tout les fronts. De toute façon, je pense qu'il en faut pour tous les goûts, sinon on serait perpétuellement frustré à toujours vouloir traquer le point faible.

[Scalp]

Pourquoi c'est n'importe quoi les attaques sur les scénar ? un scénario c'est pas juste ce qu'on nous raconte c'est aussi comment on nous le raconte et comment on fait vivre les personnages, vu que tu parles de Leone on va comparer chez Leone que ce soit Clint ou Bronson on s'intéresse très rapidement à leur personnage ( de par la mise en scène certainement mais aussi par rapport au truc que dégage les acteurs ) chez Argento pour prendre l'exemple d'un film que je trouve sympa, dans Opéra bein on s'en branle un peu du perso principal, on suit ça pour voir les morceaux de bravoure à la Argento mais jamais on se sent impliquer par l'histoire car le personnage est bidon et que l'actrice encore plus, après le schéma narratif chez Argento c'est un peu toujours la même chose alors bon quand il fait Card Player et qu'il vire les morceaux de bravoure du film, y reste quoi ? bein rien si ce n'est un épisode de Derrick.

[Mark Chopper]

Je vais pas polémiquer trois heures dessus

Je ne vois nulle polémique, simplement un débat sur "une vision" du cinéma

Je le redis encore, c'est une histoire de sensibilité : il y a les réalisateurs littéraires, les visuels ou ceux qui aiment juste se concentrer sur la direction d'acteurs, il existe parfois un juste milieu mais c'est très rare, pour autant ça ne veut pas dire que ce sont des génies, c'est juste une histoire de compétence.

Je pense que le noeud du sujet se situe ici : j'ai une préférence pour le juste milieu. Je ne crois pas au visuel pur et dur comme une finalité parce que je sors du film dès que je vois des acteurs à la ramasse (les personnages sont extrêmement importants pour moi). Pour les défauts du script, je ne vais pas parler de Leone parce que je n'ai pas vu ses films depuis longtemps, mais un mec comme Woo, ça peut m'arriver aussi : Le Syndicat du crime 2, c'est un film que je rejette en bloc parce que 1) Le script est en bois 2) Un acteur arrive à le tirer vers le bas (tu devineras aisément de qui je parle).

Voilà, c'est simple : le plus virtuose des formalistes ne pourra pas m'emporter dans son univers s'il ne dirige pas mieux ses acteurs et si son script ne tient pas la route (et je peux tolérer du script très, très léger). Mais pour conclure (je pense avoir tout dit) : lorsque je disais que j'aimerais te lire sur Card Player, ce n'était pas une parole pour la forme.

[Jed Trigado]

@Scalp : D'une, je n'y vois que du ressenti dans ton post et de l'autre, tu me sort le pire exemple qui soit en termes d'humanité dans la filmo d'Argento (si déjà tu aurais pu citer Phenomena qui amorcait déjà un tournant sur ce point), le terme est un peu fort mais il y a une vraie passion de personnages féminins chez lui et en l’occurrence Opéra est clairement le dernier film où il va laisser le forme prendre le pas sur le fond, effectivement tu as raison quand tu dis qu'on s'en fout de la narration et des acteurs.

Comme dit, je pourrais expliquer pendant trois heures pourquoi je trouve que tel Argento est bien, que tel personnage est moins creux qu'on ne le prétend, là encore nos divergences font que tu ne peux pas apprécier pleinement la majorité des Argento : corrige moi si me trompe, c'est la narration qui te gêne chez lui et tu reste en gros bloqué là dessus. J'ai aucun problème avec ça, je comprends parfaitement, mais sois sympa arrête de te moquer de The Card Player sinon je dirais des vacheries sur Friedkin ce soir.

@ Mark : ouais ben on verra ça, vu qu'en ce moment, j'écris le strict minimum d'avis et que ma précédente révision date d'il y a moins d'an et j'aime pas trop voire plusieurs fois le même film dans un laps de temps aussi court.

[Killbush]

Je vote Dario, mais tu abuses Jed !

Tu voulais dire Opera

Tu m'étonnes, je l'ai vu cette semaine Giallo et c'est vraiment mauvais. De toute façon depuis Opera (à la rigueur Le Sang des Innocents) j'aime rien dans sa filmo.

[Heatmann]

Tu te rappelles l'expression "cinéphile du dimanche" ? .

moi jl'aime bien ton expression et le sens que tu lui donne

[Dunandan]

Dario Argento, surtout pour Suspiria, et aussi parce qu'il a une vision artistique. Bah l'autre quand on sait qu'il est, depuis une dizaine d'années, en grande partie financé par des fonds nationalistes chinois, il est déjà "out" ...

[Kakemono]

Argento pour Les Frissons de l'Angoisse et Ténèbres principalement, mais aussi Suspiria, Inferno et j'apprécie assez Le Sang des Innocents. Par contre gros lol pour Stendhal, faut pas déconner.

[Mark Chopper]

Tu vas énerver Jed !

Stendhal est raté (mauvais choix d'actrice), mais témoigne de bonnes intentions (le fond l'emporte ici sur la forme, ce qui ne peut que décevoir les fans de la première heure qui n'attendent pas autre chose d'Argento qu'une folie visuelle).

[angel.heart]

Vous devenez vraiment relou avec Stendhal.

[Jed Trigado]

Je vais pas m'énerver pour ça, ce serait ridicule mais bon quand même je m'interroge sur ce qu'il y a de si hilarant dans ce film. P'tet que je me suis trompé de film depuis tout ce temps ?

Et la forme est tout à fait soignée, c'est le disque français à peine digne d'une VHS sombre qui est déguelasse, pour voir le film tel que Argento et son DP l'ont conçu, il faut se tourner vers blouré sorti chez Blue Underground. Une vraie rédecouverte pour ma part.

[Kakemono]

C'était pour le titiller un peu.
Je ne trouve strictement aucune qualité dans ce film, ou alors je n'en ai retenu aucune. Mais je ne me suis pas encore fait ses films réputés comme étant vraiment mauvais, ca me permettrais peut être de le réévaluer.
Loin de moi l'idée de polémiquer sur Stendhal, ce n'est pas mon but et les rares souvenirs que j'en ai ne me suffisent pas pour débattre sur ce film.

[Scalp]

Et la forme est tout à fait soignée, c'est le disque français à peine digne d'une VHS sombre qui est déguelasse, pour voir le film tel que Argento et son DP l'ont conçu, il faut se tourner vers blouré sorti chez Blue Underground. Une vraie rédecouverte pour ma part.

T'inquiète le voir en Blu Ray ne change pas forcément l'avis qu'on a sur le film