par Scalp » Dim 04 Mai 2025, 16:31
7/10
My Blueberry Nights de Wong Kar Wai - 2007
Wong Kar Wai a longtemps été un cinéaste qui m'intéressait pas, alors j'aimais bien Les Cendres du Temps et As Tears Go By parce que ça oeuvrait dans le cinéma de genre mais voilà j'étais pas ébahit par le talent du mec. Et puis petit à petit j'ai regardé sa filmo alors pour moi il y a à boire et à manger, j'aime beaucoup In The Mood, j'ai trouvé pleins de qualité à Fallen Angels, mais Chungking Express j'ai eu du mal sans détester et Nos Années Sauvages et Grandmaster j'ai trouvé ça à chier, il me restait 2046 qui m'attire pas des masses et donc son film ricain. Et contre toute attente j'ai trouvé ça plutôt sympa, et je trouve même que parmi tous les réals de HK qui sont venus à Hollywood c'est celui qui s'en sort le mieux avec son premier film (John Woo, Ringo Lam, Tsui Hark, Kirk Wong, ils ont tous fait moins bien avec leur premier film, bon même si j'aime beaucoup le Lam).
La première chose qui m'a marqué c'est que j'ai vraiment eu l'impression de voir un film de Wong Kar Wai, enfin c'est marrant quand pendant le premier quart d'heure pour moi on est dans du pur WKW, la façon de filmer la nuit, la valeur des plans et surtout le montage j'ai vraiment été surpris de voir la durée des plans sur des simples scènes de dialogues, ça m'a donné un effet de Michael Bay du film romantique, j'exagère un peu mais vraiment le début du film c'est un festival, l'impression que WKW veut montrer qu'il a pas changé pour Hollywood et clairement ça fonctionne, ça donne une classe intemporel à l'ensemble et avec Darius Khondji à la photo il n'a pas perdu au change (même Doyle était un tueur). Mais quand il filme les grands espaces de l'Arizona il se fait d'un seul coup beaucoup plus sobre et ça donne un coté finalement très américain à ce moment là. Par contre je trouve que ça peut être une bonne porte d'entrée pour le cinéma de WKW, plus qu'un Chungking par exemple.
Et quand le film quitte New-York, WKW devient plus calme avec son montage, il se cale peut être sur l'état d'esprit de son héroïne (magnifique Norah Jones qui aurait vraiment pu avoir une carrière au cinéma) qui va s'assagir après son départ. L'atout du film est bien entendu son ambiance et son coté douce mélancolie tellement classe, on pourrait dire qu'on est devant une bête histoire d'amour mais elle a un coté classe donc c'est aussi très fin dans la façon dont c'est montré (et je suis surpris de voir Lawrence Block comme scénariste car ce que j'ai lu de lui ne laisse absolument pas présager ça, je vois vraiment pas ce qu'il a pu apporter au film) tout en suggestion et en non dit. Comme souvent dans ce genre de film quand c'est bien fait, il y a pas besoin d'en faire des masses pour croire à l'amour naissant et le coté relation épistolaire (enfin que dans un sens car le perso de Jude Law ne peut pas répondre) est clairement suffisant pour donner de l'épaisseur à tout ça (et puis il y a une bonne maitrise de l'ellipse temporel). Le film est très simple dans sa proposition, le perso de Jones va petit à petit se reconstruire de sa rupture avec ses rencontres nocturnes. Alors rien de fou, on a un coté tranche de vie avec des personnages assez classiques qui vont aider Lizzie à avancer dans sa quête de soi et son oubli du passé, alors Strathairn et Weisz sont vraiment bons comme souvent par contre j'ai toujours autant de réserves sur Portman qui reste pour moi une actrice médiocre, ici elle plombe pas le film mais elle apporte pas le truc en plus qui pourrait rendre le film encore meilleur. Par contre Jude Law apporte vraiment toute sa classe naturelle et rend son personnage immédiatement attachant (même si on peut dire que le personnage est ici plus un cliché ambulant qu'un archétype) si bien que rester avec lui dans ce petit bar est un vrai plaisir, et c'est bien ça qui fait que le film me plait plus que d'autres WKW, c'est qu'ici j'ai envie de passer du temps avec les personnages alors que dans un Chungking ils m'ennuient.
Pour rajouter à la classe du film on a sa BO, alors évidemment on a du Norah Jones mais aussi le blues de Ry Cooder, la soul de Otis Redding et Mavis Staples, et à chaque fois c'est toujours super bien placé et ça donne un charme encore plus fort au film et puis pour une fois il a le budget pour avoir les chansons qu'il veut.
WKW est donc passé avec le temps d'un réalisateur qui ne m'intéressait pas du tout à quelqu'un dont je ne peux nier le talent formel et je vais même tenter 2046. Ici on pourrait dire que le film est un conte moderne très maniéré, mais de toute façon WKW est maniéré donc il faut faire avec ça donne un film poétique agréable qui donne le sourire.
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