Second film du réalisateur que je découvre, et pour le coup c’est une sacrée déception compte tenu de la réputation du film au sein de la filmographie de Scola. Pour le coup, c’est pas tant que j’ai l’impression d’être passé à côté du film, c’est surtout que j’ai le sentiment que je ne suis absolument pas le public ciblé par l’humour du film, car bon c’est censé être une comédie, mais ça m’a arraché au mieux quelques sourires en cours de visionnage, et pas plus. Le pitch et son contexte sont plutôt originaux pour le coup : on est dans le Rome des années 70, avec tout un quartier qui est littéralement un bidonville installé sur une des hauteurs de la ville, et on va suivre une famille qui vit à quinze dans une minuscule maisonnette. On pourrait parler de famille dysfonctionnelle, mais le mot serait trop faible, car c’est littéralement une famille de cinglés, menés par un patriarche qui se vante d’avoir reçu un million de l’assurance après avoir perdu l’usage d’un œil, mais qui fait tout pour ne pas en faire profiter sa famille, au point de cacher constamment le magot, et de dormir avec un fusil chargé près de l'oreiller.
Dans la galerie de personnages, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre : le père va jusqu’à tirer sur un membre de sa famille et ramène une prostituée dans le lit conjugal alors que sa femme y dort, le fils travesti, qu'on traite d'enculé dès que c'est possible, se tape sa belle-sœur à la première occasion, les enfants sont enfermés dans une cage la journée histoire qu’ils se tiennent tranquilles, et globalement tout le monde veut faire la peau au patriarche pour son fric, sa propre mère incluse. Si on ajoute à ça le fait que le film contient un paquet de scènes dérangeantes, je pense notamment à tout ce qui touche à la vision de la femme, autant dire que je ne trouve pas vraiment qu’il y a matière à se marrer. Car bon, je suis le premier à accepter qu’un film soit le produit de son époque, défauts compris, mais là on parle de quatre ou cinq viols dans le film, et à chaque fois les victimes finissent par dire “ok tout va bien, le mec a le droit et j’accepte ma condition de salope”, même quand c’est le père qui baise sa belle-fille dans les chiottes

… C’est chaud quoi

. Car mine de rien, le film choisit vraiment de se marrer sur tout un contexte misérabiliste au possible, tout en forçant le trait avec absolument aucun personnage auquel on peut se rattacher ou s’identifier.
Alors ok, il y a parfois du comique de situation qui fonctionne, ou quelques répliques qui font mouche, mais globalement j’ai vraiment eu le sentiment de regarder un film qui veut trop en faire dans la représentation satirique d’un contexte social glauque à souhait, et que ce dernier prend le pas sur la trame humoristique. C’est d’autant plus vrai que le film n’a finalement que peu à raconter : il faut presque une heure pour que le récit commence enfin avec la disparition de l’argent, et donc on a quasiment une moitié de film qui est juste une présentation du cadre de vie et du quotidien. Peut-être que la pilule serait mieux passée avec un film moins long (je le pense d’autant plus que j’ai trouvé la seconde heure nettement plus digeste), mais en l’état ça pénalise clairement l’ensemble. Après, s’il y a bien un truc que je ne peux pas reprocher au film, c’est sa liberté de ton (le film mérite bien son titre), on sent que ça ne prend pas de gants, que ça ose tout, mais c’est pas pour ça que ça donne forcément un bon résultat. Sinon, j’avoue que le Prix de la mise en scène à l’époque pour ce film m’étonne, il y a bien toujours cette maîtrise de Scola dès qu’il s’agit de faire des plans-séquences dans des lieux confinés, mais pour le reste j’ai pas trouvé le film si remarquable que ça formellement. Bref, autant
Une journée particulière m’avait complètement convaincu, autant là c’est la douche froide.